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Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique - Contents
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    Le ministère prophétique dans le Nouveau Testament : vocabulaire

    Dans cette partie, nous étudierons brièvement le vocabulaire utilisé pour décrire les prophètes et nous évoquerons certaines personnes ayant reçu le don de prophétie. Puis nous analyserons rapidement le lien entre les prophéties de l’Ancien Testament et celles du Nouveau Testament. Nous aborderons ensuite la question du don de prophétie et, enfin, nous évoquerons la nature, le rôle et la fonction des prophètes du Nouveau Testament.DDP 55.3

    Vocabulaire décrivant le ministère prophétique dans le Nouveau Testament

    L’étude des mots doit se faire avec sérieux, le contexte déterminant souvent leur sens. Cependant, les termes employés par un auteur peuvent nous donner des informations importantes. C’est le cas en ce qui concerne les prophéties. L’Ancien Testament utilise quatre termes principaux pour décrire les prophètes : nābî’ (prophète, utilisé 309 fois) 81Les termes associés «prophétesse», «prophétie» et «prophétiser» qui sont de la même famille sont également utilisés., rō’ēh (voyant, utilisé 11 fois), hōzēh (visionnaire, utilisé 16 fois) et ‘îš ‘ēlōhîm (homme de Dieu, utilisé 76 fois). En revanche, le Nouveau Testament se limite au mot générique prophët- (prophète) et fait parfois référence de façon indirecte à la notion de prophétie. La Septante traduit le terme nābî’ par le terme prophētēs (prophète) et emploie occasionnellement ce mot pour les termes rō’ēh et hōzēh.DDP 55.4

    Le terme générique de prophète dans le Nouveau Testament recouvre les mots suivants : (1) prophētēs (prophète, utilisé 144 fois) ; (2) prophētis (prophétesse, utilisé 2 fois) ; (3) prophēteuō (prophétiser, utilisé 28 fois), (4) prophēteia (prophétie, utilisé 19 fois); (5) prophētikos (prophétique, utilisé 2 fois) ; et (6) pseudoprophētēs (faux prophète, utilisé 11 fois) 82 On trouve déjà le terme pseudoprophëtë fois).s dans la Septante pour décrire les faux prophètes (Zacharie 13.2 ; Jérémie 6.13 ; 33.7,8,11,16 ; 34.9 ; 35.1; 36.1,8, suivant la division en chapitres et versets de la Septante), alors que l’hébreu emploie le mot nābî’ à la fois pour les véritables prophètes et les faux prophètes. C’est le contexte qui détermine de quel type de prophète il s’agit.. Le fait que des termes de la famille du mot «prophète» soient employés 206 fois dans le Nouveau Testament souligne l’importance de ce sujet 83Par exemple, on trouve le mot «grâce» 155 fois, le mot «salut» 46 fois et le mot «sauver» / «guérir» (sôtëria et sôzô) 106 fois..DDP 56.1

    Avant d’étudier ces termes tels qu’ils sont employés dans le Nouveau Testament, il convient de souligner la place des prophéties dans le monde gréco-romain. M. E. Boring déclare ceci :DDP 56.2

    «Les mots «prophète», «prophétie» et «prophétique» n’étaient pas univoques. [...] Le terme «prophète» était utilisé non seulement pour désigner «celui qui parle de la part de Dieu et interprète sa volonté» pour les êtres humains, mais pour désigner aussi ceux qui étaient en charge des oracles à Brachides, les représentants du rang le plus élevé des prêtres en Egypte, les herboristes et les charlatans, les interprètes des oracles de mantis (Platon, Tite Live, 72a), par extension les poètes (voir Tite 1.2 d’Epiménide) et de façon métaphorique, les orateurs en général, y compris ceux qui présentaient les jeux 84M. Eugene Boring, «Early Christian Prophecy», The Anchor Bible Dictionary, ed. David Noel Freedman (New York: Doubleday, 1992), vol. 5, p. 496. Voir George E. Rice, «Spiritual Gifts», Handbook of Seventh- day Adventist Theology, ed. Raoul Dederen, (Hagerstown, Md. ; Review and Herald, 2000), p. 620.DDP 56.3

    Cette approche très large de la notion prophétie est plus limitée dans le Nouveau Testament. Bien qu’il soit important de comprendre de quelle façon un terme était utilisé dans la société, cela ne signifie pas que toutes ses nuances sont présentes dans les Ecritures.DDP 56.4

    Ainsi, Boring propose une définition plus limitée de ce qu’était un prophète à l’époque du Nouveau Testament : «Les prophètes des débuts de l’ère chrétienne étaient des porte-parole inspirés directement par Dieu, Jésus le ressuscité, ou l’Esprit; ils recevaient des messages intelligibles qu’ils se sentaient poussés à partager avec la communauté chrétienne ou ceux qui la représentaient 85Boring explique cette déclaration : «Le terme «inspiration» étant utilisé de différentes façons, l’expression «inspirés directement» est employée ici pour montrer que ce que les prophètes disaient provenait directement de la voix de la divinité. Cela n’excluait pas l’usage d’autres sources, le recours aux traditions ou les propres réflexions des prophètes. Tout ceci pouvait entrer en ligne de compte dans ce que percevait le prophète comme étant révélé directement de la divinité.». » Les prophètes recevaient la révélation divine et, sous l’inspiration, ils communiquaient ce qu’ils avaient reçu - que ce soit par des visions, des paroles audibles, des rêves, etc. 86Voir Rice, pp. 621, 622. - généralement aux croyants, mais indirectement aussi à un public plus large. Les prophètes étaient les porte-parole de Dieu. Cette approche doit être vérifiée par la Bible, et notamment dans le cadre de notre étude, par le Nouveau Testament 87Voir aussi Gerhard Friedrich, «Prophets and prophecies in the New Testament», Theological Dictionary of the New Testament, ed. Gerhard Friedrich (Grand Rapids : Eerdmans, 1968), vol. 6, pp. 828-856..DDP 56.5

    Le mot «prophète» (prophètes)

    Le mot «prophète» est utilisé de façon irrégulière dans le Nouveau Testament, comme l’indique le tableau ci-dessous. Il est totalement absent de certains livres (qui ne sont donc pas mentionnés ci-dessous), alors qu’on le trouve à de nombreuses reprises dans d’autres livres.DDP 57.1

    Livres du Nouveau Testament Occurrences du mot «prophète» Matthieu 37 Marc 6 Luc 29 Jean 14 Actes 30 Romains 3 1 Corinthiens 6 Éphésiens 3 1 Thessaloniciens 1 Tite 1

    Hébreux 2 Marc 6 Jacques 1 Jean 14 1 Pierre 1 2 Pierre 2 Apocalypse 8 Éphésiens 3 Total 144

    C’est dans l’Évangile de Matthieu que ce mot apparaît le plus grand nombre de fois 88Ce terme apparaît 59 fois dans les livres écrits par Luc, 22 fois dans la littérature johannique et 16 fois dans les écrits de Paul.. Nous prendrons l’exemple de cet Évangile pour mettre en évidence la façon dont ce terme est employé.DDP 58.1

    1. Dans la majorité des cas, le mot «prophète» fait référence à un prophète précis de l’Ancien Testament ou à plusieurs prophètes lorsque le mot est au pluriel (21 fois) 89Matthieu 1.22; 2.5,15,17,23; 3.3; 4.14; 5.12; 8.17; 12.17,39; 13.17,35; 16.14; 21.4; 23.29,30,31; 24.15; 26.56; 27.9.. Matthieu montre que les prédictions de l’Ancien Testament se sont accomplies, soulignant ainsi la continuité entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament.DDP 58.2

    2. Le terme «prophète» apparaît également dans l’expression «la loi et les prophètes» décrivant tout l’Ancien Testament (quatre fois : Matthieu 5.17 ; 7.12; 11.13 ; 22.40).DDP 58.3

    3. Jean-Baptiste est un véritable prophète (quatre fois : Matthieu 11.9 [deux fois] ; 14.5 ; 21.26), dans la droite ligne des prophètes de l’Ancien Testament. Il est le premier prophète du Nouveau Testament. Il apparaît après la période intertestamentaire de quatre cents ans, au cours de laquelle il n’y eut pas de véritable prophète, à notre connaissance.DDP 58.4

    4. Jésus lui-même est considéré comme un véritable prophète, ce qu’il est en effet (cité deux fois directement : Matthieu 21.11,46; et une fois directement dans une déclaration générale sur les prophètes : Matthieu 13.57).DDP 58.5

    5. On peut noter des déclarations générales concernant les prophètes (quatre fois : Matthieu 10.41 [trois fois] ; 23.37).DDP 58.6

    6. Il y a également les prophètes envoyés par Jésus (une fois : Matthieu 23.34). Ainsi, le terme de prophète est utilisé de façon variée.DDP 58.7

    Les autres écrits du Nouveau Testament emploient ce terme de la même façon que Matthieu dans son Évangile, avec parfois un accent particulier. Par exemple, Luc mentionne environ cinq fois Jésus en tant que prophète, plus souvent que Matthieu. Jean va encore plus loin. Les huit occurrences du mot «prophète» de son Évangile font directement ou indirectement référence à Jésus. Jésus est un prophète. Jean-Baptiste déclare ne pas être le prophète attendu (Jean 1.21,25), car Jésus n’est pas simplement un prophète, mais le prophète annoncé par Moïse, le second Moïse, le prophète qui surpasse tous les autres prophètes (versets 21 et 25 ; Jean 6.14 ; 7.40).DDP 58.8

    L’accent est mis plus particulièrement sur les prophètes du Nouveau Testament dans 1 Corinthiens et le livre des Actes (par exemple, Actes 11.27; 15.32; 21.10). Nous reviendrons à ces deux livres plus tard.DDP 59.1

    Paul associe les prophètes à l’ecclésiologie. Les prophètes ont reçu un don spirituel particulier (voir par exemple, 1 Corinthiens 12.28,29). Il y a des prophètes dans l’Église (par exemple 1 Corinthiens 14.29). Le fondement de l’Église est Jésus, mais aussi - dans une certaine mesure - les apôtres et les prophètes (Éphésiens 2.20). Les pôtres et les prophètes ont reçu une révélation divine (Éphésiens 3.5) au sujet de la nature de l’Église. Les responsables de l’Église sont les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs et les enseignants (Éphésiens 4.11). Un prophète crétois est mentionné dans Tite 1.12. Ce n’est pas un prophète dans le sens biblique, mais il est considéré comme tel par ses compatriotes.DDP 59.2

    Les prophètes du Nouveau Testament apparaissent également dans le livre de l’Apocalypse. Les prophètes mentionnés dans Apocalypse 10.7 peuvent être à la fois des prophètes de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament 90Voir Grant E. Osborne, Revelation, Baker Exegetical Commentary on the New Testament (Grand Rapids : Baker Academic, 2002), p. 401.. Les deux témoins d’Apocalypse 11, liés à l’Ancien Testament et au Nouveau Testament 91Voir Kenneth A. Strand, «The Two Witnesses of Rev. 11.3-12», Andrews University Seminary Studies 19 (1981), p. 134; Ekkerhardt Mueller, «The Two Witnesses of Revelation 11», Journal of the Adventist Theological Society 13, n° 2 (2002), pp. 30-45., sont aussi appelés les deux prophètes (Apocalypse 11.10).DDP 59.3

    Les prophètes sont souvent mentionnés avec les saints (verset 18 ; Apocalypse 16.6 ; 18.24) avec lesquels ils seront récompensés, mais aussi avec les apôtres (Apocalypse 18.20). Certains d’entre eux seront tués (Apocalypse 16.6 ; 18.24). Jean, l’auteur de l’Apocalypse, est lui-même un prophète. Il appartient au groupe des prophètes (Apocalypse 22.6,9). Le terme «prophète» tel qu’il est employé dans l’Apocalypse ne décrit que les véritables prophètes, ainsi que les deux témoins. Les prophètes sont appelés les serviteurs de Dieu (Apocalypse 10.7 ; 11.18) . Il semble que ce terme ne décrive que les personnes ayant reçu le don de prophétie, ce qui les distingue des autres croyants. Il n’est pas utilisé de façon générale pour évoquer ce qu’on appelle aujourd’hui le ministère prophétique des pasteurs ou de l’Église.DDP 59.4

    Pour résumer, le mot «prophète» est souvent utilisé dans le Nouveau Testament. Il est néanmoins employé de façon inégale, et on le trouve essentiellement dans les Évangiles et le livre des Actes. La fréquence d’utilisation semble indiquer l’importance du sujet. Cependant, les lecteurs ne doivent pas s’arrêter aux occurrences de ce terme et oublier les auteurs qui l’emploient rarement mais avec un poids théologique plus important. Dans le Nouveau Testament, les prophètes sont les prophètes de l’Ancien Testament, l’Ancien Testament dans son intégralité, Jean-Baptiste, Jésus et les prophètes du Nouveau Testament. Dans son Évangile, Jean réserve le terme de «prophète» à Jésus qui est un prophète, mais surtout le prophète, à savoir l’antitype de Moïse92D’autres auteurs, et notamment Matthieu, utilisent également la typologie de Moïse et Jésus, sans pour autant utiliser le terme de «prophète».. Cependant, dans l’Apocalypse, les prophètes sont Jean et essentiellement les prophètes du Nouveau Testament. Jésus est avant tout l’Agneau, mais aussi le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois, le Fils de l’homme et le Fils de Dieu, etc. Il n’apparaît pas comme prophète dans l’Apocalypse. La différence entre le statut de Jésus dans l’Évangile de Jean et dans l’Apocalypse est peut-être son incarnation décrite dans l’Évangile, ainsi que son rôle céleste et son exaltation, décrits dans l’Apocalypse. Paul utilise le terme «prophète» dans les textes où il parle d’ecclésiologie - par exemple quand il parle des dons spirituels, des responsables et du fondement de l’Église.DDP 60.1

    Le mot «prophétesse» (prophëtis)

    Le féminin du mot «prophète », prophëtis, apparaît deux fois dans le Nouveau Testament. Il est employé une fois de façon positive et une fois de façon négative. La véritable prophétesse du Nouveau Testament est Anne, qui est mentionnée dans le récit de Luc (Luc 2.36). Après avoir vu l’enfant Jésus, elle se mit à célébrer Dieu et à parler de l’enfant à tous ceux qui attendaient la libération de Jérusalem (Luc 2.38 TOB 2010). La fausse prophétesse est Jézabel (Apocalypse 2.20). Elle affirme être une véritable prophétesse, mais elle trompe les enfants de Dieu. Cependant, il y a d’autres prophétesses qui ne sont pas désignées par ce terme, mais au sujet desquelles le verbe «prophétiser» est employé. Ce sont donc bien des prophétesses.DDP 60.2

    Le mot «prophétie» (prophēteia)

    Le nom prophēteia («prophétie») se trouve 19 fois dans le Nouveau Testament. C’est dans la première épître aux Corinthiens qu’il apparaît le plus souvent (5 fois) ainsi que dans le livre de l’Apocalypse (7 fois). Le mot «prophétie» n’est utilisé qu’une seule fois dans le Nouveau Testament pour décrire une prophétie de l’Ancien Testament (Matthieu 13.14). Cela contraste avec l’emploi du terme «prophète» qui, dans le Nouveau Testament, fait souvent référence aux prophètes de l’Ancien Testament, comme nous l’avons vu précédemment.DDP 60.3

    Dans Romains 12.6 et 1 Corinthiens 12 à 14, le mot «prophétie» décrit le don spirituel de prophétie, en le distinguant parfois du don des langues 93 Corinthiens 12.10; 13.2,8; 14.6,22.. En raison de leur nature divine, les prophéties ne devraient pas être méprisées (1 Thessaloniciens 5.20). C’est grâce aux prophéties que le ministère de Timothée fut établi et confirmé (1 Timothée 1.18; 4.14).DDP 61.1

    Dans Apocalypse 1.3 et 22.7,10,18,19, les expressions «les paroles de la prophétie», «les paroles de la prophétie de ce livre» «les paroles du livre de cette prophétie» font référence au livre de l’Apocalypse. Bien que le livre de l’Apocalypse soit essentiellement constitué d’éléments apocalyptiques, sa nature prophétique est mise en évidence. C’est intéressant, car dans le passé, on considérait que la littérature apocalyptique ne trouvait pas sa source dans les prophéties, mais dans les livres de sagesse 94 Voir Paul D. Hanson, Old Testament Apocalyptic (Nashville : Abingdon, 1987), pp. 26, 33 ; Klaus Koch, Ratios vor der Apokalyptik : Eine Streitschrift über ein vernachlässigtes Gebiet der Bibelwissenschaft und die schädlichen Auswirkungen auf Theologie und Philosophie (Gütersloh : Gütersloher Verlagshaus Gerd Mohn, 1970), pp. 43, 44 ; Peter von der Osten-Sacken, Die Apokalyptik in ihrem Verhältnis zur Prophetie und Weisheit (München : Chr. Kaiser Verlag, 1969), pp. 9-12, 28-31 ; Christopher Rowland, The Open Heaven : A Study of Apocalyptic in Judaism and Early Christianity (New York : Crossroad, 1982), pp. 203-208. Voir aussi Ferdinand Hahn, Theologie des Neuen Testaments, Band 1. Zweite Auflage (Tübingen: Mohr Siebeck, 2005), p. 471, qui met en avant le caractère apocalyptique de l’Apocalypse. Voir notamment Boring, «Early Christian Prophecy», in The Anchor Bible Dictionary, vol. 5, p. 500. ou les mythes 95Voir John J. Collins, The Apocalyptic Imagination : An Introduction to the Jewish Matrix of Christianity (New York : Crossroad, 1989), pp. 21-28 ; Hanson, pp. 26, 33, 34 ; Von der Osten-Sacken, pp. 13, 28..DDP 61.2

    Dans Apocalypse 19.10, il est dit que «le témoignage de Jésus» est «l’esprit de la prophétie », c’est-à-dire que le Saint-Esprit parle par l’intermédiaire du don de prophétie 96 Ce «témoignage de Jésus» est ce que Jean et «ses frères» du 1er siècle «possédaient». La même expression qui apparaît dans Apocalypse 12.17 en lien avec le reste de la fin des temps est utilisée ici par l’ange qui dit à Jean de ne pas l’adorer car il n’était qu’un serviteur et que d’autres chrétiens «avaient le témoignage de Jésus», à savoir «l’esprit de la prophétie». Ces gens sont appelés des «prophètes» dans Apocalypse 22.9. Ils «gardent les paroles de ce livre», le livre de l’Apocalypse.. Cette définition du «témoignage de Jésus» concerne toutes les autres références au «témoignage de Jésus» dans le livre de l’Apocalypse 97Apocalypse 1.2,9; 12.17; 19.10 (deux fois); 20.4. Dans Apocalypse 1.2,9 et 20.4, le «témoignage de Jésus» est associé à la «parole de Dieu». Kenneth Strand, «The Two Witnesses of Rev. 11.3-12», Andrews University Seminary Studies 19 (1981), p. 134 parle de l’expression «la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ» comme du «message prophétique de l’Ancien Testament et des témoins apostoliques du Nouveau Testament».. Le texte d’Apocalypse 12.17 déclare que le reste porte le témoignage de Jésus, ce qui signifie que, grâce au Saint-Esprit, il a le livre de l’Apocalypse 98Voir Apocalypse 22.9, qui est un texte parallèle au texte d’Apocalypse 19.10. ainsi que le don de prophétie, «l’esprit de prophétie», à savoir le ministère et le message des véritables prophètes, que ce soit sous forme canonique (le Nouveau Testament) ou non canonique 99Voir le parallèle entre Apocalypse 19.10 et Apocalypse 22.9. Dans ce dernier texte, le mot «prophètes» remplace l’expression «témoignage de Jésus». Le reste exalte la parole de Dieu et les manifestations véritables du don de prophétie (1 Corinthiens 12.7-11 ; Éphésiens 4.11), y compris le livre de l’Apocalypse, qui vient de Jésus et dans lequel il témoigne à son sujet. Voir aussi Àngel Manuel Rodriguez, «The «Testimony of Jesus» in the Writings of Ellen G. White », Toward a Theology of the Remnant, Biblical Research Institute Studies in Adventist Ecclesilogy - I, ed. Angel Manuel Rodriguez (Silver Spring, Md. : Biblical Research Institute, 2009), pp. 227-243.. Selon les adventistes du septième jour, ce message non canonique comprend le ministère d’Ellen G. White. F. Hahn déclare que le témoignage de Jésus est le contenu de la prophétie, alors que le Saint-Esprit en est la puissance. Il considère que la dernière partie d’Apocalypse 19.10 est essentielle pour comprendre l’Apocalypse. Il révèle de quelle façon l’auteur comprenait son ministère prophétique 100Voir Hahn, vol. 1, p. 472.. Grâce à la puissance du Saint-Esprit, il proclamait la victoire du Christ ressuscité.DDP 61.3

    Les deux témoins d’Apocalypse 11.6 ne sont pas seulement des prophètes. Ils sont associés au terme «prophétie». Il doit en effet en être ainsi, s’ils représentent l’Ancien et le Nouveau Testament 101Voir les références mentionnées dans les notes de bas de pages 11 et 17.. De plus, les deux textes de 2 Pierre 1.20 et 1.21 associent la «prophétie» aux Écritures et affirment que les prophètes étaient inspirés par Dieu.DDP 62.1

    Ainsi, le terme prophēteia décrit avant tout le don spirituel de prophétie, mais il désigne plus souvent encore le livre canonique de l’Apocalypse, le Nouveau Testament et toutes les Écritures.DDP 62.2

    Le mot «prophétiser» (prophēteuō)

    Le mot prophēteuō (prophétiser) est un autre terme important de cette famille de mots. Ce verbe apparaît 28 fois dans le Nouveau Testament. Il désigne le ministère prophétique de tout l’Ancien Testament (Matthieu 11.13), le ministère des prophètes de l’Ancien Testament, y compris Hénoch (Matthieu 15.7 ; Marc 7.6 ; 1 Pierre 1.10 ; Jude 14) et la prédiction de Joël concernant l’effusion du Saint-Esprit et la capacité des croyants à prophétiser par la suite (Actes 2.17,18).DDP 62.3

    Dans le Nouveau Testament, certaines personnes prophétisèrent sans nécessairement être des prophètes. On peut citer Zacharie, le père de Jean- Baptiste (Luc 1.67) et Caïphe, le grand prêtre (Jean 11.51). D’autres personnes affirmaient prophétiser au nom de Jésus (Matthieu 7.22), mais il s’agissait parfois de faux prophètes (Matthieu 7.15). Le récit de la passion révèle que Jésus fut l’objet de moqueries et de sarcasmes, et on le mit au défi de prophétiser (Matthieu 26.68 ; Marc 14.65 ; Luc 22.64). Le ministère des filles de Philippe (Actes 21.9), le ministère de représentation de Jean, décrivant la tâche de tous les croyants à la fin des temps (Apocalypse 10.11) et le ministère des deux témoins (Apocalypse 11.3) sont aussi mentionnés. Le texte d’Actes 19.6 et la cérémonie de baptême et l’effusion du Saint-Esprit ainsi que le fait que les personnes présentes se mirent à parler en langues et à prophétiser nous rappellent la Pentecôte.DDP 62.4

    C’est dans la première épître aux Corinthiens que l’on trouve le plus grand nombre d’occurrences du verbe «prophétiser». Il y est question du don spirituel consistant à prophétiser (1 Corinthiens 11.4,5; 13.9; 14.1,35,24,31,39).DDP 63.1

    Ainsi, prophëteuo dans le Nouveau Testament évoque le phénomène consistant à prophétiser dans l’Ancien Testament, mais surtout ce qu’il se passe dans le Nouveau Testament. Le don de prophétie était actif à l’époque du Nouveau Testament. Comme le déclare Schnelle, «le discours prophétique est une composante normale de la vie à l’époque de la première Église chrétienne 102Udo Schnelle, Theology of the New Testament (Grand Rapids : Baker Academic, 2009), p. 337. ».DDP 63.2

    Le mot «prophétique» (prophētikos)

    L’adjectif prophētikos (prophétique) apparaît deux fois dans le Nouveau Testament, et pourtant il est important dans la mesure où il décrit les écrits prophétiques (Romains 16.26) et la parole prophétique (2 Pierre 1.19). Comme les autres termes, il est étroitement associé à la Bible et il la décrit.DDP 63.3

    L’expression «faux prophète» (pseudoprophētēs)

    Les mots de la famille du terme prophēt- peuvent faire référence à la fois aux véritables prophètes ou aux faux prophètes en fonction du contexte, mais on trouve aussi dans le Nouveau Testament le terme pseudoprophētēs (faux prophète) qui montre clairement que le don divin de prophétie peut être imité, et qu’il doit être évité. Les faux prophètes sont mentionnés à onze reprises dans le Nouveau Testament.DDP 63.4

    Jésus déclara que déjà dans l’Ancien Testament, il y avait des faux prophètes (Luc 6.26). Il mit en garde ses contemporains contre les faux prophètes (Matthieu 7.15) et annonça que d’autres allaient apparaître (Matthieu 24.11,24; Marc 13.22).DDP 63.5

    Le texte d’Actes 13.6 mentionne le faux prophète juif portant le nom de Bar-Jésus au Ier siècle. Le texte de 2 Pierre 1.21 explique que le Saint-Esprit touchait les porte-parole de Dieu, mais le verset suivant mentionne au contraire les faux prophètes introduisant des hérésies (2 Pierre 2.1). Jean confirma que, parmi sa génération, «beaucoup de prophètes de mensonge [étaient] sortis dans le monde» (1 Jean 4.1).DDP 63.6

    Le livre de l’Apocalypse va plus loin encore. Il y a non seulement des faux prophètes, mais aussi le faux prophète, le point culminant de toutes les fausses prophéties, la bête d’Apocalypse 13 (Apocalypse 16.13; 19.20 ; 20.10). Quand viendra la crise finale, le dragon satanique, l’antichrist et le faux prophète (à savoir la bête venant de la terre) s’opposeront au Seigneur et Christ véritable. Il est intéressant de noter que l’Évangile de Jean et le livre de l’Apocalypse se concentrent sur les figures majeures du grand conflit, alors que les épîtres de Jean mentionnent les acteurs mineurs (les antichrists et les faux prophètes) en plus du personnage principal (l’antichrist - 1 Jean 2.18,22 ; 4.3; 2 Jean 1.7).DDP 63.7