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La Vie de Jésus-Christ - Contents
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    Chapitre 4 — Jean-Baptiste

    Au temps de la naissance de Jean, les Juifs étaient dans une condition déplorable. Dans le but de calmer l'esprit de révolte, il leur fut permis de conserver une espèce de gouvernement séparé; mais ils voyaient parfaitement que leur puissance et leur liberté étaient restreintes et qu'ils se trouvaient en réalité sous le joug des Romains. Les Romains prétendaient au droit de nommer à la sacrificature les hommes qui leur plaisaient et de les révoquer à volonté. C'était une porte par laquelle la sacrificature pouvait se corrompre. Des sacrificateurs qui n'étaient point divinement établis abusaient de leur charge et étaient infidèles à remplir les devoirs de leur sacerdoce. Par le moyen de l'argent et de l'influence, des hommes d'une moralité dépravée obtenaient la faveur de ceux qui étaient au pouvoir, et parvenaient ainsi à la sacrificature. Tout le pays était sous le poids de leur oppression, et il en résultait des révoltes et des dissensions. Dieu ne pouvait point manifester sa gloire et sa puissance à Israël par une sacrificature aussi corrompue. En conséquence de leur éloignement du Seigneur, les Juifs avaient vu leur foi s'obscurcir. Plusieurs des principaux introduisirent leurs propres traditions et les donnèrent au peuple comme des commandements de Dieu. Mais le temps déterminé était venu où Dieu allait favoriser son peuple. Les Juifs pieux attendaient dans un esprit d'ardentes prières la venue du Messie. Ils avaient cette confiance que Dieu n'abandonnerait point son peuple dans cette condition, pour être en opprobre parmi les gentils. Dans les temps passés, lorsqu'ils avaient crié à lui dans leur ardente détresse, il leur avait suscité un libérateur. Ils virent, par les prédictions des prophètes, qu'ils étaient arrivés au temps que Dieu avait fixé pour la venue du Messie; que lorsqu'il viendrait ils auraient une révélation positive de la volonté divine; et que leur dogme serait débarrassé des traditions et des cérémonies inutiles qui avaient obscurci leur foi. Les Juifs pieux et âgés attendaient jour et nuit l'apparition du Messie qui devait venir, priant qu'il leur fut donné de le voir avant de mourir. Il leur tardait de voir ce nuage d'ignorance et de bigoterie se dissiper de l'esprit du peuple.VJC 48.1

    De ce nombre étaient Zacharie et Elisabeth, “tous deux justes devant Dieu, et ils suivaient tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur, d'une manière irrépréhensible.” Zacharie exerçait les saintes fonctions du sacerdoce. “Or, il arriva que Zacharie, faisant les fonctions de sacrificateur devant Dieu, dans le rang de sa famille, il lui échut par sort, selon la coutume établie parmi les sacrificateurs, d'entrer dans le temple du Seigneur, pour y offrir des parfums.”1Luc 1:6-25, 57-80.VJC 49.1

    Dans l'offrande journalière de l'encens, il y avait toujours deux sacrificateurs qui officiaient. L'un d'eux portant l'encens, l'autre un vase de charbons qu'il répandait sur l'autel des parfums dans le lieu saint. Le premier sacrificateur parsemait ensuite l'encens sur les charbons brûlants. On regardait cela comme un office particulièrement sacré et honorable, le sacrificateur étant ainsi amené plus directement en présence de Dieu que dans aucun autre acte de son sacerdoce journalier. Il n'était permis à personne de faire ce service une seconde fois, le sacrificateur étant choisi chaque jour parmi ceux qui n'avaient pas encore officié.VJC 49.2

    Le moment d'offrir l'encens matin et soir, était d'un intérêt particulier pour le peuple qui était venu dans la cour du temple pour adorer Dieu. Avant de se placer en la présence de Dieu par le sacerdoce du sacrificateur officiant, ils devaient sincèrement sonder leurs cœurs et faire la confession de leurs péchés. Puis ils devaient prier silencieusement en tournant leur visage du côté du lieu saint, et leur prière montait ainsi avec la fumée de l'encens.VJC 49.3

    Tandis que les sacrificateurs entraient matin et soir dans le lieu saint où se trouvait le chandelier à sept branches, brûlant jour et nuit, — souvenir constant de celui qui, enveloppé de la colonne de feu, avait été le protecteur d'Israël, — le sacrifice journalier était prêt à être offert sur l'autel des sacrifices dans le parvis extérieur. C'est ainsi que le sacrifice expiatoire, les nuées odoriférantes de l'encens et les prières des adorateurs assemblés, s'unissaient dans l'esprit de tout Israël. Les heures fixées pour ces offrandes, connues sous le nom de sacrifice du matin et sacrifice du soir, étaient regardées comme sacrées, et elles en vinrent à être considérées comme le temps fixé pour la prière du matin et pour la prière du soir dans toute la nation juive. Tandis que le sacrificateur se tenait devant l'autel des parfums, et qu'en dehors la fumée de l'autel des holocaustes montait, les prières offertes par les fidèles assemblés dans les cours du temple se répétaient à travers le monde entier, partout où il y avait quelque Juif pieux.VJC 49.4

    Les chrétiens ont dans cette coutume un exemple pour le culte du soir et du matin. Dieu aime l'ordre. Tandis qu'il condamne un culte qui ne consiste qu'en cérémonies, d'où l'esprit est absent, il prend plaisir à abaisser ses regards sur ceux qui l'aiment et le craignent, et qui, sur toute la terre, s'inclinent devant lui matin et soir, recherchant le pardon de leurs péchés commis, et présentant leurs requêtes pour obtenir les grâces dont ils ont besoin.VJC 50.1

    Il était échu par sort à Zacharie d'offrir l'encens journalier. Dans ses vêtements blancs du sacerdoce, il officiait dans le lieu saint afin que la fumée de l'encens avec les prières des saints montât devant Dieu, préparant la voie à la fumée du sacrifice de l'autel des holocaustes.VJC 50.2

    Dans ce lieu sacré, qui n'était séparé que par un voile du lieu très saint, où Dieu avait manifesté sa présence auguste, Zacharie était ému au sentiment de la solennité et de l'importance de son office.VJC 50.3

    Au son de la cloche qui annonçait que le sacrifice allait être placé sur l'autel des holocaustes, tous les sacrificateurs et les lévites se rendirent à leurs places marquées dans les cours du temple. Zacharie et son compagnon commencèrent les devoirs de leur charge. Les charbons furent posés sur l'autel, l'assistant du sacrificateur se retira. Zacharie se trouve seul en présence des lampes toujours allumées et de l'autel embrasé. Il répand l'encens sur les flammes, et une odeur suave s'élève en nuage, tandis que les prières d'Israël montant à Dieu de toutes les parties de la terre. Comme intercesseur choisi pour son peuple, il unit ses supplications à celles des fidèles. Il confesse ses propres péchés, les péchés de sa famille et les péchés de sa nation, et prie que Dieu veuille accepter le sacrifice d'expiation de l'agneau qui allait être offert.VJC 50.4

    Zacharie attendait depuis longtemps la consolation d'Israël. Il comprenait par les prophéties que le temps de la venue du Messie était proche. Il déplorait la triste condition dans laquelle se trouvait son peuple dégénéré, dispersé çà et là à cause de leur éloignement de Dieu, et le retrait de ses soins protecteurs; et il demandait ardemment la venue du Rédempteur si longtemps attendue.VJC 51.1

    Pendant que ses prières montaient au ciel, un ange du Seigneur lui apparut, se tenant debout au côté droit de l'autel des parfums, position qui signifiait que l'Eternel était favorable à son peuple. Zacharie fut saisi de frayeur. Le messager céleste lui apparaissait en réponse à ses prières; pourtant, la miséricorde et la condescendance de Dieu lui semblaient trop grandes pour pouvoir y croire. Cette âme consciencieuse interprétait cette apparition comme une marque du déplaisir de Dieu à cause de ses péchés, et craignait que le messager de Dieu ne fût venu avec des paroles de reproche et de condamnation. Mais l'ange l'accueille par cette joyeuse assurance: “Zacharie, ne crains point; car ta prière est exaucée, et Elisabeth ta femme t'enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie et de ravissement, et plusieurs se réjouiront de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur; il ne boira ni vin ni cervoise, et il sera rempli du Saint-Esprit. Il convertira plusieurs des enfants d'Israël à leur Dieu; il marchera devant lui dans l'esprit et dans la vertu d'Elie, pour tourner les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé. Et Zacharie dit à l'ange: A quoi connaîtrai-je cela? car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge.”VJC 51.2

    Le cœur est lent à accepter d'être soulagé d'un chagrin et de déceptions que l'on a longtemps endurés. La foi est lente à saisir les promesses de Dieu et à s'en réjouir. Zacharie pouvait croire le message concernant la naissance du Messie; mais la prédiction qu'un fils lui naîtrait lui semblait d'un accomplissement impossible. C'était contraire aux lois de la nature. Il témoigna d'un manque de foi quand il exprima son incrédulité et le désir qu'il avait d'obtenir un signe. Il ne pense pas pour le moment à la puissance illimitée de Dieu, et oublie que celui qui a établi les lois de la nature peut agir indépendamment de ces lois et qu'il l'a fait pour son peuple dans maintes occasions aux temps passés.VJC 52.1

    Zacharie reçut une confirmation du message de l'ange: “Je suis Gabriel qui assiste devant Dieu, et j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer ces bonnes nouvelles. Et voici, tu vas devenir muet; et tu ne pourras parler jusqu'au jour où ces choses arriveront, parce que tu n'as pas cru à mes paroles qui s'accompliront en leur temps.” Il ne tarda pas à vérifier la vérité de la promesse divine. A peine l'ange était-il parti que le sacrificateur avancé en âge fut frappé de mutisme. Lorsqu'il essaya de prier, il ne put prononcer un mot.VJC 52.2

    Le peuple attendit longtemps de le voir paraître afin de voir si Dieu lui avait donné quelque signe visible de son approbation. En le voyant tarder si longtemps, on craignit bientôt que l'Eternel n'eût manifesté son déplaisir; mais lorsque Zacharie sortit du temple, son visage resplendissait de la lumière que l'ange avait réfléchie sur lui. Il ne put parler au peuple, mais il fit signe qu'un ange lui était apparu dans le temple et qu'à cause de son incrédulité, il serait privé de la parole jusqu'à ce que la prédiction de l'ange fût accomplie.VJC 52.3

    Peu après la naissance de Jean, “la bouche de Zacharie s'ouvrit, sa langue fut déliée et il parlait en bénissant Dieu. Et tous leurs voisins furent remplis de crainte; et toutes ces choses se divulguèrent par tout le pays des montagnes de Judée. Et tous ceux qui les entendirent les conservaient dans leur cœur, et ils disaient: Que sera-ce de ce petit enfant? Et la main du Seigneur était avec lui. Alors Zacharie, son père, fut rempli du Saint-Esprit, et il prophétisa.” “Et le petit enfant croissait, et se fortifiait en esprit, et il demeura dans les déserts jusqu'au jour qu'il devait être manifesté à Israël.” L'ange Gabriel avait recommandé à Zacharie de former son enfant dans des habitudes de stricte tempérance. Il devait être qualifié pour remplir l'importante mission de préparer un peuple au Seigneur. Afin d'accomplir cette œuvre sacrée, ses efforts devaient être accompagnés du secours de Dieu, et l'Esprit du Seigneur devait agir par son moyen s'il obéissait fidèlement aux recommandations de l'ange. Il devait avoir également une forte constitution physique et posséder la force mentale et morale; or pour acquérir ces qualités essentielles, il devait être maître de ses goûts et de ses penchants.VJC 52.4

    Jean devait paraître comme un réformateur, et, par sa vie frugale et ses vêtements simples, il devait réprimer les habitudes d'intempérance et les extravagances du peuple. La gourmandise et les repas luxueux, ainsi que l'usage du vin, affaiblissent la force physique ainsi que l'intelligence, de sorte que les crimes, les plus grands péchés, ne paraissent point coupables. C'est pourquoi l'ange donna des directions spéciales aux parents de Jean à l'égard de ces coutumes. Nous avons ici une leçon de tempérance donnée par un des anges les plus élevés auprès du trône de Dieu.VJC 53.1

    Jean devait réformer les enfants d'Israël et les amener au Seigneur; c'est pourquoi il avait la promesse que Dieu serait avec lui. Il devait “tourner les cœurs des pères envers leurs enfants, et les rebelles à la sagesse, afin de préparer un peuple bien disposé.” Jean était une image du peuple de Dieu dans les derniers jours, peuple auquel ont été commises de grandes et solennelles vérités.VJC 53.2

    Le monde en général est adonné à la gloutonnerie et aux passions déréglées. En ce moment, la lumière divine luit sur le peuple de Dieu, afin qu'ils reconnaissent la nécessité de maintenir leurs goûts et leurs passions sous l'influence des puissances supérieures de l'intelligence. Cela est nécessaire afin qu'ils puissent posséder assez de force et de clarté mentale pour discerner l'harmonie sacrée des vérités bibliques et se détourner des erreurs enchanteresses et des fables amusantes qui remplissent le monde. Ils ont à présenter au peuple les pures vérités de la Bible. C'est pourquoi la tempérance trouve sa place dans l'œuvre de préparation à la seconde apparition de Christ.VJC 53.3

    Les parents de Jean le consacrèrent solennellement à Dieu dès sa naissance. Il se sépara lui-même de ses amis et de sa parenté, et fit du désert son lieu d'habitation. Il renonça librement aux conforts ordinaires de la vie. Sa nourriture était des plus simples, et son vêtement un habit de poil de chameau fixé autour de ses reins par une ceinture de cuir.VJC 54.1

    Quoique Jean passât sa vie dans le désert, il n'était point inactif. Sa séparation de la société ne le rendait pas sombre et morose, et il n'était pas non plus mécontent de sa vie d'isolement, de peines et de privations. C'était de son libre choix qu'il s'était éloigné des luxes de la vie et d'une société dépravée. Le peuple paraissait s'être livré au pouvoir de l'orgueil, de l'envie, de la jalousie et des passions corrompues. Jean était écarté de leur influence, et c'est avec un discernement merveilleux qu'il lisait le caractère des gens. Il sortait parfois de sa tranquille retraite du désert pour se mêler à la société, mais il ne s'arrêtait jamais longtemps dans l'atmosphère morale corrompue qui paraissait y régner. Il craignait que ses yeux et ses oreilles ne pervertissent son intelligence au point de perdre le sentiment de la culpabilité du péché.VJC 54.2

    Dieu ne veut point que ses disciples se familiarisent avec le mal, de peur qu'il n'y deviennent indifférents. Il désire qu'ils distinguent le péché avec une extrême sensibilité et qu'ils le regardent toujours avec horreur. Plus nous sommes en communion avec Dieu, et plus nous réfléchissons à son caractère et à ses œuvres merveilleuses, plus le péché nous paraîtra horrible.VJC 54.3

    Jean savait qu'il avait une grande œuvre à accomplir, et qu'il devait former un caractère que ne devaient point ébranler les influences extérieures. Il devait posséder un esprit saint dans un corps saint; il devait posséder la fermeté nécessaire afin que lorsqu'il paraîtrait dans la société, il pût pousser les hommes à donner une nouvelle direction à leurs pensées, et réveiller en eux la nécessité de former un caractère droit. Il désirait amener ses auditeurs à l'imitation des perfections divines. Il étudiait les différences de caractères afin de savoir comment adapter ses instructions à chaque individu en particulier. Il ne se sentait pas assez fort pour résister au courant de tentations contre lequel il aurait à lutter dans la société. Il craignait que son caractère ne fût modelé par les coutumes qui prévalaient parmi les Juifs. Dans le désert, il pouvait plus facilement renoncer à lui-même, dominer ses goûts, et se vêtir avec simplicité. Il n'y avait rien dans le désert pour distraire son esprit de la méditation et de la prière. Or, même après avoir fermé toutes les portes par lesquelles Satan pouvait entrer, il était encore possible à ce dernier d'avoir accès auprès de lui. Mais ses habitudes étaient si pures et si naturelles, qu'il pouvait discerner l'ennemi, et qu'il possédait assez de force spirituelle et de décision de caractère pour lui résister.VJC 54.4

    Jean voulut se former à l'école du désert. Là s'ouvrait devant lui le grand livre de Dieu — le livre de la nature avec son fonds inépuisable de trésors variés. A cette étude, son esprit se disciplinait. Comme il contemplait journellement les œuvres de la création, il acquérait des conceptions plus vives de la sagesse, de la justice et de la bonté du Créateur. Là il pouvait également s'habituer aux enseignements des patriarches et des prophètes, et prendre connaissance du caractère et des lois de Dieu dans le livre des révélations. Comme il recherchait la faveur de Dieu, le Saint-Esprit reposait sur lui, et allumait dans son cœur ce zèle ardent avec lequel il devait appeler le peuple à la repentance et à la sanctification de la vie. Les peines et les privations de sa vie retirée devaient le rendre propre à maîtriser ses facultés physiques et mentales, de manière qu'il pût se présenter au peuple aussi inébranlable au milieu de toutes les circonstances qui l'entouraient, que les rochers des montagnes et des déserts de sa patrie.VJC 55.1

    Lorsque Jean commença son ministère, les affaires publiques étaient dans un état de désarroi. Au milieu de la discorde et de l'insurrection, la voix du prophète s'éleva comme le son d'une trompette retentissante venant du désert. Il fit tressaillir avec une étrange puissance les cœurs de tous ceux qui l'entendaient. Jean, prévoyant dans l'avenir le ministère et les miracles de Christ, adressa ses appels au peuple en disant: “Amendez-vous, car le royaume des cieux est proche.”1Matthieu 3:1-12. Avec l'esprit et la vertu d'Elie, il dénonçait les corruptions des Juifs, et censurait leurs péchés dominants. Une multitude de gens répondaient à sa voix et se rendaient au désert. Ils voyaient dans l'étrange figure, dans le vêtement de ce prophète quelque ressemblance avec la description que l'on faisait des anciens voyants, et le bruit courait que c'était l'un des prophètes qui était ressuscité des morts.VJC 55.2

    Le but de Jean était de faire comprendre à ses auditeurs dans quel état de péché ils étaient tombés, afin qu'ils en frémissent et s'en effrayassent. Ses discours étaient simples mais convaincants, et visaient directement au but. Il ne flattait personne, comme il n'aurait accepté de flatterie de qui que ce fût. Ses travaux étaient accompagnés de puissance, et quoique le peuple eût de la répugnance à s'entendre accuser d'impiété, il ne pouvait résister à ses paroles.VJC 56.1

    Des gouverneurs et même des princes venaient au désert pour entendre le prophète; ils l'écoutaient avec intérêt, et se sentaient condamnés en entendant l'homme de Dieu leur exposer sans crainte leurs péchés particuliers. Son discernement des caractères et sa connaissance profonde du cœur humain lisaient les desseins des cœurs de ceux qui allaient à lui, et il déclarait hardiment aux riches et aux pauvres, aux grands et aux petits, que, quoiqu'ils prétendissent être justes, sans la repentance et une complète conversion, ils ne pourraient jouir de la faveur de Dieu, et avoir une place dans le royaume du Messie dont il annonçait la venue.VJC 56.2

    A la voix de Jean, toute la nation juive sembla s'émouvoir. Les menaces de Dieu à cause de leurs péchés, répétées par le prophète, répandirent pendant un temps l'alarme parmi eux. Des personnes de toutes les classes, grands et petits, riches et pauvres, se soumirent à ce que le prophète demandait d'eux comme leur étant nécessaire, s'ils voulaient participer au royaume qu'il venait annoncer. Le peuple, comme d?un commun accord, venait à lui, se repentant et confessant ses péchés; et comme signe de leur repentance, un grand nombre furent baptisés dans le Jourdain. C'était l'œuvre préparatoire pour le ministère de Christ. Un grand? nombre furent convaincus par les vérités que le fidèle prophète leur exposait si clairement; mais en rejetant la lumière qu'ils avaient reçue, ils se virent enveloppés de ténèbres plus épaisses encore, de sorte qu'ils furent tout prêts à se détourner des signes par lesquels ils auraient pu reconnaître que Jésus était le Messie.VJC 56.3

    Un grand nombre de scribes et de pharisiens vinrent à Jean, confessèrent leurs péchés et furent baptisés. Le prophète fut effrayé, lorsqu'ils révélèrent le secret de leur conduite; car ils s'étaient vantés d'être meilleurs que tous les autres, et ils avaient tout fait pour que le peuple conçut une haute opinion de leur piété. Le Saint-Esprit avait convaincu l'homme de Dieu qu'un grand nombre de pharisiens et de sadducéens qui demandaient d'être baptisés n'étaient pas véritablement convaincus de péché. Ils agissaient par des principes égoïstes, pensant que s'ils devenaient amis du prophète, ils auraient plus de chance d'être personnellement favorisés par le prince qui allait paraître. Lorsque Jean vit que beaucoup d'entre eux venaient à son baptême, il leur dit: “Race de vipères! qui vous a appris à fuir la colère à venir? Faites donc des fruits convenables à la repentance, et ne dites point en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père; car je vous dis que Dieu peut faire naître de ces pierres mêmes des enfants à Abraham.” Les Juifs s'étaient trompés en interprétant faussement les paroles que le Seigneur leur avait adressées par ses prophètes, déclarant son éternelle faveur à Israël. Ils s'étaient appliqué ces promesses à eux-mêmes, et avaient caressé l'idée que parce qu'ils étaient de la semence d'Abraham ils étaient sûrs de la faveur de Dieu. Mais Jean leur déclare qu'ils n'avaient point rempli les conditions de l'alliance qui les autorisait à se regarder comme enfants d'Abraham et héritiers de la promesse faite au père des fidèles. Leur orgueil, leur arrogance, leur jalousie, leur égoïsme et leur cruauté les faisaient ressembler à une race de vipères, plutôt qu'à des enfants du juste et obéissant Abraham. A plusieurs égards, leur conduite était pire que celle des païens auxquels ils se croyaient si supérieurs. Ils n'avaient aucun droit de se réclamer d'Abraham et de s'attribuer les promesses que Dieu lui avait faites.VJC 57.1

    Jean leur avait déclaré pleinement que Dieu ne dépendait point d'eux pour accomplir ses desseins. Son œuvre devait s'accomplir dans la pureté et dans la justice, et il pouvait susciter parmi les pierres mêmes des hommes qui feraient sa volonté et pour lesquels il pourrait accomplir ses promesses.VJC 58.1

    Jean continuait en ces termes: “Or, la cognée est déjà mise à la racine des arbres. Tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu.” Il voulait leur faire comprendre que la valeur d'un arbre se détermine par ses fruits. Si un arbre ne porte pas de fruit, ou si son fruit est mauvais, il importe peu que l'arbre porte un nom flatteur, il sera détruit.VJC 58.2

    Tandis que les Juifs prétendaient aux bénédictions que Dieu avait promises à ceux qui lui obéissaient, ils souffraient en ce moment même de la malédiction dont Dieu les avait menacés à cause de leur désobéissance. Pourtant, comme nation, ils ne se repentirent point de leurs péchés et n'affligèrent point leurs âmes devant lui. Parce que le Seigneur leur avait autrefois accordé de si grandes grâces et de si grandes faveurs, ils se flattaient que malgré leurs péchés et leurs iniquités, Dieu les considérerait encore comme son peuple de prédilection et répandrait sur eux des bénédictions spéciales. Cela a été le danger du peuple de Dieu dans tous les âges, et c'est le danger spécial de ceux qui vivent près de la fin des temps. L'apôtre nous cite l'incrédulité, l'aveuglement, la révolte et les péchés réitérés des Juifs comme un avertissement. Paul dit que “toutes ces choses leur arrivaient pour servir de figure; et elles sont écrites pour nous instruire; nous qui sommes parvenus aux derniers temps.”11 Corinthiens 10 11. Dieu ne peut faire beaucoup pour les hommes car ils interprètent mal ses bénédictions et en concluent qu'ils sont ainsi favorisés à cause de quelque bien qui serait en eux.VJC 58.3

    Jean instruisait ses auditeurs dans la piété pratique. Afin de devenir les sujets du royaume de Christ, ils devaient, par des œuvres de charité, de miséricorde et de bonté, donner les preuves d'une repentance et d'une foi sincères. La vraie bonté, la droiture, la fidélité devaient spécialement distinguer leur vie de tous les jours; ils devaient être animés d'intentions généreuses, exemptes de tout égoïsme, sans quoi ils n'auraient pas été meilleurs que le commun des pécheurs. Ils ne devaient point employer leurs richesses dans le seul but de satisfaire leur égoïsme. Ils devaient secourir les nécessiteux et présenter à Dieu des offrandes volontaires afin d'avancer les intérêts de sa cause. Ils devaient protéger ceux qui étaient sans défense, défendre les opprimés, et donner un noble exemple de vertu et de compassion à ceux qui étaient d'une position inférieure et dépendante; car à moins de rendre leur vie utile aux autres, leur sort serait comme celui de l'arbre qui ne porte point de fruit. Ces leçons trouvent leur application de nos jours. Les disciples de Christ devraient donner au monde des preuves qu'il y a un changement en bien dans leur vie. Par leurs bonnes œuvres, ils devraient montrer que l'influence réformatrice du Saint-Esprit agit sur leur cœur. A moins que la justice, la miséricorde et l'amour de Dieu ne distinguent leur vie journalière, leur profession de piété n'a pas plus de valeur que la balle destinée à être brûlée.VJC 59.1

    La conduite de Jean était un exemple continuel des vérités qu'il enseignait. Il n'aspirait point aux dignités ou aux honneurs du monde. Sa vie était sans égoïsme. Il se distinguait par son humilité et son renoncement. Ses enseignements, ses exhortations et ses réprimandes étaient ferventes, sincères et courageuses. Dans sa mission, il ne se détournait ni à droite ni à gauche pour rechercher l'approbation de qui que ce fût. Une multitude de gens suivaient de lieu en lieu ce singulier docteur, et un grand nombre sacrifièrent tout pour obéir à ses instructions. Les princes et les grands de la terre furent attirés vers ce prophète de Dieu et l'écoutaient avec plaisir. Un grand nombre même espéraient que ce serait peut-être le Messie promis. Mais lorsque Jean vit que le peuple regardait à lui, il déclara qu'il n'était point le Christ et profita de toutes les occasions pour attirer l'attention sur Celui qui était plus puissant que lui-même.VJC 59.2

    Comme prophète, Jean se présente comme un représentant de Dieu indiquant la relation qui existe entre la dispensation mosaïque et la dispensation chrétienne. Dans son ministère, il rappelait la loi et les prophètes, tout en indiquant dans l'avenir le Sauveur promis. Sa mission fut de présenter au peuple “l'agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde.”VJC 60.1

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