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La Vie de Jésus-Christ - Contents
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    Chapitre 2 — La naissance de Christ

    A mesure que le temps du premier avénement du Fils de Dieu approchait, Satan déployait une vigilance spéciale à endurcir les cœurs du peuple juif contre les preuves du caractère messianique de Christ. Les Juifs étaient devenus vains et orgueilleux. Tandis qu'il y avait encore dans la nation de fidèles adorateurs de Dieu, qui attendaient la consolation d'Israël, la masse du peuple et ses conducteurs s'étaient écartés de Dieu. Les sacrificateurs ne possédaient ni piété personnelle ni vertu de caractère; et pourtant ils étaient rigoureusement attachés aux formes et aux cérémonies de leur culte. Et plus ils étaient dépourvus des qualités nécessaires à des hommes accomplissant une œuvre sacrée et appelés à être les sacrificateurs du Très-Haut, plus grande était leur ténacité à conserver une apparence extérieure de piété, de zèle et de dévotion.VJC 22.1

    Ces sacrificateurs étaient hypocrites; ils étaient attachés aux richesses et aux honneurs du monde, et profitaient de toutes les occasions de tirer avantage des pauvres, spécialement des veuves et des orphelins. Gens sans cœur, ils n'avaient aucune pitié des indigents et des malheureux. Pendant qu'ils priaient sur les marchés et faisaient des aumônes pour être vus des hommes, ils dévoraient les maisons des veuves par les lourdes taxes qu'ils leur imposaient. Sous prétexte de suppléer aux trésors du temple, ils extorquaient de grandes sommes d'argent à ceux qui étaient consciencieux, et ils employaient pour leur propre avantage les valeurs qu'ils avaient ainsi malhonnêtement obtenues.VJC 22.2

    Dans les lois données aux Hébreux, Dieu avait gardé avec un soin spécial les intérêts de l'étranger, du pauvre et de la veuve. Le produit du pays laissé sans culture tous les sept ans leur appartenait. En outre, tous les ans, la nation entière devait donner la dîme de tout son revenu pour des œuvres de bienfaisance — dîme tout à fait distincte de celle qui était donnée pour le service du sanctuaire. On devait entretenir un fonds perpétuel pour le bien des pauvres. Dieu voulait employer ces moyens pour empêcher son peuple de se livrer à l'égoïsme et à l'avarice. La libéralité était recommandée comme une obligation religieuse: “L'orphelin et la veuve mangeront dans les lieux de ta demeure, et en seront rassasiés, afin que l'Eternel, ton Dieu, te bénisse dans toute l'œuvre de tes mains.”1Deutéronome 14:29. Il était également défendu aux Israélites de prêter à usure à leurs frères. Le mépris de ces directions expresses avait fait que la bénédiction du Seigneur avait été retranchée d'Israël.VJC 22.3

    Les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens enseignaient et faisaient observer au peuple comme commandements de Dieu des coutumes, des traditions et des cérémonies inutiles qui n'étaient que des commandements d'hommes. Leur rigueur apparente dans l'observation des formes provenait du désir qu'ils avaient de donner une haute idée de leur importance. Tandis qu'ils désiraient être réputés pour leur zèle et leur dévotion dans les devoirs religieux, ils pillaient Dieu journellement en s'appropriant les offrandes de ses adorateurs. Leur prétendu respect des coutumes et des traditions n'était qu'un artifice pour obtenir l'argent du peuple afin de satisfaire à leur ambition corrompue.VJC 23.1

    Les sacrificateurs ne se faisaient aucun scrupule de commettre les actes les plus malhonnêtes et les plus criminels pour accomplir leurs desseins. Ceux qui remplissaient l'office de souverain sacrificateur au temps du premier avénement de Christ, n'étaient pas des hommes divinement choisis pour remplir cet office sacré. Leur ardent désir de parvenir à cet office provenait de leur amour du pouvoir et de la grandeur. Ils désiraient obtenir une position où ils pussent exercer l'autorité et frauder sous le couvert de la piété sans crainte d'être découverts. Des hommes au cœur corrompu recherchaient parfois l'office élevé de souverain sacrificateur et l'obtenaient fréquemment par la corruption et l'assassinat.VJC 23.2

    En ce temps-là, les Juifs étaient soumis au gouvernement des Romains, et les sacrificateurs n'avaient aucune autorité légale d'infliger la peine de mort. Ce pouvoir appartenait uniquement à leurs gouverneurs étrangers. Le sacrificateur avait pourtant une position qui lui conférait un certain pouvoir et une certaine importance. Il n'était pas seulement conseiller et médiateur; mais il était juge, et ses décisions étaient sans appel. Revêtu de son riche costume, de ses robes sacrées, la poitrine couverte du pectoral dont les pierres précieuses reflétaient la lumière, il avait un aspect si imposant qu'il excitait l'admiration, le respect et la crainte de tous les adorateurs au cœur droit. Le souverain sacrificateur était, d'une manière spéciale, le représentant de Christ, quoique la sacrificature de Christ ne pût pas être parfaitement préfigurée par celle d'Aaron. Le Fils de Dieu devait être “sacrificateur éternellement selon l'ordre de Melchisédec”.1Hébreux 5:6. Dans cet ordre, la sacrificature ne devait point passer de l'un à l'autre; Christ ne devait point être remplacé.VJC 24.1

    Les coutumes et les cérémonies inutiles par lesquelles les Juifs avaient corrompu leur religion, étaient un joug pesant pour le peuple, surtout pour les classes pauvres; et comme ils étaient sous le joug des Romains, ils devaient également payer le tribut à ces derniers. Les Juifs ne pouvaient point se soumettre à leur servitude et ils attendaient le triomphe de leur nation par le Messie, le puissant libérateur prédit par la prophétie. Mais ils avaient des vues étroites: ils pensaient que Celui qui viendrait s'emparerait des honneurs royaux, et, par la force des armes, subjuguerait leurs oppresseurs et prendrait possession du trône de David. S'ils avaient étudié les prophéties avec une vraie humilité et un discernement intelligent, ils n'auraient pas commis une si grande erreur au point de ne pas prendre garde à celles qui indiquent le premier avénement comme devant avoir lieu dans l'humiliation, et ne se seraient pas mépris quant aux prophéties qui parlent de sa seconde venue avec puissance et grande gloire. Mais ils étaient orgueilleux et corrompus; ils ambitionnaient les honneurs mondains et recherchaient la puissance, et ne pouvaient discerner les choses sacrées. C'est pour cette raison qu'ils ne purent distinguer les prophéties indiquant son premier avénement de celles qui se rapportaient à sa seconde apparition, et ils s'attendaient à ce que son premier avénement serait accompagné de la puissance et de la gloire que les prophètes déclarent devoir accompagner son second avénement.VJC 24.2

    C'est à la gloire nationale qu'ils aspiraient avec le plus d'ardeur; l'objet de leurs vœux ambitieux était d'avoir un royaume temporel, lequel, supposaient-ils, réduirait les Romains à la servitude et leur donnerait une puissance et une autorité telles qu'ils règneraient sur eux. A l'ouïe de leurs oppresseurs, les Juifs s'étaient orgueilleusement vantés qu'ils ne seraient plus longtemps sous la servitude des Romains, que leur règne commencerait bientôt, et qu'il serait plus grand et plus glorieux que celui de Salomon même. Ils attendaient un prince puissant qui règnerait sur le trône de David et dont le royaume subsisterait à toujours. Leurs idées orgueilleuses et hautaines de la venue du Messie n'étaient point d'accord avec les prophéties qu'ils prétendaient être capables d'expliquer. Ils étaient spirituellement aveugles et les conducteurs d'autres aveugles.VJC 25.1

    Lorsque le temps fut accompli, on sut dans les cieux que l'avénement du Sauveur en ce monde devait avoir lieu. Les anges quittèrent la gloire céleste pour venir considérer comment il serait reçu par ceux qu'il était venu bénir et sauver. Ils avaient contemplé sa gloire dans les cieux, et ils s'attendaient à ce qu'il serait accueilli sur la terre avec l'honneur dû à son caractère élevé et à la dignité de sa mission. Comme ils approchaient de la terre, ils vinrent d'abord vers le peuple que Dieu avait séparé de toutes les autres nations comme son plus précieux joyau. Mais ils ne virent parmi les Juifs que peu d'intérêt; ils ne remarquèrent que quelques personnes isolées attendant l'avénement du Rédempteur, prêtes à le recevoir et à le confesser.VJC 25.2

    Les anges du ciel considérèrent avec étonnement l'indifférence du peuple et son ignorance concernant l'avénement du Prince de la vie. Dans ce temple qui avait été sanctifié par des sacrifices journaliers préfigurant sa venue et symbolisant sa mort, aucun préparatif n'avait été fait pour accueillir le Sauveur du monde. Les pharisiens continuaient à répéter dans les rues leurs longues et insignifiantes prières, afin d'être vus des hommes. Par leurs dévotions hypocrites, ils prétendaient être le peuple choisi de Dieu pour proclamer sa loi et honorer les traditions, tandis que les hommes des autres nations croyaient des fables et adoraient des faux dieux. Mais les uns et les autres ignoraient le grand événement prédit par la prophétie.VJC 25.3

    Les anges voyaient Joseph et Marie faisant un long voyage pour se rendre à la cité de David afin d'y être enregistrés suivant le décret de César Auguste. C'est là qu'ils furent amenés par la providence de Dieu, car c'était le lieu où la prophétie avait annoncé que le Christ devait naître. Ils cherchent un lieu de repos dans l'hôtellerie; mais il n'y a point de place, et ils sont renvoyés. Ceux qui étaient riches et considérés avaient été bien accueillis. Ils avaient obtenu des rafraîchissements, tandis que ces voyageurs fatigués sont obligés de se réfugier dans une grossière construction qui servait d'abri aux animaux.VJC 26.1

    C'est là que naquit le Sauveur du monde. Le Roi de gloire qui faisait l'admiration et la splendeur des cieux repose dans une crèche. Dans les cieux, il était entouré des saints anges; sur la terre, il a été entouré des bêtes de l'étable. Quelle humiliation! Soyez surpris, ô cieux! et toi terre sois étonnée.VJC 26.2

    Mais est-ce bien là le Fils de Dieu, ce petit enfant si frêle et si faible en apparence, ressemblant tellement à d'autres enfants? Sa gloire divine et sa majesté sont voilées par son humanité; pourtant, les anges annoncent son avénement, tandis que les grands hommes de la terre n'en savent rien. La nouvelle de sa naissance est portée avec joie dans la cour céleste. Mais les orgueilleux pharisiens et les scribes avec leurs cérémonies hypocrites et leur attachement apparent à la loi, ne savent rien de l'enfant de Bethléem. Malgré toute la science et la sagesse dont ils se vantent dans l'explication de la loi et des prophéties lorsqu'ils enseignent dans les écoles des prophètes, ils ignorent de quelle manière il doit apparaître. Ils recherchent quels sont les meilleurs moyens d'obtenir des richesses et des honneurs mondains; mais ils ne sont pas du tout préparés pour la révélation du Messie.VJC 26.3

    Comme il n'y a personne parmi les fils des hommes qui annonce son avénement, les anges doivent faire ce que les hommes eussent eu l'honorable privilège de faire eux-mêmes. Mais les anges auxquels sont confiées ces bonnes nouvelles sont envoyés à d'humbles bergers1Luc 2:8-20. et non aux Juifs savants qui professaient d'être les commentateurs des prophéties, car leurs cœurs n'étaient point prêts à les recevoir.VJC 27.1

    “Or, il y avait dans la même contrée des bergers qui couchaient aux champs, et qui gardaient leurs troupeaux pendant les veilles de la nuit. Et tout à coup un ange du Seigneur se présenta à eux, la gloire du Seigneur resplendit autour d'eux, et ils furent saisis d'une grande peur.” D'humbles bergers qui gardaient des troupeaux pendant la nuit sont ceux qui reçoivent joyeusement le témoignage de l'ange.VJC 27.2

    Tout à coup, le ciel est éclairé d'une lumière divine. Les bergers en sont alarmés, car ils ne distinguent pas d'abord les myriades d'anges qui chantaient dans les cieux et ne connaissent pas la raison de cette lumière resplendissante. La gloire des cieux illuminait toute la plaine. Au moment où les bergers sont remplis de crainte, l'ange qui était à la tête des armées célestes se révèle à eux et dissipe leur frayeur en disant: “N'ayez point de peur car je vous annonce une grande joie qui sera pour tout le peuple: c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, le Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur, vous est né. Et vous le reconnaîtrez à ceci: c'est que vous trouverez le petit enfant emmaillotté et couché dans une crèche. Et au même instant il y eut avec l'ange une multitude de l'armée céleste, louant Dieu, et disant: Gloire soit à Dieu au plus haut des cieux! Paix sur la terre, bonne volonté envers les hommes.”VJC 27.3

    La joie remplace en eux la surprise et la crainte. Les bergers n'auraient pas pu supporter la gloire radieuse qui accompagnait l'armée céleste, si elle avait subitement frappé leur vue; c'est pourquoi un ange seul leur apparut pour dissiper leur crainte et leur faire part de sa mission. Comme la lumière du premier ange les enveloppait, cette lumière glorieuse leur aida à supporter l'éclat plus grand et plus merveilleux qui accompagnait la multitude des armées célestes.VJC 27.4

    Les bergers furent remplis de joie, et lorsque la gloire disparut et que les anges retournèrent dans les cieux, leurs cœurs furent enflammés des bonnes nouvelles qu'ils avaient entendues. Ils se hâtèrent d'aller à la recherche de l'enfant Rédempteur. Ils le trouvèrent, comme les messagers célestes le leur avaient annoncé, emmaillotté et couché dans une étroite crèche.VJC 28.1

    Les événements qui venaient de se passer avaient fait une impression indélébile dans leurs esprits et sur leurs cœurs, et ils furent remplis d'étonnement, d'amour et de reconnaissance à cause de la grande condescendance de Dieu envers l'homme en envoyant son Fils dans le monde. Ils répandirent ces joyeuses nouvelles; ils parlèrent en tous lieux de la gloire merveilleuse qu'ils avaient vue et des chants qu'ils avaient entendu chanter par l'armée céleste.VJC 28.2

    Les chefs du peuple s'étaient tellement éloignés de Dieu par leurs mauvaises actions que les anges ne purent leur communiquer les bonnes nouvelles de la naissance du Sauveur. Dieu choisit les Sages d'Orient1Matthieu 2:1-12. pour attirer l'attention de la nation juive sur l'avénement de son Fils.VJC 28.3

    “Jésus étant né à Bethléem, ville de Judée, au temps du roi Hérode, des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem, et dirent: Où est le roi des Juifs qui est né? car nous avons vu son étoile en Orient; et nous sommes venus l'adorer.”VJC 28.4

    Ces hommes n'étaient point Juifs; mais ils avaient attendu le Messie promis. Ils avaient étudié la prophétie et savaient que le temps était proche où Christ devait venir, et ils attendaient avec anxiété quelques signes de ce grand événement afin d'être des premiers à accueillir et à adorer le roi du ciel naissant. Ces hommes sages étaient des philosophes qui avaient étudié les œuvres de Dieu dans la nature. Ils avaient reconnu le doigt du Créateur dans les merveilles des cieux, dans les gloires du soleil, de la lune et des étoiles. Ce n'étaient point des idolâtres, et ils vivaient suivant la faible lumière qui avait lui sur eux. Les Juifs regardaient ces hommes comme des païens; mais ils étaient plus purs aux yeux de Dieu que les Juifs ne l'étaient, eux qui avaient reçu beaucoup plus de connaissance et qui professaient hautement d'être des serviteurs de Dieu, tandis qu'ils ne vivaient point suivant la lumière que Dieu leur avait donnée. Les mages avaient vu les cieux s'illuminer de la lumière qui avait enveloppé la multitude de l'armée céleste, lorsque l'avénement de Christ fut annoncé aux humbles bergers. Après que les anges furent retournés au ciel, ils virent apparaître un corps lumineux qui s'attardait dans les cieux. L'aspect extraordinaire de cette grande et brillante étoile qu'on n'avait jamais vue auparavant, et qui était suspendue comme un signe dans les cieux, attira l'attention des mages. Ils n'eurent pas le privilége, comme les bergers, d'entendre annoncer la naissance du Sauveur; mais l'Esprit de Dieu les poussa à rechercher celui qui venait des cieux dans un monde déchu. Ils dirigèrent leurs pas où l'étoile semblait les conduire. Comme ils approchaient de Jérusalem, l'étoile fut enveloppée d'obscurité et ne les guida plus. Ils pensèrent que les Juifs ne pouvaient ignorer un événement aussi grand que la venue du Messie, et ils s'en informèrent, mais sans succès, dans le voisinage de la sainte ville.VJC 28.5

    Dans Jérusalem même, ils ne trouvent personne qui semble avoir connaissance du roi nouveau-né. Les mages craignent de n'avoir après tout pas lu correctement les prophéties. Et cette incertitude les jette dans l'inquiétude. Ils entendent les sacrificateurs répéter et recommander leurs traditions, expliquer la loi, et vanter leur religion et leur piété. Ils les entendent dénoncer les Romains et les Grecs comme des païens et les plus grands pécheurs d'entre les hommes. Ils les voient étaler, comme preuve de leur grande piété, les préceptes de la loi et leurs traditions, inscrits sur leurs filactères et les bords de leurs vêtements. Les mages quittent Jérusalem avec moins de confiance et d'espérance que lorsqu'ils y étaient entrés. Ils s'étonnent de ce que les Juifs ne sont pas intéressés et joyeux en vue de ce grand événement de la venue de Christ.VJC 29.1

    De même que les Juifs, les églises de nos jours recherchent la grandeur de ce monde. Les Juifs attendaient le règne temporel et triomphant du Messie à Jérusalem. Les chrétiens de profession de nos jours attendent la prospérité de l'Eglise dans la conversion du monde et la possession d'un millénium temporel. Ils mettent tout autant de mauvaise volonté à recevoir la lumière des prophéties et à reconnaître les signes de leur accomplissement comme preuve de la seconde venue de Christ, que n'en mettaient les Juifs à recevoir les prophéties comme preuve de sa première venue.VJC 30.1

    Le premier avénement de Christ est le plus grand événement qui ait eu lieu depuis la création du monde. Mais tandis que la naissance du Sauveur réjouissait les anges du ciel, elle n'était pas même accueillie par les puissances royales de ce monde. Lorsque les mages exposèrent clairement le but de leur voyage à Jérusalem, déclarant qu'ils étaient à la recherche de Jésus, le roi des Juifs, car ils avaient vu son étoile en Orient, et qu'ils étaient venus l'adorer, la ville fut mise en émoi. La nouvelle en fut immédiatement portée à Hérode qui fut extrêmement troublé. Cela excita aussitôt son envie et ses soupçons, et son cœur méchant forma bientôt de sombres projets. Tandis que les chefs du peuple ne manifestèrent qu'une étrange indifférence au récit des mages, Hérode était profondément intéressé et troublé. Il fit assembler les principaux sacrificateurs et les scribes, et leur commanda de rechercher avec soin dans l'histoire des prophètes, et de lui dire où le roi des Juifs devait naître. Leur indifférence insouciante et leur ignorance apparente en présence de leurs livres prophétiques, irritèrent le roi dont l'excitation était si grande. Il pensait qu'ils cherchaient à lui cacher les faits réels concernant la naissance du Messie, et il leur commanda de rechercher soigneusement tout ce qui concernait le roi qu'ils attendaient.VJC 30.2

    “Et ayant assemblé tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, il s'informa d'eux où Christ devait naître, et ils lui dirent: C'est à Bethléem, ville de Judée, car c'est ainsi que l'a écrit un prophète: Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es pas la moindre entre les principales villes de Juda; car c'est de toi que sortira le Conducteur qui paîtra Israël mon peuple.” Hérode reçut avec un respect apparent ces étrangers qui venaient d'Orient; mais en les entendant parler de la naissance d'un roi qui devait régner sur Israël, son envie et sa haine étaient excités contre l'enfant qui pouvait, pensait-il, devenir son rival et chasser du trône lui ou ses descendants. Son cœur fut agité d'une opposition et d'une fureur sataniques, et il résolut aussitôt de faire périr cet enfant roi. Pourtant, il prit une apparence tranquille et demanda d'avoir un entre?ien secret avec les mages. Il s'informa alors particulièrement du temps exact où l'étoile leur était apparue. Il feignit d'accueillir avec joie la nouvelle de la naissance de Christ, et demanda aux mages d'Orient qu'ils l'informassent immédiatement de tout ce qu'ils pourraient découvrir concernant cet enfant afin qu'il pût être un des premiers à lui rendre hommage. Les mages ne pouvaient point lire dans le cœur du tyran; mais Dieu ne fut point trompé par ses feintes hypocrites. Sa puissance devait protéger et garder le précieux enfant Sauveur contre les stratagèmes de Satan jusqu'à ce que sa mission sur la terre serait accomplie.VJC 30.3

    Lorsque les mages eurent quitté Jérusalem, à leur grande joie, ils revirent dans les cieux l'étoile directrice, qui les accompagna jusqu'au lieu où Christ était né. “Et étant entrés dans la maison, ils trouvèrent le petit enfant avec Marie sa mère, lequel ils adorèrent en se prosternant; et après avoir ouvert leurs trésors, ils leur présentèrent des dons: de l'or, de l'encens et de la myrrhe.” Les mages ne trouvèrent point une garde royale pour leur interdire l'accès auprès de Christ. Les grands de ce monde n'assistèrent point à leur entrée. Il n'y avait point de foule ardente, attendant de pouvoir présenter ses hommages reconnaissants au Prince de la vie. Lorsque les mages eurent accompli leur mission, ils se proposaient de retourner et de porter à Hérode la joyeuse nouvelle de leur succès. Mais Dieu envoya son ange pour les détourner de leur dessein. Dans une vision de la nuit, il leur fut clairement dit de ne point retourner vers Hérode, et eux, obéissant au message céleste, s'en retournèrent dans leur pays par un autre chemin.VJC 31.1

    “Après qu'ils furent partis, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et lui dit: Lève-toi; prends le petit enfant et sa mère, et t'enfuis en Egypte, et te tiens là jusqu'à ce que je te le dise; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire mourir. Joseph donc étant réveillé, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Egypte.”1Matthieu 2:13-23.VJC 32.1

    Dieu poussa les mages d'Orient à aller à la recherche de Jésus, et il dirigea leur course par une étoile. La disparition de cette étoile à leur approche de Jérusalem leur fit prendre des informations en Judée, car ils pensaient %22que les souverains sacrificateurs et les scribes ne pouvaient ignorer un événement aussi important que la venue du Messie. L'arrivée des mages d'Orient fit connaître à toute la nation le but de leur voyage, et attira l'attention du peuple juif sur les événements qui se passaient.VJC 32.2

    Dieu savait bien que l'avénement de son Fils sur la terre inquiéterait les puissances des ténèbres, que Satan serait irrité de voir la lumière apparaître sur la terre. Mais l'œil de Dieu veillait constamment sur son Fils. Celui qui fit descendre du ciel la manne pour les enfants d'Israël, celui qui nourrit miraculeusement Elie lorsque le prophète ne pouvait plus se procurer de nourriture d'une autre manière, le même Dieu procura à Joseph le moyen de préserver la vie de Jésus et de sa mère en fuyant avec eux en Egypte, où ils purent trouver un asile et échapper à la colère d'un roi tyrannique. Afin de pourvoir aux nécessités du voyage et de leur séjour en Egypte, le Seigneur qui connaît les cœurs de tous les hommes, poussa les mages d'Orient à aller à la recherche de l'enfant Sauveur et à lui porter des dons précieux comme marque de leurs hommages. Joseph et Marie étaient pauvres et dans un pays étranger.VJC 32.3

    Hérode attendait avec inquiétude le retour des mages, car il était impatient d'exécuter le dessein qu'il avait prémédité, de faire mourir le roi d'Israël. Ce monarque comprenait que Christ devait régner sur un royaume temporel, et il avait une extrême aversion pour l'avénement au trône d'un roi juif. Les principaux sacrificateurs et les scribes, qui professaient de comprendre les Ecritures, avaient répété au peuple les prophéties qui concernent la seconde apparition de Christ avec puissance et grande gloire, pour renverser toute autorité et régner sur toute la terre. Ils s'étaient vantés d'une manière irritante que Christ serait un prince temporel, et que tout royaume et toute nation devraient se soumettre à son autorité. En étudiant les prophéties, ils ne l'avaient point fait dans la pensée de la gloire de Dieu et avec le désir de mettre leur vie d'accord avec le but indiqué par les prophéties. Ils cherchaient à trouver dans les Ecritures d'anciennes prophéties qu'ils pussent en quelque manière interpréter pour soutenir leur superbe orgueil et pour montrer avec quel mépris Dieu regardait toutes les nations de la terre sauf les Juifs. Ils déclaraient que la puissance et l'autorité qu'ils étaient obligés de respecter et auxquelles ils devaient obéir devaient bientôt prendre fin; car le Messie s'emparerait du trône de David, et, par la force des armes, rendrait aux Juifs leur liberté et leurs grands priviléges.VJC 32.4

    L'intelligence des Juifs était obscurcie; ils n'avaient aucune lumière en eux-mêmes. Ils interprétaient les prophéties suivant leur intelligence pervertie. Satan les conduisait à leur perte; et Hérode était résolu à faire échouer leur dessein en faisant mourir Christ aussitôt qu'on pourrait le trouver. Après avoir attendu longtemps les renseignements qu'il désirait recevoir des mages, Hérode commença à craindre que son dessein ne fut déjoué. Ces hommes avaient-ils pu lire les sombres actions qu'il préméditait? Auraient-ils pu comprendre son dessein et l'auraient-ils évité de propos délibéré? Il regardait cela comme une insulte et une moquerie. Son impatience, son envie et sa haine s'accrurent encore. Satan lui inspira de chercher à arriver à l'accomplissement de son dessein par un acte des plus cruels qu'on puisse imaginer. S'il n'avait pu accomplir ses intentions meurtrières sous un faux prétexte et par subtilité, il le ferait en faisant acte de puissance et d'autorité, il frapperait de terreur les cœurs de tous les Juifs. Ils devaient avoir un exemple de ce que rencontrerait leur roi, s'ils cherchaient jamais à en placer un sur le royaume d'Israël.VJC 33.1

    C'était une occasion d'attirer sur les Juifs une calamité qui abattrait leur ambition d'établir un gouvernement indépendant et de devenir la gloire de toute la terre. Hérode ordonna à une troupe de soldats au cœur endurci par le crime, habitués à faire la guerre et à répandre le sang, de se rendre à Bethléhem et aux environs, et d'y massacrer tous les enfants de deux ans et au-dessous. Par cet acte inhumain, il cherchait à accomplir un double but; premièrement exercer sur les Juifs son pouvoir et son autorité, et secondement, réduire au silence leurs vanteries concernant leur roi, tout en assurant aussi son propre royaume en mettant à mort le prince enfant qu'il redoutait et auquel il portait envie. Son ordre cruel fut exécuté. L'épée de soldats inhumains porta partout la destruction. La détresse et la douleur des parents dépassèrent toute description. Au-dessus des jurements, des sarcasmes et des imprécations des soldats, s'élevaient les cris des mères pressant sur leur sein leurs enfants mourants, et criant vengeance au ciel contre ce roi tyran. Dieu permit cette terrible calamité afin d'humilier l'orgueilleuse nation juive. Leurs péchés avaient été si grands que le Seigneur permit cela au cruel Hérode afin de les punir. S'ils avaient été moins ambitieux et s'ils s'étaient moins vantés, si leur vie avait été pure et sincère et leurs habitudes simples, Dieu aurait empêché qu'ils fussent ainsi affligés et humiliés par leurs ennemis. Si son peuple avait été fidèle et droit devant lui, il aurait empêché d'une manière signalée la colère du roi de leur nuire; mais il ne pouvait intervenir pour eux d'une manière spéciale parce que leurs œuvres étaient une abomination devant lui.VJC 34.1

    Les Juifs avaient excité l'envie et la haine d'Hérode contre Christ par leur fausse interprétation des prophètes. Ils présentaient le Sauveur et sa mission sur la terre sous un jour entièrement faux. Leur grande ambition et leur orgueil, leurs vanteries, n'eurent pas le résultat que Satan avait d'abord espéré, savoir la destruction de l'enfant Sauveur; mais tout cela avait rejailli sur eux en remplissant leurs maisons de deuil. Dans une vision prophétique, Jérémie disait: “On a ouï dans Rama des cris, des lamentations, des pleurs et de grands gémissements, Rachel pleurant ses enfants; et elle n'a pas voulu être consolée, parce qu'ils ne sont plus.” Hérode ne survécut pas longtemps à cet acte barbare. Il dut céder à une puissance qu'il ne pouvait point repousser ni vaincre. Il mourut d'une mort terrible.VJC 34.2

    Après qu'Hérode eut été retranché de la terre, l'ange dit à Joseph de retourner dans le pays d'Israël. Il désirait s'établir à Bethléhem de Judée; mais lorsqu'il apprit qu'Archélaüs régnait en Judée à la place de son père, il craignit que le projet du père de faire mourir Christ ne fût accompli par le fils. Pendant qu'il était encore dans la perplexité, ne sachant où trouver un lieu de sûreté, le Seigneur fit de nouveau ce choix pour lui par le moyen de son ange. “Et il alla demeurer dans une ville appelée Nazareth; de sorte que fut accompli ce qui avait été dit par les prophètes: Il sera appelé Nazarien.”VJC 35.1

    Telle fut la réception que rencontra le Sauveur lorsqu'il vint dans notre monde déchu. Il quitta sa demeure céleste, sa majesté, ses richesses, et son commandement supérieur, et prit sur lui la nature humaine afin de sauver une race déchue. L'Eternel avait honoré les hommes en envoyant sur la terre son propre Fils dans une chair semblable à la nôtre. Pourtant, ils n'ont point glorifié Dieu en accordant à Christ une place dans leur affection. Il ne paraissait y avoir aucun lieu de repos, aucun lieu de sûreté pour notre Sauveur. Celui qui venait apporter la vie aux hommes, rencontra l'insulte, la haine et les injures de ceux-là même auxquels il était venu faire du bien.VJC 35.2

    Aussi Dieu ne put-il confier son Fils bien-aimé aux hommes, pas même lorsqu'il vint accomplir l'œuvre miséricordieuse par laquelle ils devaient être sauvés et recevoir finalement une place sur son propre trône. Il envoya des anges pour accompagner le Sauveur et pour veiller sur lui jusqu'à ce que sa mission sur la terre fût achevée et qu'il mourût des mains mêmes des hommes qu'il était venu sauver.VJC 35.3

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