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La Vie de Jésus-Christ - Contents
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    Chapitre 45 — Condamnation de Jésus

    Lorsqu'on fit à Jésus la question: Es-tu le Fils de Dieu? il savait qu'une réponse affirmative rendrait sa mort certaine; un démenti eût laissé une tache sur son humanité. Il y avait un temps de se taire et un temps de parler. Il ne dit rien jusqu'à ce qu'on l'interrogeât positivement. Dans ses leçons à ses disciples, il avait déclaré: “Quiconque donc me confessera devant les bommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est aux cieux.”1Matthieu 10:32. Quand on le somma de dire qui il était, Jésus ne nia point sa parenté avec Dieu. Dans ce moment solennel, il s'agissait de son caractère, et il devait être défendu. Il laissa en cette occasion un exemple que l'homme doit suivre dans de semblables circonstances. Il lui enseigne de ne point renier sa foi pour échapper aux souffrances et même à la mort.VJC 465.1

    Si les Juifs en avaient eu l'autorité, ils eussent exécuté Jésus aussitôt après la condamnation précipitée de leurs juges; mais ce pouvoir avait passé entre les mains des Romains, et il était nécessaire que le cas fût renvoyé aux autorités légitimes de ce gouvernement pour obtenir une décision finale. Les Juifs désiraient hâter le jugement et l'exécution de Jésus; car si la chose n'était point faite immédiatement, il y aurait un délai d'une semaine à cause de la célébration immédiate de la Pâque. Dans ce cas, le Sauveur eût été gardé dans les liens, l'excitation de la populace qui demandait sa mort à grands cris eût été apaisée, et une réaction se serait naturellement produite. La meilleure partie du peuple se fût soulevée en sa faveur, et selon toute probabilité Jésus eût été relâché. Les sacrificateurs et les principaux sentaient qu'il n'y avait pas un moment à perdre.VJC 465.2

    Tout le Sanhédrin, suivi de la populace, escorta Jésus jusqu'à la cour de Pilate, gouverneur romain, pour obtenir une confirmation du jugement qu'ils venaient de prononcer. Les sacrificateurs et les principaux juifs ne pouvaient entrer eux-mêmes dans la cour de Pilate, de crainte de se souiller, ce qui, suivant la loi cérémonielle, les eût rendus incapables de célébrer la fête de Pâque. Afin de condamner le Fils de Dieu, ils étaient forcés d'en appeler au jugement d'un homme dont ils n'auraient pas voulu franchir le seuil de la porte, de crainte de se souiller. Aveuglés par leurs préjugés et leur cruauté, ils ne pouvaient point comprendre que leur fête de Pâque n'avait aucune valeur puisqu'ils avaient souillé leur âme en rejetant Christ. La délivrance des enfants d'Israël, événement qu'ils commémoraient pendant la fête de Pâque, était un type du grand salut apporté par Jésus-Christ. L'innocent agneau tué en Egypte, dont le sang était aspergé sur les linteaux des portes afin que l'ange destructeur n'entrât point dans les maisons d'Israël, préfigurait l'Agneau de Dieu sans péché, par les mérites duquel l'homme déchu peut échapper au jugement et à la condamnation. Le Sauveur avait obéi à la loi juive, et il avait observé toutes ses ordonnances divinement établies. Il venait de s'identifier lui-même avec l'agneau pascal, comme son grand antitype, en rattachant la sainte cène à la Pâque. Aussi, quelle amère moquerie que la cérémonie qu'allaient observer les sacrificateurs, persécuteurs de Jésus!VJC 466.1

    Pilate vit dans l'accusé un homme portant des marques de violence, mais au visage tranquille et noble, au maintien digne. Le gouverneur romain avait jugé bien des cas, mais jamais auparavant il n'avait vu pareil homme se présenter devant lui. Il ne découvrait aucune trace de crime sur son visage, et il y avait dans l'apparence du prisonnier quelque chose qui excitait sa sympathie et son respect. Il se tourna du côté des sacrificateurs qui se tenaient hors de la porte, et leur demanda: “Quelle accusation portez-vous contre cet homme?”1Jean 18:28-31.VJC 466.2

    Ils n'étaient point prêts à répondre à cette question. Leur intention n'était point d'entrer dans les détails du crime dont ils accusaient Jésus. Ils s'étaient attendus à ce que Pilate confirmât sans délai leur jugement contre le Sauveur. Ils répondirent néanmoins qu'ils avaient jugé le prisonnier suivant leur loi, et l'avaient trouvé digne de mort. Ils ajoutèrent: “Si cet homme n'était pas un malfaiteur, nous ne te l'aurions pas livré.” Mais Pilate ne fut point satisfait de l'explication des Juifs; il leur rappela qu'ils n'avaient pas le droit de faire exécuter la loi. Il leur fit comprendre que si leur jugement seul était nécessaire pour le faire condamner, il était inutile de lui amener le prisonnier. “Prenez-le vousmêmes, leur dit-il, et le jugez selon votre loi.”VJC 467.1

    Les perfides sacrificateurs sentirent que leur ruse était déjouée; ils virent qu'il ne suffirait point de spécifier les raisons pour lesquelles ils avaient condamné Jésus. L'accusation de blasphème serait regardée par Pilate comme un témoignage de bigoterie religieuse et de jalousie sacerdotale; et il les eût aussitôt renvoyés. Mais s'ils pouvaient exciter les craintes du gouverneur romain en disant que Jésus était un fauteur de séditions, leur but serait atteint. Il éclatait constamment, parmi les Juifs, des troubles et des insurrections contre le gouvernement romain; car un grand nombre affirmaient que c'était contraire à la loi juive de payer un tribut à une puissance étrangère. Les autorités avaient jugé nécessaire d'agir très rigoureusement contre ces révoltes du peuple, et surveillaient avec soin les commencements d'émeutes, afin de les réprimer immédiatement. Mais Jésus avait toujours obéi au pouvoir régnant. Lorsque les rusés sacrificateurs avaient cherché à le surprendre, en lui envoyant des espions pour lui poser cette question: “Est-il permis de payer le tribut à César, ou non?” il avait attiré leur attention sur l'image et l'inscription de la monnaie tributaire, et avait répondu: “Rendez donc à César ce qui appartient à César.” Jésus lui-même avait payé le tribut, et avait appris à ses disciples à agir ainsi.VJC 467.2

    Dans leur embarras, les sacrificateurs appelèrent les faux témoins à leur aide. “Ils commencèrent à l'accuser en disant: Nous avons trouvé cet homme séduisant la nation, et défendant de donner le tribut à César et se disant le Christ, le Roi.”1Luc 23:2, 3.VJC 468.1

    Pilate ne fut point dupe de ce témoignage. Il eut alors la conviction qu'un noir complot avait été ourdi contre un homme innocent, qui se trouvait être au chemin des dignitaires juifs. Il se tourna du côté du prisonnier, l'interrogea et lui dit: “Es-tu le roi des Juifs? Jésus lui répondit: Tu le dis.” Jésus était devant Pilate, pâle, brisé et défaillant, par le manque de sommeil et de nourriture. Il avait été conduit de lieu en lieu, exposé aux insultes et aux violences; pourtant, son port était noble, et son visage était comme éclairé d'un rayon de soleil.VJC 468.2

    Lorsque Caïphe, qui se tenait sur le seuil de la porte du prétoire, eut entendu cette réponse, il se joignit à d'autres pour en appeler au témoignage de Pilate, disant que Jésus avait admis son crime par sa réponse, qui était un aveu virtuel qu'il avait cherché à établir son règne en Judée en opposition au pouvoir de César. Sacrificateurs, scribes et principaux, accusaient bruyamment Jésus, et demandaient importunément à Pilate de le condamner à mort. Le tumulte désordonné des sacrificateurs et des dignitaires du temple troubla le gouverneur romain. Finalement, lorsque la tranquillité se fut un peu rétablie, il s'adressa de nouveau à Jésus, en disant: “Ne réponds-tu rien? Vois combien de choses ils avancent contre toi. Mais Jésus ne répondit plus rien; de sorte que Pilate en était tout surpris.”2Marc 15:4, 5. Le silence du Sauveur l'intriguait. Il ne voyait rien dans le prisonnier qui pût le faire prendre pour un séditieux, et il n'avait aucune confiance dans les accusations des sacrificateurs. Espérant obtenir de lui la vérité, et échapper aux clameurs de la populace excitée, il demanda à Jésus d'entrer avec lui dans sa maison. Lorsqu'ils se trouvèrent tous deux seuls, Pilate se tourna vers Jésus, et lui dit respectueusement: “Es-tu le roi des Juifs?”1Jean 18:33-38.VJC 468.3

    Jésus ne répondit pas directement à cette question. Il savait que le cœur de Pilate commençait à être convaincu, et il désirait lui donner l'occasion de reconnaître combien son esprit avait été influencé dans une mauvaise direction. C'est pourquoi il lui demanda: “Dis-tu ceci de ton propre mouvement, ou si d'autres te l'ont dit de moi?” Le Sauveur désirait que Pilate lui avouât si cette question lui était suggérée par les accusations que venaient de faire les Juifs, ou par le désir d'être éclairé par Christ. Pilate désirait ardemment avoir une foi plus éclairée. La dignité de Jésus, son calme, son sang-froid dans une position propre à faire naître un esprit de haine et de vengeance, étonnaient Pilate, et le remplissaient d'un profond respect. Il comprit immédiatement la question directe que lui faisait Jésus, ce qui prouve que son âme commençait à se laisser convaincre. Mais l'orgueil s'éleva dans le cœur du juge romain, et il repoussa les appels de l'Esprit de Dieu. Pilate répondit: “Suis-je Juif? Ta nation et les principaux sacrificateurs t'ont livré à moi: Qu'as-tu fait?”VJC 469.1

    Le moment opportun avait passé pour Pilate. Pourtant, Jésus ne le quitta point sans l'éclairer encore. A son désir, Dieu envoya un ange à la femme de Pilate, et, dans un songe, il lui fut montré la vie pure et le saint caractère de l'homme qui allait être condamné à une mort cruelle. Jésus ne répondit pas directement à la question de Pilate quant à ce qu'il avait fait; mais il lui annonça clairement quelle était sa mission:VJC 469.2

    “Mon règne n'est pas de ce monde. Si mon règne était de ce monde, mes gens combattraient, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant mon règne n'est point d'ici-bas. Alors Pilate lui dit: Tu es donc roi? Jésus répondit: Tu le dis: je suis roi; je suis né pour cela, et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est pour la vérité écoute ma voix.”VJC 469.3

    Jésus cherchait à convaincre Pilate qu'il n'aspirait point sur cette terre à des honneurs princiers. Pilate avait été embarrassé par les éléments confus et divisés du monde religieux, et son esprit saisissait avec avidité les paroles de Jésus qui déclarait être venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Pilate avait entendu crier maintes fois: Voici la vérité! Nous avons la vérité! Mais cet homme, traité comme un criminel, faisait naître dans son cœur un ardent désir de connaître ce qu'elle était, et comment on pouvait l'obtenir. Il demanda à Jésus: “Qu'est-ce que la vérité?” Mais il n'attendit pas la réponse; le tumulte de de la foule excitée augmentait continuellement; leurs cris impatients frappèrent ses oreilles et lui rappelèrent sa qualité de juge. Il sortit auprès des Juifs qui se tenaient hors de la porte du prétoire, et leur déclara d'une voix sonore: “Je ne trouve aucun crime en lui.”VJC 470.1

    Ces paroles, tracées par la plume de l'inspiration, seront pour le monde une preuve éternelle de la basse perfidie et de la déloyauté des Juifs dans leurs accusations contre le Sauveur. Le magistrat païen lui-même le déclarait innocent. Comme Pilate prononçait ces mots, la rage des sacrificateurs et des anciens ne connut plus de bornes. Ils s'étaient efforcés d'obtenir la mort de Jésus; et lorsqu'ils virent qu'il y avait quelque apparence qu'il fût relâché, ils parurent prêts à le mettre en pièces. Ils perdirent toute raison et tout empire d'eux-mêmes, et se mirent à prononcer des blasphèmes et des malédictions contre lui, agissant comme des démons plutôt que comme des hommes. Ils censurèrent hautement Pilate, et le menacèrent de la vengeance de la loi romaine s'il refusait de condamner un homme qui, affirmaient-ils, s'était élevé contre César.VJC 470.2

    Pendant tout ce tumulte, Jésus se tenait tranquille, ne répondant pas une parole aux insultes et aux accusations dont on l'accablait. Il avait parlé librement à Pilate, lorsqu'il était seul avec lui, afin que la lumière de sa vérité illuminât l'intelligence obscurcie du gouverneur romain; mais alors il ne pouvait plus rien dire qui l'empêchât de commettre l'acte épouvantable de condamner à mort le Fils de Dieu. Pilate s'adressa de nouveau à Jésus et lui dit: “N'entends-tu pas combien de choses ils déposent contre toi? Mais il ne lui répondit quoi que ce soit; de sorte que le gouverneur en était fort surpris.”1Matthieu 27:13, 14.VJC 470.3

    On entendit alors des voix irritées déclarant que Jésus avait une influence séditieuse bien connue dans toute la contrée; elles disaient: “Il soulève le peuple, enseignant par toute la Judée, ayant commencé depuis la Galilée jusqu'ici.”2Luc 23:5. En ce moment, Pilate n'avait point la pensée de condamner Jésus, parce qu'il était convaincu qu'il était victime de l'envie et de l'artifice des sacrificateurs. Comme il le dit ensuite à Jésus, il avait le pouvoir de le condamner ou de le relâcher; mais il craignait de mécontenter le peuple; de sorte que quand il entendit que Jésus était de la Galilée, de la juridiction d'Hérode, il saisit l'occasion de se tirer d'embarras, et refusa de prendre une décision, en envoyant Jésus à Hérode qui était alors à Jérusalem.VJC 471.1

    Jésus était affaibli et fatigué par le manque de sommeil et de nourriture, et par suite des mauvais traitements qu'il avait reçus; pourtant, son état de souffrances n'éveilla aucune pitié dans le cœur de ses persécuteurs. Il fut conduit au palais d'Hérode, au milieu des cris et des insultes d'une populace impitoyable. Non seulement Pilate cherchait à éviter la responsabilité de juger Jésus, mais il pensait encore que ce serait une bonne occasion de mettre fin à une ancienne querelle entre lui et Herode. Il espérait qu'Hérode envisagerait cet acte comme une reconnaissance de son autorité supérieure, et qu'une réconciliation s'ensuivrait. En ceci, il ne se trompait point; car les deux magistrats devinrent amis, d'ennemis qu'ils étaient auparavant.VJC 471.2

    La première fois qu'Hérode avait entendu parler de Jésus et des grands miracles qu'il accomplissait, il avait été frappé de terreur, et avait dit: “C'est ce Jean que j'ai fait décapiter; il est ressuscité d'entre les morts.” “C'est pour cela que les puissances du ciel agissent en lui.”1Marc 6:16, 14. Jamais auparavant Hérode n'avait rencontré Jésus, mais depuis longtemps il avait désiré le voir pour être témoin de sa puissance merveilleuse. Il prit grand plaisir à voir qu'on le lui amenait comme prisonnier; car il n'avait aucun doute qu'il ne pût le forcer de faire un miracle, à condition qu'il eût la vie sauve. La conscience d'Hérode était beaucoup moins délicate qu'au jour où il avait tressailli d'horreur à l'ouïe de la demande d'Hérodias concernant la tête de Jean-Baptiste. Pendant un certain temps, il avait éprouvé les cuisants reproches de sa conscience pour l'acte terrible qu'il avait commis en satisfaisant la vengeance d'une femme cruelle; mais sa vie licencieuse avait émoussé de plus en plus son sens moral, au point que ses péchés ne lui paraissaient plus que comme des vétilles. Les hommes qui sont capables des plus grands crimes, sont ceux qui ont été une fois convaincus par l'Esprit de la vérité, et qui se sont détournés de la lumière pour se plonger dans les ténèbres du péché. Hérode était presque devenu disciple de Jean; mais au point même de prendre une décision, il était tombé dans les piéges de Satan, et avait mis à mort l'homme qu'il savait être un vrai prophète.VJC 472.1

    Comme le Sauveur était amené devant Hérode, la foule tumultueuse se pressait autour de lui pour crier contre le prisonnier, les uns l'accusant d'une façon, les autres d'une autre. Hérode, ayant commandé le silence, ordonna qu'on déliât Jésus, car il désirait l'interroger. Il vit, avec une curiosité mêlée d'un sentiment de pitié le visage pâle et triste du Sauveur, qui portait les marques d'une profonde sagesse et d'une grande pureté, mais témoignait d'une faiblesse et d'une souffrance extrêmes. Hérode, aussi bien que Pilate, qui connaissait le caractère des Juifs, savait que c'étaient la malice et l'envie qui les avaient poussés à condamner cet homme innocent.VJC 472.2

    Hérode pressa Jésus de sauver sa vie en accomplissant un miracle qui prouverait sa puissance divine. Mais le Sauveur n'avait aucune œuvre pareille à faire. Il s'était revêtu de la nature humaine, et n'avait point à accomplir des miracles pour satisfaire la curiosité d'hommes méchants, ou pour s'épargner, en quoi que ce fût, la souffrance et l'humiliation qu'un simple homme eût souffertes dans de pareilles circonstances. Hérode l'engageait vivement à prouver qu'il n'était point un imposteur, en faisant démonstration de sa puissance devant la foule. Il avait fait amener dans ce but des personnes estropiées, des impotents et des gens défigurés, et, d'une manière autoritaire, il commanda à Jésus de les guérir en sa présence, disant avec insistance que s'il avait réellement accompli des cures aussi remarquables qu'on le lui avait rapporté, il avait encore la puissance de faire de tels miracles, et qu'il pouvait alors faire tourner la chose à son profit, puisqu'elle devait lui procurer son élargissement.VJC 473.1

    Mais Jésus demeura devant le gouverneur hautain, aussi calme que s'il n'avait rien vu ni entendu. Hérode répéta d'une manière pressante sa proposition, et rappela plusieurs fois à Jésus qu'il avait le pouvoir de le relâcher ou de le condamner. Il osa même se vanter de la peine qu'il avait infligée au prophète Jean pour avoir eu la présomption de le réprimander. A tout cela, Jésus ne répondit rien. Hérode fut irrité du profond silence du prisonnier, silence qui indiquait une complète indifférence envers le personnage royal devant lequel il avait été amené. Une accusation ouverte eût été plus supportable au gouverneur vain et présomptueux, que d'être silencieusement ignoré de la sorte.VJC 473.2

    Si Jésus avait désiré le faire, il eût pu prononcer des paroles qui eussent percé les oreilles du roi endurci. Il eût pu le frapper de crainte et de tremblement en lui exposant toute l'iniquité de sa conduite, et l'horreur du sort qui l'attendait. Mais Jésus n'avait aucune lumière à donner à un homme qui avait agi en contradiction directe avec la connaissance qu'il avait reçue du plus grand des prophètes. Les oreilles de Christ avaient toujours été ouvertes à la prière sincère des plus grands pécheurs eux-mêmes; mais il n'avait point d'oreilles pour les ordres d'Hérode. Ses yeux, qui s'étaient toujours arrêtés avec pitié et pardon sur le pécheur pénitent, quelque bas et souillé qu'il fût, n'avaient aucun regard à accorder à Hérode. Ce cœur, toujours touché en présence des malheurs de l'homme, était fermé au roi hautain qui n'éprouvait aucun besoin d'un Sauveur.VJC 473.3

    Hérode ne put supporter plus longtemps le silence de Jésus; son visage devint blême de colère, et il se mit à menacer durement Jésus; mais le captif demeura impassible. Alors Hérode se tourna vers la multitude, et déclara que c'était un imposteur. Ses accusateurs savaient bien qu'il n'était point un imposteur. Ils avaient vu un trop grand nombre de preuves de sa puissance pour être trompés. Ils savaient que le sépulcre même s'était ouvert à son commandement; que le mort en était sorti, marchant plein de force et de vie. Ils avaient été fort effrayés lorsqu'Hérode lui avait commandé d'accomplir un miracle; car la chose qu'ils craignaient avant tout, était qu'il manifestât sa puissance divine, ce qui eût donné le coup de mort à leurs plans, et leur eût peut-être coûté la vie. C'est pourquoi les sacrificateurs et les gouverneurs commencèrent à crier contre lui avec véhémence, l'accusant d'accomplir des miracles par le pouvoir qui lui était donné de Béelzébul, le prince des démons.VJC 474.1

    Hérode, se tournant vers Jésus, lui déclara avec colère que s'il refusait de parler, il le livrerait aux soldats qui auraient peu de respect pour ses prétentions ou sa personne; que s'il était un imposteur ce ne serait que ce qu'il méritait; mais que s'il était le Fils de Dieu, il pouvait se sauver en accomplissant un miracle. A peine ces paroles étaient-elles prononcées, que la populace, à l'instigation du sacrificateur, se précipita vers Jésus. Si les soldats romains n'avaient repoussé les assaillants, le Sauveur eût été mis en pièces.VJC 474.2

    “Mais Hérode, avec les gens de sa garde, le traita avec mépris, et pour se moquer de lui, il le fit revêtir d'un habit éclatant.” Mais comme Jésus se soumettait passivement à toutes les indignités dont on l'accablait, conservant un calme sans exemple, le roi fut rempli d'une soudaine crainte qu'après tout ce pouvait bien n'être pas un homme ordinaire qui était devant lui. Il était dans une grande perplexité lorsqu'il considérait le visage serein et pâle du prisonnier, et il se demanda si ce n'était point un Dieu descendu sur la terre. Le silence même de Jésus convainquait plus le cœur du roi qu'aucune parole n'eût pu le faire. Hérode remarqua que tandis que quelques-uns s'inclinaient devant Jésus par moquerie, d'autres, qui s'avançaient dans le même but, regardaient le visage du prisonnier, et y voyaient une expression si semblable à celle d'un roi, qu'ils s'en retournaient honteux de leur audace. Hérode était mal à l'aise, et quelque endurci qu'il fût, il n'osa ratifier la condamnation de Jésus; il renvoya par conséquent Jésus à Pilate.VJC 474.3

    Le Sauveur des hommes, prêt à tomber de faiblesse, fut donc reconduit sans miséricorde dans la cour du gouverneur romain. Pilate en fut très irrité; car, lorsqu'il avait renvoyé les accusateurs de Jésus à Hérode, il s'était flatté d'être débarrassé d'une terrible responsabilité. Il demanda impatiemment aux Juifs ce qu'ils voulaient de lui. Il leur rappela qu'il avait déjà examiné le prisonnier, et n'avait trouvé aucune faute en lui; que ses accusateurs n'avaient pu soutenir une seule accusation contre lui; qu'il avait envoyé Jésus à Hérode, tétrarque de la Galilée, qui était de leur propre nation, et que ce dernier n'avait rien trouvé contre le prisonnier qui fût digne de mort. Pilate ajouta: “Ainsi, après l'avoir fait châtier, je le relâcherai.”1Luc 23:13-16. Pilate montre ici sa faiblesse. Il avait déclaré que Jésus était innocent des crimes dont on l'accusait, et pourtant il consentait à sacrifier partiellement la justice et les principes d'équité, faisant ainsi une espèce d'accommodement avec cette populace insensible. Il permettrait qu'un homme innocent fût fouetté, afin d'apaiser leur colère inhumaine. Mais en voulant ainsi entrer comme en marché avec eux, Pilate se trouva dans une situation critique en face de la foule intraitable, qui, profitant de son indécision, demanda avec de plus grandes clameurs encore la mort du prisonnier. Pilate se tournant vers le peuple, leur représenta que les sacrificateurs et les gouverneurs n'avaient pu prouver aucune des accusations qu'ils avaient faites contre Jésus. Il espérait par ce moyen gagner leur sympathie en faveur du prisonnier, tellement qu'ils désireraient le voir relâché. Pendant ce temps, Jésus était tombé de fatigue sur les pavés de marbre. En ce moment même, un messager traversa la foule, et remit à Pilate une lettre de sa femme ainsi conçue:VJC 475.1

    “N'aie rien à faire avec cet homme de bien; car j'ai beaucoup souffert aujourd'hui en songe à son sujet.”1Matthieu 27:19. La femme de Pilate n'était point juive; mais l'ange de Dieu lui avait envoyé cet avertissement, afin que Pilate, prévenu par elle, ne commît point le terrible crime de livrer à mort le Fils de Dieu.VJC 476.1

    A la lecture de ces lignes, Pilate pâlit; mais les sacrificateurs et les gouverneurs avaient profité de cet intervalle pour exciter l'esprit des Juifs, au point qu'ils étaient dans un état de fureur insensée. Le gouverneur était forcé d'agir; se tournant vers la foule, il dit gravement: “Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus qu'on appelle Christ?” C'était la coutume, à la fête de Pâque, que le gouverneur relâchât le prisonnier, quel qu'il fût, que le peuple désirait mettre en liberté. Pilate saisit alors cette occasion de sauver Jésus; en leur donnant le choix entre le Sauveur innocent et Barabbas, qui était un célèbre brigand et meurtrier, il espérait réveiller en eux un sentiment de justice. Mais grande fut sa confusion, lorsqu'il les entendit crier: “Fais mourir celui-ci, et nous relâche Barabbas.” Ce cri, poussé par les sacrificateurs et répété par la populace, résonna à travers la cour comme le cri de démons furieux.VJC 476.2

    Pilate était muet de stupéfaction et de désappointement; mais en en appelant au peuple, et en abandonnant son propre jugement, il avait compromis sa dignité, et perdu tout empire sur la foule. Les sacrificateurs virent que quoiqu'il fût convaincu de l'innocence de Jésus, il pouvait être intimidé par eux, et ils résolurent d'en profiter. Aussi, lorsque Pilate demanda: “Que ferai-je donc de Jésus qu'on appelle Christ?” Ils crièrent tous d'un commun accord: “Qu'il soit crucifié!”VJC 476.3

    Le gouverneur romain leur demanda: “Mais quel mal a-t-il fait? Alors ils crièrent encore plus fort: Qu'il soit crucifié!” Ici encore, Pilate révèle sa faiblesse en soumettant le jugement de Jésus à une foule déréglée et furieuse. Combien ces paroles du prophète ne sont-elles par vraies: “Le jugement s'est éloigné, et la justice s'est tenue loin; car la vérité est tombée dans les rues, et la droiture n'y a pu entrer.”1Ésaïe 59:14. Le visage du gouverneur devint pâle à l'ouïe du cri terrible: “Crucifie-le!” Il n'avait point pensé que les choses en arriveraient là; qu'un homme qu'à plusieurs reprises il avait déclaré innocent, serait condamné à la mort la plus affreuse. Il vit alors quelle terrible chose il avait faite en plaçant la vie d'un homme juste dans la balance de ceux qui, par envie et malice, le lui avaient livré pour être jugé. Pilate avait peu à peu, par sa conduite, violenté sa conscience, et s'était insensiblement soustrait, par des excuses, au devoir de juger avec équité et droiture, selon que sa position le requerrait. Il agit ainsi jusqu'à ce qu'il se trouva complétement à la merci des Juifs.VJC 477.1

    Il leur demanda encore: “Mais quel mal a-t-il fait?” et de nouveau ils crièrent: “Crucifie-le!” Une fois de plus, Pilate leur montre le mal qu'il y avait à mettre à mort un homme contre lequel on ne pouvait rien prouver. Et de nouveau, pour se les concilier, il leur propose de châtier Jésus et de le laisser aller. Ce n'était point assez que le Sauveur du monde, couvert de blessures et défaillant, fût soumis à la honteuse humiliation d'un tel supplice; mais sa personne sacrée devait être frappée et déchirée pour satisfaire la fureur satanique des sacrificateurs et des principaux. Satan et son armée infernale s'étaient emparés d'eux.VJC 477.2

    Pilate, espérant en vain d'exciter leur pitié, et pour les décider à reconnaître que cette punition suffisait, fit alors battre Jésus de verges en présence de la foule. Pâle, portant sur sa tête la couronne d'épines, les épaules nues jusqu'à la ceinture, mettant à découvert de profondes et cruelles blessures desquelles le sang coulait sans cesse, Jésus fut alors placé à côté de Barabbas. Quoique le visage de Jésus fût taché de sang, et portât les marques de l'épuisement et de la souffrance, son noble caractère ne pouvait pourtant être caché, et contrastait d'une manière frappante avec celui du chef de brigands dont tous les traits révélaient en lui le criminel dégradé et endurci.VJC 477.3

    Pilate était rempli de sympathie et d'admiration en voyant l'inaltérable patience de Jésus. Chacun de ses traits exprimait la bonté et la résignation. Il n'y avait point de lâche faiblesse dans ses manières, mais bien la puissance et la dignité de la patience. Pilate ne doutait point que la vue de cet homme, qui avait supporté l'insulte et les mauvais traitements d'une telle manière, mis en contraste avec le criminel repoussant amené à ses côtés, n'inspirât de la sympathie au peuple, qui déclarerait alors que Jésus avait assez souffert. Mais il ne comprenait point la haine qu'avaient les sacrificateurs contre Christ, qui, étant la Lumière du monde, avait fait ressortir leurs ténèbres spirituelles et leurs erreurs.VJC 478.1

    Pilate alors, montrant le Sauveur, dit aux sacrificateurs, aux principaux et au peuple, d'une voix pleine de solennelle supplication: “Voici l'homme!” “Je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve aucun crime en lui.”1Jean 19:4-12. Mais les sacrificateurs avaient excité la populace à une fureur sans bornes, et au lieu d'avoir pitié de Jésus à la vue de ses souffrances et de sa patience, ils s'écrièrent: “Crucifie-le! crucifie-le!” Et leurs voix rauques ressemblaient aux rugissements de bêtes féroces. Pilate, perdant toute patience à la vue de leur cruauté, s'écria désespéré: “Prenez-le vous-mêmes, et le crucifiez; car je ne trouve aucun crime en lui.”VJC 478.2

    Le gouverneur romain, familiarisé avec les scènes les plus cruelles, élevé au milieu du bruit des batailles, était ému de sympathie pour le prisonnier souffrant qui, méprisé et fouetté, le front sanglant et le dos lacéré, avait pourtant bien plus le maintien d'un roi sur son trône que celui d'un criminel condamné à mort. Mais le cœur des hommes de sa propre nation était endurci contre lui. Les sacrificateurs lui dirent hautement: “Nous avons une loi, et selon notre loi il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu.”VJC 478.3

    A ces paroles, Pilate tressaillit; quoique n'ayant pas une idée juste de Christ et de sa mission, il avait pourtant une foi vague en Dieu, et en des êtres supérieurs à l'humanité. La pensée qu'il avait eue auparavant s'empara de nouveau de son esprit, et prit une forme plus précise, de sorte qu'il se demanda si ce n'était point un être divin qui était là devant lui. Quoique revêtu, par moquerie, d'une robe de pourpre, et couronné d'épines, l'attitude du Sauveur était si noble, que l'intrépide romain, rempli d'appréhensions, tremblait lorsque son regard s'arrêtait sur lui.VJC 479.1

    “Quand Pilate eut entendu ces paroles, il eut encore plus de crainte. Il rentra donc dans le prétoire, et il dit à Jésus: D'où es-tu? Et Jésus ne lui fit aucune réponse.” Jésus avait déjà dit à Pilate qu'il était le Messie, que son royaume n'était pas de ce monde; et il n'avait rien de plus à dire à un homme qui abusait de son office de juge au point de sacrifier ses principes et son autorité aux instincts d'une populace sanguinaire. Pilate fut vexé du silence de Jésus, et s'adressant orgueilleusement à lui il s'écria:VJC 479.2

    “Tu ne me dis rien? Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te faire crucifier, et le pouvoir de te délivrer? Jésus lui répondit: Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi, s'il ne t'avait été donné d'en haut; c'est pourquoi celui qui m'a livré à toi est coupable d'un plus grand péché.” Jésus rejette ici le plus grand fardeau de culpabilité sur les juges juifs, qui avaient eu des preuves irrécusables de la divinité de celui qu'ils avaient condamné à mort, preuves qu'ils pouvaient tirer des prophéties, de ses enseignements et de ses miracles. Quelle scène que celle-ci, à raconter au monde de tous les âges! Le Sauveur compatissant, au milieu de ses intenses souffrances, excuse autant qu'il est possible l'acte de Pilate, qui aurait pu le délivrer de la puissance de ses ennemis!VJC 479.3

    Pilate fut alors encore plus convaincu qu'auparavant de la supériorité de l'homme qui était devant lui, et il essaya derechef de le sauver. “Mais les Juifs criaient: Si tu délivres cet homme, tu n'es pas ami de César; car quiconque se fait roi se déclare contre César.” C'était prendre Pilate par un côté faible. Le gouvernement l'avait regardé avec quelque méfiance, et il savait qu'un rapport d'infidélité contre lui, lui coûterait probablement sa place. Il savait que si les Juifs devenaient ses ennemis, il ne pourrait espérer aucune miséricorde de leur part; car il en avait devant lui un exemple dans la I ersévérance qu'ils mettaient à faire mourir un homme qu'ils haïssaient sans cause.VJC 479.4

    La menace que renfermaient les paroles des sacrificateurs concernant sa soumission à César intimida Pilate, de sorte qu'il céda aux exigences de la populace, et livra Jésus pour être crucifié plutôt que de risquer de perdre sa position. Mais en dépit de ces précautions, il fut frappé du sort qu'il avait tant redouté. On lui enleva ses honneurs; il fut renversé de son office élevé; et, troublé par les remords et l'orgueil blessé, il se suicida peu après la crucifixion.VJC 480.1

    “Pilate donc, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte s'augmentait de plus en plus, prit de l'eau, et se lava les mains devant le peuple, disant: Je suis innocent du sang de ce juste; c'est à vous d'y penser.”1Matthieu 27:24, 25. Caïphe répondit d'un ton de défi: “Que son sang soit sur nous et sur nos enfants!” Et ces paroles furent répétées par les prêtres et les principaux; la foule aussi y fit écho, en poussant des cris d'une clameur inhumaine. “Et tout le peuple répondit: Que son sang soit sur nous et sur nos enfants!”VJC 480.2

    A la vue de cette rage diabolique, Pilate fut de plus en plus convaincu. Jamais il n'avait été témoin d'une présomption si téméraire et d'une cruauté aussi inhumaine. Il considérait le contraste frappant qu'il y avait entre la fureur aveugle des persécuteurs, et la tranquillité digne de Jésus. Pilate disait en lui-même: C'est un Dieu; et il lui semblait pouvoir discerner une lumière douce brillant autour de sa tête. Après avoir ainsi considéré Christ, il se détourna, tout pâle de frayeur, et se condamnant lui-même. Puis s'adressant au peuple, son visage exprimant son inquiétude, il dit: Je suis innocent du sang de cet homme. Prenez-le et crucifiez-le. Mais sachez, vous, sacrificateurs et principaux, que je déclare que cet homme est un juste; et puisse celui qu'il dit être son Père vous juger pour ce qui a été fait aujourd'hui, et non pas moi. Puis se tournant vers Jésus, il ajouta: Pardonne-moi l'acte que j'ai commis. Je n'ai pas le pouvoir de te sauver.VJC 480.3

    Peu de temps auparavant, le gouverneur avait déclaré à son prisonnier qu'il avait le pouvoir de le relâcher ou de le condamner; mais il pensait alors qu'il ne pouvait le sauver tout en gardant sa place et son rang. Il préférait sacrifier une vie innocente plutôt que sa puissance mondaine. S'il avait agi promptement et fermement dès l'abord, lorsqu'il avait été convaincu de l'innocence de Jésus, sa volonté n'eût point été dominée par la populace; elle n'aurait point présumé lui dicter ses volontés. Son hésitation et son indécision causèrent son irrémédiable ruine. Combien de gens qui, comme Pilate, sacrifient leurs principes et leur intégrité pour éviter des conséquences désagréables! La conscience et le devoir indiquent un chemin; les intérêts égoïstes en indiquent un autre; et le courant entraînant fortement dans la mauvaise direction, amène dans les épaisses ténèbres du péché celui qui fait un accommodement avec le mal.VJC 481.1

    “Pilate donc, voulant contenter le peuple, leur relâcha Barabbas; et après avoir fait fouetter Jésus, il le livra pour être crucifié. Alors les soldats l'emmenèrent dans la cour du prétoire, et ils y assemblèrent toute la compagnie des soldats; et ils le revêtirent d'un manteau de pourpre, et lui mirent sur la tête une couronne d'épines qu'ils avaient entrelacées. Et ils se mirent à le saluer en disant: Je te salue, roi des Juifs! et ils lui frappaient la tête avec une canne, et ils crachaient contre lui; et se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui.”1Marc 15:15-19.VJC 481.2

    Satan était lui-même l'instigateur des cruelles injures dont la vile populace, conduite par les sacrificateurs et les principaux du peuple, accablait le Rédempteur du monde. Son but était de le provoquer si possible à user de représailles, ou de le pousser à échapper, par un miracle, des mains de ses persécuteurs, anéantissant ainsi le plan du salut. Une tache sur sa vie humaine, une défaillance de son humanité, un refus de supporter la terrible épreuve qui lui était imposée, eût fait de l'Agneau de Dieu une offrande imparfaite, et la rédemption de l'homme eût échoué. Mais celui qui pouvait commander aux armées célestes, et appeler à son aide en un instant des légions de saints anges dont un seul eût pu immédiatement écraser cette populace cruelle; celui qui eût pu anéantir ses persécuteurs par l'éclat de sa majesté divine, se soumit aux insultes et aux outrages les plus grossiers avec calme et dignité. De même que les actes de ceux qui le torturaient dégradaient ces derniers, et les plaçaient au-dessous de l'humanité, à la ressemblance de Satan, de même la douceur et la patience de Jésus l'exaltaient au-dessus du niveau de l'humanité.VJC 482.1

    Satan fut rempli d'une grande rage lorsqu'il vit que toutes les cruautés qu'il avait poussé les Juifs à infliger à Jésus n'avaient point attiré le moindre murmure sur ses lèvres. Quoique Jésus eût revêtu la nature humaine, il était soutenu par un divin sang-froid, et ne fit rien contre la volonté de son Père.VJC 482.2

    Soyez émerveillés, ô cieux! et sois étonnée, ô terre! Voyez l'oppresseur et l'opprimé. Une grande multitude entoure le Sauveur du monde. Les moqueries et les railleries se mêlent aux grossiers jurements et aux blasphèmes. Sa naissance obscure et sa vie humble sont commentées par des hommes insensibles et cruels. Les principaux sacrificateurs, les anciens tournent en ridicule sa prétention d'être le Fils de Dieu. Les plaisanteries vulgaires et les railleries insultantes passent de bouche en bouche. Satan a plein pouvoir sur les esprits de ses serviteurs. Afin de réussir dans ses plans, il avait commencé par inspirer aux principaux sacrificateurs et aux anciens une sorte de délire religieux. Ceux-ci l'avaient communiqué à la populace grossière et sans culture, jusqu'à ce qu'une harmonie corrompue pénétrât les sentiments de tous, depuis les sacrificateurs et les anciens hypocrites, jusqu'à l'homme le plus dégradé. Christ, le précieux Fils de Dieu, fut emmené hors du prétoire, et livré au peuple pour être crucifié.VJC 482.3

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