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La Vie de Jésus-Christ - Contents
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    Chapitre 38 — Deuxième Purification du temple

    Comme Jésus entrait dans le parvis extérieur du temple, il fut frappé du spectacle qui s'offrit à lui; le parvis ressemblait à un marché de bétail. Aux beuglements des bœufs, aux bêlements des brebis, et aux roucoulements des pigeons se mêlaient le son de l'argent et les cris de disputes des trafiquants, dont quelques-uns étaient sacrificateurs et faisaient le service des choses saintes. Les saints abords du temple présentaient un spectacle pénible à ces Juifs consciencieux qui, tout en déplorant la profanation du saint lieu, étaient incapables de l'empêcher; car les dignitaires du temple s'adonnaient eux-mêmes au commerce qui se faisait dans le parvis, et à l'échange des monnaies. Ils étaient artificieux et avares; l'amour du gain faisait taire en eux tout scrupule religieux, et ils poussaient leur trafic à une telle extrémité qu'aux yeux de Dieu ils ne valaient pas mieux que des larrons.VJC 371.1

    Trois ans auparavant, au commencement de son ministère, Jésus avait chassé du temple ceux qui le souillaient par leur honteux trafic; et son air austère, sa divine majesté avaient frappé de crainte ces vils marchands. Vers la fin de sa mission terrestre, il entra de nouveau dans le temple de Dieu et le trouva souillé par les mêmes pratiques abominables et les mêmes profanateurs. Les sacrificateurs et les gouverneurs comprenaient peu l'œuvre sacrée que leur office leur imposait. A chaque fête de Pâque et des tabernacles, des milliers de têtes de bétail étaient abattues, et les sacrificateurs répandaient leur sang sur l'autel. Les Juifs s'étaient habitués à voir répandre le sang — purification du péché — surl'autel; ils avaient presque perdu de vue le fait que c'était le péché qui rendait nécessaire toute cette aspersion du sang des bêtes, et qu'il préfigurait le sang du Fils de Dieu qui devait être répandu pour la vie du monde, comme aussi que les sacrifices et les offrandes, devaient rappeler aux hommes qu'il fallait un sacrifice expiatoire.VJC 371.2

    Jésus jeta un regard sur les innocentes victimes du sacrifice qui le symbolisaient lui-même, et vit comment les Juifs avaient fait de ces grandes convocations des scènes de carnage et de cruauté, enlevant ainsi en grande mesure la solennité de l'institution des sacrifices. L'assemblage d'un si grand nombre de pièces de gros et de menu bétail, faisait du parvis un bruyant marché, et donnait le champ libre à cet esprit d'avarice et d'avidité commerciale qui caractérisait les chefs du peuple, soucieux d'accaparer toutes les affaires. Ces hommes réalisaient d'énormes profits par leurs prix exorbitants et leurs'ruses. Cela excita l'indignation de Jésus; il savait que son sang, qui allait être versé pour les péchés du monde, serait aussi peu apprécié des sacrificateurs et des anciens que le sang des bêtes qu'ils faisaient incessamment couler.VJC 372.1

    Au lieu de s'humilier et de se repentir de ses péchés, on multipliait le sacrifice des bêtes, comme si l'on pouvait se réconcilier avec Dieu par un service d'où le cœur est absent. Samuel dit: “l'Eternel prend-il plaisir aux holocaustes et aux sacrifices, comme à ce qu'on obéisse à sa voix? Voici, obéir vaut mieux que sacrifice.”11 Samuel 15:22. Et Esaïe, voyant dans une vision prophétique l'apostasie des Juifs, s'adressa à eux comme à des conducteurs de Sodome et de Gomorrhe. “Ecoutez la parole de l'Eternel, conducteurs de Sodome! prêtez l'oreille à la loi de notre Dieu, peuple de Gomorrhe! Qu'ai-je affaire, dit l'Eternel, de la multitude de vos sacrifices? Je suis rassasié d'holocaustes de moutons et de graisse de bêtes grasses; je ne prends point de plaisir au sang des taureaux, ni des agneaux, ni des boucs. Lorsque vous entrez pour vous présenter devant ma face, qui a requis cela de vous, que vous fouliez de vos pieds mes parvis?” “Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux la malice de vos actions; cessez de mal faire, apprenez à bien faire; recherchez la droiture, protégez celui qui est opprimé, faites droit à l'orphelin, défendez la cause de la veuve.”1Ésaïe 1:10-12, 16, 17.VJC 372.2

    Le Sauveur fut témoin de l'accomplissement de cette prophétie. Trois ans auparavant, il avait purifié le temple, mais tout ce qui en souillait alors les parvis existait maintenant à un plus haut degré même. Accomplissant une ancienne prophétie, le peuple avait proclamé Jésus roi d'Israël; Christ avait accepté leur hommage et l'office de roi et sacrificateur. Il savait que ses efforts pour réformer une sacrificature avilie seraient vains; mais son œuvre devait néanmoins être faite, la preuve de sa mission divine devait être donnée à un peuple incrédule.VJC 373.1

    Comme le regard scrutateur de Jésus embrassait le parvis du temple profané, tous les yeux se tournèrent instinctivement vers lui. Les voix du peuple et le bruit des bestiaux ne se firent plus entendre; sacrificateurs et gouverneurs, pharisiens et gentils, tous regardaient, avec un muet étonnement et une crainte indéfinissable, le Fils de Dieu qui se tenait devant eux dans sa majesté de Roi des cieux, sa divinité resplendissant à travers son humanité, et le revêtant d'une dignité et d'une gloire qu'il n'avait jamais déployées auparavant. Une crainte singulière s'empara du peuple. Ceux qui étaient le plus rapprochés de Jésus reculèrent autant que la foule le leur permit. A l'exception de quelques disciples, le Sauveur se trouva bientôt comme isolé de la foule. Tout bruit cessa; le profond silence qui régnait semblait insupportable, et lorsque la voix de Christ, retentissant comme le son de la trompette, mit fin à ce silence, un soupir involontaire de soulagement sortit de la poitrine de tous ceux qui étaient présents.VJC 373.2

    Il parlait en accents clairs et distincts, avec une puissance qui faisait fuir le peuple comme s'il eût été emporté par une violente tempête: “Il est écrit: Ma maison est une maison de prière; mais vous en avez fait une caverne de voleurs.”1Luc 19:45, 46; Matthieu 21:12-16. Il descendit les degrés, et, avec une plus grande autorité que celle qu'il avait manifestée trois ans auparavant, avec une indignation qui arrêtait toute opposition, d'un accent qui résonnait comme une trompette à travers tout le temple, il commanda: “Otez tout cela d'ici.” Le déplaisir de sa physionomie ressemblait à un feu consumant; on ne mit pas en question son autorité; tous fuirent de sa présence dans la plus grande hâte, chassant, poussant devant eux les bestiaux, et emportant les marchandises qui avaient profané le temple du Très Haut. Christ montre ici au monde qu'avec tout son amour et sa miséricorde infinis, il peut exercer une justice rigoureuse.VJC 373.3

    Trois ans auparavant, les dignitaires du temple avaient eu honte de leur fuite précipitée au commandement de Jésus, un jeune homme encore, et s'étaient étonnés de leurs propres craintes et de leur obéissance passive à un homme seul et humble. Ils pensaient qu'il leur serait impossible de se soumettre ainsi une seconde fois. Pourtant, ils furent plus effrayés que jamais, et ils obéirent à son commandement avec encore plus de précipitation. Après que les acheteurs et les vendeurs eurent été chassés, Jésus jeta sur la foule qui fuyait un regard de la plus profonde pitié. Un certain nombre restaient, espérant ardemment que cet homme, qui assumait une telle puissance et une telle autorité, était le Messie attendu.VJC 374.1

    Une foule de gens, se précipitant hors des parvis du temple, poussant leur bétail devant eux, rencontrèrent une autre foule qui entrait, apportant des malades et des mourants, cherchant le grand Médecin. Ceux qui fuyaient faisaient les rapports les plus exagérés sur la manière dont Jésus avait purifié le temple. Entendant ces choses, quelques-uns de ceux qui avaient hâte de trouver Jésus, s'en retournèrent, craignant la rencontre d'un Etre si puissant, dont le seul regard avait fait fuir de sa présence les sacrificateurs et les gouverneurs. Mais un grand nombre se frayèrent un passage à travers la foule de fuyards, pressés d'arriver auprès de celui qui était leur seule espérance, ayant le sentiment que s'il ne les délivrait de leurs peines et de leurs maladies, il valait tout autant qu'ils mourussent tout de suite, sa puissance dépassant celle de tous les autres médecins.VJC 374.2

    Un spectacle étonnant se présente alors aux yeux des disciples; le parvis du temple, débarrassé de ceux qui le profanaient, se remplit de malades et de souffrants, dont quelques-uns sont apportés mourants devant Jésus. Ces affligés sentaient leur pressante détresse; ils sentaient qu'ils devaient mourir si le grand Médecin n'avait pas pitié d'eux. Ils fixèrent leurs yeux suppliants sur Jésus, s'attendant à voir sur son visage cette sévérité dont leur avaient parlé ceux qui s'étaient enfuis du temple; mais ils ne lurent sur cette aimable figure que la charité et une douce pitié.VJC 375.1

    Jésus accueillit les malades avec bonté, et à l'attouchement de sa main, la maladie, la mort qui s'approchait, s'enfuirent. Il rendit l'espérance aux cœurs affligés et abattus, et délivra de leurs fardeaux ceux qui venaient implorer son aide. Les muets, les aveugles et les paralytiques s'éloignaient de sa présence, jouissant d'une parfaite santé. Il prenait les enfants entre ses bras aussi tendrement que l'eût fait une mère aimante, calmait leurs cris d'effroi, chassait la fièvre et la douleur de leurs petits membres, et les rendait, souriants et sains, à leurs parents reconnaissants.VJC 375.2

    Le matin, ce parvis avait été un lieu de marché et de trafic, où l'on entendait les cris des animaux et les bruyantes clameurs des hommes; alors, tout était calme dans cette enceinte sacrée; et la foule avide y écoutait les paroles de la vie éternelle, tombant des lèvres du Sauveur. Rien n'interrompait son discours, sauf les guérisons nouvelles, et les exclamations de bonheur à l'adresse du Médecin qui délivrait les malades de leurs souffrances.VJC 375.3

    Les sacrificateurs et les gouverneurs furent involontairement ramenés au temple. Après que la première panique fut un peu passée, ils eurent le désir de savoir ce que Jésus ferait ensuite. Ils s'attendaient à le voir s'emparer du trône de David. Retournant lentement au temple, ils entendirent les voix d'hommes, de femmes et d'enfants louant Dieu. En entrant dans le parvis, ils s'arrêtèrent, muets de surprise, à la vue de la scène étrange qui s'offrait à leur vue. Ils voyaient les malades guéris, la vue rendue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, et les boiteux sauter de joie. Les enfants dépassaient tous les autres dans l'expression de leur joie. Ils répétaient les hosanna que l'on avait entendus le jour précédent, et agitaient en triomphe des branches de palmier devant le Sauveur. Le temple retentissait d'exclamations que l'écho répétait à travers les parvis: “Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!” “Voici ton Roi viendra à toí, juste et sauveur.” “Hosanna au Fils de David!”VJC 375.4

    En entendant ces exclamations et les voix heureuses et libres des enfants, les dignitaires du temple retombèrent dans leur ancienne intolérance, et ils se mirent à arrêter ces démonstrations. Ils représentèrent au peuple que le saint temple était souillé par les pieds et les bruyantes et joyeuses exclamations des enfants. Ces mêmes hommes qui avaient permis et fait entendre eux-mêmes des altercations irritées, qui avaient acheté et vendù dans ces enceintes sacrées, qui avaient entendu avec indifférence le bruit insupportable des animaux divers qu'on amenait dans les parvis, avaient l'air remplis d'indignation de voir qu'on tolérât dans la cour du temple les exclamations joyeuses d'heureux enfants.VJC 376.1

    Les sacrificateurs et les gouverneurs, voyant que le peuple qui avait senti et vu la puissance du divin Maître ne leur accordait aucune attention, essayèrent de s'adresser à Jésus lui-même: “Entends-tu ce que ces enfants disent? Et Jésus leur dit: Oui. N'avez-vous jamais lu ces paroles: Tu as tiré une parfaite louange de la bouche des enfants et de ceux qui tettent?” Si les voix de ces heureux enfants avaient été réduites au silence, les piliers mêmes du temple auraient entonné les louanges du Sauveur. Jésus fut toujours l'ami des enfants; il acceptait leur sympathie enfantine et leur amour franc et sans affectation. La louange reconnaissante sortant de leurs bouches innocentes était une musique pour ses oreilles, et un rafraîchissement pour son cœur brisé par l'hypocrisie des Juifs. Dans cette occasion, il avait guéri les maladies des enfants, les avait serrés dans ses bras, avait reçu leurs caresses et leur affectueuse gratitude, et ceux-ci s'étaient endormis entre ses bras pendant qu'il enseignait le peuple. Partout où le Sauveur portait ses pas, la bonté empreinte sur son visage, et ses manières douces et aimables gagnaient l'affection et la confiance des enfants.VJC 376.2

    Les pharisiens étaient tout déconcertés et embarrassés de la tournure que les choses avaient prise, et ils étaient dépités d'avoir vu échouer leur effort pour arrêter l'enthousiasme du peuple. Ils avaient devant eux un homme qu'ils ne pouvaient intimider par leur prétention à l'autorité. Jésus s'était montré le gardien du temple. Jamais auparavant, il n'avait assumé une telle autorité royale; jamais ses paroles et ses actes n'avaient eu une si grande puissance. Il avait accompli de grands miracles à Jérusalem, mais jamais d'une manière aussi solennelle et impressive.VJC 377.1

    Jésus, en prenant soin du parvis du temple, avait accompli un merveilleux changement. Il en avait banni les acheteurs et les vendeurs, les changeurs et les bestiaux; “et il ne permettait pas que personne portât aucun vaisseau par le temple”. C'est à ce point que le Rédempteur du monde envisageait la sainteté de l'édifice dédié au culte de Dieu. Les sacrificateurs et les gouverneurs n'osèrent pas montrer une hostilité ouverte contre Jésus, en présence du peuple qui avait été témoin de ses miracles. Quoique irrités et confondus par sa réponse, ils étaient incapables de rien faire de plus ce jour-là.VJC 377.2

    Le matin suivant, le Sanhédrin était assemblé dans le but de décider ce qu'il y avait à faire à l'égard de Jésus. Sa singulière invasion du temple était à leurs yeux si présomptueuse et si étrange, qu'ils délibérèrent sur la convenance qu'il y aurait de le faire paraître pour rendre compte de la hardiesse de sa conduite en s'opposant à ceux qui avaient la charge du temple. Trois ans auparavant, ils l'avaient invité à leur donner un signe qu'il était le Messie. Depuis ce temps, il avait accompli des miracles au milieu d'eux; il avait guéri les malades, miraculeusement nourri des milliers de personnes, marché sur les vagues en furie, et calmé la mer agitée. Il avait à réitérées fois lu les desseins de leurs cœurs comme dans un livre ouvert; il avait chassé les démons, et ressuscité des morts; pourtant ils refusaient encore de voir et de reconnaître les preuves de sa messianité.VJC 377.3

    Alors ils décidèrent de ne point lui demander par quelle autorité il avait fait une action aussi hardie concernant le temple, mais de l'embarrasser de questions et d'accusations calculées, de manière à obtenir de lui quelques aveux ou déclarations par lesquelles ils pussent le condamner. Après avoir soigneusement tiré leur plan, ils se rendirent au temple, où Jésus prêchait l'Evangile au peuple, et ils commencèrent à le questionner quant à l'autorité par laquelle il avait agi dans le temple. Ils s'attendaient à ce que Jésus leur répondît que Dieu l'avait revêtu de l'autorité qu'il avait manifestée, et ils étaient prêts à contredire cette assertion. Mais au lieu de cela, Jésus leur posa une question qui semblait toucher à un autre sujet: “Le baptême de Jean venait-il du ciel, ou des hommes?”1Marc 11:30. Ceux qui l'interrogeaient ne surent que répondre. S'ils avaient nié la mission de Jean et son baptême de repentance, ils auraient perdu leur influence sur le peuple — car ils croyaient tous que Jean était un prophète de Dieu. Mais s'ils avaient reconnu que la mission de Jean était divine, ils auraient été obligés de reconnaître Jésus comme Messie; car Jean l'avait plusieurs fois désigné au peuple comme le Christ, disant: “Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde.” Jean avait parlé de Jésus en disant qu'il n'était pas digne de lui délier la courroie -de ses souliers.VJC 378.1

    Jésus leur laissa le soin de décider quel avait été le vrai caractère de la mission de Jean. “Or, ils raisonnaient entre eux, disant: Si nous disons: Du ciel, il dira: Pourquoi donc n'y avez-vous pas cru? Et si nous disons: Des hommes, nous craignons le peuple; car tous croyaient que Jean avait été un vrai prophète.” Au fond du cœur, ils n'avaient pas accepté les enseignements de Jean. S'ils l'avaient fait, ils n'auraient pu rejeter Jésus, dont Jean avait prophétisé. Mais ils avaient trompé le peuple en prétendant croire au ministère de Jean; et dans ce moment ils n'osèrent pas, répondant à la question du Sauveur, déclarer que la mission de Jean était divine, de crainte que Jésus ne leur demandât pour quelle raison ils ne croyaient pas au témoignage du prophète qui le concernait. Il aurait pu dire: si Jean était du ciel, je le suis aussi; mon ministère et mon œuvre sont si intimement unis aux siens qu'on ne peut les séparer.VJC 378.2

    Le peuple respirait à peine, de crainte de ne pas entendre la réponse que feraient les sacrificateurs et les gouverneurs à la question directe de Jésus, à savoir si le baptême de Jean était du ciel ou des hommes. Il s'attendait à les voir reconnaître que Jean était envoyé de Dieu; mais après s'être consultés secrètement, les sacrificateurs décidèrent de répondre aussi vaguement que possible: “Ils répondirent à Jésus: Nous n'en savons rien. Et Jésus leur répondit: Et moi je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses.” Scribes, sacrificateurs et gouverneurs se tenaient confus et désappointés devant le peuple, dont ils avaient grandement perdu le respect par leur lâcheté et leur indécision.VJC 379.1

    Toutes ces paroles, tous ces actes de Christ avaient de l'importance, et leur influence devait se faire sentir toujours plus après la crucifixion, la résurrection et l'ascension. Bien des personnes qui avaient impatiemment attendu le résultat de la question de Jésus, devaient finalement devenir ses disciples, attirées à lui pour la première fois par ses paroles en ce jour mémorable. La scène du parvis ne devait jamais s'effacer de leur mémoire. Il y avait un contraste bien marqué entre l'air de Jésus et celui du souverain sacrificateur pendant qu'ils parlaient ensemble. Le puissant dignitaire du temple était paré de vêtements riches et somptueux, et portait une tiare resplendissante sur sa tête. Sa tenue majestueuse, sa longue barbe et ses cheveux flottants, argentés par l'âge, lui donnaient un air vénérable qui frappait de prime abord, et bien calculé pour inspirer au peuple un profond respect.VJC 379.2

    La Majesté du ciel se tenait devant ce personnage auguste, sans ornement ni parure. Ses vêtements étaient couverts de la poussière du voyage; son visage pâle exprimait une tristesse touchante; pourtant, ses traits portaient une empreinte de dignité et de bienveillance qui contrastait étrangement avec l'air orgueilleux, plein de suffisance et irrité du souverain sacrificateur. Maintes personnes, qui avaient été témoins des paroles et des actes merveilleux de Jésus dans le temple, le regardèrent dès lors comme le prophète de Dieu. Mais la haine des sacrificateurs contre Jésus augmentait à mesure que le peuple s'attachait davantage à lui. La sagesse avec laquelle il échappa au filet qu'ils lui avaient tendu, raviva leur haine, car c'était une nouvelle preuve de sa divinité.VJC 380.1

    Comme ils se tenaient mortifiés et silencieux devant le Sauveur, humiliés devant la grande multitude, Jésus profita de l'occasion pour leur montrer leur vrai caractère, et la sûre rétribution que devaient attirer leurs méchantes actions. Il présenta la leçon de manière à ce que les sacrificateurs et les anciens dussent prononcer leur propre condamnation: “Mais que vous semble-t-il de ceci? Un homme avait deux fils, et s'adressant au premier, il lui dit: Mon fils, va, et travaille aujourd'hui dans ma vigne. Mais il répondit: Je n'y veux point aller; cependant, s'étant repenti ensuite, il y alla. Puis il vint à l'autre, et lui dit la même chose. Celui-ci répondit: J'y vais, Seigneur; mais il n'y alla pas. Lequel des deux fit la volonté de son père?”1Matthieu 21:28-32.VJC 380.2

    Cette abrupte question les mit sur leurs gardes; ils avaient écouté attentivement la parabole et répondirent immédiatement: “C'est le premier”. Jésus arrêtant sur eux ses regards perçants, dit d'un accent sévère et solennel: “Je vous dis en vérité que les péagers et les femmes de mauvaise vie vous devancent au royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous ne l'avez point cru; mais les péagers et les femmes de mauvaise vie l'ont cru; et vous, ayant vu cela, vous ne vous êtes point repentis ensuite pour le croire.”VJC 380.3

    Ces terribles vérités allèrent au cœur des sacrificateurs et des gouverneurs hypocrites. Dans la parabole, le premier fils représente les péagers et les gens de mauvaise vie, qui refusèrent d'abord d'obéir aux enseignements de Jean, mais qui se repentirent ensuite et se convertirent. Le second fils représente les Juifs qui professaient l'obéissance et des vertus supérieures, mais insultaient Dieu par le rejet de son Fils. Par leurs mauvaises actions, ils perdaient leurs droits à la faveur divine. Ils méprisaient les grâces de Dieu. Jésus leur montra que les gens sans considération et les délaissés sont mieux vus aux yeux de Dieu que les sacrificateurs et les gouverneurs hautains et remplis de propre justice.VJC 381.1

    Ils ne voulurent point reconnaître ces vérités accusatrices, mais demeurèrent silencieux, espérant que Jésus dirait quelque chose qu'ils pussent tourner contre lui; mais ils devaient entendre des vérités encore plus dures à leurs oreilles. Jésus, considérant le passé, lorsque ses ministres, les prophètes de Dieu, furent rejetés, et que leurs messages furent foulés aux pieds par les ancêtres de ces mêmes hommes qui étaient devant lui, vit que les fils marchaient sur les traces de leurs pères, et rempliraient la coupe de leurs iniquités en mettant à mort le Seigneur de vie. Il tira du passé, du présent et de l'avenir une nouvelle parabole: “Ecoutez une autre similitude: Il y avait un père de famille qui planta une vigne: il l'environna d'une haie, il y creusa un pressoir, et il y bâtit une tour; puis il la loua à des vignerons, et s'en alla faire un voyage. La saison des fruits étant proche, il envoya ses serviteurs vers les vignerons pour recevoir les fruits de sa vigne. Mais les vignerons, s'étant saisis des serviteurs, battirent l'un, tuèrent l'autre, et en lapidèrent un autre. Il envoya encore d'autres serviteurs, en plus grand nombre que les premiers, et ils les traitèrent de même. Enfin, il envoya vers eux son propre fils, disant: Ils auront du respect pour mon fils. Mais quand les vignerons virent le fils, ils dirent entre eux: C'est ici l'héritier; venez, tuons-le, et nous saisissons de son héritage. Et l'ayant pris, ils le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent. Quand donc le maître de la vigne sera venu, que fera-t-il à ces vignerons?”VJC 381.2

    Jésus s'adressait à toutes les personnes présentes; mais les sacrificateurs et les gouverneurs, ne pensant pas que la parabole s'appliquât à eux, répondirent aussitôt: “Il fera périr misérablement ces méchants, et il louera sa vigne à d'autres vignerons, qui lui en rendront les fruits en leur saison.” Alors, ils virent qu'ils avaient prononcé leur propre condamnation en présence du peuple, qui écoutait Jésus avec un très vif intérêt. Christ rappelait ainsi qu'en vain messager après messager avait été envoyé à Israël avec des réprimandes, des avertissements et des menaces. Ces fidèles messagers de vérité furent mis à mort par ceux auxquels ils avaient été envoyés, comme les fidèles serviteurs furent tués par les méchants vignerons. Dans le fils bien-aimé que le seigneur de la vigne envoya finalement vers ses serviteurs désobéissants, et que ces derniers saisirent et tuèrent, les sacrificateurs et les gouverneurs reconnurent soudain une image frappante et distincte de Jésus et du sort qui le menaçait. Ils formaient déjà le dessein de mettre à mort celui que le Père leur avait envoyé comme seul et dernier appel. Dans la rétribution qui frappa les ingrats vignerons, se trouvait dépeint le sort de ceux qui mettraient Christ à mort.VJC 382.1

    Dans la parabole de la vigne, Jésus représenta aux Juifs quelle était leur réelle condition. Le maître de la vigne représentait Dieu; la vigne symbolisait la nation juive entourée de la loi de Dieu, si propre à la maintenir séparée et distincte de toutes les autres nations de la terre. La tour construite dans la vigne, représentait leur temple. Le maître de la vigne avait fait tout ce qui était nécessaire pour sa prospérité. De même, Dieu avait eu soin d'Israël, tellement qu'il pouvait atteindre au plus haut degré de la prospérité. Le maître de la vigne demandait de ses vignerons une juste part des fruits; de même Dieu requérait des Juifs une vie correspondant aux saints priviléges qu'il leur avait accordés. Mais comme les serviteurs qui demandèrent du fruit au nom de leur maître furent tués par les vignerons infidèles, ainsi les Juifs tuèrent les prophètes qui leur apportaient les messages divins. Ils ne rejetèrent pas seulement les prophètes de Dieu, mais lorsqu'il envoya son Fils unique, l'Héritier prédestiné de la vigne, pensant garder la vigne pour eux, et s'emparer des avantages qu'elle procurait, les Juifs hautains, serviteurs infidèles, raisonnèrent ainsi en eux-mêmes: “C'est ici l'héritier; venez, tuons-le.” Jésus révélait ainsi dans cette parabole les noirs desseins des Juifs contre lui.VJC 382.2

    Après que Jésus les eut entendus prononcer leur propre condamnation, dans leur jugement des indignes vignerons, il les regarda avec pitié, et continua de leur parler: “N'avez-vous jamais lu dans les Ecritures ces paroles: La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée est devenue la principale pierre de l'angle; ceci a été fait par le Seigneur, et c'est une chose merveilleuse devant nos yeux? C'est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté, et qu'il sera donné à une nation qui en rendra les fruits. Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé; et celui sur qui elle tombera en sera écrasé.”VJC 383.1

    Les Juifs avaient souvent répété les paroles de cette prophétie, pendant qu'ils enseignaient le peuple dans la synagogue, l'appliquant à la venue du Messie. Mais Jésus joint l'héritier si cruellement mis à mort à la pierre que ceux qui bâtissaient rejetèrent, mais qui devint finalement la principale pierre de l'angle, supportant tout l'édifice. Christ lui-même était l'auteur de tout le système judaïque, le vrai fondement du temple splendide de Jérusalem, l'antitype auquel se rapportaient tous les services des sacrifices. Les Juifs avaient attendu la venue de Christ avec une anxiété apparente. Les scribes, qui étaient instruits dans la loi et connaissaient les déclarations des prophètes concernant sa venue, savaient par l'histoire prophétique que le temps où l'on devait attendre son avénement dans le monde était passé. Par les paraboles que Jésus fit aux Juifs, il attira leur attention sur les prophéties qui prédisaient les choses mêmes qui s'accomplissaient en ce moment. Il chercha, par tous les moyens en son pouvoir, à réveiller leurs consciences, et à éclairer leur entendement, afin qu'ils pussent bien considérer ce qu'ils méditaient de faire.VJC 383.2

    Dans ces paraboles, il dévoila aux pharisiens quels étaient leurs desseins, et les terribles conséquences qui en résulteraient. Il leur fut ainsi donné un solennel avertissement. Et pour ne laisser à la chose aucune ombre de doute, Jésus abandonna toute image, et leur dit clairement que le royaume de Dieu leur serait ôté, et donné à une nation qui en porterait les fruits. A l'ouïe de ces paroles, les sacrificateurs et les gouverneurs furent remplis d'une telle rage qu'ils purent à peine se retenir d'user de violence contre lui; mais voyant avec quel amour et avec quel respect le peuple le regardait, ils n'osèrent agir selon la malice de leurs cœurs.VJC 384.1

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