Contextualisation

Réfléchissons à la méthode employée par l’apôtre Paul pour transmettre les valeurs des Écritures aux personnes vivant de son temps. Ses deux déclarations publiques, tout d’abord aux personnes venant d’Asie et se trouvant à Lystres, et plus tard aux philosophes athéniens de l’Aréopage, sont «les deux [seuls] exemples du livre des Actes des apôtres où l’Évangile est prêché à un auditoire exclusivement païen^{1394F. F. Bruce, Commentary on the Book of Acts (Grand Rapids : Eerdmans, 1954), p. 292.}».DDP 442.3

Dans ces deux exemples, Paul attire l’attention de ses auditeurs en prenant en compte leur aspiration à établir un lien avec le divin (une divinité polythéiste) et il leur présente le Créateur suprême et divin qui transcende les dieux mythologiques de leur panthéon. À Lystres, il leur parle du Dieu vivant qui a fait le ciel, la terre et la mer, et tout ce qui s’y trouve (Actes 14.15.) ^{1395Sauf mention contraire, tous les textes bibliques sont tirés de la Nouvelle Bible Segond.} À Athènes, parle ainsi de Dieu : «Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des sanctuaires fabriqués par des mains humaines. (Actes 17.24.) Dans les deux cas, Paul contextualise son message afin de répondre aux besoins spirituels des auditeurs qu’il essaie de toucher^{1396À Athènes, «Paul ne cite pas des prophéties inconnues de ses auditeurs. Les citations de son discours viennent de poèmes grecs. Mais il ne se met pas tout à fait à leur niveau en argumentant à partir des ‘premiers principes’ comme le feraient leurs philosophes. Son argumentation est clairement basée sur la révélation biblique de Dieu, reprenant la pensée et même parfois le langage de l’Ancien Testament. Comme la révélation biblique elle-même, il commence par parler du Dieu Créateur, et il termine en évoquant Dieu le juge de toutes choses.» (Bruce, p. 355)}DDP 442.4

Il décrit en détail la façon dont il contextualise la situation dans la lettre aux Corinthiens :DDP 443.1

Car, bien que je sois libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre. Avec les Juifs, j’ai été comme un Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme quelqu’un qui est sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi — et pourtant moi-même je ne suis pas sous la loi ; avec les sans-loi, comme un sans-loi, afin de gagner les sans-loi — et pourtant je ne suis pas un sans-loi pour Dieu, je suis lié par la loi du Christ. J’ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de la bonne nouvelle, afin d’y avoir part. (1 Corinthiens 9.19-23.)DDP 443.2

Paul ne cherche pas à changer le sens de l’Évangile ou à diluer le message divin. Il contextualise le message de l’Évangile en adoptant une stratégie délibérée consistant à s’identifier à la personne ou à l’auditoire qu’il cherche à toucher et convaincre. Ainsi, il ne modifie en rien la révélation divine, mais il traduit la vérité en s’adressant à son auditoire avec un langage socioculturel et linguistique qu’il peut entendre et comprendre. Car comment entendraient- ils, s’il n’y a personne pour proclamer [la vérité dans leur propre langage] ? (Romains 10.14)DDP 443.3

Est-il possible de faire la même chose, de contextualiser la façon dont nous présentons les écrits d’Ellen White à nos contemporains ? L’Esprit de prophétie peut-il être présenté de façon efficace à la génération Y en employant son langage socioculturel ? Quelle stratégie est-il possible d’adopter pour que cette contextualisation soit efficace ?DDP 443.4

Pour qu’une nouvelle génération puisse découvrir avec plaisir les écrits d’Ellen White, nous devons agir dans trois directions. Premièrement, nous devons faire appel à son approche du métarécit. Deuxièmement, nous devons agir sur leur son aspiration métaphysique. Et troisièmement, nous devons employer ses méthodes de communication basées sur les nouvelles technologies. Réfléchissons donc à la façon dont ces trois approches peuvent nous guider dans notre façon de présenter Ellen White et ses écrits aux membres de la génération Y.DDP 443.5