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La Vie de Jésus-Christ - Contents
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    Chapitre 6 — La tentation dans le désert

    Après son baptême, Jésus “fut conduit par l'Esprit dans le désert”.1Matthieu 4:1-11; Luc 4:1-13. La mission de Christ allait commencer; mais il devait d'abord s'éloigner des scènes agitées de la vie, dans le but exprès de supporter une triple tentation en faveur de ceux qu'il était venu racheter. Après que Satan eut réussi à faire tomber Adam et Eve, il s'était vanté d'être le prince de la terre; et il est vrai que dans tous les âges du monde il a trouvé un grand nombre de disciples. Mais il n'avait pas réussi à s'unir l'homme déchu au point de régner suprêmement sur la terre. Quoique l'homme souffrît de la conséquence de sa désobéissance dans son état de chute, pourtant il n'était pas sans espérance. Il ne pouvait point, à cause de sa culpabilité, adresser directement ses supplications à Dieu; mais le plan de la Rédemption suggéré dans le ciel, transporta la sentence de mort sur un substitut. Il devait y avoir effusion de sang, car la mort était la conséquence du péché de l'homme. Dans la victime immolée, l'homme devait voir, en attendant le vrai sacrifice, l'accomplissement de cette parole de Dieu: “Tu mourras de mort.” Le sang répandu signifiait aussi une expiation, et indiquait dans l'avenir un Rédempteur qui viendrait un jour dans le monde, mourrait pour les péchés de l'homme, et rendrait ainsi justice à la loi du Père.VJC 69.1

    L'espérance du salut par Christ portait ceux qui avaient foi aux promesses de Dieu à observer rigoureusement la loi des sacrifices. Satan, qui observait ces sacrifices avec un grand intérêt, apprit bientôt que c'était un type préfigurant une expiation future pour la race humaine. Son mécompte fut grand, car cela menaçait de renverser le plan qu'il caressait de dominer sur toute la terre et ses habitants. Mais au lieu de se rebuter et de se décourager, il redoubla d'efforts pour accomplir son dessein, et les âges ont été marqués de ses infernales conquêtes. A mesure que les habitants de la terre augmentaient en nombre, l'homme s'abandonnait à ses convoitises et à ses passions. La guerre, l'ivrognerie et le crime se répandirent sur la terre. Dieu détruisit le monde par les eaux du déluge. Il fit tomber le feu du ciel sur des villes impies; mais le grand adversaire n'en poursuivit pas moins son système de démoralisation.VJC 69.2

    Satan a diligemment étudié la Bible; il est plus au courant des prophéties que beaucoup de docteurs en théologie. Il s'est toujours tenu au courant de tous les desseins de Dieu qui ont été révélés à l'homme, afin de pouvoir contrecarrer les plans de la sagesse infinie de Dieu. Satan comprenait bien que les sacrifices étaient un type du Rédempteur à venir qui devait racheter la puissance des ténèbres, et que ce Rédempteur était le Fils de Dieu. C'est pourquoi il tira des plans artificieusement étudiés, pour dominer sur les cœurs des hommes de génération en génération, et pour aveugler leur entendement concernant les prophéties, afin que lorsque Christ apparaîtrait, le peuple refusât de le reconnaître comme Sauveur.VJC 70.1

    Depuis le temps où Christ était né à Bethléhem, Satan ne l'avait point perdu de vue. Il avait formé divers desseins pour le faire mourir. Mais tous ces plans avaient échoué, car le bras puissant du Père protégeait le Fils. Sachant bien quelle position Christ occupait dans le ciel, Satan fut rempli de crainte lorsque ce puissant prince de la lumière quitta sa cour royale et sa gloire pour apparaître sur la terre comme un simple homme; Satan craignit alors, non seulement de manquer le but auquel il était le plus attaché, savoir de régner suprêmement sur la terre, mais que le pouvoir qu'il avait déjà ne lui fût arraché. C'est pourquoi, lorsqu'il se rendit dans le désert pour assiéger Christ de tentations, il usa de toute la force et de toute la ruse qu'il possédait pour faire déchoir le Fils de Dieu de son inébranlable intégrité. La grande œuvre de la Rédemption ne pouvait être accomplie que le Rédempteur ne se mît à la place de l'homme déchu. Chargé des péchés du monde, il devait parcourir tout le terrain sur lequel Adam trébucha. Il devait entreprendre cette œuvre précisément où Adam était tombé, et supporter une même épreuve, mais infiniment plus grande que celle sous laquelle le premier homme était tombé. Il est impossible à l'homme de comprendre pleinement la puissance des tentations de Satan auxquelles notre Sauveur a dû résister. Toutes les instigations au mal auxquelles les hommes trouvent si difficile de résister furent employées contre le Fils de Dieu, mais à un degré d'autant plus élevé que son caractère était supérieur à celui de l'homme déchu.VJC 70.2

    Lorsqu'Adam fut assailli par la tentation, il n'avait point encore la tache du péché. Il était devant Dieu dans la plénitude de sa force; tous les organes et toutes les facultés de son être étaient pleinement développés et admirablement proportionnés; tout ce qui l'entourait n'était que beauté, et il pouvait chaque jour converser avec les saints anges. Quel contraste le second Adam ne présentait-il pas avec cet être parfait, lorsqu'il entra dans un désert désolé pour lutter tout seul contre Satan! Pendant quatre mille ans la race humaine avait dégénéré en stature, en force physique, en valeur morale; et, afin de relever l'homme déchu, Christ doit s'abaisser jusqu'à l'état où il est tombé. Il prit sur lui la nature humaine portant les infirmités et la dégénérescence de la race. Il s'humilia jusqu'à descendre dans la profondeur où l'homme était descendu, afin de pouvoir sympathiser pleinement avec l'homme et le relever de l'état de dégradation dans lequel le péché l'avait plongé.VJC 71.1

    “Il convenait, en effet, que Celui pour qui et par qui sont toutes choses, et qui voulait conduire à la gloire beaucoup de fils, élevât à la perfection par les souffrances le prince de leur salut.” “Et après avoir été élevé à la perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l'Auteur d'un salut éternel.” “C'est pourquoi il a fallu qu'il fût semblable en toutes choses à ses frères; afin qu'il fût un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle dans tout ce qu'il fallait faire auprès de Dieu pour expier les péchés du peuple: Car ayant souffert lui-même et ayant été tenté”, “nous n'avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos infirmités, puisqu'il a été tenté de même que nous en toutes choses, si l'on en excepte le péché.”1Hébreux 2:10; 5:9; 2:17, 18; 4:15.VJC 71.2

    Lorsque Christ entra dans le désert, sa contenance avait changé, sa gloire avait disparu; le poids des péchés du monde accablait son âme, et ses traits exprimaient une douleur indicible, une angoisse d'une profondeur telle qu'aucun homme n'en a jamais éprouvée de semblable. Depuis la transgression d'Adam, les hommes s'étaient abandonnés à leurs appétits de génération en génération, jusqu'à ce que la race humaine eut affaibli ses forces morales au point de ne pouvoir surmonter la tentation par sa propre force. Christ devait, en faveur de la race humaine, vaincre l'appétit et supporter à cet égard la plus grande tentation. Il devait suivre seul le sentier de la tentation sans avoir personne pour l'aider et le fortifier. Seul, il devait lutter contre les puissances des ténèbres et exercer un empire sur soi-même plus fort que la faim ou la mort. La durée de ce jeûne est la plus forte preuve du péché qu'il y a dans un appétit dépravé et de la puissance qu'il exerce sur la famille humaine.VJC 72.1

    C'est par l'appétit que Satan était parvenu à perdre Adam et Eve; et dans toutes les générations successives, l'arme la plus puissante dont il s'était servi pour corrompre la race humaine est l'appétit.VJC 72.2

    Comme Christ avait pris la forme d'un homme et qu'il était sujet à ses infirmités, Satan espérait le vaincre par ce puissant médium, l'appétit, et tira ses plans en conséquence. Aussitôt que commença le long jeûne de Christ, il se présenta avec ses tentations. Il parut enveloppé de lumière, prétendant être un ange envoyé du trône de Dieu pour sympathiser avec Christ et le soulager dans sa pénible position. Il lui représenta que la volonté de Dieu n'était point qu'il passât par le chemin de souffrances et de renoncements auquel il s'était attendu. Il prétendit qu'il venait du ciel, chargé de faire savoir à Christ que Dieu n'avait eu pour but que d'éprouver sa bonne volonté à supporter ces souffrances.VJC 72.3

    De nos jours, Satan trompe beaucoup de monde comme il a voulu tromper Christ, en prétendant qu'il est envoyé du ciel et qu'il travaille pour le bien de l'humanité. La masse du peuple est tellement aveuglée par ses sophismes, qu'elle ne peut le reconnaître tel qu'il est, et qu'elle l'honore comme un messager de Dieu, au moment même où il fait tous ses efforts pour la plonger dans une ruine éternelle.VJC 73.1

    Mais Christ renversa toutes ces tentations artificieuses et demeura ferme dans son dessein d'exécuter le plan de Dieu. Ayant échoué en un point, Satan essaya alors d'un autre expédient. Croyant que le caractère angélique dont il s'était revêtu le mettait au-dessus de tout soupçon, il feignit alors de douter de la divinité de Christ, à cause de son apparence de faiblesse et d'épuisement, et de l'étrangeté de son entourage.VJC 73.2

    En prenant la nature de l'homme, Christ n'était pas même égal aux anges du ciel; mais c'était une des humiliations nécessaires qu'il accepta volontiers lorsqu'il devint le Rédempteur de l'homme. Satan suggéra que s'il était vraiment le Fils de Dieu, il devait pouvoir lui donner quelques preuves de sa grandeur. Il avança que Dieu ne pouvait avoir abandonné son Fils dans un état si déplorable. Il déclara que l'un des anges célestes avait été exilé sur la terre et que Jésus avait plutôt l'air d'être cet ange déchu que le Roi du ciel. Il appela son attention sur son aspect magnifique, revêtu qu'il était de lumière et de force, et établit un contraste insultant entre l'apparence misérable de Christ et sa propre gloire. Il prétendit qu'il avait reçu du ciel une autorisation directe pour demander à Christ une preuve de sa qualité de Fils de Dieu. Il lui reprocha d'être un bien indigne représentant des anges, bien moins par conséquent leur Chef suprême et le Roi de la cour céleste, et insinua qu'il avait plutôt l'air d'être abandonné de Dieu et des hommes; après quoi il déclara que s'il était le Fils il était égal à Dieu, et que dans ce cas il le prouverait en accomplissant un miracle pour se délivrer de la faim. Il lui conseilla donc de changer en pains les pierres qu'il foulait à ses pieds, insinuant qu'alors il reconnaîtrait Christ comme son supérieur.VJC 73.3

    D'un côté, Satan espérait ébranler la confiance que Christ avait en son Père, qui avait permis qu'il fût amené dans cette condition d'extrême souffrance, dans ce désert que n'avaient jamais foulé les pieds de l'homme. D'un autre, le grand ennemi visait à pousser Christ, qui souffrait alors d'un épuisement et d'une faim extrêmes, à exercer sa puissance miraculeuse en sa propre faveur, et à se soustraire ainsi aux soins providentiels de son Père.VJC 74.1

    Les circonstances personnelles de Christ et le lieu dans lequel il se trouvait, rendaient la tentation particulièrement forte. Le long jeûne auquel il s'était astreint l'avait affaibli; les spasmes de la faim le tourmentaient, et tout son corps, épuisé, réclamait de la nourriture. Il aurait pu accomplir un miracle en sa faveur et satisfaire aux déchirements de sa faim; mais cela n'aurait point été d'accord avec le plan divin. Exercer son pouvoir surhumain en sa faveur ne faisait point partie de sa mission, et jamais il ne fit cela tant qu'il fut sur la terre. Tous ses miracles furent accomplis pour le bien des autres.VJC 74.2

    Souffrance, humiliation, faim et opprobre, Jésus accepta tout, et il repoussa Satan avec les mêmes paroles qu'il avait ordonné à Moïse de déclarer à Israël rebelle: “L'homme ne vivra pas seulement de pain, mais il vivra de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.” Par cette déclaration, comme par son exemple, Jésus montra que manquer de la nourriture temporelle est un malheur bien moins grand que d'encourir la désapprobation de Dieu.VJC 74.3

    Pour devenir le substitut de l'homme et remporter la victoire où l'homme avait été vaincu, Christ ne devait point manifester sa puissance divine pour soulager ses propres souffrances. En effet, l'homme déchu ne pouvant faire aucun miracle pour s'épargner la souffrance, Christ, comme son représentant, devait supporter ses épreuves comme un homme, laissant un exemple d'une foi et d'une confiance parfaites en son Père céleste.VJC 74.4

    Christ avait immédiatement reconnu Satan, et il fallait qu'il eût un grand empire sur lui-même pour pouvoir écouter les propositions insultantes du Séducteur sans repousser aussitôt ses téméraires prétentions. Mais le Sauveur ne fut point incité à le repousser avec indignation ni à lui donner des preuves de sa puissance divine; il refusa de controverser avec celui qui avait été chassé du ciel pour avoir été à la tête d'une révolte contre le Gouverneur suprême de l'univers, et dont le crime même avait été un refus de reconnaître la dignité du Fils de Dieu. Armé de foi en son Père céleste, gardant dans son cœur le souvenir précieux des paroles qui, à son baptême, étaient descendues du ciel, Jésus demeura inébranlable dans la solitude du désert en présence du puissant ennemi des âmes.VJC 75.1

    Ce n'était point au Fils de Dieu à descendre de sa mission élevée pour prouver sa divinité à Satan, et il ne condescendit point à lui expliquer la raison de sa présente humiliation, et ce qu'il devait faire en sa qualité de Rédempteur de l'homme. Si les enfants des hommes voulaient suivre l'exemple de leur Sauveur, et n'avoir aucune relation avec Satan, ils s'épargneraient bien des défaites qu'il leur fait essuyer. Depuis six mille ans, cet ennemi des âmes lutte contre le gouvernement de Dieu, et la longue pratique du mal qu'il a acquise l'a rendu très habile à amorcer et à séduire les hommes.VJC 75.2

    Mais Satan avait de trop grands intérêts engagés pour abandonner si promptement la lutte. Il savait que si Christ remportait la victoire, sa propre influence en serait diminuée. Il mena alors Jésus à Jérusalem, et le plaçant sur le haut du temple, il lui dit que s'il était véritablement le Fils de Dieu, il se jetât en bas de cette hauteur vertigineuse, montrant ainsi qu'il avait une parfaite confiance aux soins protecteurs de son Père.VJC 75.3

    Le péché de présomption gît bien près de la vertu d'une foi et d'une confiance parfaites en Dieu; aussi Satan essaya-t-il de tirer avantage de l'humanité de Christ pour l'engager à dépasser la limite qui sépare la confiance de la présomption. Il admit alors que Christ avait raison, dans le désert, lorsqu'il témoigna d'une si parfaite confiance en son Père, et il lui conseilla de donner une preuve de plus de son entière foi en Dieu, en se jetant du haut du temple en bas. Il l'assura que s'il était réellement le Fils de Dieu, il n'avait rien à craindre, car les anges le soutiendraient. Satan savait très bien que s'il pouvait pousser Christ à voler du haut du temple en bas afin de prouver son droit à la protection de son Père céleste, il l'induirait par là même à témoigner de la faiblesse humaine.VJC 75.4

    Mais Jésus sortit victorieux de la seconde tentation, en repoussant le péché de présomption. Tout en montrant qu'il avait une pleine confiance en son Père, il refusa de s'exposer volontairement à un danger qui eût obligé Dieu à déployer sa puissance divine pour sauver son Fils de la mort. Car il eût ainsi forcé la providence à venir à son aide, et n'eût point donné à son peuple un exemple parfait de foi et de confiance en Dieu. Notre Sauveur montra qu'il avait une confiance entière en son Père céleste, sachant qu'il ne souffrirait point qu'il fût tenté au delà de ce qu'il lui avait donné la force d'endurer.VJC 76.1

    A chaque assaut, Jésus repoussait Satan par les Ecritures. De même, les disciples de Christ, quand ils sont assaillis par le tentateur, devraient faire de la Bible leur défense. Avec un esprit humble et confiant, muni des armes que la parole de Dieu fournit, le chrétien peut résister à toutes les puissances des ténèbres.VJC 76.2

    Si nous faisons de la Bible notre guide, nous ne serons jamais trompés par Satan. Le prophète dit: “A la loi et au témoignage. Que s'ils ne parlent selon cette parole-ci, il n'y aura point de lumière du matin pour lui.”1Ésaïe 8:20.VJC 76.3

    Voyant qu'il ne pouvait rien obtenir de Christ par cette seconde tentation, Satan commença à être inquiet du résultat de ses efforts. La constante fermeté du Fils de Dieu le remplit de crainte, car il ne s'était point attendu à une opposition aussi ferme. Faisant un suprême et dernier effort, il appela à son aide toutes les ressources de sa nature diabolique pour confondre et vaincre le Sauveur. Dans ces deux premières tentations, il avait cherché de cacher son vrai caractère, prétendant être un divin messager de la cour céleste. Mais alors, il jette de côté tout déguisement, s'avoue être le prince des ténèbres, et prétend posséder toute la terre sous sa domination. Il mène Jésus sur une haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde qu'il fait passer devant ses yeux comme dans un panorama. La lumière du soleil éclairait de grandes villes, des palais de marbre, des champs et des côteaux fertiles, dorant les cèdres de la montagne et faisant resplendir les eaux bleues de la mer. Jésus, dont les yeux venaient d'être arrêtés si longtemps sur un pays triste et désolé, contemplait alors une scène de beauté et de prospérité sans égale. Alors le tentateur ouvrit la bouche et lui dit: “Je te donnerai toute la puissance de ces royaumes et leur gloire; car elle m'a été donnée, et je la donne à qui je veux. Si donc tu te prosternes devant moi, toutes ces choses seront à toi.” Satan déploya toute sa puissance dans cette dernière tentation; sa destinée, en effet, dépendait du résultat de cet effort. Il prétendait à la domination du monde, déclarant être le prince de la puissance de l'air. Il promettait de mettre Christ en possession de tous les royaumes, sans souffrances ni dangers, s'il consentait à faire une seule concession, savoir de reconnaître Satan comme son supérieur en lui rendant hommage. La dernière tentation devait être la plus séduisante de toutes.VJC 76.4

    Christ avait en perspective non seulement une vie de souffrances, de peines, de luttes, suivies d'une mort ignominieuse, mais il devait porter le poids des péchés de toute la terre; il devait éprouver le fardeau de la colère du Père, à cause de la transgression de l'homme. Il devait endurer tout cela pour racheter le royaume perdu par la chute. Mais alors le tentateur offrait de céder la puissance qu'il avait usurpée, d'abandonner le gouvernement de la terre, délivrant ainsi Christ du terrible sort qui l'attendait, à la seule condition que Christ reconnût la suprématie de Satan.VJC 77.1

    Les yeux de Christ s'arrêtèrent un instant sur la scène qui se déroulait devant lui, puis il s'en détourna résolument, refusant de converser plus longtemps avec le tentateur, et même de contempler les scènes enchanteresses qu'il faisait passer devant lui; mais lorsque Satan le sollicita de lui rendre hommage, Christ fut rempli d'une divine indignation et ne put tolérer plus longtemps ses prétentions blasphématoires, ni lui permettre de rester en sa présence. Faisant usage de son autorité divine, il commanda à Satan de s'éloigner en disant: “Retire-toi de moi, Satan! car il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul.”VJC 77.2

    Satan avait demandé à Christ de lui donner quelque signe qu'il était le Fils de Dieu, et cette fois, Christ lui donna la preuve qu'il demandait. L'ange déchu, incapable de résister à ce congé péremptoire, fut obligé d'obéir au commandement divin. Impuissant, confondu, frémissant de haine et de rage, le chef des rebelles s'éloigna de la présence du Rédempteur du monde. Le débat avait pris fin. La victoire de Christ était aussi complète que n'avait été la chute d'Adam. Mais la lutte avait été longue, pénible, et Christ, épuisé, la pâleur sur le visage, se sentit tomber sur le sol. Alors les anges célestes, qui s'étaient inclinés devant lui dans sa cour royale, et qui avaient suivi la lutte avec un pénible intérêt, vinrent le servir et le fortifièrent, en lui présentant de la nourriture, tandis qu'il gisait par terre comme mort. Ils avaient considéré avec surprise et effroi leur chef céleste passant à travers d'inexprimables souffrances pour accomplir le salut de l'homme. Il avait supporté une épreuve plus rigoureuse que jamais l'homme ne serait appelé à supporter. Mais, comme il gisait à terre épuisé et souffrant, les anges, venant du Père, lui apportèrent des nouvelles d'amour et d'encouragement, l'assurant que tout le ciel triomphait de la victoire qu'il avait remportée en faveur de l'homme. Ainsi le cœur généreux de Christ fut ranimé et fortifié pour l'œuvre qui se présentait devant lui.VJC 78.1

    Les hommes ne pourront jamais estimer parfaitement le prix de la rédemption avant le jour où les rachetés se tiendront avec le Rédempteur devant le trône de Dieu. Alors, lorsque la glorieuse valeur de la récompense éternelle paraîtra à leurs sens ravis, et que leurs yeux contempleront les gloires merveilleuses de l'immortalité, ils entonneront ce chant de victoire: “L'Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, les richesses, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire et la louange”; et “toutes les créatures”, dit Jean, “qui sont dans le ciel, sur la terre et sous la terre, et dans la mer et toutes les choses qui y sont, disaient: ‘A celui qui est assis sur le trône, et à l'Agneau, soient louange, honneur, gloire et force, aux siècles des siècles!’”VJC 78.2

    Quoique Satan eût échoué dans ses tentations les plus fortes, il ne renonça pourtant point à l'espérance de pouvoir, dans un moment à venir, réussir dans ses efforts. Il s'attendait à ce qu'au moment où Christ serait entré dans son ministère, maintes occasions se présentassent pour essayer ses artifices contre lui. Repoussé et défait, il s'était à peine retiré de la lutte qu'il commença à forger des plans pour aveugler l'intelligence des Juifs, le peuple choisi de Dieu, afin qu'ils ne pussent discerner en Christ le Rédempteur du monde. Il résolut de remplir leurs cœurs d'envie, de jalousie et de haine contre le Fils de Dieu, de sorte qu'ils ne voudraient pas le recevoir, mais lui rendraient la vie aussi amère que possible.VJC 79.1

    Satan tint conseil avec ses anges pour décider de la conduite qu'ils auraient à tenir pour prévenir le peuple d'avoir foi en Christ comme étant le Messie que les Juifs attendaient depuis si longtemps. Il était déçu et rempli de rage de n'avoir pu, par ses nombreuses tentations, l'emporter en rien sur Jésus; mais il pensait alors que s'il pouvait lui aliéner les cœurs du peuple même de Christ, de manière à ce qu'il ne crût point qu'il fût le Messie promis, il pourrait ainsi décourager le Sauveur dans sa mission, et faire des Juifs mêmes ses auxiliaires dans l'exécution de ses desseins diaboliques. Il alla se mettre à l'œuvre avec ses ruses, afin d'accomplir par stratagèmes ce qu'il n'avait pu faire ouvertement par ses efforts personnels.VJC 79.2

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