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Les Paraboles de Jésus - Contents
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    La vigne du Seigneur

    La nation juive

    La parabole des deux fils fut suivie de celle de la vigne. Dans la première, le Christ avait exposé aux docteurs de la loi l'importance de la soumission aux ordres divins; dans la seconde, il fit ressortir les nombreuses bénédictions accordées aux Israélites, et il montrait par là que le Seigneur avait le droit d'exiger leur obéissance. Il présenta aux Juifs le glorieux dessein de Dieu qu'ils auraient pu réaliser s'ils avaient été fidèles. Levant le voile qui cachait l'avenir, il leur révéla comment, faute de collaborer à l'accomplissement de la volonté divine, la nation tout entière se privait de ses bienfaits et attirait sur elle une ruine inévitable.PJ 245.1

    “Il y avait un homme, maître de maison, qui planta une vigne, dit Jésus. Il l'entoura d'une haie, y creusa un pressoir, et bâtit une tour; puis il l'afferma à des vignerons, et quitta le pays.”1Matthieu 21:33.PJ 245.2

    Le prophète Esaïe décrit cette vigne en ces termes: “Je chanterai à mon bien-aimé le cantique de mon bien-aimé sur sa vigne. Mon bien-aimé avait une vigne, sur un coteau fertile. Il en remua le sol, ôta les pierres, et y mit un plant délicieux; il bâtit une tour au milieu d'elle, et il y creusa aussi une cuve. Puis il espéra qu'elle produirait de bons raisins.”2Ésaïe 5:1, 2.PJ 245.3

    Le vigneron choisit un terrain dans un lieu aride et inculte. Après l'avoir entouré d'une clôture, il le défriche, le travaille et y plante des ceps de la meilleure espèce dans l'espoir d'en retirer une magnifique récolte. A cause de la supériorité de ce domaine sur les terres en friche, le vigneron s'attend que les résultats de son travail et de ses soins assidus lui feront honneur. C'est ainsi que Dieu s'est choisi dans le monde un peuple qui devait être instruit et formé par Jésus-Christ. Le prophète ajoute: “La vigne de l'Eternel des armées, c'est la maison d'Israël, et les hommes de Juda, c'est le plant qu'il chérissait.”3Ésaïe 5:7. Dieu avait accordé à cette nation de grands privilèges, il avait répandu sur elle, sans compter, tous les trésors de sa sollicitude. En retour, il pensait qu'elle l'honorerait en portant du fruit. Elle devait mettre en évidence les principes de son royaume. Au milieu d'un monde déchu et pervers, elle était destinée à représenter le caractère de Dieu.PJ 246.1

    En sa qualité de vigne du Seigneur, Israël devait produire des fruits tout à fait différents de ceux des nations païennes, idolâtres, adonnées à la méchanceté, à la violence, au crime, à la cupidité, à l'oppression et à la débauche. L'iniquité, la dégradation et la misère, voilà les fruits donnés par cet arbre corrompu. A côté d'eux, les grappes de la vigne du Seigneur devaient offrir un contraste frappant.PJ 246.2

    Le privilège d'Israël était donc de représenter le caractère de Dieu tel qu'il avait été révélé à Moïse. Répondant à la prière de celui-ci: “Fais-moi voir ta gloire”, le Tout-Puissant déclara: “Je ferai passer devant toi toute ma bonté.” “L'Eternel passa devant lui, et s'écria: l'Eternel, l'Eternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour jusqu'à mille générations, qui pardonne l'iniquité, la rébellion et le péché.”4Exode 33:18, 19; 34:6, 7. C'était le fruit que Dieu attendait de son peuple. Dans la pureté de son caractère, la sainteté de sa vie, l'exercice de la miséricorde, de la bonté et de la compassion, Israël devait montrer que “la loi de l'Eternel est parfaite” et qu'“elle restaure l'âme”.5Psaumes 19:8.PJ 246.3

    Le plan de Dieu était de communiquer, par l'intermédiaire des Juifs, de riches bénédictions à tous les peuples de la terre. Ils devaient ouvrir un chemin pour que la lumière divine soit diffusée au monde entier. En s'abandonnant à leurs coutumes perverses, les nations avaient perdu la connaissance de Dieu. Mais dans sa miséricorde, le Seigneur ne les avait pas anéanties, car il désirait leur donner, grâce à son Eglise, une occasion de venir à lui. Il tenait à ce que les principes révélés par son peuple deviennent le moyen de restaurer son image dans l'homme.PJ 247.1

    C'est dans cette intention qu'il appela Abraham à quitter sa parenté idolâtre pour se rendre au pays de Canaan: “Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction.”6Genèse 12:2.PJ 247.2

    Les descendants d'Abraham, Jacob et sa postérité, furent conduits en Egypte, dans ce grand pays corrompu, pour y révéler les principes du royaume de Dieu. La droiture de Joseph et la manière merveilleuse dont il préserva les Egyptiens de la famine constituaient une image de la vie du Christ. Moïse et beaucoup d'autres encore furent des témoins de Dieu.PJ 247.3

    En faisant sortir Israël d'Egypte, le Seigneur manifesta une fois de plus sa puissance et sa miséricorde. Les miracles éclatants qu'il opéra pour le délivrer de la servitude et sa façon de le conduire dans le désert ne visaient pas le seul avantage du peuple hébreu, mais ils devaient également servir de leçon aux nations voisines. L'Eternel se révéla ainsi comme un Dieu supérieur à toute autorité et à toute grandeur humaines. Les signes et les prodiges accomplis en faveur d'Israël montraient sa puissance sur la nature et sur son plus fervent adorateur. Le Seigneur visita l'orgueilleux royaume des Egyptiens comme il le fera pour toute la terre dans les derniers jours de l'histoire humaine. Le grand Je Suis délivra son peuple par le feu et la tempête, le tremblement de terre et la mort. Il le retira du pays de l'esclavage et le conduisit à travers “ce grand et affreux désert, où il y a des serpents brûlants et des scorpions, dans des lieux arides et sans eau”. Il fit même jaillir pour lui “de l'eau du rocher le plus dur”, et il le nourrit avec le “blé du ciel.”7Deutéronome 8:15; Psaumes 78:24. Moïse déclare: “La portion de l'Eternel, c'est son peuple, Jacob est la part de son héritage. Il l'a trouvé dans une contrée déserte, dans une solitude aux effroyables hurlements; il l'a entouré, il en a pris soin, il l'a gardé comme la prunelle de son œil, pareil à l'aigle qui éveille sa couvée, voltige sur ses petits, déploie ses ailes, les prend, les porte sur ses plumes. L'Eternel seul a conduit son peuple. Et il n'y avait avec lui aucun Dieu étranger.8Deutéronome 32:9-12. C'est ainsi qu'il attira Israël à lui afin qu'il habite à l'ombre du Tout-Puissant.PJ 247.4

    C'est le Christ qui conduisit les Hébreux dans leurs étapes à travers le désert. Caché le jour dans la colonne de nuée, et la nuit dans la colonne de feu, il les dirigea, les préservant des dangers. Il les amena ainsi dans la terre promise. A la vue de toutes les nations qui ne connaissaient pas Dieu, il établit le peuple d'Israël comme son bien de prédilection, comme la vigne de l'Eternel.PJ 248.1

    C'est à ce peuple que furent confiés les oracles divins. Il fut entouré comme d'une haie par les préceptes de la loi, ces principes éternels de justice, de vérité et de pureté. L'obéissance à ces règles devait être sa protection. Cette loi devait empêcher les Hébreux de se détruire eux-mêmes par la pratique du péché. Et Dieu plaça son saint temple au milieu d'eux comme une tour au milieu d'une vigne.PJ 248.2

    Le Christ était l'instructeur d'Israël. De même qu'il avait été son guide dans le désert, de même il restait toujours son conducteur et son maître. Dans le tabernacle, puis dans le temple, sa gloire se manifestait dans une lumière, la sainte Shekinah, qui se trouvait au-dessus du propitiatoire. Il ne cessait de répandre sur eux les richesses de son amour et de sa patience.PJ 248.3

    Dieu désirait que son peuple serve à la louange et à la gloire de son nom. Il lui accorda tous les avantages spirituels. Il ne lui refusa rien de ce qui pouvait contribuer à la formation d'un caractère qui le représente dignement.PJ 249.1

    Par sa soumission aux commandements de Dieu, Israël devait connaître une prospérité qui émerveillerait les autres nations. Celui qui pouvait lui donner la sagesse et l'habileté dans tous les travaux était disposé à continuer son enseignement. Il voulait l'élever et l'ennoblir par l'obéissance à ses lois. S'il les observait, il serait préservé des maladies qui affectaient les autres peuples, et une grande vigueur intellectuelle devait être son partage. Sa prospérité mettrait en relief la gloire, la majesté et la puissance de Dieu, et il serait un royaume de prêtres et de princes. Le Seigneur lui fournissait tous les avantages voulus pour devenir la nation la plus puissante du monde.PJ 249.2

    Par Moïse, le Christ avait présenté, de la manière la plus précise, le plan du salut et les conditions du bien-être: “Tu es un peuple saint pour l'Eternel, ton Dieu; l'Eternel, ton Dieu, t'a choisi, pour que tu fusses un peuple qui lui appartînt entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre. ... Sache donc que c'est l'Eternel, ton Dieu, qui est Dieu. Ce Dieu fidèle garde son alliance et sa miséricorde, jusqu'à la millième génération envers ceux qui l'aiment et qui observent ses commandements. ... Ainsi, observe les commandements, les lois et les ordonnances que je te prescris aujourd'hui, et mets-les en pratique. Si vous écoutez ces ordonnances, si vous les observez et les mettez en pratique, l'Eternel, ton Dieu, gardera envers toi l'alliance et la miséricorde qu'il a jurées à tes pères. Il t'aimera, il te bénira et te multipliera; il bénira le fruit de tes entrailles et le fruit de ton sol, ton blé, ton moût et ton huile, les portées de ton gros et de ton menu bétail, dans le pays qu'il a juré à tes pères de te donner. Tu seras béni plus que tous les peuples. ... L'Eternel éloignera de toi toute maladie; il ne t'enverra aucune de ces mauvaises maladies d'Egypte qui te sont connues.”9Deutéronome 7:6, 9, 11-15.PJ 249.3

    Si les enfants d'Israël gardaient ses commandements, Dieu promettait de leur donner le meilleur froment et le miel du rocher.10Voir Psaumes 81:16. Il leur accorderait de longs jours et les ferait entrer en possession de son salut.PJ 250.1

    Par leur désobéissance, Adam et Eve avaient perdu l'Eden, et toute la terre avait été maudite à cause du péché. Toutefois, si le peuple de Dieu se conformait aux instructions reçues, le pays serait rétabli dans sa fertilité et sa beauté premières. L'Eternel avait lui-même donné à Israël des directives pour cultiver le sol et contribuer à cette œuvre de restauration. Ainsi, grâce aux prescriptions divines, tout le pays était destiné à devenir une leçon de choses pour illustrer la vérité spirituelle. Parce qu'elle obéit à des lois physiques, la terre produit ses richesses; de même, c'est en se soumettant à la loi morale qu'Israël pouvait refléter le caractère du Très-Haut. Les païens eux-mêmes reconnaîtraient ainsi la supériorité de ceux qui servaient et adoraient le Dieu vivant.PJ 250.2

    “Voici, disait Moïse, je vous ai enseigné des lois et des ordonnances, comme l'Eternel, mon Dieu, me l'a commandé, afin que vous les mettiez en pratique dans le pays dont vous allez prendre possession. Vous les observerez et vous les mettrez en pratique; car ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler de toutes ces lois et qui diront: Cette grande nation est un peuple absolument sage et intelligent! Quelle est, en effet, la grande nation qui ait des dieux aussi proches que l'Eternel, notre Dieu, l'est de nous toutes les fois que nous l'invoquons? Et quelle est la grande nation qui ait des lois et des ordonnances justes, comme toute cette loi que je vous présente aujourd'hui?”11Deutéronome 4:5-8.PJ 250.3

    Israël devait occuper tout le territoire qui lui avait été assigné; il fallait déposséder les nations qui avaient rejeté le culte et le service du vrai Dieu. Le plan du Seigneur était que la révélation de son caractère à travers son peuple attire les hommes à lui. L'invitation de l'Evangile devait parvenir au monde entier. Le Christ allait être élevé à la vue des nations par le moyen des sacrifices cultuels, et quiconque regarderait à lui serait sauvé. Tous ceux qui, suivant l'exemple de Rahab la Cananéenne et de Ruth la Moabite, se détourneraient des idoles pour adorer le vrai Dieu, devaient s'unir au peuple élu. A mesure qu'Israël augmenterait, il élargirait ses frontières jusqu'à ce que le royaume embrasse le monde entier.PJ 250.4

    L'Eternel veut placer tous les hommes sous son pouvoir miséricordieux et remplir la terre de joie et de paix. Il nous a créés pour le bonheur, et son plus ardent désir est d'inonder les cœurs de la paix céleste. Il veut que chaque famille terrestre soit l'image de la famille du ciel!PJ 251.1

    Mais la nation juive faillit à son mandat, et le Seigneur lui dit: “Je t'avais plantée comme une vigne excellente et du meilleur plant; comment as-tu changé, dégénéré en une vigne étrangère?” “Israël était une vigne féconde, qui rendait beaucoup de fruits!”12Jérémie 2:21; Osée 10:1. “Maintenant donc, habitants de Jérusalem et hommes de Juda, soyez juges entre moi et ma vigne! Qu'y avait-il encore à faire à ma vigne, que je n'aie pas fait pour elle? Pourquoi, quand j'ai espéré qu'elle produirait de bons raisins, en a-t-elle produit de mauvais? Je vous dirai maintenant ce que je vais faire à ma vigne. J'en arracherai la haie, pour qu'elle soit broutée; j'en abattrai la clôture, pour qu'elle soit foulée aux pieds. Je la réduirai en ruine; elle ne sera plus taillée, ni cultivée; les ronces et les épines y croîtront; et je donnerai mes ordres aux nuées, afin qu'elles ne laissent plus tomber la pluie sur elle. ... Il avait espéré de la droiture, et voici du sang versé! de la justice, et voici des cris de détresse.13Ésaïe 5:3-7.PJ 251.2

    Le Seigneur avait chargé Moïse de montrer aux enfants d'Israël quels seraient les résultats de leur infidélité. En violant son alliance, ils se sépareraient de la vie de Dieu et se priveraient de ses bénédictions. “Garde-toi, dit Moïse, d'oublier l'Eternel, ton Dieu, au point de ne pas observer ses commandements, ses ordonnances et ses lois, que je te prescris aujourd'hui. Lorsque tu mangeras et te rassasieras, lorsque tu bâtiras et habiteras de belles maisons, lorsque tu verras multiplier ton gros et ton menu bétail, s'augmenter ton argent et ton or, et s'accroître tout ce qui est à toi, prends garde que ton cœur ne s'enfle et que tu n'oublies l'Eternel, ton Dieu. ... Garde-toi de dire en ton cœur: Ma force et la puissance de ma main m'ont acquis ces richesses. ... Si tu oublies l'Eternel, ton Dieu, et que tu ailles après d'autres dieux, si tu les sers et te prosternes devant eux, je vous déclare formellement aujourd'hui que vous périrez. Vous périrez comme les nations que l'Eternel fait périr devant vous, parce que vous n'aurez point écouté la voix de l'Eternel, votre Dieu.”14Deutéronome 8:11-14, 17, 19, 20.PJ 251.3

    Israël ne prit point garde à cet avertissement, et il oublia l'Eternel, perdant de vue qu'il détenait le privilège immense de le représenter sur la terre. Les bénédictions qu'il avait reçues ne servirent de rien au monde, car il exploitait tous ces avantages pour sa propre glorification. Il frustrait Dieu du service demandé, et il frustrait l'humanité de directives religieuses aussi bien que d'un saint exemple. Semblables aux antédiluviens, les Israélites suivaient les inclinations de leurs cœurs mauvais. A cause de leur attitude, les choses saintes étaient tournées en dérision. Ils allaient répétant: “C'est ici le temple de l'Eternel, le temple de l'Eternel, le temple de l'Eternel!”15Jérémie 7:4. alors qu'ils déshonoraient en fait le caractère, le nom et le sanctuaire de Dieu.PJ 252.1

    Les vignerons auxquels le Maître avait confié le soin de sa vigne furent infidèles à leur mission. Les prêtres et les docteurs de la loi n'instruisirent pas convenablement la nation et ne la rendirent pas sensible à la bonté et à la miséricorde divines. Ils n'insistèrent pas sur les droits du Seigneur à être aimé et servi. Ces ouvriers ne recherchèrent que leur propre gloire et s'approprièrent les fruits de la vigne. Leur souci principal était d'attirer sur eux-mêmes l'attention et les hommages.PJ 252.2

    La culpabilité de ces chefs d'Israël ne ressemblait en rien à celle du commun peuple. De solennelles obligations reposaient sur eux. Ils s'étaient engagés à enseigner les paroles de Dieu et à s'y conformer strictement. Cependant, ils pervertirent les saintes Ecritures et placèrent de lourds fardeaux sur les épaules des Israélites, imposant des cérémonies à presque chaque moment de la vie. Le peuple vivait dans une obsession continuelle, car les règlements des rabbins étaient trop difficiles à suivre.PJ 253.1

    Devant l'impossibilité de garder tous ces commandements humains, on finit par se relâcher aussi dans l'observation des préceptes divins.PJ 253.2

    Le Seigneur avait appris aux enfants d'Israël qu'il était le propriétaire de la vigne et que tous les biens dont ils avaient la charge devaient servir à sa gloire. Mais les prêtres et les docteurs ne s'acquittèrent pas des devoirs sacrés qui leur incombaient en tant que dépositaires. Systématiquement, ils s'appropriaient ce que l'Eternel leur avait confié en vue de l'avancement de son œuvre. Par leur cupidité et leur avarice, ils étaient devenus un objet de mépris même pour les païens, qui recevaient ainsi une fausse image du caractère de Dieu et des lois de son royaume.PJ 253.3

    Avec un cœur de père, le Seigneur supportait les écarts de son peuple. Il l'attirait à lui, soit en lui accordant des bénédictions, soit en les lui retirant. Patiemment, il lui rappelait ses péchés et attendait avec indulgence qu'il les reconnaisse. Il suscita des prophètes et des messagers pour le rendre attentif à ses droits sur le produit de la vigne; mais au lieu de les recevoir, on les traita en ennemis. Les vignerons les opprimèrent et les mirent à mort. Dieu leur envoya d'autres serviteurs, mais ils subirent le même sort que les premiers; on leur voua encore une haine accrue.PJ 253.4

    Recourant à un dernier moyen, le Seigneur envoya son propre Fils, en disant: “Ils auront du respect pour mon Fils!” Mais leur entêtement leur avait enlevé tout scrupule, et ils se dirent l'un à l'autre: “Voici l'héritier; venez, tuonsle, et emparons-nous de son héritage”,16Matthieu 21:38. nous aurons alors la vigne pour nous et nous ferons de la récolte ce que bon nous semblera.PJ 253.5

    Les chefs d'Israël n'aimaient pas Dieu, c'est pourquoi ils s'éloignèrent de lui et rejetèrent toute proposition de réconciliation. Le Fils bien-aimé vint pour affirmer les droits du propriétaire de la vigne, mais les ouvriers le traitèrent avec mépris, en disant: “Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous!”17Luc 19:14. Ils étaient jaloux du Christ à cause de la beauté de son caractère. Sa méthode d'enseignement était bien supérieure à la leur, et ils redoutaient son succès. Jésus les reprenait, fustigeant leur hypocrisie, et révélait quelles seraient les conséquences de leur attitude, ce qui excitait leur rage. Les reproches qu'ils ne pouvaient réduire au silence les piquaient au vif. Ils haïssaient l'idéal de justice que le Christ présentait continuellement. Et comme son enseignement dévoilait leurs tendances égocentriques, ils résolurent de le faire mourir. Ils avaient en horreur son exemple de droiture, sa piété, aussi bien que l'élévation spirituelle qui se manifestait dans tous ses actes. Sa vie tout entière était une censure perpétuelle de leur égoïsme, et quand ils durent faire un choix décisif entre l'obéissance qui conduit à la vie éternelle et la désobéissance qui entraîne la mort éternelle, ils rejetèrent le Saint d'Israël. Lorsqu'ils durent choisir entre le Christ et Barabbas, ils s'écrièrent: “Relâche-nous Barabbas.” A la demande de Ponce Pilate: “Que ferai-je donc de Jésus, qu'on appelle Christ?”, ils répondirent avec rage: “Qu'il soit crucifié.18Luc 23:18; Matthieu 27:22. Le procurateur continua: “Crucifierai-je votre roi?” Les prêtres et les principaux du peuple répliquèrent: “Nous n'avons de roi que César.” Au moment où Pilate se lava les mains, en disant: “Je suis innocent du sang de ce juste”, les prêtres se joignirent à la foule ignorante pour clamer: “Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants.19Jean 19:15; Matthieu 27:24, 25.PJ 254.1

    Voilà comment les conducteurs d'Israël firent leur choix. Leur décision fut enregistrée dans le livre que Jean entrevit, en vision, dans la main de celui qui était assis sur le trône — livre que personne ne pouvait ouvrir. Au jour où il sera descellé par le Lion de la tribu de Juda, l'esprit de vengeance caché dans la détermination des chefs juifs leur apparaîtra clairement.PJ 254.2

    Le peuple d'Israël se plaisait à dire qu'il était le favori du ciel, et qu'il serait toujours considéré comme l'assemblée de Dieu. Descendant d'Abraham, il croyait que sa prospérité reposait sur un fondement si solide que ni la terre ni le ciel ne pourraient le déposséder de ses droits. Mais, par son infidélité, il se préparait à être condamné par le ciel et séparé du Très-Haut.PJ 255.1

    Dans la parabole de la vigne, après avoir montré aux prêtres comment ils mettraient le comble à leur méchanceté, le Christ leur posa cette question: “Lorsque le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons?” Les prêtres, qui avaient suivi son exposé avec un profond intérêt, ignorant les rapports qui existaient entre eux et le sujet en considération, se joignirent à la foule pour répondre: “Il fera périr misérablement ces misérables, et il affermera la vigne à d'autres vignerons, qui lui en donneront le produit au temps de la récolte.”20Matthieu 21:40, 41.PJ 255.2

    A leur insu, ils venaient de prononcer leur propre condamnation. Jésus jeta sur eux un regard scrutateur, et ils comprirent qu'il lisait les secrets de leurs cœurs. Sa divinité éclatait à leurs yeux avec une puissance indubitable. Ils se reconnurent sous les traits des vignerons, et c'est involontairement qu'ils s'écrièrent: “A Dieu ne plaise!”PJ 255.3

    Solennellement et avec regret, le Christ leur demanda: “N'avez-vous jamais lu dans les Ecritures: La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l'angle; c'est du Seigneur que cela est venu, et c'est un prodige à nos yeux? C'est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits. Celui qui tombera sur cette pierre s'y brisera, et celui sur qui elle tombera sera écrasé.”21Matthieu 21:42-44.PJ 255.4

    Le Christ aurait épargné aux Juifs le sort dont ils étaient menacés, s'ils l'avaient accepté. Mais l'envie et la jalousie les rendirent implacables. Ils refusèrent de recevoir Jésus de Nazareth comme le Messie. Ils rejetèrent la lumière du monde et se trouvèrent plongés dans l'obscurité profonde de la nuit la plus noire. Les Juifs subirent le châtiment qui leur était prédit. Leurs passions indomptées furent la cause de leur ruine. Dans leur fureur aveugle, ils s'entretuèrent, et leur révolte orgueilleuse et obstinée contre les Romains leur attira la colère de leurs vainqueurs. Jérusalem fut détruite, son temple devint un monceau de ruines, et l'emplacement sur lequel il s'élevait fut labouré comme un champ. Les enfants de Juda périrent de la mort la plus horrible et des millions d'entre eux furent vendus comme esclaves chez des peuples idolâtres.PJ 256.1

    En tant que nation, Israël n'avait pas répondu aux desseins de Dieu. Aussi la vigne lui fut-elle enlevée. Les prérogatives dont il avait abusé et l'œuvre qu'il avait négligée furent confiées à d'autres.PJ 256.2

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