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    29 - L’origine du mal

    Pour de nombreux esprits, l’origine et la raison d’être du péché sont une source de grande perplexité. Ils constatent l’œuvre du mal, avec ses terribles conséquences de souffrance et de désolation, et se posent la question : comment tout cela peut-il exister sous la souveraineté de Celui qui est infini en sagesse, en puissance et en amour? C’est un mystère auquel ils ne trouvent aucune explication. Leur incertitude et leurs doutes les rendent aveugles aux vérités clairement révélées dans la Parole de Dieu et essentielles au salut.GE3 361.1

    Certains, dans leurs recherches sur l’existence du péché, s’efforcent de sonder ce que Dieu n’a jamais révélé, c’est pourquoi ils ne trouvent aucune solution à leurs difficultés. D’autres, poussés par leurs tendances à douter et à ergoter, y découvrent un prétexte pour rejeter les paroles des Saintes Écritures. Beaucoup ne réussissent pas à trouver d’explication satisfaisante au grand problème du mal, parce que la tradition et les fausses interprétations ont obscurci l’enseignement de la Bible sur le caractère de Dieu, la nature de son gouvernement et les principes qui déterminent son attitude envers le péché.GE3 361.2

    Il est impossible d’expliquer l’apparition du péché en donnant une raison de son existence. Cependant, on peut en comprendre suffisamment sur son origine et sur sa destruction finale pour reconnaître pleinement la justice et la bienveillance de Dieu dans toute son attitude envers le mal. Rien n’est plus clairement enseigné dans l’Écriture : Dieu n’est d’aucune manière responsable de l’apparition du péché ; il n’y a eu aucun retrait arbitraire de la grâce divine, aucun défaut dans le gouvernement divin qui ait pu donner lieu à une rébellion.GE3 361.3

    Le péché est un intrus ; aucune raison ne peut être donnée pour expliquer sa présence. Il est mystérieux, inexplicable. Le tolérer serait le défendre. Si on pouvait lui trouver une excuse, ou définir la raison d’être de son existence, il cesserait d’être le péché. Notre seule définition du péché est celle que nous donne la Parole de Dieu: « C’est le péché qui est le mal [ou, dans d’autres versions bibliques: la transgression de la loi] 11 Jean 3.4..» C’est l’expression d’un principe qui est réfractaire à la grande loi d’amour qui est à la base du gouvernement divin.GE3 361.4

    Avant l’apparition du mal, la paix et la joie remplissaient l’univers entier. Tout était en parfait accord avec la volonté du Créateur. L’amour pour Dieu était suprême, l’amour pour son prochain impartial. Le Christ, qui est « la Parole 2Jean 1.1.” et le « Fils unique issu du Père 3Jean 1.14. », était un avec le Père éternel : un en nature, en caractère et en desseins, le seul être de tout l’univers à partager tous les conseils et projets de Dieu. C’est par le Christ que le Père réalisa la création de tous les êtres célestes: « C’est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, [...] trônes, seigneuries, principats, autorités 4Colossiens 1.16.. » C’est au Christ, à l’égal du Père, que le ciel entier accordait son allégeance.GE3 361.5

    La loi de l’amour étant à la base de l’autorité divine, le bonheur de toutes les créatures dépendait de leur accord parfait avec les grands principes de justice de cette loi. Dieu attend de tous ses enfants un service d’amour: un hommage découlant de l’appréciation intelligente de son caractère. Il ne prend aucun plaisir à une allégeance forcée. Il accorde à tous leur libre arbitre, afin qu’ils puissent lui rendre un service volontaire.GE3 362.1

    Mais un seul être choisit de pervertir cette liberté. Le péché prit naissance dans le cœur de celui qui, immédiatement après le Christ, avait été le plus honoré de Dieu et qui occupait la place la plus élevée en puissance et en gloire parmi les habitants du ciel. Avant sa chute, Lucifer était le premier des chérubins protecteurs, saint et sans tache. «Ainsi parle le Seigneur DIEU : Tu mettais le sceau à la perfection, tu étais plein de sagesse, parfait en beauté. Tu étais en Éden, le jardin de Dieu; tu étais couvert de toutes sortes de pierres précieuses. [...] Tu étais un keroub [chérubin] protecteur, aux ailes déployées; je t’avais placé dans la montagne sacrée de Dieu; tu étais là, tu te promenais au milieu des pierres ardentes. Tu as été intègre dans tes voies, depuis le jour où tu fus créé jusqu’à celui où l’injustice a été trouvée chez toi 5Ézéchiel 28.12-15.. »GE3 362.2

    Lucifer aurait pu conserver la faveur de Dieu, être aimé et honoré par toute l’armée angélique, en exerçant ses nobles facultés pour être en bénédiction aux autres et contribuer à la gloire de son créateur. Mais, nous dit le prophète, « ton cœur s’est enhardi à cause de ta beauté, tu as perverti ta sagesse par ta splendeur 6Ézéchiel 28.17. ». Peu à peu, Lucifer en vint à caresser le désir de s’exalter lui-même : «Tu prends ton propre cœur pour celui d’un dieu 7Ézéchiel 28.6.. » «Tu te disais : [...] J’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu, je m’assiérai sur la montagne de la Rencontre [...] ; je monterai sur les hauteurs des nuages, je serai semblable au Très-Haut 8Ésaïe 14.13,14..» Au lieu d’élever Dieu à la première place dans l’affection et l’allégeance de ses créatures, Lucifer tenta d’obtenir pour lui leur service et leur hommage. Puis, convoitant l’honneur que le Père infini avait accordé à son Fils, ce prince des anges aspira à acquérir la puissance qui était la prérogative du Christ seul.GE3 362.3

    Tout le ciel s’était réjoui de refléter la gloire du Créateur et de chanter ses louanges. Tant que Dieu avait été ainsi honoré, tout avait été paix et contentement. Mais une note discordante perturbait maintenant l’harmonie céleste. Le service et l’exaltation de soi-même, contraires au plan du Créateur, éveillèrent de sombres pressentiments dans le cœur de ceux pour lesquels la gloire de Dieu occupait la première place. Les conseils célestes plaidèrent avec Lucifer. Le Fils de Dieu lui présenta la grandeur, la bonté et la justice du Créateur, et la nature sacrée et immuable de sa loi. C’est Dieu lui-même qui instaura l’ordre qui régnait dans le ciel; en s’en écartant, Lucifer déshonorerait son Créateur et attirerait la ruine sur lui. Mais cet avertissement, exprimé avec un amour et une miséricorde infinis, ne fit que susciter en lui l’esprit de résistance. Lucifer permit à sa jalousie envers le Christ de prendre le dessus, et il devint plus déterminé que jamais.GE3 362.4

    L’orgueil de sa propre suffisance alimenta son désir de domination. Il ne sut pas apprécier comme un don les grands honneurs que Dieu lui avait accordés, ceux-ci ne suscitèrent en lui aucune reconnaissance envers son Créateur. Il se glorifia de son éclat et de son exaltation et aspira à devenir l’égal de Dieu. L’armée céleste l’aimait et le respectait. Les anges trouvaient leur joie à exécuter ses ordres, et il était revêtu de sagesse et de gloire plus qu’aucun d’entre eux. Cependant, le Fils de Dieu était le souverain reconnu du ciel, partageant la grandeur et l’autorité du Père. Il participait à tous les conseils divins, alors que Lucifer n’y avait pas accès. « Pourquoi le Christ aurait-il la suprématie? Pourquoi reçoit-il plus d’honneurs que moi ? » se demandait cet ange puissant.GE3 363.1

    Abandonnant son poste dans la présence immédiate de Dieu, Lucifer alla répandre son esprit de mécontentement parmi les anges en agissant secrètement et mystérieusement. Pendant un certain temps, en dissimulant ses véritables intentions sous une apparence de respect pour Dieu, il s’efforça de semer la révolte contre les lois qui gouvernaient les êtres célestes, prétendant que celles-ci leur imposaient des restrictions inutiles. Puisque leur nature est sainte, leur disait-il, les anges doivent obéir aux ordres de leur propre volonté. Il chercha à gagner leur sympathie en accusant Dieu de l’avoir traité injustement en accordant l’honneur suprême au Christ. Il affirma qu’en aspirant à une puissance et à des honneurs plus grands, il ne visait pas à s’exalter lui-même, mais qu’il espérait obtenir la liberté pour tous les habitants du ciel, afin de leur permettre d’atteindre un niveau d’existence supérieur.GE3 363.2

    Dans sa grande miséricorde, Dieu supporta longtemps Lucifer. Il ne lui retira pas immédiatement son poste élevé lorsque celui-ci commença à se laisser aller à l’esprit de rébellion, ni même lorsqu’il présenta peu à peu ses fausses prétentions devant les anges demeurés loyaux. Il le garda patiemment dans le ciel. À de nombreuses reprises, il lui offrit son pardon, à condition qu’il se repente et se soumette. Tous les efforts que seuls l’amour et la sagesse infinis pouvaient concevoir furent mis en œuvre pour le convaincre de son erreur.GE3 363.3

    Auparavant, l’esprit de mécontentement était inconnu dans le ciel. Au début, Lucifer lui-même ne se rendit pas compte où cela allait le conduire. Il ne comprit pas la véritable nature de ses sentiments. Mais, lorsqu’il fut prouvé que son irritation n’avait pas de raison d’être, il fut convaincu qu’il avait tort, que les exigences divines étaient justes et qu’il devait les reconnaître comme telles devant le ciel tout entier. S’il l’avait fait, il aurait pu être sauvé, et beaucoup d’autres anges avec lui. Il n’avait pas encore, à ce moment, rejeté totalement son allégeance envers Dieu. Bien qu’il ait abandonné son poste de « keroub [chérubin] protecteur», cependant, s’il avait été disposé à revenir à Dieu, s’inclinant devant sa sagesse et en se contentant d’occuper la place qui lui avait été assignée dans le grand plan divin, il aurait été réhabilité. Mais son orgueil l’empêcha de se soumettre. Il défendit sa cause avec persistance, prétendant qu’il n’avait pas besoin de se repentir, et prit totalement parti, dans cette grande controverse, contre son Créateur.GE3 363.4

    Toutes les facultés de son esprit supérieur furent maintenant mises au service de son œuvre de tromperie, pour gagner la sympathie des anges qui avaient été sous ses ordres. Pour servir ses desseins perfides, il dénatura même les avertissements et les conseils que Christ lui avait donnés. Devant ceux qui lui étaient le plus attachés par les liens de l’amour et de la confiance, il prétendit qu’on l’avait jugé injustement, qu’on ne respectait pas sa position et qu’on voulait restreindre sa liberté. Après avoir falsifié les paroles du Christ, il s’adonna à l’équivoque et à l’hypocrisie, en accusant le Fils de Dieu de l’intention de l’humilier devant les habitants du ciel.GE3 363.5

    Il chercha aussi à créer un faux problème entre lui et les anges demeurés loyaux. Il accusa d’indifférence envers les intérêts des êtres célestes tous ceux qu’il ne put pas séduire et amener totalement de son côté. Il rendit responsable ceux qui demeuraient fidèles à Dieu de l’œuvre qu’il était lui-même occupé à accomplir. Et, pour étayer ses accusations sur la prétendue injustice divine à son égard, il eut recours à de fausses interprétations des paroles et des actes du Créateur. Sa tactique était de troubler les anges par des arguments subtils concernant les desseins célestes. Il enrobait de mystère tout ce qui était simple, et, par d’ingénieuses perversions, jetait le doute sur les déclarations les plus claires de l’Éternel. Sa haute position, en rapport si étroit avec l’administration divine, donnait tellement de poids à son argumentation que de nombreux anges furent amenés à s’unir à lui dans sa rébellion contre l’autorité du ciel.GE3 364.1

    Dieu, dans sa sagesse, permit à Satan de poursuivre son œuvre jusqu’à ce que son esprit de mécontentement arrivé à maturité se transforme en révolte ouverte. Il était nécessaire que les plans du malin soient pleinement développés afin que chacun puisse voir leur nature et leurs tendances véritables. Lucifer, en tant que « keroub [chérubin] protecteur”, avait été exalté très haut. Les êtres célestes lui témoignaient de beaucoup d’amour, et il exerçait sur eux une forte influence. Le gouvernement de Dieu comprenait non seulement les habitants du ciel, mais aussi ceux de tous les mondes créés. Satan pensait que, s’il pouvait entraîner les anges du ciel dans sa rébellion, il pourrait y entraîner aussi ceux des autres mondes. Il avait astucieusement présenté sa vision du problème, en employant les sophismes et le mensonge pour atteindre ses objectifs. Sa puissance de séduction était très grande, et, en se masquant sous un manteau de faussetés, il était à son avantage. Même les anges demeurés fidèles ne purent pas discerner parfaitement son caractère ni se rendre compte de l’étendue de son œuvre.GE3 364.2

    Satan avait été tellement honoré et tous ses actes étaient si enrobés de mystère qu’il était difficile aux anges de démasquer la véritable nature de son œuvre. Jusqu’à ce qu’il soit pleinement arrivé à maturité, le péché n’apparaîtrait pas comme l’acte pernicieux qu’il était vraiment. Jusque-là, il n’avait eu aucune place dans l’univers de Dieu, et les êtres saints ne pouvaient concevoir sa nature et sa nocivité. Ils n’avaient aucun moyen de discerner les terribles conséquences qu’entraînerait la mise de côté de la loi divine.GE3 364.3

    Au début, Satan avait dissimulé son œuvre sous une prétendue profession de loyauté envers Dieu. Il laissait entendre qu’il cherchait à promouvoir l’honneur de Dieu, la stabilité de son gouvernement et le bien-être de tous les habitants du ciel. Tout en instillant le mécontentement dans l’esprit des anges qui étaient sous ses ordres, il avait astucieusement fait croire qu’il cherchait à en éliminer les causes. Lorsqu’il proposa d’introduire des changements dans l’ordre et dans les lois du gouvernement divin, il mit l’accent sur la nécessité de ces changements afin de préserver l’harmonie dans le ciel.GE3 364.4

    Dans son attitude envers le péché, Dieu ne pouvait utiliser que la justice et la vérité. Satan, lui, pouvait employer ce que Dieu réfutait: la flatterie et la tromperie. Il avait tenté de falsifier les paroles de Dieu et de faire devant les anges une représentation mensongère du plan du gouvernement divin. D’après Satan, Dieu manquait de justice en imposant des lois et des règlements aux habitants du ciel, et, en exigeant de ses créatures la soumission et l’obéissance, il n’avait en vue que sa propre exaltation.GE3 365.1

    Il était donc nécessaire de démontrer devant les habitants du ciel, aussi bien que devant ceux de tous les autres mondes, que le gouvernement de Dieu était juste et sa loi parfaite. Satan avait prétendu œuvrer pour promouvoir le bien-être de l’univers. Tous devaient comprendre le juste caractère de cet usurpateur et ses véritables intentions. Il fallait lui laisser le temps nécessaire pour dévoiler, au travers de ses œuvres mauvaises, la personne qu’il était réellement.GE3 365.2

    Satan accusait la loi et le gouvernement de Dieu d’être à l’origine de la discorde que sa propre conduite avait provoquée dans le ciel. Tout le mal, insinuait-il, provenait de l’administration divine. Il prétendait que son objectif personnel était d’améliorer les statuts de l’Éternel. Il était donc judicieux qu’il démontre la nature de ses revendications et dévoile les conséquences des changements qu’il se proposait d’apporter à la loi de Dieu. Il devait être condamné par ses propres œuvres. Dès le début, il avait laissé entendre qu’il n’était pas en état de rébellion. Il fallait que l’univers entier voie l’imposteur démasqué.GE3 365.3

    Même après qu’il fut décidé qu’il ne pourrait plus demeurer dans le ciel, la Sagesse infinie ne détruisit pas Satan. Parce que Dieu ne peut agréer qu’un service d’amour, l’allégeance de ses créatures doit reposer sur la conviction de sa justice et de sa bienveillance. Les habitants du ciel et ceux des autres mondes, n’étant pas prêts à comprendre la nature et les conséquences du péché, n’auraient pas pu se rendre compte de la justice et de la miséricorde de Dieu si Satan avait été anéanti. Si celui-ci avait été éliminé immédiatement, ils auraient servi Dieu par peur plutôt que par amour. L’influence de cet imposteur n’aurait pas été totalement détruite, ni l’esprit de rébellion entièrement éradiqué. Il fallait permettre au mal d’atteindre son état de maturité. Pour le bien-être de l’univers entier tout au long de l’éternité, Satan devait mettre en action plus complètement ses principes, afin que ses accusations contre le gouvernement divin apparaissent sous leur véritable jour aux yeux de toutes les créatures, et que la justice et la miséricorde de Dieu et l’immutabilité de sa loi ne puissent plus jamais être remises en question.GE3 365.4

    La rébellion de Satan devait être une leçon pour l’univers dans tous les siècles à venir, un témoignage perpétuel de la nature et des terribles conséquences du péché. La mise en application des principes de Satan et leurs retombées sur les hommes comme sur les anges devaient montrer quelle sorte de fruit découle du rejet de l’autorité divine. Cette expérience mettrait en évidence que le bien-être de toutes les créatures est lié à l’existence du gouvernement et de la loi de Dieu. Ainsi, l’histoire de cette effrayante pratique de rébellion constituerait une perpétuelle sauvegarde pour toutes les intelligences célestes, afin de leur éviter de se laisser méprendre sur la nature de la transgression, de désobéir et de subir le châtiment qui s’ensuit.GE3 365.5

    Jusqu’à la fin de cette controverse dans le ciel, le grand usurpateur continua à tenter de se justifier. Lorsqu’il fut annoncé qu’il devait être chassé de ces lieux de délice avec tous ses sympathisants, ce chef rebelle exprima effrontément son mépris pour la loi du Créateur. Il réitéra sa prétention en affirmant que les anges n’avaient pas besoin d’être dirigés, mais devaient être laissés libres de suivre leur propre volonté, qui les guiderait toujours dans la bonne direction. Il dénonça les statuts divins comme une entrave à leur liberté et déclara que son intention était d’obtenir l’abolition de la loi ; que, libérées de cette restriction, les armées célestes pourraient accéder à une condition d’existence plus exaltée et plus glorieuse.GE3 366.1

    D’un commun accord, Satan et ses troupes rejetèrent totalement le blâme de leur révolte sur le Christ, en déclarant que si on ne leur avait pas adressé de reproches, ils ne se seraient jamais rebellés. C’est ainsi que, obstinés et provocants dans leur déloyauté, cherchant en vain à renverser le gouvernement divin, tout en prétendant avec impiété être eux-mêmes les victimes innocentes d’une puissance d’oppression, le grand usurpateur et tous ses sympathisants furent enfin bannis du ciel.GE3 366.2

    Le même esprit qui déclencha cette rébellion dans le ciel inspire encore la révolte sur la terre. Satan utilise auprès des hommes la même tactique que celle qu’il a employée auprès des anges. Son esprit règne maintenant chez « les enfants de la désobéissance ». Comme lui, ceux-ci s’efforcent de rejeter les restrictions imposées par la loi de Dieu. Ainsi, il promet aux hommes la liberté par la transgression des préceptes divins. La réprimande du péché suscite de plus un esprit de haine et de résistance. Lorsque les messages d’avertissements envoyés par Dieu touchent la conscience, Satan pousse les hommes à se justifier et à rechercher la sympathie des autres dans leur ligne de conduite pécheresse. Au lieu de corriger leurs erreurs, ils attisent l’indignation contre celui qui fait cette réprimande comme si c’était lui l’unique cause des difficultés. Depuis l’époque du juste Abel jusqu’à la nôtre, tel est l’esprit qui se manifeste envers ceux qui osent condamner le péché.GE3 366.3

    En faisant passer Dieu pour un être sévère et tyrannique et en avançant une description mensongère de son caractère, Satan, qui avait utilisé la même stratégie dans le ciel, poussa l’homme à pécher. Fort de sa victoire, il déclara que c’étaient les restrictions injustes imposées par Dieu qui avaient causé la chute de l’homme ainsi que sa propre rébellion.GE3 366.4

    Mais l’Éternel lui-même a proclamé la nature de son caractère : « Le SEIGNEUR, le SEIGNEUR, Dieu compatissant et clément, patient et grand par la fidélité et la loyauté, qui conserve sa fidélité jusqu’à la millième génération, qui pardonne la faute, la transgression et le péché, mais qui ne tient pas le coupable pour innocent 9Exode 34.6, 7.. »GE3 366.5

    En bannissant Satan du ciel, Dieu manifesta sa justice et préserva l’honneur de son trône. Mais, lorsque l’homme pécha en cédant aux tromperies de cet esprit apostat, Dieu prouva son amour en permettant que « son Fils unique 10 Jean 3.16» meure pour la race humaine déchue. Le caractère de Dieu est révélé dans l’expiation. Le puissant argument de la croix démontre à tout l’univers que la conduite pécheresse choisie par Lucifer ne pouvait en aucun cas être attribuée au gouvernement divin.GE3 366.6

    Dans la controverse qui eut lieu entre le Christ et Satan, pendant le ministère terrestre GE3 367.1

    du Sauveur, le caractère du grand imposteur fut démasqué. Rien n’aurait pu lui faire perdre aussi efficacement l’affection des anges du ciel et de tout l’univers demeuré loyal que la guerre cruelle qu’il livra au Rédempteur du monde. L’audace blasphématoire avec laquelle il exigea que le Christ lui rende hommage, sa hardiesse présomptueuse lorsqu’il le transporta « sur une montagne très haute 11Matthieu 4.8.» et «sur le haut du temple 12Matthieu 4.5. », son intention malveillante lorsqu’il lui suggéra de se jeter du haut de ces sommets vertigineux, la malice inlassable avec laquelle il poursuivit le Christ de lieu en lieu, en inspirant aux prêtres et aux gens du peuple le rejet de son amour, et enfin de crier : « Crucifie-le ! Crucifie-le 13Luc 23.21. ! », tout cela produisit l’étonnement et l’indignation de l’univers.GE3 367.2

    C’est Satan qui poussa le monde à rejeter le Christ. Le prince du mal exerça toute sa puissance et toute sa ruse pour détruire Jésus, car il se rendait compte que la miséricorde et l’amour du Sauveur, sa compassion et sa tendresse, donnaient une image fidèle du caractère de Dieu aux yeux du monde. Satan contesta toutes les exigences exprimées par le Fils de Dieu et utilisa les hommes comme ses agents pour remplir la vie du Sauveur de souffrance et de chagrin. Les sophismes et les mensonges par lesquels il avait tenté d’entraver l’œuvre de Jésus, la haine manifestée par l’intermédiaire des enfants de la désobéissance, ses cruelles accusations portées contre Celui dont la vie était un exemple de bonté sans précédent, tout cela provenait d’un esprit de vengeance profondément enraciné. Les feux de l’envie et de la malveillance, de la haine et de la vengeance, longtemps contenus, éclatèrent sur le calvaire contre le Fils de Dieu, pendant que le ciel tout entier contemplait cette scène avec une horreur silencieuse.GE3 367.3

    Lorsque le grand sacrifice eut été consommé, le Christ remonta au ciel, mais refusa l’adoration des anges jusqu’à ce qu’il ait présenté cette requête: « Quant à ce que tu m’as donné, Père, je veux que là où, moi, je suis, eux aussi soient avec moi 14Jean 17.24..” Alors, avec un amour et une puissance inexprimables, la réponse se fit entendre depuis le trône du Père: «Que tous les anges de Dieu se prosternent devant lui 15Hébreux 1.6. ! » Aucune tache ne reposait sur Jésus. Son humiliation terminée, son sacrifice accompli, il reçut « le nom qui est au-dessus de tout nom 16Philippiens 2.9.GE3 367.4

    La culpabilité de Satan apparut maintenant comme inexcusable. Il avait révélé son véritable caractère: menteur et meurtrier. On se rendit compte qu’il aurait manifesté le même esprit par lequel il gouvernait les enfants des hommes qui étaient sous sa domination si Dieu lui avait permis de diriger les habitants du ciel. Il avait prétendu que la transgression de la loi de Dieu apporterait la liberté et l’exaltation, mais on prit conscience qu’elle n’apportait que servitude et dégradation.GE3 367.5

    Les accusations mensongères de Satan contre le caractère et le gouvernement de Dieu apparurent sous leur véritable jour. Il avait accusé Dieu de ne chercher que l’exaltation de lui-même en exigeant la soumission et l’obéissance de ses créatures, et avait déclaré que, tandis que le Créateur réclamait de tous l’abnégation, lui-même n’en pratiquait aucune et ne faisait aucun sacrifice. On vit maintenant que, pour le salut de la race humaine pécheresse et déchue, le Maître de l’Univers avait accepté le plus grand sacrifice auquel l’amour pouvait consentir, « car Dieu était dans le Christ, réconciliant le monde avec lui-même 172 Corinthiens 5.19. ». On comprit aussi que, tandis que Lucifer avait ouvert la porte au péché par sa soif d’honneur et de suprématie, le Christ s’était «abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort 18Philippiens 2.8.» afin de détruire le péché.GE3 367.6

    Dieu avait montré son horreur pour les principes de la rébellion. Le ciel tout entier fut témoin d’une révélation de sa justice, aussi bien dans la condamnation de Satan que dans la rédemption de l’homme. Lucifer avait affirmé que, si la loi de Dieu était immuable et si sa transgression ne pouvait pas être pardonnée, tout pécheur devait être à jamais exclu de la faveur du Créateur. Il avait prétendu que la race humaine pécheresse était hors d’atteinte de la rédemption et était donc sa proie légitime. Mais la mort du Christ constitua un argument irréfutable en faveur de l’homme. La pénalité de la loi tomba sur celui qui possédait « un rang d’égalité avec Dieu 19Philippiens 2.6. ”, et l’homme fut rendu libre d’accepter la justice du Christ et, par une vie de repentance et d’humiliation, de triompher de la puissance de Satan, comme le Fils de Dieu l’avait fait lui-même. Ainsi, Dieu est «juste tout en justifiant celui qui relève de la foi de Jésus 20Romains 3.26. ».GE3 368.1

    Mais ce n’est pas uniquement pour réaliser la rédemption de l’homme que le Christ vint sur notre terre pour souffrir et mourir. Il vint aussi pour « rendre la loi grande et magnifique 21Ésaïe 42.21. ». Non seulement pour que les habitants de notre monde puissent considérer la loi comme elle doit l’être ; mais aussi pour démontrer à tous les mondes de notre univers que la loi de Dieu n’est pas sujette à transformation. S’il avait été possible de mettre de côté les exigences de celle-ci, il n’aurait pas été nécessaire que le Fils de Dieu offre sa vie pour en expier la transgression. La mort du Christ prouve qu’elle est immuable. Le sacrifice auquel l’amour infini poussa le Père et le Fils pour que les pécheurs puissent être rachetés démontre à tout l’univers — ce que rien d’autre que ce plan de l’expiation n’aurait pu faire — que la justice et la miséricorde sont le fondement de la loi et du gouvernement de Dieu.GE3 368.2

    Au moment de l’exécution finale du jugement, on se rendra compte qu’il n’existait aucune cause au péché. Lorsque le Juge de toute la terre demandera à Satan : « Pourquoi t’es-tu rebellé contre moi et as-tu tenté de me dérober les sujets de mon royaume?» l’initiateur du mal ne pourra fournir aucune excuse. «Toute bouche [sera] fermée 22Romains 3.19.» et toute l’armée de la rébellion restera silencieuse.GE3 368.3

    La croix du Calvaire, tout en déclarant l’immutabilité de la loi, proclame aussi à l’univers que «le salaire du péché, c’est la mort 23Romains 6.23.». Le cri du Sauveur expirant, «Tout est achevé 24Jean 19.30. ”, sonna le glas de Satan. La grande controverse qui avait duré si longtemps fut alors tranchée, et l’éradication définitive du péché fut rendue certaine. Le Fils de Dieu a franchi les portes du tombeau, « pour réduire à rien, par sa mort, celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable 25Hébreux 2.14. ». La soif d’exaltation de soi-même caressée par Lucifer l’avait poussé à dire : « J’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu. [...] Je serai semblable au Très-haut 26Ésaïe 14.13,14.. Mais Dieu déclare: «Je te réduis en cendres sur la terre. [...] Tu ne seras jamais plus 27Ézéchiel 28.18,19.!” ” Il arrive, le jour, ardent comme une fournaise. Tous les arrogants et tous ceux qui agissent en méchants seront comme du chaume; ce jour qui vient les embrasera, dit le SEIGNEUR des Armées, il ne leur laissera ni racine ni rameau 28Malachie 3.19.. ”GE3 368.4

    L’univers tout entier aura été témoin de la nature et des conséquences du péché. Sa destruction totale, qui, si elle avait eu lieu au début, aurait rempli les anges de peur et déshonoré Dieu, justifiera alors son amour et confirmera son honneur devant une multitude d’êtres qui peuvent dire: «Je désire faire ta volonté, mon Dieu, et ta loi est au fond de mes entrailles 29Psaume 40.9.. » Le mal n’apparaîtra jamais plus La Parole de Dieu nous affirme : « La détresse ne paraîtra pas deux fois 30Nahum 1.9.. » La loi de Dieu, que Satan a reproché d’être un joug de servitude, sera honorée comme « une loi de liberté 31Jacques 2.12. ». Une création à la fidélité éprouvée ne se détournera plus jamais de l’allégeance de celui dont le caractère a été pleinement manifesté aux yeux de ses créatures comme un amour insondable et une sagesse infinie.GE3 369.1

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