Des mains fidèles jusqu’à la fin

Écrire, écrire, écrire. Toujours écrire. Cette activité eut des répercussions inattendues sur la main droite d’Ellen White. La plus jeune de ses petites-filles, Grace^{1380 Evelyn Grace White-Jacques (1900-1995).}, se souvenait avoir pris la main de sa grand-mère dans la sienne et avoir doucement caressé l’un de ses doigts qui était meurtri en raison du temps qu’elle passait à écrire. Grace pensait : «Si Grand-mère arrêtait d’écrire pendant un certain temps, je me demande si son doigt retrouverait sa forme normale^{1381 Ce souvenir personnel fut raconté à James Nix par Grace White-Jacques.}. »DDP 435.2

Pendant plus de soixante-dix ans, la main droite d’Ellen White fut épargnée de façon à ce qu’elle puisse écrire. On peut se demander ce que serait l’Église adventiste aujourd’hui - et si même elle existerait - si Ellen White n’avait pas fidèlement rédigé de ses mains les conseils que Dieu lui donnait.DDP 435.3

Réfléchissez à la crise théologique qui menaça de diviser l’Église en 1903. Le Dr John Harvey Kellogg et ses partisans désiraient vivement que l’Église accepte la position panthéiste du docteur telle qu’il l’avait présentée dans son livre intitulé The Living Temple. Un jour, lors du conseil d’automne qui se tint cette année-là dans une église de Washington, la discussion n’en finissait pas. Finalement, tard dans la soirée A. G. Daniells qui était alors président de la Conférence générale mit fin aux débats. Rien n’avait été décidé. Il se rendit à pied au lieu où il devait passer la nuit, accompagné par le Dr David Paulson, l’un des soutiens du Dr Kellogg. Les deux hommes s’arrêtèrent sous un lampadaire et ils reprirent la discussion.DDP 435.4

Pointant Daniells du doigt, le Dr Paulson déclara : «Vous commettez l’erreur de votre vie. [...] Un de ces jours, vous [...] roulerez dans la poussière et un autre homme prendra la direction de l’Église.»DDP 436.1

A. G. Daniells répondit : «Je préfère rouler dans la poussière en faisant ce que je crois être juste plutôt que de marcher avec les princes en faisant ce que ma conscience réprouve. »DDP 436.2

Les deux hommes se séparèrent pour la nuit. A. G. Daniells entra dans la maison où il logeait et il trouva des lettres d’Ellen White qui étaient arrivées plus tôt dans la journée. Elle lui écrivait de chez elle, alors qu’elle se trouvait bien loin de là, pour lui conseiller de ne pas adopter la position du Dr Kellogg concernant la nature de Dieu. Le lendemain matin, A. G. Daniells lut aux délégués des extraits de ce trois de ces lettres. Cela permit de renverser la situation et le panthéisme fut rejeté.DDP 436.3

A. G. Daniells écrivit à Ellen White pour la remercier de ses conseils pertinents qui avaient sauvé l’Église. Elle lui répondit en s’étonnant que les lettres soient arrivées ce jour-là : «Peu de temps avant de vous envoyer les témoignages qui sont arrivés juste à temps, me dites-vous, j’avais appris qu’un incident avait eu lieu et qu’un bateau était entré dans un iceberg à cause du brouillard. »DDP 436.4

Quelques jours plus tard, elle vit en rêve le capitaine d’un bateau découvrant juste à temps qu’un iceberg se trouvait devant lui. Dans son rêve le guetteur criait : «Iceberg juste devant !» Une voix autoritaire s’écria alors : «Allez-y !» Accélérant le bateau, le capitaine percuta l’iceberg de plein fouet. La collision fit éclater l’iceberg, mais le bateau, bien qu’endommagé, parvint à atteindre sa destination.DDP 436.5

Ellen White termina son récit en disant à A. G. Daniells : «Je connaissais le sens de ce rêve. Je savais ce que je devais faire. Le temps d’agir était venu. Je devais obéir aux instructions sans délai : ‘Allez-y !’ C’est la raison pour laquelle vous avez reçu mon témoignage au moment opportun. Cette nuit-là j’étais réveillée à une heure du matin, et j’écrivais aussi vite que je pouvais^{1382A. L. White, vol. 5, pp. 296-301.}.» Consciente du fait qu’elle allait être contrainte de renoncer à écrire, Ellen White écrivit en 1907 : «D’abondantes lumières ont été accordées à notre Église en ces derniers temps. Que ma vie se prolonge ou qu’elle arrive à son terme, mes écrits continueront à parler sans cesse et ils exerceront leur influence jusqu’à la fin des temps^{1383 Ellen G. White, The Writing and Sending Out of Testimonies to the Church (Mountain View, Calif. : Pacific Press, [1913]), p. 13, 14; idem, Selected Messages, vol. 1, p. 55.}.»DDP 436.6

Au printemps 2016, dans un numéro spécial de sa revue, l’institution Smithsonian inclut Ellen White parmi les cent américains les plus influents de tous les temps. Plus de vingt ans plus tôt, le 4 novembre 1993, le National Park Service du gouvernement américain fit de la maison d’Ellen White à Elmshaven un site historique, lui accordant le label National Historic Landmark, le label le plus élevé pour les sites historiques.DDP 437.1

Même si les adventistes apprécient ces marques de reconnaissance de la part de la société civile, c’est l’impact spirituel que les écrits d’Ellen White continuent à avoir dans la vie de personnes du monde entier qui compte le plus. L’Église mondiale peut remercier Dieu pour les écrits d’Ellen White qui peuvent à ce point transformer des vies, et réfléchir à son héritage et son influence dans l’Église.DDP 437.2

Le 16 juillet 2015 marqua le centième anniversaire de la mort d’Ellen White.DDP 437.3

Un siècle plus tôt, le vendredi 16 juillet 1915, Ellen White mourut dans sa maison d’Elmshaven au nord de la Californie. Cinq mois plus tôt elle s’était cassé la hanche. Au cours des mois qui suivirent, elle s’affaiblit progressivement. Puis elle perdit conscience. Ses mains étaient au repos, le temps d’écrire était passé. Plusieurs membres de sa famille et de son équipe s’étaient rassemblés autour de son lit, sachant qu’elle allait perdre la vie. Près d’elle était assise sa deuxième petite-fille, Mabel^{1384 Mabel Eunice White-Workman (1886-1981).}, qui tenait la main de sa grand-mère avec amour. Elle avait entendu dire que parfois, juste avant de mourir une personne inconscience pouvait revenir à elle quelques instants. Si c’était le cas, Mabel voulait que sa grand-mère sache qu’elle n’était pas seule^{1385 Histoire racontée par Grace White-Jacques à l’auteur. Grace était présence l’après-midi où sa grand-mère mourut, et elle vit sa grande sœur lui tenir la main.}. L’une de ces mains qui avaient tant fait pour les autres au fil des années était maintenant l’objet d’un geste d’amour de quelqu’un qui voulait faire quelque chose pour elle.DDP 437.4

Six ans avant le décès d’Ellen White, à la fin de la session de 1909 de la Conférence générale, elle termina le dernier message qu’elle voulait adresser aux délégués qui venaient du monde entier. Sentant probablement que c’était probablement la dernière fois qu’elle s’adressait à eux publiquement, elle voulut leur dire une dernière chose. Prenant la Bible qui se trouvait sur le pupitre, elle la tint en tremblant du fait de son âge et elle déclara : «Frères et sœurs, je vous recommande vivement la lecture de ce livre^{1386 William A. Spicer, The Spirit of Prophecy in the Advent Movement (Washington D.C. : Review and Herald, 1937), p. 30 ; cité dans A. L. White, Ellen G. White, vol. 6, p. 197.}. »DDP 437.5

Puis Ellen White retourna s’asseoir. Ce sont les dernières paroles qu’elle adressa aux délégués du monde entier lors d’une session de la Conférence générale.DDP 437.6

Écrire, écrire, écrire. Toujours écrire. Nous sommes invités à répondre à ces questions : Que voulons-nous lire ? Qui voulons-nous croire ? Par la grâce de Dieu, voulons-nous mettre en pratique les conseils donnés dans sa Parole - la sainte Bible - et dans les écrits inspirés qu’il nous a aussi donnés, par Ellen White, sa messagère ?DDP 438.1