Loading...
Larger font
Smaller font
Copy
Print
Contents
La Vie de Jésus-Christ - Contents
  • Results
  • Related
  • Featured
No results found for: "".
  • Weighted Relevancy
  • Content Sequence
  • Relevancy
  • Earliest First
  • Latest First
    Larger font
    Smaller font
    Copy
    Print
    Contents

    Chapitre 12 — Nicodème venant à Christ

    La grande autorité que Jésus avait manifestée dans le temple, en condamnant les pratiques des dignitaires juifs, fut amplement commentée par les pharisiens, les sacrificateurs et les anciens. Son air majestueux, les accents de sa voix, l'irrésistible puissance qu'il avait exercée sur la multitude, tout était propre à porter un grand nombre d'entre eux à croire qu'il était en vérité le Messie qu'ils avaient si longtemps attendu, et qu'ils souhaitaient si ardemment de voir.VJC 123.1

    Une partie des Juifs avaient toujours craint de s'opposer à un homme qui semblait posséder quelque puissance remarquable et qui paraissait être sous l'influence de l'Esprit de Dieu. De nombreux messages avaient été donnés à Israël par la bouche des prophètes. Toutefois, quelques-uns de ces saints hommes de Dieu avaient été mis à mort à l'instigation des chefs d'Israël, parce qu'ils avaient dévoilé les péchés de ceux qui étaient en haut lieu. La captivité des Juifs chez une nation païenne avait été un châtiment pour avoir refusé d'être repris de leurs iniquités, méprisé les avertissements de Dieu, et continué à s'attacher à leurs péchés.VJC 123.2

    Au temps de Christ, les Juifs déploraient la position humiliante qu'ils occupaient sous la domination romaine, et condamnaient leurs ancêtres pour avoir lapidé les prophètes qui avaient été envoyés vers eux pour les corriger. Néanmoins, les sacrificateurs et les anciens nourrissaient dans leurs cœurs l'esprit qui devait les pousser à commettre les mêmes crimes.VJC 123.3

    Les dignitaires du temple consultèrent ensemble concernant la conduite de Jésus, et pour décider comment ils devaient agir à son égard. Nicodème, l'un d'entre eux, conseilla la modération, soit dans leurs sentiments, soit dans leurs actes. Il déclara que si Jésus était véritablement investi d'autorité de la part de Dieu, il y aurait du danger à rejeter ses avertissements et les manifestations de sa puissance. Il ne pouvait pas le considérer comme un imposteur, ni se joindre au reste des pharisiens pour se moquer de lui. Il avait lui-même vu et entendu Jésus, et son esprit était grandement préoccupé à son égard. Il étudiait, soucieux, les rouleaux de parchemin contenant les prophéties concernant la venue du Messie. Il cherchait ardemment la vérité sur ce sujet, et plus il cherchait, plus il était fortement convaincu que cet homme était celui dont les prophètes avaient parlé. Si Jésus était véritablement le Christ, alors ce temps était réellement dans l'histoire du monde, et surtout dans l'histoire de la nation juive, une époque remplie d'importants événements.VJC 123.4

    Après avoir purifié le temple profané par les vendeurs et les changeurs, Jésus passa la journée suivante tout entière à guérir les malades et à soulager les affligés. Nicodème avait vu avec quelle tendre compassion il avait accueilli les pauvres et les opprimés, et avait répondu à leurs besoins. Avec la tendresse d'un père envers des enfants souffrants, il avait opéré des guérisons et consolé les cœurs affligés. Aucun de ceux qui venaient vers lui avec des suppliques ne se retirait de sa présence sans avoir été soulagé. Les mères étaient réjouies de voir leurs petits enfants recouvrer la santé, et les pleurs et les gémissements faisaient place aux accents de la louange. Toute la journée, Jésus avait donné des instructions au peuple inquiet et curieux, raisonnant avec les scribes, et faisant taire par la sagesse de ses paroles les arguties des gouverneurs orgueilleux. Après avoir vu et entendu ces choses merveilleuses, et avoir sondé les prophéties qui désignaient Jésus comme étant le Messie promis, Nicodème n'osa pas mettre en doute qu'il fût envoyé de Dieu.VJC 124.1

    Lorsque la nuit vint, Jésus, pâle et fatigué par un travail si long et si continu, chercha la retraite et le repos sur le mont des Oliviers. Ce fut là que Nicodème le trouva et désira s'entretenir avec lui.1Jean 3:1-21. C'était un homme riche et honoré des Juifs. Il était renommé dans tout Jérusalem pour sa richesse, sa science, sa bienfaisance et surtout pour sa libéralité à pourvoir à l'entretien du temple et de ses services. Il était aussi un des membres influents du conseil national. Toutefois lorsqu'il se trouva en la présence de Jésus, une agitation et une timidité étranges s'emparèrent de lui, quoiqu'il essayât de les dissimuler sous un air de calme et de dignité.VJC 124.2

    Il tâcha de faire paraître comme étant un acte de condescendance de sa part, que lui, savant gouverneur, sollicitât une entrevue avec un jeune étranger, à une heure aussi avancée de la nuit. Il l'aborda par ces paroles conciliantes: “Maître, nous savons que tu es un docteur venu de la part de Dieu; car personne ne saurait faire les miracles que tu fais si Dieu n'est avec lui.” Mais au lieu de répondre à cette salutation flatteuse, Jésus arrêta sur son interlocuteur son regard calme et scrutateur, comme s'il lisait au plus profond de son âme; puis d'une voix douce et grave, il parla et révéla la véritable condition de Nicodème. “En vérité, en vérité, je te dis, que si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.”VJC 125.1

    Le pharisien perdit son assurance à ces paroles qu'il comprenait en partie; car il avait entendu Jean-Baptiste prêcher la repentance et le baptême, et aussi la venue de celui qui baptiserait du Saint-Esprit. Depuis longtemps, Nicodème sentait qu'il y avait un manque de spiritualité parmi les Juifs, et qu'ils étaient en grande mesure mus dans leurs actions par la bigoterie, l'orgueil et l'ambition mondaine. Il avait espéré voir un meilleur état de choses lorsque le Messie viendrait. Mais il attendait un Sauveur qui établirait un trône temporel à Jérusalem, qui rassemblerait la nation juive sous son étendard, et subjuguerait le pouvoir romain par la force des armes.VJC 125.2

    Ce savant dignitaire était un pharisien strict. Il s'était glorifié de ses bonnes œuvres et de sa grande piété. Il considérait que sa vie journalière était parfaite devant Dieu, et il fut effrayé d'entendre Jésus parler d'un royaume trop pur pour qu'il pût y entrer dans sa condition actuelle. Son esprit lui inspira des craintes; toutefois il éprouva de l'irritation par l'application directe de ces paroles à son propre cas, et il répondit comme s'il les avait comprises dans leur sens le plus littéral: “Comment un homme peut-il naître quand il est vieux?”VJC 125.3

    Mais Jésus répéta, en accentuant solennellement ses paroles: “En vérité, en vérité, je te dis, que si un homme ne naît d'eau et d'esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.” Nicodème ne pouvait plus se méprendre sur le sens des paroles de Jésus. Il savait très bien qu'il faisait allusion au baptême d'eau et à la grâce de Dieu. La puissance du Saint-Esprit transforme l'homme entièrement C'est cette transformation qui constitue la nouvelle naissance.VJC 126.1

    Un grand nombre de Juifs avaient reconnu Jean comme un prophète envoyé de Dieu, et avaient été baptisés par lui du baptême de la repentance, tandis qu'il leur enseignait ouvertement que son œuvre et sa mission avaient pour but de préparer le chemin devant Christ, la lumière supérieure, qui achèverait l'œuvre qu'il avait commencée. Nicodème avait médité sur ces choses, et il était en ce moment sous la conviction qu'il se trouvait en la présence de celui dont Jean avait été le précurseur.VJC 126.2

    Jésus lui dit: “Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne t'étonne point de ce que je t'ai dit: Il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit.” Ici Jésus cherche à faire comprendre à Nicodème la nécessité positive de l'influence de l'Esprit de Dieu sur le cœur humain, pour le purifier et pour le préparer au développement d'un caractère juste et bien équilibré. “Car c'est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les larcins, les faux témoignages, les blasphèmes.”1Matthieu 15:19. Cette source du cœur étant purifiée, ce qui en découle devient pur.VJC 126.3

    Cette nouvelle naissance est pour Nicodème quelque chose de mystérieux. “Comment ces choses se peuvent-elles faire?” demande-t-il. Jésus, en lui disant de ne point s'étonner, emploie le vent comme exemple pour lui faire comprendre la signification de ses paroles. On entend le bruit du vent dans les branches des arbres, et son frémissement dans les feuilles et dans les fleurs; mais il est invisible à l'œil, et nul ne sait d'où il vient, ni où il va. Telle est l'expérience de celui qui est né de l'Esprit. L'Esprit est un agent invisible employé de Dieu pour produire des résultats tangibles. Son influence est puissante et elle gouverne les actions des hommes. S'il est purifié de tout mal, il est la force motrice du bien. L'Esprit de Dieu régénérateur, prenant possession de l'esprit de l'homme, transforme sa vie; il éloigne les mauvaises pensées; on renonce aux mauvaises actions, et la colère, l'envie et la dispute font place à l'amour, à la paix, à l'humilité. Cette puissance, que nul œil humain ne peut voir, a créé un être nouveau à l'image de Dieu.VJC 127.1

    La nécessité de la nouvelle naissance fit moins d'impression sur l'esprit de Nicodème que la manière dont elle devait s'accomplir. Jésus le reprend et lui demande si lui, qui était docteur en Israël, et interprète des prophéties, pouvait ignorer ces choses. Avait-il lu en vain ces écrits sacrés, qu'il n'avait pas compris qu'ils enseignaient que le cœur doit être purifié de sa souillure naturelle par l'Esprit de Dieu, avant qu'il soit propre à habiter le royaume des cieux? Ici Christ ne faisait nullement allusion à la résurrection du corps, alors qu'une nation naîtra en un jour; mais il parlait de l'œuvre intérieure de la grâce dans le cœur non régénéré.VJC 127.2

    Jésus venait de purifier le temple, en chassant de ses parvis sacrés ceux qui l'avaient profané par leur trafic et leurs extorsions. Aucun de ceux qui, ce jour-là, avaient fui de devant la présence de Jésus, n'était propre à être employé aux services sacrés du temple. Il y avait, il est vrai, parmi les pharisiens quelques hommes honorables qui regrettaient profondément les maux qui corrompaient la nation juive et profanaient ses rites sacrés. Ils voyaient aussi que les traditions et les formes vaines avaient pris la place de la vraie sainteté, mais ils étaient impuissants à réprimer ces abus croissants.VJC 127.3

    Jésus avait commencé son œuvre en attaquant directement l'esprit d'égoïsme et d'avarice des Juifs, leur montrant que tout en prétendant être enfants d'Abraham, ils refusaient de suivre son exemple. Ils étaient zélés pour montrer une apparence de justice extérieure, tandis qu'ils négligeaient la sainteté intérieure. Ils s'attachaient strictement à la lettre de la loi, tandis qu'ils en transgressaient journellement l'esprit d'une façon criante. La loi défendait la haine et le vol; toutefois Christ déclara que les Juifs avaient fait de la maison de son Père une caverne de voleurs. Ce dont le peuple avait grand besoin, c'était d'une nouvelle naissance morale. Ils avaient besoin que les péchés qui les souillaient fussent ôtés, et qu'une connaissance éclairée et la vraie sainteté fussent renouvelées en eux.VJC 128.1

    Cette œuvre de purifier le temple est un exemple de l'œuvre qui doit s'accomplir chez tous ceux qui veulent posséder la vie éternelle. Jésus exposa avec patience à Nicodème le plan du salut, lui montrant de quelle manière le Saint-Esprit fait pénétrer la lumière et la puissance transformatrice dans toute âme qui est née de l'Esprit. Semblable au vent qui est invisible, et dont toutefois les effets sont clairement vus et sentis, le baptême de l'Esprit de Dieu sur le cœur se révèle dans toutes les actions de celui qui fait l'expérience de son pouvoir salutaire.VJC 128.2

    Il expliqua comment Christ délivre de son fardeau l'âme oppressée, et lui dit de se réjouir de sa délivrance. La tristesse fait place à la joie, et le visage réfléchit la lumière du ciel. Toutefois personne ne voit la main qui ôte le fardeau, ni la lumière descendre des parvis célestes. La bénédiction se produit lorsque l'âme, par la foi, se soumet au Seigneur. Ce mystère surpasse la science humaine; toutefois celui qui passe ainsi de la mort à la vie, éprouve que cette vérité est une vérité divine.VJC 128.3

    La conversion de l'âme par la foi en Christ n'était que faiblement comprise par Nicodème, qui avait été habitué à considérer le froid formalisme et les services rigides comme étant la vraie religion. Le Docteur divin lui expliqua que sa mission sur la terre n'avait pas pour but d'établir un royaume temporel, rivalisant avec la pompe et la magnificence de ce monde, mais d'établir un règne de paix et d'amour, et d'amener les hommes au Père par l'œuvre médiatrice de son Fils.VJC 128.4

    Nicodème était grandement étonné. Mais Jésus ajouta: “Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne les croyiez pas, comment croirez-vous, quand je vous parlerai des choses célestes?” Si Nicodème ne pouvait pas recevoir ses enseignements, démontrant l'œuvre de grâce sur le cœur humain, ainsi qu'elle est représentée par la figure du vent, comment pouvait-il comprendre la nature de son royaume céleste et glorieux? Puisqu'il ne discernait point le caractère de l'œuvre de Christ sur la terre, il ne pouvait pas comprendre son œuvre dans le ciel. Jésus renvoie Nicodème aux prophéties de David et d'Ezéchiel:VJC 129.1

    “Et je ferai qu'ils n'auront qu'un cœur, et je mettrai en eux un esprit nouveau; j'ôterai de leur chair le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair; afin qu'ils marchent dans mes statuts, et qu'ils gardent mes ordonnances, et qu'ils les observent; et ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu.” “Et ils y entreront, et ils en ôteront toutes les infamies et toutes les abominations.” “C'est pourquoi, ô maison d'Israël! je vous jugerai chacun de vous selon ses voies, dit le Seigneur, l'Eternel. Convertissez-vous, et détournez-vous de tous vos péchés, et l'iniquité ne vous sera pas une occasion de ruine. Jetez loin de vous tous vos péchés par lesquels vous avez péché, et faites-vous un nouveau cœur et un esprit nouveau.” “O Dieu! crée-moi un cœur pur, et renouvelle au dedans de moi un esprit droit. Ne me rejette pas de devant ta face, et ne m'ôte pas l'esprit de ta sainteté. Rends-moi la joie de ton salut, et que l'esprit franc me soutienne. J'enseignerai tes voies aux méchants, et les pécheurs se convertiront à toi.” “Et je vous donnerai un nouveau cœur, et je mettrai en vous un esprit nouveau; et j'ôterai le cœur de pierre de votre chair, et je vous donnerai un cœur de chair.”1Ezéchiel 11:19, 20, 18; 18:30, 31; Psaumes 51:12-15; Ezéchiel 36:26.VJC 129.2

    Le savant Nicodème avait lu ces prophéties positives avec un esprit obscurci, mais maintenant il commençait à saisir leur véritable signification, et à comprendre que même un homme aussi juste et aussi honorable que lui, devait naître de nouveau par Jésus-Christ, afin d'être sauvé et de s'assurer l'entrée au royaume de Dieu. Jésus dit positivement que, à moins qu'un homme ne naisse de nouveau, il ne peut discerner le règne que Christ est venu établir sur la terre. Une conformation rigide à l'obéissance de la loi ne donnera à personne le droit d'entrer dans le royaume des cieux.VJC 130.1

    Il doit y avoir une nouvelle naissance, un esprit nouveau par l'opération de l'Esprit de Dieu, qui purifie la vie et ennoblit le caractère. Cette relation avec Dieu prépare l'homme pour le glorieux royaume des cieux. Nulle invention humaine ne pourra jamais trouver un remède pour l'âme pécheresse. Ce n'est que par la repentance et l'humiliation, et par une soumission à ce que Dieu exige de nous, que l'œuvre de la grâce peut s'accomplir. L'iniquité est si odieuse aux yeux de Dieu que le pécheur a si longtemps offensé et outragé, qu'une repentance proportionnée à la nature des péchés commis, produit souvent une angoisse d'esprit dure à supporter.VJC 130.2

    Rien moins qu'une application et une acceptation pratiques de la vérité divine n'ouvrent à l'homme le royaume de Dieu. Il n'y a qu'un cœur pur et humble, obéissant et rempli d'amour pour Dieu, ferme dans la foi et fidèle au service du Souverain, qui puisse y entrer. Jésus aussi déclare que, “comme Moïse éleva le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l'homme soit élevé; afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.” Le serpent au désert fut élevé sur une perche à la vue de tout le peuple, afin que tous ceux qui avaient été mordus par les serpents brûlants dont la blessure était mortelle pussent regarder ce serpent d'airain, symbole de Christ, et fussent aussitôt guéris. Mais ils devaient regarder avec foi, autrement cela ne leur aurait servi de rien. C'est aussi de la même manière que les hommes doivent tourner les regards de leur foi vers le Fils de l'homme, comme vers celui qui peut les sauver pour la vie éternelle. Par le péché l'homme s'était séparé de son Dieu. Christ manifesta sur cette terre sa divinité voilée par son humanité, afin de racheter l'homme de cet état de perdition. La nature humaine est dégradée, et le caractère de l'homme doit être changé avant qu'il puisse être en harmonie avec les êtres purs et saints du royaume immortel de Dieu. C'est cette transformation, qui s'appelle la nouvelle naissance.VJC 130.3

    Si, par la foi, l'homme se saisit de l'amour divin, il devient une nouvelle créature par Jésus-Christ. Le monde est surmonté, la créature humaine est subjuguée, et Satan est vaincu. Dans cet important sermon que Jésus fit à Nicodème, il déroule devant ce noble pharisien tout le plan du salut et sa mission dans ce monde. Dans aucun de ses discours subséquents, le Sauveur n'expliqua avec autant de perfection et d'ordre l'œuvre qui devait s'opérer dans le cœur pour qu'il pût hériter le royaume des cieux. Il parle du salut de l'homme comme ayant son origine directement dans l'amour du Père, qui le porta à livrer son Fils unique à la mort afin que l'homme fût sauvé.VJC 131.1

    Jésus connaissait parfaitement le terrain dans lequel il jetait la semence de la vérité. Pendant trois ans il y eut peu de fruit apparent. Nicodème n'avait jamais été un ennemi de Jésus, mais il ne le confessait pas publiquement. Il pesait les choses avec une exactitude qui s'accordait avec sa nature. Il observait les œuvres de la vie de Jésus avec un intense intérêt. Il méditait ses enseignements et était témoin de ses œuvres puissantes. La résurrection de Lazare prouvait d'une manière irrécusable au savant Juif que Jésus était le Messie.VJC 131.2

    Un jour que le Sanhédrin était assemblé pour délibérer sur le moyen le plus efficace pour condamner à mort Jésus, Nicodème fit entendre sa voix pleine d'autorité, en disant: “Notre loi condamne-t-elle un homme sans l'avoir ouï auparavant, et sans s'être informé de ce qu'il a fait?”1Jean 7:50-52. Ces paroles provoquèrent de la part du souverain sacrificateur cette réponse piquante: “Es-tu aussi Galiléen? Informe-toi, et tu verras qu'aucun prophète n'a été suscité de la Galilée.” Et le conseil se dispersa, car on ne put obtenir un consentement unanime sur la condamnation de Jésus.VJC 131.3

    Les Juifs soupçonnèrent bien Joseph et Nicodème d'être sympathiques au docteur de la Galilée, et lorsque le conseil se réunit pour décider du sort de Jésus, ces hommes-là ne furent point appelés. Les paroles dites de nuit à un seul homme sur une montagne solitaire n'avaient pas été perdues. Lorsque Nicodème vit Jésus sur la croix, suspendu comme un malfaiteur entre le ciel et la terre, et toutefois priant pour ses meurtriers; lorsque dans cette heure terrible il fut témoin de la commotion de la nature, alors que le soleil cacha sa lumière et que la terre trembla dans l'espace, que les rochers se fendirent, et que le voile du temple se déchira en deux, il se souvint alors des enseignements solennels qu'il avait reçus sur la montagne: “Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.”1Jean 3:14-16.VJC 132.1

    Les écailles tombèrent de ses yeux, et le doute et l'incrédulité firent place à la foi. Des rayons de lumière jaillissant de l'entrevue secrète qui avait eu lieu sur la montagne, illuminèrent la croix du Sauveur. Dans ce moment de découragement et de danger, alors que les cœurs des disciples, remplis de craintes et de doutes, leur défaillaient, Joseph d'Arimathée, disciple secret de Jésus, vint demander à Pilate le corps du Seigneur, et Nicodème qui, au commencement, était venu de nuit vers Jésus, apporta cent livres d'une composition de myrrhe et d'aloès. Ces deux hommes accomplirent de leurs propres mains les dernières cérémonies sacrées, et placèrent le corps du Sauveur dans un sépulcre neuf dans lequel personne n'avait encore été mis. Ces puissants gouverneurs des Juifs répandirent ensemble des larmes sur le corps sacré de notre Sauveur.VJC 132.2

    Maintenant que les disciples étaient dispersés et découragés, Nicodème s'avançait hardiment. Il était riche, et il employa ses biens pour le soutien de l'Eglise chrétienne naissante, que les Juifs s'attendaient à voir se disperser à la mort de Jésus. Celui qui avait été si prudent, si calculateur et si obsédé de doutes, était alors, dans le moment fâcheux, ferme comme un roc de granit, encourageant la foi chancelante des disciples de Christ, et contribuant de ses propres biens à l'avancement de la cause de Dieu. Il fut spolié, persécuté et flétri par ceux qui l'avaient respecté et honoré autrefois. Il devint pauvre des biens de ce monde, toutefois il resta inébranlable dans la foi qui avait eu son origine dans cette conférence nocturne avec Jésus.VJC 132.3

    Nicodème raconta à Jean l'histoire de cette entrevue, et l'évangéliste inspiré en donne le récit pour l'instruction des générations futures. Les vérités essentielles enseignées dans ce récit sont aussi importantes aujourd'hui qu'elles l'étaient dans cette nuit solennelle, lorsque, dans cette sombre montagne, l'influent gouverneur juif vint apprendre le chemin de la vie de la bouche même de l'humble charpentier de Nazareth.VJC 133.1

    “Le Seigneur ayant donc appris que les pharisiens avaient ouï dire qu'il faisait et baptisait plus de disciples que Jean (toutefois ce n'était pas Jésus lui-même qui baptisait, mais c'étaient ses disciples), il quitta la Judée, et s'en retourna en Galilée.”1Jean 4:1-3.VJC 133.2

    Les préventions des Juifs furent excitées parce que les disciples de Jésus n'employaient pas exactement les paroles de Jean dans le rite du baptême. Les enseignements de Jean étaient en parfaite harmonie avec ceux de Jésus; toutefois les disciples de Jean devinrent jaloux, et craignirent que l'influence de leur maître ne diminuât. Une dispute s'éleva entre eux et les disciples de Jésus, au sujet des paroles sacramentelles à employer pour le baptême, et finalement quant au droit que Jésus avait de baptiser.VJC 133.3

    Les disciples de Jean allèrent se plaindre à leur maître, en disant: “Maître! celui qui était avec toi, au delà du Jourdain, auquel tu as rendu témoignage, le voilà qui baptise et tous vont à lui.”21 Jean 3:22-36. Jean n'était point exempt des infirmités ordinaires de la nature humaine. Dans cette affaire, il fut soumis à une rude épreuve. Son influence comme prophète de Dieu avait été plus grande que celle d'aucun autre homme, jusqu'à ce que le ministère de Christ eût commencé; mais la renommée de ce nouveau Docteur attirait l'attention de tout le peuple, et en conséquence, la popularité de Jean diminuait Ses disciples vinrent lui faire un récit exact de ce qui se passait: Jésus baptise, disaient-ils, et tous vont à lui.VJC 133.4

    Jean se trouvait placé dans une position dangereuse; s'il avait approuvé la jalousie de ses disciples en répondant à leurs murmures par une seule parole de sympathie ou d'encouragement, une grave division aurait eu lieu. Mais l'esprit noble et désintéressé du prophète se montra dans la réponse qu'il fit à ses disciples:VJC 134.1

    “Personne ne peut rien recevoir, s'il ne lui a été donné du ciel. Vous m'êtes vous-mêmes témoins que j'ai dit, que ce n'est pas moi qui suis le Christ, mais que j'ai été envoyé devant lui. Celui qui a l'épouse est l'époux; mais l'ami de l'époux, qui est présent et qui l'écoute, est ravi de joie d'entendre la voix de l'époux; et c'est là ma joie qui est parfaite. Il faut qu'il croisse et que je diminue.”VJC 134.2

    Si Jean avait manifesté quelque dépit ou du chagrin en se voyant remplacé par Jésus; si, lorsqu'il vit son pouvoir sur le peuple diminuer, il avait permis à ses propres sentiments de se rebeller contre Dieu; s'il avait un seul instant, dans cette heure de tentation, perdu de vue sa mission, le résultat eût été désastreux pour l'établissement de l'Eglise chrétienne. La semence de discorde aurait été semée, l'anarchie en aurait été le fruit, et la cause de Dieu aurait langui, faute de personnes convenables pour la soutenir.VJC 134.3

    Mais Jean, sans tenir compte de ses intérêts personnels, prit la défense de Jésus, en rendant témoignage à sa supériorité, comme étant celui qui avait été promis à Israël, et devant lequel il était venu préparer le chemin. Il s'identifia pleinement avec la cause de Christ, et déclara que la prospérité de cette cause était sa plus grande joie. Puis, s'élevant au-dessus de toute considération mondaine, il rendit ce témoignage remarquable, témoignage qu'on pourrait presque appeler la contre-partie de celui que Jésus avait donné à Nicodème dans leur secrète entrevue sur la montagne:VJC 134.4

    “Celui qui est venu d'en haut est au-dessus de tous; celui qui est venu de la terre est de la terre, et parle comme étant de la terre; celui qui est venu du ciel est au-dessus de tous. Et il rend témoignage de ce qu'il a vu et entendu; mais personne ne reçoit son témoignage. Celui qui a reçu son témoignage a scellé que Dieu est véritable. Car celui que Dieu a envoyé, annonce les paroles de Dieu, parce que Dieu ne lui donne pas l'esprit par mesure. Le Père aime le Fils, et lui a donné toutes choses entre les mains. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle: mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie; mais la colère de Dieu demeure sur lui.”VJC 135.1

    Quel sermon pour les pharisiens, préparant le chemin pour le ministère de Christ! Le même esprit dont Christ était animé était en Jean-Baptiste. Leurs témoignages s'accordaient; leurs vies étaient consacrées à la même œuvre de réforme. Le prophète désigne le Sauveur comme étant le Soleil de Justice se levant avec splendeur en éclipsant bientôt sa propre lumière, laquelle alors pâlissait et s'effaçait devant une lumière plus grande. Par la joie désintéressée qu'il témoignait du succès du ministère de Jésus, Jean offre au monde le plus beau modèle de la véritable noblesse qui ait jamais été montré par aucun mortel. Il présente à ceux que Dieu a placés dans des positions de responsabilité, une leçon de soumission et de renoncement. Il leur enseigne à ne jamais s'approprier un honneur qui ne leur appartient pas, ni à laisser l'esprit de rivalité déshonorer la cause de Dieu. Le véritable chrétien doit soutenir le bien aux dépens de toutes les considérations personnelles.VJC 135.2

    Les nouvelles qui étaient parvenues à Jean, concernant le succès de Jésus, furent aussi portées à Jérusalem, et y excitèrent contre lui de la jalousie, de l'envie et de la haine. Jésus connaissait l'endurcissement des cœurs des pharisiens et les ténèbres de leur esprit, et il savait qu'ils n'épargneraient rien pour faire naître la division entre ses propres disciples et ceux de Jean, et que cette division nuirait grandement à l'œuvre; c'est pourquoi il cessa tranquillement de baptiser, et il se retira en Galilée. Il savait qu'il se préparait une tempête qui enlèverait bientôt le prophète le plus noble que Dieu eût jamais donné au monde. Il désirait éviter toute division de sentiment dans la grande œuvre qui était devant lui, et pour le moment, il quitta cette région dans le but d'apaiser toute excitation qui aurait porté préjudice à la cause de Dieu.VJC 135.3

    Il y a ici une leçon importante pour les disciples de Christ: ils devraient prendre toutes les précautions convenables pour éviter la discorde; car toute division d'intérêt, amenant des contestations et des différences malheureuses dans l'Eglise, a souvent pour résultat la perte d'âmes qui auraient pu être sauvées dans le royaume de Dieu. Lorsqu'il survient une crise religieuse, ceux qui ont une place importante dans l'Eglise, et qui font profession d'être les serviteurs de Dieu, devraient suivre l'exemple du Maître et celui du noble prophète Jean. Ils devraient rester fermes et unis dans la défense de la vérité, tout en travaillant soigneusement à éviter toute dissension nuisible.VJC 136.1

    Larger font
    Smaller font
    Copy
    Print
    Contents