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    Chapitre 2—A la croix.

    Le Fils de Dieu fut conduit à la salle du prétoire d’un tribunal terrestre, pour être injurié et condamné à mort par des hommes pécheurs. “Il a été navré pour nos forfaits, et frappé pour nos iniquités.” La Majesté du ciel se soumit à l’insulte, à la moquerie, à l’outrage honteux, comme “l’opprobre des hommes, et le méprisé du peuple.” Il “a exposé son dos à ceux qui le frappaient, et ses joues à ceux qui lui arrachaient la barbe; il n’a point caché son visage pour éviter l’ignominie et les crachats.”SMGR 17.1

    Satan inspirait ce cruel affront à la populace avilie conduite par les prêtres et les autorités, pour provoquer, si possible, des représailles de la part du Rédempteur, ou pour l’engager à se délivrer par un miracle des mains de ses persécuteurs, et ainsi anéantir le plan du salut. Une tache sur sa vie humaine, une faiblesse de son humanité dans la terrible tâche qu’il s’était imposée, eût fait de l’Agneau de Dieu une offrande imparfaite, et la rédemption de l’homme eût été manquée. Mais celui qui pouvait commander aux armées célestes et en un instant appeler à son aide des légions d’anges, dont un seul eût suffi pour écraser immédiatement la populace cruelle,— celui qui pouvait détruire ses ennemis par le seul rayonnement de sa majesté divine,— se soumit avec dignité aux plus grossières insultes et aux plus vils outrages.SMGR 17.2

    “On le presse et on l’accable, et il n’a point ouvert sa bouche; il a été mené à la tuerie comme un agneau, et comme une brebis muette devant celui qui la tond; même il n’a point ouvert sa bouche.” Il entrait dans le plan de la rédemption qu’il souffrit la moquerie et l’affront de la part des méchants, et il consentit à tout cela quand il devint le Rédempteur de l’homme. Dans son humanité, il devait endurer avec douceur le sarcasme et les coups, laissant ainsi aux enfants des hommes un exemple de patient support.SMGR 18.1

    Les anges de Dieu enregistrèrent fidèlement tout regard, toute parole, tout acte insultant, dirigés contre leur Chef bien-aimé; et les hommes dépravés qui, en l’insultant, crachèrent sur son calme visage, le verront un jour dans sa gloire, plus brillant que le soleil. En ce moment solennel, ils diront aux rochers et aux montagnes: “Cachez-nous de devant la face de celui qui est assis sur le trône, et de devant la colère de l’Agneau.”SMGR 18.2

    La rage de Satan fut grande quand il vit que toute la cruauté qu’il avait inspirée aux Juifs contre Jésus, n’avait pas amené sur ses lèvres le moindre murmure. Quoiqu’il eût revêtu la nature humaine, il manifesta une force divine et ne s’écarta en rien de la volonté de son Père.SMGR 18.3

    Emerveillez-vous, ô Cieux, et toi Terre sois dans l’étonnement. Contemplez l’oppresseur et l’opprimé. Une vaste multitude entoure le Sauveur du monde. La moquerie et la mauvaise plaisanterie se mêlent aux vils jurons du blasphème. Sa basse naissance et son humble vie sont l’objet des commentaires de misérables sans cœur ni raison. Les principaux sacrificateurs et les anciens tournent en ridicule sa prétention d’être le Fils de Dieu. La bouffonnerie vulgaire et le rire insultant courent de bouche en bouche. Satan a plein pouvoir sur l’esprit de ses serviteurs. Pour réussir dans cette affaire, il avait commencé par remplir les chefs de fanatisme religieux. Ceux-ci l’avaient communiqué à la multitude inculte et grossière, en sorte qu’il régnait une triste harmonie de sentiments chez tous, depuis les principaux sacrificateurs et les anciens hypocrites, jusqu’aux individus les plus abjets de la populace.SMGR 18.4

    Jésus, le Fils de Dieu, fut livré au peuple pour être crucifié. Ce fut avec des cris de triomphe qu’ils emmenèrent Jésus vers le Calvaire. La nouvelle de sa condamnation s’était répandue dans toute la ville, frappant de terreur et d’angoisse des milliers de cœurs, mais communiquant une joie malicieuse à beaucoup de ceux qui avaient été blessés par son enseignement. Les prêtres s’étaient engagés, avec promesse, à ne molester aucun de ses disciples si lui-même leur était livré; aussi toutes les classes du peuple accoururent sur le lieu de cette scène infâme, et Jérusalem demeura presque vide.SMGR 19.1

    Les disciples et les croyants des alentours se joignirent à la foule qui suivait Jésus. Sa mère y était aussi, le cœur plein d’une indicible angoisse; espérant toutefois, ainsi que les disciples, que la scène douloureuse changerait, que Jésus affirmerait son pouvoir et qu’il serait manifesté à ses ennemis comme le Fils de Dieu. Mais de temps en temps ce cœur de mère se sentait sombrer en se rappelant les paroles par lesquelles il avait sommairement fait allusion aux choses qui s’accomplissaient en ce jour.SMGR 19.2

    A peine Jésus avait-il passé la porte de la maison de Pilate, que la croix préparée pour Barrabas fut placée sur ses épaules meurtries et ensanglantées. D’autres croix furent aussi données aux compagnons de Barrabas qui devaient être mis à mort en même temps que Jésus. Le Sauveur n’avait porté son fardeau qu’à la distance de quelques toises, lorsque, à cause de la perte de son sang, comme de ses souffrances et de sa fatigue excessive, il tomba défaillant sur le sol. Quand il gisait ainsi sous le lourd fardeau de la croix, combien sa mère aurait désiré de soutenir de la main cette tête meurtrie, de baigner ce front qui avait autrefois reposé sur son sein. Mais hélas, ce douloureux privilège lui était refusé.SMGR 20.1

    Lorsque Jésus revint à lui, la croix fut de nouveau placée sur ses épaules, et il fut contraint de marcher. Il se traîna ainsi quelques pas, portant ce poids énorme, puis retomba évanoui sur la voie. Les prêtres et les anciens n’éprouvèrent aucune compassion pour leur victime; mais ils virent qu’il lui était impossible de porter plus loin l’instrument de son supplice. Ils étaient embarrassés de trouver quelqu’un qui consentît à s’humilier à porter la croix jusqu’au lieu de l’exécution.SMGR 20.2

    Tandis qu’ils considéraient ce qu’il y avait à faire, Simon le Cyrénéen, venant du côté opposé, rencontra la foule, fut saisi, à l’instigation des prêtres, et forcé de porter la croix de Christ. Les fils de Simon étaient disciples de Jésus, mais lui-même n’avait jamais été en relation avec le Sauveur. Cette occasion lui fut profitable. La croix qu’il dut porter devint l’instrument de sa conversion. Sa sympathie en faveur de Jésus fut profondément émue; et les événements du Calvaire et les paroles prononcées par le Seigneur le portèrent à reconnaître que Jésus était le Fils de Dieu. Simon se sentit toujours reconnaissant envers Dieu pour la circonstance qui l’avait mis à même de connaître pour soimême que Jésus était vraiment le Rédempteur du monde.SMGR 20.3

    Une grande multitude suivait le Sauveur au Calvaire; plusieurs riant et se moquant, mais d’autres pleurant et racontant ses vertus. Ceux qu’il avait guéris de plusieurs infirmités et ceux qu’il avait réveillés d’entre les morts, déclaraient à haute voix ses œuvres merveilleuses, et demandaient ce que Jésus avait fait pour être traité comme un malfaiteur. Peu de jours auparavant, on l’avait reçu avec de joyeux hosannas et on avait jonché la route de branches de palmier à son entrée triomphale dans Jérusalem. Mais plusieurs qui alors avaient exalté ses mérites, parce que tout le peuple s’en mêlait, jetaient maintenant le cri: “Crucifie-le! Crucifie-le!”SMGR 21.1

    Au moment de cette entrée de Christ dans Jérusalem, les disciples avaient été poussés au plus haut degré d’espérance. Ils s’étaient tenus serrés autour de leur Maître et avaient senti qu’ils étaient hautement honorés de leur relation avec lui. Maintenant qu’il était dans son humiliation, ils le suivaient à distance. Ils étaient pleins de désappointement et d’une douleur inexprimable. Comme s’accomplissaient cruellement les paroles de Jésus: “Je vous serai cette nuit à tous une occasion de chute; car il est écrit: Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées”! Toutefois les disciples avaient encore une vague espérance que eur Maître manifesterait son pouvoir au dernier moment et se délivrerait de ses ennemis.SMGR 21.2

    Arrivés au lieu du supplice, les condamnés furent liés aux instruments de torture. Tandis que les deux larrons se débattaient entre les mains de ceux qui les assujettissaient à la croix, Jésus ne fit aucune résistance. Sa mère le considérait avec une mortelle anxiété, espérant qu’il ferait un miracle pour se sauver. Certainement celui qui avait rendu la vie aux morts ne se laisserait point crucifier. Quelle torture oppressa son cœur quand elle vit les atroces souffrances de son fils, et sa propre impuissance à le secourir dans sa détresse! Quelle amère douleur! quel cruel désappointement! Devra-t-elle renoncer à croire qu’il est le vrai Messie? Le Fils de Dieu se laissera-t-il cruellement égorger? Elle vit ses mains attachées à la croix. On avait apporté les clous et le marteau. Et quand les chevilles de fer percèrent les chairs du Fils de l’homme et les fixèrent au bois, les disciples, le cœur déchiré, emportèrent loin de la scène cruelle le corps évanoui de la mère de Christ.SMGR 22.1

    Jésus ne laissa échapper ni plainte ni murmure; sa face demeura pâle et sereine, mais de grosses gouttes de sueur couvraient son front. Pas une main compatissante n’essuya de son visage la sueur de la mort; pas un mot de sympathie et de fidèle attachement ne consola son cœur humain. Il fut vraiment seul à fouler au pressoir; de tout le peuple là rassemblé, nul n’était avec lui. Tandis que les soldats accomplissaient leur œuvre cruelle, et que Jésus souffrait l’agonie la plus aiguë, il priait pour ses ennemis: “Mon père! pardonneleur, car ils ne savent ce qu’ils font.” Son esprit se transportait de ses propres souffrances au crime de ses persécuteurs et au terrible mais juste châtiment qui les attendait. Il eut pitié d’eux dans leur ignorance et dans leur culpabilité. Aucune malédiction ne fut invoquée sur les soldats qui le traitaient si grossièrement; aucune vengeance sur les sacrificateurs et les magistrats qui étaient la cause de ses souffrances et qui savouraient d’avance l’achèvement de leur dessein; Jésus se borna à demander leur pardon: “car ils ne savent ce qu’ils font.”SMGR 22.2

    S’ils avaient pu comprendre qu’ils mettaient à la torture celui qui était venu pour sauver une race pécheresse de la ruine éternelle, ils auraient été accablés d’horreur et de remords. Mais leur ignorance n’enlevait pas leur culpabilité; car c’était leur privilège de pouvoir connaître et d’accepter Jésus comme leur Sauveur. Ils repoussèrent toute évidence et péchèrent non seulement contre le ciel en crucifiant le Roi de gloire, mais contre les sentiments communs de l’humanité en mettant à mort un homme innocent. Jésus voulait acquérir le droit de devenir l’Avocat de l’homme devant le Père. La prière de Christ pour ses ennemis embrassait le monde, et s’appliquait à tout pécheur jusqu’à la fin des temps.SMGR 23.1

    Quand Jésus eut été cloué sur la croix, celle-ci fut dressée par plusieurs hommes forts et plantée avec violence au lieu préparé pour cela, lui causant les plus horribles souffrances. Alors il se passa une scène indigne. Sacrificateurs, scribes, gouverneurs, oubliant la dignité de leur office sacré, s’unirent à la populace pour se moquer et rire du Fils de Dieu mourant. Ils disaient: “Si tu es le Roi des Juifs, sauve-toi toi-même.” D’autres répétaient avec dérision: “Il a sauvé les autres et il ne se peut sauver lui-même. S’il est le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui. Il se confie en Dieu: que Dieu le délivre maintenant, s’il lui est agréable; car il a dit: Je suis le Fils de Dieu.” Et ceux qui passaient par là lui disaient des outrages, branlant la tête, et disant: “Toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours! sauve-toi toimême; si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix!”SMGR 23.2

    Ces hommes qui professaient d’être les interprètes de la prophétie, répétaient les paroles mêmes que les prophètes avaient prédit qu’ils prononceraient en cette occasion; toutefois, dans leur aveuglement, ils ne s’aperçurent pas qu’ils accomplissaient la prophétie. Les dignitaires du temple, les soldats grossiers, le méchant larron sur la croix, la populace vile et cruelle, tous étaient conjurés contre Christ.SMGR 24.1

    Les larrons qui étaient crucifiés avec Jésus souffraient une torture physique égale à la sienne; mais l’un d’eux n’était que plus irrité et endurci par la douleur et rendu plus méfiant envers Jésus. Aussi, imitant les sacrificateurs, il se moquait de Christ, disant: “Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et nous aussi.” L’autre n’était pas un criminel endurci; ses voies avaient été corrompues par un commerce avec les méchants; mais ses crimes n’étaient pas si grands que ceux de plusieurs des hommes qui se tenaient sous la croix, insultant le Sauveur.SMGR 24.2

    En commun avec sa nation, il avait cru que le Messie devait bientôt venir. Il avait entendu Jésus et avait été touché par ses enseignements; mais, sous l’influence des sacrificateurs et des gouverneurs, il s’était éloigné de lui. Il avait essayé de noyer ses convictions dans les plaisirs. De coupables relations l’avaient conduit pas à pas à l’abîme du mal, jusqu’à ce que, arrêté pour un crime évident, il avait été condamné à la mort de la croix. Durant le procès, il avait été en compagnie de Jésus dans la salle du tribunal. Il venait de faire avec lui la route du Calvaire. Il avait entendu Pilate le déclarer innocent; il avait observé sa divine attitude et sa pitié pour ses persécuteurs. Dans son cœur, il avait reconnu que Jésus était le Fils de Dieu.SMGR 24.3

    Quand il entendit les paroles railleuses de son compagnon de crime, il le reprit en disant: “Ne crains-tu point Dieu, puisque tu es condamné au même supplice? Et pour nous, nous le sommes avec justice, car nous souffrons ce que nos crimes méritent; mais celui-ci n’a fait aucun mal.” Puis, comme son cœur sympathisait avec Christ, une divine lumière inonda son esprit. En Jésus flétri, méprisé et pendu au bois, il reconnut son Rédempteur, sa seule espérance, et, d’une foi humble, s’adressant à lui: “Souviens-toi de moi, lui dit-il, quand tu viendras dans ton règne.” Et Jésus lui dit: “Je te le dis en vérité aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis.”SMGR 25.1

    Jésus ne promit pas au larron repentant qu’il irait avec lui, le jour de leur crucifixion, au Paradis, car lui-même ne monta vers son Père que trois jours après. Voyez Jean 20:17. Mais il lui déclara: “Je te le dis en vérité aujourd’hui,” voulant fixer dans son esprit le fait qu’à ce moment, au sein de l’ignominie et de la persécution, il avait le pouvoir de sauver les pécheurs. Il était l’avocat de l’homme devant Dieu, et il avait le même pouvoir que lorsqu’il guérissait les malades et ressuscitait les morts. C’était son droit divin de promettre en ce jour-làau pécheur repentant et croyant: “Tu seras avec moi dans le Paradis.”SMGR 25.2

    Le Sauveur, élevé sur la croix, endurant la peine et l’outrage, est recherché par une âme coupable et mourante, avec une foi qui discerne le Rédempteur du monde en celui qui est crucifié comme un malfaiteur. Tandis que les conducteurs du peuple le renient, et que ses propres disciples eux-mêmes doutent de sa divinité, le pauvre larron, sur le seuil de l’éternité, au terme de son voyage, appelle Jésus son Seigneur! Plusieurs étaient disposés à l’appeler Seigneur, lorsqu’il accomplissait des miracles, ou après sa résurrection; mais nul ne l’appelait Seigneur tandis qu’il était suspendu au bois, excepté le larron pénitent. Durant son ministère entier, jamais paroles ne furent plus agréables aux oreilles du Sauveur que celles qui tombèrent des lèvres du malfaiteur mourant au milieu des outrages et des blasphèmes de la populace.SMGR 26.1

    Les ennemis de Jésus attendaient sa mort avec impatience. Cet événement, pensaient-ils, ferait taire pour toujours les rumeurs publiques sur son pouvoir divin et l’étonnement produit par ses miracles. Ils se flattaient qu’en conséquence ils n’auraient plus rien à craindre de son influence. Les soldats indifférents, qui avaient lié le corps de Jésus sur la croix, partageaient, entre eux ses vêtements, et se disputaient sa robe, tissue sans couture. Ils décidèrent enfin de la mettre au sort. La plume de l’inspiration avait soigneusement décrit cette scène des centaines d’années avant qu’elle n’eût lieu. “Des chiens m’ont environné et une assemblée de gens malins m’a entouré; ils ont percé mes mains et mes pieds.” “Ils partagent entre eux mes vêtements, et jettent le sort sur ma robe.”SMGR 26.2

    La mission de la vie terrestre de Christ était maintenant près d’être accomplie. Sa langue était desséchée; il dit: “J’ai soif.” On remplit une éponge d’un mélange de vinaigre et de fiel, et on le lui présenta; mais l’ayant goûté, il le refusa. Le Prince de la vie se mourait pour le rachat de la race humaine.SMGR 27.1

    Ce n’était pas la crainte de la mort qui causait l’inexprimable agonie de Jésus. Le croire serait placer Christ au-dessous des martyrs quant au courage et à la patience; car plusieurs de ceux qui sont morts pour leur foi supportèrent la torture et la mort en se réjouissant d’être jugés dignes de souffrir pour la cause du Maître. Christ est le prince des martyrs; mais ce n’était pas l’angoisse physique qui le remplissait d’horreur et de désespoir. C’était le sentiment de la malignité du péché; c’était de voir que l’homme était devenu si fa-milier avec le mal qu’il n’en sentait plus la gravité, que le vice était si profondément enraciné dans le cœur humain qu’il semblait impossible de le déraciner. C’était la culpabilité du péché, qui le frappait, lui, comme substitut de l’homme de la colère du Père, qui brisait le cœur du Fils de Dieu. Chaque douleur qu’il endurait sur la croix, les gouttes de sang qui coulèrent de son front, de ses mains, de ses pieds, l’agonie qui secoua ses membres, et l’indicible angoisse qui remplit son âme à la pensée que la face du Père se voilait pour lui, parlent à l’homme et disent: C’est par amour pour toi que le Fils de Dieu consent à porter sur lui ces détestables crimes; pour toi il dépouille l’empire de la mort et ouvre les portes du Paradis et de la vie immortelle. Celui qui apaisait les vagues furieuses par sa parole, qui marchait sur les flots écumeux, qui faisait trembler les démons, qui guérissait les maladies par son attouchement, qui ouvrait les yeux des aveugles et ramenait les morts à la vie,—s’offre lui-même sur la croix en sacrifice parfait pour l’homme.SMGR 27.2

    Satan, avec ses tentations féroces, torturait le cœur de Jésus. Il accumulait sur lui le péché, si horrible à ses yeux, jusqu’à ce qu’il se mit à gémir sous son poids. Rien d’étonnant que son humanité tremblât en cette heure terrible. Les anges contemplaient avec terreur l’agonie désespérante du Fils de Dieu, d’autant supérieure à la douleur physique, que celle-ci était à peine sentie par lui. Les armées des cieux, à ce navrant spectacle, se voilaient la face.SMGR 28.1

    La nature inanimée elle-même exprima sa sympathie pour son auteur outragé et mourant. Le soleil se refusa à contempler cette horrible scène. Ses brillants rayons illuminaient en plein la terre à l’heure de midi, lorsque tout à coup il sembla s’effacer. Une obscurité complète, semblable à un drap funéraire, enveloppa la croix et toute la contrée environnante. Pas d’éclipse, ni d’autre cause naturelle à ces ténèbres aussi profondes que celles d’uné nuit sans lune ni étoiles. Cela dura trois heures entières. Aucun œil n’eût pu percer l’obscurité qui entourait la croix, et nul n’eût pu pénétrer dans les ténèbres plus profondes qui inondaient l’âme souffrante de Jésus. Une terreur sans nom s’empara de tous ceux qui étaient rassemblés en ce lieu. Le silence du tombeau sembla être tombé sur le Calvaire. Les outrages et les ricanements s’arrêtèrent inachevés. Hommes, femmes et enfants tombèrent la face contre terre dans une terreur abjecte. De brillants éclairs sans tonnerre, sillonnaient de temps en temps les nuages et éclairaient la croix et le Rédempteur crucifié.SMGR 28.2

    Sacrificateurs, magistrats, scribes, exécuteurs, et la foule, tous crurent que le moment de la vengeanoe était venu. Après quelques instants, quelques-uns murmurèrent que Jésus allait maintenant descendre de la croix. D’autres cherchèrent à retrouver le chemin de la ville, se frappant la poitrine et poussant des lamentations.SMGR 29.1

    A la neuvième heure, les ténèbres se dissipèrent des alentours, mais continuèrent à envelopper le Sauveur comme d’un manteau. Les éclairs irrités semblaient se jeter sur lui. Alors “Jésus s’écria à haute voix, disant: Eli, Eli, lamma sabachtani? c’est-à-dire: Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m’as-tu abandonné?” Comme l’obscurité des alentours s’arrêtait autour de Christ, plusieurs voix s’écrièrent: La vengeance de Dieu est sur lui. Les dards de la colère divine tombent sur lui parce qu’il a prétendu être le Fils de Dieu. Quand le cri suprême du Sauveur se fit entendre, plusieurs de ceux qui avaient cru en lui furent remplis de terreur; tout espoir les abandonna; si Dieu avait abandonné Jésus, qu’allaient devenir ses disciples et la doctrine qu’ils avaient tant aimée!SMGR 29.2

    Là était suspendu sur la croix, l’Agneau de Dieu sans défaut et sans tache, la chair lacérée par les coups et les blessures; ces mains aimantes et bénies qui étaient toujours prêtes à soulager les opprimés et les souffrants, étendues sur la croix et fixées par d’impitoyables clous, ces pieds patients qui avaient fait tant de chemin pour dispenser les grâces et prêcher le salut au monde, meurtris et écrasés sur la croix; cette tête royale, blessée par la couronne d’épines, ces lèvres pâles et tremblantes, qui avaient toujours été prêtes à répondre aux plaintes de l’humanité souffrante, disposées maintenant à répéter les sombres paroles: “Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m’as-tu abandonné?”SMGR 29.3

    Le peuple attendait en silence la fin de cette lugubre scène. Les sacrificateurs et les gouverneurs regardèrent du côté de Jérusalem; et voilà, l’épaisse nuée s’était amassée sur la ville et sur les plaines de Juda, et les éclairs, signe de la colère divine, enveloppaient la cité coupable. Tout à coup, l’obscurité qui entourait la croix se dissipa, et d’une voix claire comme celle d’une trompette, qui sembla retentir à travers toute la création, Jésus cria: “Tout est accompli;” “Mon Père! je remets mon esprit entre tes mains.” Une lumière illumina la croix, et la face du Sauveur brilla d’une gloire semblable à celle du soleil. Puis il pencha sa tête sur son sein: il était mort.SMGR 30.1

    Les spectateurs demeuraient paralysés et regardaient Jésus, osant à peine respirer. Une seconde fois, les ténèbres couvrirent la terre, et on entendit un roulement sourd semblable à un puissant tonnerre. Il était accompagné d’un violent tremblement de terre. La multitude en masse fut secouée, et il en résulta une confusion et une consternation extraordinaires. De grands rochers se détachèrent des montagnes voisines, avec des craquements épouvantables, et roulèrent le long de leurs flancs jusqu’aux plaines environnantes. Les sépulcres furent ouverts, et les morts sortirent de leurs tombes. La création sembla se réduire en poussière. Sacrificateurs, gouverneurs, soldats et exécuteurs, tous étaient muets de terreur et la face contre terre.SMGR 30.2

    L’obscurité couvrait encore Jérusalem comme d’un manteau. Au moment où Christ mourut, des prêtres officiaient dans le temple devant le voile qui séparait le lieu saint du lieu très saint. Tout à coup, ils sentirent le sol trembler sous eux, et le voile du temple, forte et riche draperie qui était renouvelée chaque année, se fendit en deux du sommet jusqu’au pied, déchiré par la même main invisible qui avait écrit la sentence de mort sur les murs du palais de Belsçatsar. Le lieu très saint qui n’était foulé d’un pied humain qu’une fois par an, fut exposé aux regards de tous. Dieu avait toujours protégé son temple d’une manière remarquable; mais maintenant ses mystères sacrés étaient livrés aux regards des curieux. La présence de Dieu ne couvrirait plus à l’avenir le tabernacle terrestre de la propitiation. Ni la lumière de sa gloire, ni les ténèbres de sa colère ne couvriraient plus les pierres précieuses placées sur le pectoral du souverain sacrificateur.SMGR 31.1

    Quand Christ mourut sur la croix du Calvaire, une voie nouvelle et vivante fut ouverte pour les Juifs et les Gentils. Le Sauveur devait dès lors officier comme Sacrificateur et comme Intercesseur dans le Ciel des cieux. Dorénavant, le sang des animaux offert pour le péché, était sans valeur; car l’Agneau de Dieu était mort pour les péchés du monde. L’obscurité qui couvrait la nature exprimait la sympathie de celle-ci pour le Christ mourant. Cela prouvait à l’humanité que le Soleil de Justice, la Lumière du Monde, retirait ses rayons de la ville de Jérusalem autrefois si favorisée. C’était un témoignage miraculeux donné par Dieu, afin que la foi des générations suivantes fût confirmée.SMGR 31.2

    Jésus ne donna pas sa vie avant d’avoir accompli l’œuvre pour laquelle il était venu. Le plan sublime de la rédemption était triomphalement accompli. Par une vie d’obéissance, les enfants déchus d’Adam pouvaient enfin être exaltés en la présence de Dieu. Quand le chrétien comprend la grandeur du sacrifice accompli par la Majesté des cieux, le plan du salut s’agrandit devant lui, et ses méditations sur le Calvaire réveillent les plus profondes et les plus saintes émotions du cœur. La contemplation de l’amour incomparable du Sauveur absorbe l’esprit, touche et fait fondre le cœur, raffine et élève les affections, et transforme complètement le caractère. Le langage de l’apôtre Paul est: “Je n’ai pas jugé que je dusse savoir autre chose parmi vous, que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.” Et en regardant au Calvaire, nous pouvons nous écrier: “Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu’en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde est crucifié à mon égard, et moi au monde.”SMGR 32.1

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