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Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique - Contents
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    Apprivoiser l’Esprit

    Au début du IIe siècle, il semble donc qu’un contrôle ecclésiastique s’exerçait sur le don de prophétie. À la fin du IIe siècle puis au IIIe et au IVe siècle, cela était devenu évident pour de nombreux théologiens. Au Ier siècle, Ignace (Lettre aux Éphésiens; Lettre aux Tralliens) avait déjà évoqué ce rôle des autorités ecclésiastiques prenant la place des prédicateurs itinérants incontrôlés dans ses déclarations sur la fonction des évêques locaux. «Il faut que nous le [l’évêque, episkopon] recevions comme celui-là même qui l’a envoyé.» (Lettre aux Éphésiens 6.2) «Il est donc nécessaire, comme vous le faites, de ne rien faire sans l’évêque (episkopon), mais de vous soumettre aussi au presbytre (presbyteriō), comme aux apôtres de Jésus-Christ [...] en qui nous serons trouvés si nous vivons ainsi. [...] Pareillement, que tous révèrent les diacres (diakonous) comme Jésus-Christ, comme aussi l>évêque (episkopon), qui est l’image du Père, et les presbytres (presbyterious), comme le sénat de Dieu et comme l’assemblée des apôtres ; sans eux on ne peut parler d’Églises.» (Ignace, Lettre aux Tralliens 2.2 ; 3.1) Ignace emploie le terme de prophète à sept reprises, mais il fait référence aux Écritures hébraïques. Ignace n’évoque aucunement l’idée qu’un enseignant/prophète/apôtre itinérant légitime puisse être considéré comme inspiré par Dieu. Son rôle prophétique se limite à celui de responsable local. Le rôle d’un prophète étant de parler de la part de Dieu,DDP 245.1

    Cette perception négative des prophètes itinérants s’accentua avec Cyprien au IIIe siècle. Il utilisait rarement les mots «prophète 787Il utilise à de nombreuses reprises le mot «prophète» avec le mot «apôtre» afin de désigner les Écritures ou les enseignements de l’Église (Epistles 55:10; 80:2 [ANF vol 5, pp. 350, 407]). », «don de prophétie» ou «prophétiser». Quand il le faisait, c’était quasiment toujours pour faire référence aux Écritures hébraïques (le passé) ou aux faux prophètes (le présent). Les faux prophètes sont semblables à Jézabel, qui détruisit l’Église de Dieu de l’intérieur (Épîtres 51.22 [Ante-Nicene Fathers (ANF) 5.332; 39.5 [ANF 5.318]) 788Contrairement aux faux prophètes qui sèment la confusion, le corps du Christ est uni. Il écrivit : «Il y a un seul Dieu et un seul Christ, et il y a une seule Église, et une chaire fondée sur le rocher par la Parole de Dieu. On ne peut établir un autre autel ni une autre prêtrise. Il n’y a qu’un autel et qu’une forme de prêtrise. ». Pour Cyprien, ils devraient être écartés de l’Église, parce qu’ils sont du côté du mal. Il donne l’exemple d’une fausse prophétesse qui se mêla aux chrétiens. Il dit qu’elle accomplissait des miracles et que, par son attitude, elle trompa beaucoup de gens et les incita à la suivre, y compris un diacre et un presbytre avec qui elle eut des relations sexuelles. Cyprien précise que de plus, elle ne pouvait être considérée comme une prophétesse légitime car elle offrait l’eucharistie et procédait à des baptêmes. Des chrétiens de bonne réputation la condamnèrent (Épîtres, 74.10 [ANF 5.393]).DDP 246.1

    Pour Cyprien, il suffit de dire que Jézabel était du côté du mal du fait qu’elle nuisait à l’unité de l’Église. Il considérait que c’était le plus grave des péchés, caractéristique d’un esprit mauvais. Les montanistes, par exemple, qui affirmaient avoir l’Esprit de Dieu, étaient condamnés «parce qu’ils se séparaient de l’Église de Dieu, ils n’avaient rien à voir avec la puissance ou la grâce divines, la puissance et la grâce régnant là où les anciens président. Eux peuvent baptiser, imposer les mains et consacrer» (Épîtres 74.7 [ANF 5.392]). Ainsi, le fait d’accomplir des miracles et de vivre des expériences surnaturelles n’est pas important car cela ne vient pas nécessairement de Dieu. Pour Cyprien, le salut ne s’obtient pas grâce à des miracles (Matthieu 7.22), car ce qui compte vraiment, c’est l’attachement à l’unité du corps du Christ, l’Église (De unitate ecclesiae 15 [ANF 5.426]) 789Voir par exemple l’accent mis par les Croyances fondamentales sur l’unité de l’Église. Seventh-day Adventists Believe : An Exposition of the Fundamental Beliefs of the Seventh-day Adventist Church (Boise, Idaho : Pacific Press, 2005), pp. 239, 249.. L’argument de l’amour et de l’unité est parfaitement conforme aux Écritures, mais dans ses efforts pour préserver l’unité de l’Église, Cyprien créa un rempart qui fut difficile à franchir.DDP 246.2

    D’après Cyprien, on ne pouvait faire aucun reproche à l’Église. Autrement dit, en subordonnant la voix prophétique aux évêques, il semblait que Dieu n’avait plus besoin de faire de reproches en dehors de ceux qui étaient faits par les responsables ecclésiastiques, parce que l’Église était dans la vérité. Or, à la période du peuple d’Israël, Dieu envoya des prophètes pour reprendre ses responsables quand cela s’avérait nécessaire. En revanche, Cyprien établit un système qui allait influencer une grande partie du christianisme occidental. Les prophètes furent écartés pendant des siècles, du moins par la majorité des chrétiens. De ce fait, comment le christianisme passatil d’un mouvement fondé par les prophètes, ouvert aux messagers prophétiques, à une structure rejetant ce don spirituel tel qu’il était manifesté par les prédicateurs et les enseignants itinérants ?DDP 246.3

    Tandis que différentes formes de christianisme se développaient dans l’Empire romain, enseignant différentes choses sur Jésus et s’opposant aux doctrines apostoliques, les congrégations chrétiennes durent lutter contre les hérésies et les faux prophètes. Se faisant l’écho des inquiétudes de Jésus et des apôtres eux-mêmes 790Voir par exemple Matthieu 7.22,23 ; 24.4,5,11 ; Actes 20.28-30 ; Thessaloniciens 2.3,4,7-12 ; 2 Timothée 3.1-6; 1 Jean 4.1-3. au sujet des esprits mauvais qui égaraient l’Église, les Pères apostoliques firent comprendre aux Églises qu’elles devaient faire preuve de discernement, veillant notamment au comportement des soi- disant prophètes. Tous ceux qui parlaient au nom de l’Esprit n’étaient pas nécessairement des messagers du Seigneur. Cependant, les prophètes ne furent pas totalement rejetés par cette génération de chrétiens. En réalité, l’exercice du don de prophétie fut remplacé par l’autorité des responsables locaux. Chez Irénée (vers 130-220), nous constatons qu’un mouvement tendant à fermer la porte aux prophètes vit le jour, comme le dit Cyprien au IIIe siècle. À cette époque, on considérait que les prophètes appartenaient au passé. Le résumé des croyances des adventistes du septième jour le montre bien :DDP 247.1

    «Ces dons ne se sont pas manifestés de façon marquante dans l’Église chrétienne. Après la mort des apôtres, les prophètes furent respectés par de nombreuses personnes jusqu’en 300 ap. J.-C. Mais le déclin de la spiritualité dans l’Église et l’apostasie qui en résulta entraînèrent une décroissance à la fois de la présence du Saint-Esprit et des dons spirituels. À cette même période, en raison de l’apparition de faux prophètes, la confiance en la réalité du don de prophétie déclina 791Seventh-day Adventists Believe, p. 250.. »DDP 247.2

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