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Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique - Contents
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    La nature, le rôle et les fonctions des prophètes et des prophéties

    En abordant la question du vocabulaire prophétique et de la continuité entre les prophètes de l’Ancien Testament et ceux du Nouveau Testament, nous avons déjà évoqué la nature, le rôle et les fonctions des prophètes et des prophéties. Dans cette partie, nous résumerons certaines remarques faites précédemment et nous aborderons quelques questions spécifiques.DDP 81.5

    Points communs entre les prophètes

    Les véritables prophètes ne s’autoproclamaient pas prophètes. Ils n’avaient pas recours à certaines stratégies leur permettant de transmettre un message à leur auditoire. Les véritables prophètes étaient des êtres humains appelés par Dieu et ayant une relation particulière avec lui. Ils recevaient un appel divin et un don particulier, le don de prophétie. Ce don est l’un des plus importants des dons que reçoit le peuple de Dieu.DDP 82.1

    Les prophètes recevaient des révélations divines par lesquelles Dieu leur communiquait la vérité et se révélait lui-même dans le cadre d’une relation privilégiée. Les prophètes devaient transmettre les messages de Dieu sans les modifier. Cela était rendu possible par l’inspiration divine170F. David Farnell, «When Will the Gift of Prophecy Cease?» Bibliotheca Sacra, n° 2 (1993). p. 179, l’auteur déclare ceci: «Les prophéties sont avant tout des déclarations inspirées par l’Esprit et basées sur la réception directe et miraculeuse de la révélation divine.» Craig S. Keener, dans son ouvrage 1 - 2 Corinthians, The New Cambridge Bible Dictionary (Cambridge : Cambridge University Press, 2005), déclare : «Apparemment Paul définit les prophéties comme des déclarations intelligibles et inspirées (généralement distinctes des Écritures, tout en leur faisant écho), ce qui est le sens le plus courant dans l’Ancien Testament et aux débuts du christianisme.» Thomas R. Schreiner, dans New Testament Theology : Magnifying God in Christ (Grand Rapids : Baker Academic, 2008), déclare p. 721 : Les prophéties sont «des révélations de Dieu faites de façon spontanée». Cependant, la notion de spontanéité réduit peut-être le concept de prophétie de façon inutile et sans justification biblique.. Ceux qui relataient les faits historiques (Luc, par exemple), travaillaient également sous l’inspiration divine. Ils étaient guidés par le Saint-Esprit. Par l’intermédiaire des prophètes, Dieu s’adressait à son peuple à un moment donné et dans un lieu donné, avec un message correspondant à sa situation. Cependant, ce message transcendait la situation du peuple et était pertinent pour la suite171P. 154, Hvidt déclare : «Le sens profond des prophéties est donc une actualisation toujours inspirée de la révélation, adaptée à chaque époque particulière de l’histoire.». Habituellement, le message des prophètes adressé au peuple comportait un appel à la repentance et au changement, une invitation à mener une vie sainte en étroite relation avec le Seigneur, ainsi que des paroles d’encouragement et d’espoir172Vol. 1, p. 10, Heschel déclare : «Le prophète est un iconoclaste, remettant en question ce qui semble saint et prodigieux, et ce qui est révéré. Les croyances chéries comme s’il s’agissait de certitudes, les institutions considérées comme dotées d’une sainteté suprême - il dénonce tout cela et montre qu’il s’agit de prétentions scandaleuses.». Ce que dit Heschel au sujet des prophètes de l’Ancien Testament peut également s’appliquer aux prophètes du Nouveau Testament :DDP 82.2

    «... le but des prophéties est de vaincre la froideur, de transformer l’être intérieur et de révolutionner l’histoire173Ibid., p. 17.. »DDP 82.3

    «Ainsi, le devoir du prophète est de s’adresser au peuple, «que celui-ci accepte ou refuse d’écouter». La vocation première d’un prophète est de «dire à Jacob sa transgression et à Israël son péché» (Michée 3.8) 174Ibid., p. 19.DDP 82.4

    «Le prophète est un guetteur (Osée 9.8), un serviteur (Amos 3.7 ; Jérémie 25.4; 26.5), un messager de Dieu (Aggée 1.13), un «observateur au sein de mon peuple, pour [qu’il] le mette à l’épreuve» (Jérémie 6.27) ; «Humain, je te fais guetteur pour la maison d’Israël. Tu écouteras la parole de ma bouche et tu les avertiras de ma part.» (Ézéchiel 3.17) [...] Pourtant, sa véritable grandeur réside dans sa capacité à associer Dieu et l’homme dans une même pensée175Ibid, pp. 20, 21..» La prédiction demeure un élément important des prophéties. «Contrairement à certaines personnes qui ne pensent qu’au temps présent, le prophète a une vision de la fin176Ibid, p. 10..» Cependant, ce n’est pas la seule chose qui compte. Le message global des prophètes couvre le passé, le présent et l’avenir177Voir Thomas, p. 94..DDP 83.1

    «... la révélation ne doit pas comporter exclusivement des éléments prédictifs pour être miraculeuse. [...] Le message révélé de Paul ne contient pas uniquement des éléments prédictifs, mais il concerne aussi la véritable nature de l’Évangile de Jésus-Christ et la justification par la foi (Actes 9.3-6,20; Galates 1.12,16,17) 178Farnell, «When Will the Gift of Prophecy Cease?», p. 175. Page 176, il déclare : «Dans Jean 4.19, la femme qui se trouve au puits pense que Jésus est un prophète, non parce qu’il fait des prédictions, mais parce qu’il connaît son histoire conjugale.» Voir aussi Leonhard Goppelt, Theology of the New Testament (Grand Rapids : Eerdmans, 1974), p. 353.DDP 83.2

    Les prophètes encourageaient leur auditoire à réfléchir, mais leur mission consistait aussi à encourager, réconforter et édifier179 Voir George Eldon Ladd, A Theology of the New Testament (Grand Rapids : Eerdmans, 1974), p. 353.. L’exemple de Paul dans la tempête décrite dans Actes 27, notamment les versets 22-36, est un bon exemple de prédiction, d’avertissement et d’encouragement. À première vue, cette déclaration de Hvidt semble étrange : «Les prophéties chrétiennes [...] ont peu de choses à avoir avec la prédiction d’événements futurs. Elles ne sont jamais orientées essentiellement vers le futur. Elles concernent avant tout le présent. Si ce n’était pas le cas, les prophéties ne pourraient pas édifier l’Église du temps des prophètes180 Hvidt, p. 150..» Pour comprendre cette idée, il faut poursuivre la lecture :DDP 83.3

    «Il est vrai que les prophéties sont souvent orientées vers l’avenir. Mais elles concernent aussi le passé, et parfois les événements du temps présent. Cependant, qu’une prophétie donnée concerne le passé, le présent ou l’avenir, elle est toujours pertinente pour le présent181Ibid, p. 151.. »DDP 83.4

    De plus, «presque tous les prophètes se concentrent sur l’avènement du Christ182Ibid.». Hvidt a raison lorsqu’il affirme que le message prophétique - qu’il concerne le passé, le présent ou l’avenir - a du sens et de l’importance pour l’auditoire auquel il s’adresse. Il y a quelques exceptions, comme certaines parties du livre de Daniel. Le message prophétique devait être transmis par le prophète, même s’il ne pouvait être pleinement compris par la génération présente. Il était scellé (Daniel 12.4). Néanmoins, même dans ce cas, l’intention de Dieu était de s’adresser à la génération présente et de lui transmettre un message concernant son plan, sa souveraineté et sa puissance.DDP 83.5

    Les prophètes étaient en étroite relation avec Dieu, mais aussi avec la communauté des croyants183Akin, p. 199, parle de «la mission verticale et horizontale» des prophètes.. Les dons spirituels, y compris le don de prophétie, étaient donnés pour l’utilité commune (1 Corinthiens 12.7) 184Richard Rice, Reign of God: An Introduction to Christian Theology From a Seventh-day Adventist Perspective, 2nd ed. (Berrien Springs, Mich. : Andrews University Press, 1997), p. 217. L’auteur déclare : «Dans un certain sens, les dons sont accordés à l’Église dans son ensemble, et non aux individus qui la composent. [.] Nous devrions considérer leurs compétences comme un don de Dieu fait à la communauté entière. Le but des dons spirituels est de faire du bien à l’Église et non de glorifier une personne donnée.» et pour un fonctionnement harmonieux du corps et de son unité (versets 12-26). Les dons principaux, y compris le don de prophétie, ont pour but de former les saints pour l’œuvre du ministère, pour la construction du corps du Christ (Éphésiens 4.12). Les prophéties concernent même les incroyants (1 Corinthiens 14.24). «Les prophéties sont un grand bienfait pour les incroyants comme pour les chrétiens, car elles informent, elles éclairent et elles convainquent185Garland, p. 651. Pour une étude plus approfondie du passage difficile d’1 Corinthiens 14.22-25, voir pages 648-654.DDP 84.1

    La relation qui s’établit entre le prophète et l’Église est définie entre autres par le rôle qui est confié à l’Église et qui consiste à s’assurer que le prophète est un véritable prophète, et à accepter le message et le messager, si celui-ci est envoyé par Dieu (1 Thessaloniciens 5.20,21) 186P. 794, Fisichella écrit au sujet du rôle de l’Église : «De plus, le prophète est reconnu comme tel par l’Église. [.] Ce n’est pas l’Église qui accorde le don de prophétie ou attribue le rôle de prophète à un individu. Non, l’Église accepte les prophéties comme un don et reconnaît le ministère des prophètes.». Parmi les critères de référence, il convient de savoir si le message du prophète correspond aux prophéties faites précédemment. Dans le cas des prophètes du Nouveau Testament, il s’agit de vérifier qu’il y a une cohérence avec l’Ancien Testament. Bien que les gens comprennent généralement ce qu’est une véritable prophétie187P. 789, Fisichella souligne ceci : «Contrairement aux peuples environnants qui confondaient souvent les prophéties avec la magie et les possessions approchant l’extase, Israël avait une idée précise de ce qu’était un prophète. », ils n’acceptent pas toujours ses applications et ses implications.DDP 84.2

    Différences entre les prophètes

    Il y avait également des différences entre les véritables prophètes, mais ces différences n’affectaient pas leur autorité et leur message.DDP 84.3

    Tout d’abord, beaucoup de prophètes étaient des hommes, alors que d’autres étaient des femmes. Les deux groupes étaient reconnus, aussi bien dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau Testament. Même si les gens rejetaient leur message, la Bible les considère comme de véritables messagers de Dieu.DDP 85.1

    Deuxièmement, certains prophètes transmettaient des messages oraux alors que d’autres transmettaient des messages écrits. Certains de ces messages devinrent des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament et font partie du canon biblique ; ce n’est pas le cas pour d’autres. Cependant, cela ne signifie pas que ces messages prophétiques étaient moins fiables et que les prophètes étaient d’importance moindre. Dieu était toujours à l’origine de ces messages, mais leur portée était plus limitée.DDP 85.2

    Troisièmement, le genre des messages varie. Certains prophètes écrivirent des livres de lois et d’histoire ; d’autres, des livres de sagesse ; d’autres encore, des lettres adressées à certaines Églises ou certaines personnes ; et d’autres, de la littérature prophétique. De plus, la littérature prophétique peut être classée en deux catégories, les prophéties que l’on appelle «classiques» et les prophéties apocalyptiques comme le livre de Daniel ou de l’Apocalypse 188Voir Jon Paulien, «The Hermeneutics of Biblical Apocalyptic», Understanding Scripture : An Adventist Approach, Biblical Research Institute Studies, vol. 1, ed. George W. Reid (Silver Spring, Md. : Biblical Research Institute, 2006), pp, 248, 249.. Cela signifie que certains prophètes présentent le plan de l’histoire humaine dans ses grandes lignes, du début à la fin, alors que d’autres se concentrent davantage sur des difficultés et des événements ponctuels. En fonction de la situation des personnes auxquelles ils s’adressaient, certains prophètes étaient appelés plus que d’autres à reprendre, à réprimander, à avertir les gens, à les inviter à revenir au Seigneur et à avoir un comportement juste et bienveillant. Ce n’était pas la même chose de s’adresser à une Église comme Smyrne ou à une Église comme Laodicée (Apocalypse 2.8-11 et 3.14-22).DDP 85.3

    Quatrièmement, certains prophètes étaient plus appréciés que d’autres par leurs contemporains et donc, sur un plan humain, avaient plus de succès. Parfois, le cœur des gens était endurci, alors qu’en d’autres temps, ils étaient plus ouverts et réceptifs. Ainsi, les prophètes étaient sensibles à la situation religieuse, politique et sociale de l’époque à laquelle ils vivaient. Cependant, même si Dieu tenait compte de la situation, la dimension sociale et culturelle n’altérait pas le message prophétique et son intérêt.DDP 85.4

    Des «prophètes congrégationalistes»

    Les déclarations de Paul sur les dons spirituels dans 1 Corinthiens 12-14 ont suscité un certain nombre de questions, notamment concernant le don de prophétie. Nous n’allons pas revenir sur la distinction établie par Grudem sur les prophètes infaillibles et faillibles dont nous avons déjà parlé 189David E. Garland, 1 Corinthians, Baker Exegetical Commentary on the New Testament (Grand Rapids : Baker, 2003), p. 662. L’auteur semble suivre Grudem en déclarant : «On peut affirmer que les prophètes n’ont pas une autorité indiscutable dans leurs déclarations. ». Cependant, certaines personnes maintiennent que la prophétie d’1 Corinthiens 14 est d’une nature quelque peu différente des prophéties de l’Ancien Testament et certaines du Nouveau Testament 190Siegfried Schatzmann, A Pauline Theology of Charismata (Peabody, Mass. : Hendrickson, 1989), pp. 39, 40. L’auteur est en désaccord avec l’idée qu’il y a une continuité entre les écrits de Paul et les prophéties de l’Ancien Testament. Il se base sur l’absence de formules précises concernant le messager et les critères d’évaluation des prophéties.. Il s’agirait de prophéties congrégationalistes.DDP 85.5

    G. Rice semble réagir à cette idée en déclarant ceci : «Les prophètes du texte d’1 Corinthiens 14.29-33 se classent dans la catégorie des prophètes ayant un message oral. Ce ne sont pas des membres d’Église qui, touchés par une prédication ou un cantique, ont souhaité partager une ou deux pensées qui leur a traversé l’esprit 191Rice, p. 626..» Ils proclamaient un message de la part de Dieu.DDP 86.1

    Le texte d’1 Corinthiens 14.29-33 fait partie intégrante du texte portant sur les dons spirituels, dont le don de prophétie. Dans 1 Corinthiens 12 se trouve une liste des dons spirituels. D’autres listes sont mentionnées dans divers écrits de Paul (par exemple Romains 12.6-8). En réalité, il y a trois listes dans 1 Corinthiens 12 (versets 7 à 10, verset 28, et versets 29 et 30). Le texte d’1 Corinthiens 13 compare le don de prophétie avec l’amour véritable, alors que le chapitre 14 compare le don des langues avec le don de prophétie. Ainsi, comment comprendre ce qu’est le don de prophétie dans ce chapitre ?DDP 86.2

    Paul emploie des mots de la famille du terme prophet - 37 fois dans ses écrits, dont 22 fois dans 1 Corinthiens. Il utilise le mot «prophète» pour évoquer les prophètes de l’Ancien Testament (Romains 1.2; 11.3; 1 Thessaloniciens 2.15; Hébreux 1.1; 11.32), la partie prophétique de l’Ancien Testament (Romains 3.21) et les prophètes du Nouveau Testament (1 Corinthiens 12.28,29; 14.29,32 [deux fois] ; Éphésiens 2.20 ; 3.5; 4.11). Dans Tite 1.12, il mentionne un prophète crétois ayant sermonné les habitants de l’île de Crète qui avaient la réputation d’être menteurs. Les termes qu’il utilise indiquent qu’il décrit la situation d’un point de vue général, et pas uniquement selon la perspective chrétienne 192Voir George Knight III, The Pastoral Epistles : A Commentary on the Greek Text, The New International Greek Testament Commentary (Grand Rapids: Eerdmans, 1992), p. 298; Donald Guthrie, The Pastoral Epistles, Tyndale New Testament Commentaries, rev. ed. (Grand Rapids : Eerdmans, 1990), p. 200.. Toutes les autres références aux prophètes reflètent le langage biblique et le concept de prophète.DDP 86.3

    Il est intéressant de noter que dans 1 Corinthien 12.28,29 et dans Éphésiens 2.20 ; 3.5 et 4.11, les prophètes sont mentionnés avec les apôtres et toujours en deuxième position de certaines listes parfois plus longues. Pour Paul, les prophètes font partie des fondements de l’Église (Éphésiens 2.20). Ils ont reçu une révélation divine (Éphésiens 3.5) et ils font partie des responsables de l’Église appelés à former les saints pour le ministère (Éphésiens 4.11,12). On peut noter un parallèle entre 1 Corinthiens 12.28-30 et Éphésiens 4.11: Et ceux que Dieu a disposés dans l’Église sont, premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des hommes chargés de l’enseignement. (1 Corinthiens 12.28, TOB ) Et les dons qu’il a faits, ce sont des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des bergers et catéchètes. (Éphésiens 4.11.) Le terme «prophétique» (Romains 16.26) ainsi que le terme «écrits» décrivent l’Ancien Testament, et les mots «prophétie 193Romains 12.6 ; 1 Corinthiens 12.10 ; 13.2,8 ; 14.6,22 ; 1 Thessaloniciens 5.20 ; 1 Timothée 1.18 ; 4.14.» et «prophétiser 1941 Corinthiens 11.4,5 ; 13.9; 14.1,3,4,5 (deux fois),24,31,39.» font toujours référence au don de prophétie dans les écrits de Paul. La façon dont Paul parle des prophéties dans sa lettre aux Éphésiens ne doit pas être négligée lors de l’étude d’1 Corinthiens 12 à 14, mais doit être prise en considération lors de l’interprétation de ce passage plus difficile 195D’un autre côté, Fisichella déclare p. 793 : «Une lecture plus attentive de ces textes montre qu’il ne s’agit pas d’une simple interprétation «charismatique» de l’Église mais plutôt d’une description institutionnelle de la communauté telle qu’elle est. [...] Lisez ces textes sans préjugés ou idées préconçues. Le Nouveau Testament nous encourage à reconnaître les prophètes comme une «institution» (1 Corinthiens 14.29,32 ; 12.28 ; Romains 12.6; Éphésiens 4.11; Actes 11.27; 21.9) et les prophéties comme une activité liturgique normale pour certains croyants (1 Thessaloniciens 5.20; 1 Corinthiens 14.1,5,24,31,39).» P. 157; Hvidt mentionne l’autorité charismatique et institutionnelle..DDP 86.4

    Le vocabulaire utilisé par Paul indique qu’il ne fait pas de différence entre les prophètes de l’Ancien Testament et ceux du Nouveau Testament, les prophètes qui constituent le fondement de l’Église et en sont les responsables et les prophètes dits «congrégationalistes» qui peuvent fonctionner comme pasteurs ou évangélistes d’une congrégation locale ou qui sont des membres d’Église n’ayant pas de rôle officiel. De plus, le langage de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament est similaire et semble montrer que le don de prophétie dans le Nouveau Testament est la continuité du don de prophétie dans l’Ancien Testament 196Voir Farnell, «The Gift of Prophecy», p. 410. P. 258, Hilber déclare: «Pour résumer, le processus prophétique de l’Ancien Testament nous permet de comprendre ce qui se passait à Corinthe en lien avec les scènes prophétiques de l’Ancien Testament.». Ainsi, il est inapproprié d’évoquer un autre type de prophétie s’agissant de 1 Corinthiens 12 à 14.DDP 87.1

    Le fait que les prophètes d’1 Corinthiens 14.29 doivent être mis à l’épreuve ne doit pas nous permettre d’affirmer que leur ministère prophétique était secondaire, car «même les prophètes expérimentés de l’Ancien Testament l’étaient régulièrement 197Hilber, p. 257. Dans Theologie des Neuen Testaments, Band 2, zweite Auflage (Tübingen : Mohr Siebeck, 2005), Ferdinand Halm explique que, pour Paul, trois critères importants permettent de décider si une prophétie est authentique ou non : 1) l’analogie de la foi (Romains 12.6) ; 2) le développement de l’Église (1 Corinthiens 14.26) ; et 3) l’amour (1 Corinthiens 12.31).». Bien que l’acte de prophétiser d’1 Corinthiens 14.3 consiste à encourager et à consoler, le fait de limiter les prophéties à cela ou à d’autres activités similaires serait mal comprendre l’intention de Paul. Ce qui n’est pas mentionné n’est pas nécessairement exclu. «Paul ne définit pas ici la prophétie mais, dans ce contexte, «il souligne simplement le fait que la prophétie est compréhensible et permet donc d’édifier, d’exhorter et d’encourager» 198Farnell, «When Will the Gift of Prophecy Cease?», p. 176. Il déclare aussi page 182: «Il faut comprendre la notion d’édification comme un effet de la prophétie sur l’auditoire plus que comme son contenu.» Vol 2, p. 177, Hahn souligne que les déclarations destinées à l’Église n’excluent pas les promesses concernant l’avenir..» Farnell souligne que le fait de considérer la prophétie d’1 Corinthiens 14 comme une prophétie congrégationaliste et non une prophétie apostolique revient à exclure le texte d’Éphésiens 4.11 et à faire à tort une distinction entre Éphésiens 2.20 ; 3.5 et 1 Corinthiens 12 à 14 199Farnell, «Fallible New Testament Prophecy/Prophets?», pp. 168, 169..DDP 87.2

    Prophétie et extase

    Le sujet de la prophétie est lié à celui de l’extase dans de nombreuses publications. Dans son article sur les prophéties du Nouveau Testament, G. Friedrich y a consacré une partie intitulée «Extase et prophétie». Il déclare : «Dans le Nouveau Testament, l’ egoindividuel n’est pas exclu, il n’est pas remplacé par un phénomène divin d’extase prophétique.» Cependant, il associe l’extase aux prophètes du Nouveau Testament, soulignant que «les prophéties de Jean ont aussi des caractéristiques de l’extase». Puis, parlant de Paul il déclare :DDP 88.1

    «Paul est un prophète très différent. Certes, il reçoit des révélations, [...] mais il n’a pas de visions ni de révélations orales qui le transportent en dehors de ce monde. [...] Dans les congrégations pauliniennes, le prophète n’est pas un voyant, mais le récipiendaire et le messager de la Parole. Ce n’est pas une personne qui, possédée par Dieu, perd tout contrôle sur ses sens et doit faire ce que la puissance qui est en elle lui ordonne de faire. Il n’est pas question d’aliénation et de divagation. Le prophète de l’Église primitive est un homme conscient de ce qui se passe. Quand il parle, il peut s’interrompre si une autre personne reçoit une révélation. Quand deux ou trois prophètes s’adressent à la congrégation, les autres peuvent rester silencieux même si certaines choses leur sont révélées (1 Corinthiens 14.29 et suivants). [...] L’intégrité du prophète reste intacte même si toutes ses facultés et sa volonté sont soumises à l’influence du Saint-Esprit 200Friedrich, p. 851. Il déclare également : «Il n’est pas toujours possible de faire une distinction claire entre l’extase, l’inspiration de l’Esprit et la révélation prophétique. »DDP 88.2

    Friedrich fait une distinction entre Jean le prophète et les prophètes de 1 Corinthiens. Même s’il ne donne pas de définition précise de l’extase, la description qu’il fait de l’Église de Corinthe - qu’il semble distinguer de l’expérience de Jean - semble signifier qu’il adopte une définition classique de l’extase, à savoir un état dans lequel une personne se trouve comme «transportée hors de soi et du monde sensible 201http ://www.cnrtl.fr/defmition/extase ». L’extase est un phénomène religieux parmi d’autres et est vécue par des mystiques de bien des religions. L’extase religieuse peut être auto-induite 202https://en.wikipedia.org/wiki/Religious_ecstasy (consulté le 29 août 2014): «L’état de transe, qui est souvent interprété comme une extase religieuse, peut être délibérément provoqué grâce à des techniques ou des pratiques extatiques dont la prière, les rituels religieux, la méditation, les exercices de respiration, l’exercice physique, l’activité sexuelle, la musique, la danse, la transpiration, le jeûne, la privation de boisson et les psychotropes.». A. Schimmel décrit l’extase comme un monoïdéisme absolu. Il l’associe au mysticisme que l’on trouve dans toutes les religions et déclare que le mystère d’une expérience d’extase ne peut être expliqué 203A. Schimmel, «Ekstase », Die Religion in Geschichte und Gegenwart, ed. Kurt Galling (Tübingen : J.C.B. Mohr [Paul Siebeck], 1958), vol. 2, pp. 410, 412. Heschel, vol. 2, pp. 140, 141, est d’accord sur ce dernier point : «L’extase est une expérience indescriptible. [.] L’étude des récits et témoignages des personnes ayant vécu ce type d’expérience montre que leur apport en connaissances est très léger. Certains s’étonnent de ce que ces personnes ne relatent rien de nouveau concernant le Divin et ses attributs. Il s’agit donc d’une expérience subjective et non d’une approche objective. D’un autre côté, les prophéties n’ont pas de sens si elles ne sont pas exprimées. [.] Les personnes ayant vécu des extases désirent les dissimuler. Mais la mission des prophètes est au contraire de révéler. ». Heschel ajoute : «L’acte prophétique donne lieu à des déclarations ; l’extase produit des souvenirs qui ne peuvent être décrits par des mots 204Heschel, vol. 2, p. 142..» Il poursuit ainsi :DDP 88.3

    «Ce qui est important dans les actes mystiques, c’est que quelque chose se produise. Ce qui est important dans les actes prophétiques, c’est que quelque chose soit dit. [.] L’extase est un phénomène à une seule dimension, car il n’y a pas de distinction entre le sujet de l’expérience et l’expérience elle-même. La personne ne fait plus qu’un avec le divin. La prophétie est une confrontation. Dieu est Dieu, et l’homme est l’homme. Les deux peuvent se rencontrer, mais sans jamais fusionner. Ils s’associent, mais sans pour autant ne faire qu’un 205 Ibid., p. 144..» L’article très pertinent de H. Ringgren sur l’extase et les prophéties de l’Ancien Testament dans lequel il considère qu’il y a parfois un parallèle entre les récits de l’Ancien Testament et ce que l’on peut décrire aujourd’hui comme une extase, se termine ainsi : «Cependant, il existe une différence fondamentale. Généralement, celui qui est possédé par un esprit oublie tout à son sujet lorsqu’il recouvre tous ses sens, alors que les prophètes de l’Ancien Testament étaient pleinement conscients de recevoir un message 206Helmer Ringgren, «Ecstasy », The Anchor Bible Dictionary, ed. David Noel Freedman (New York ; Doubleday, 1992), vol. 2, p. 280.DDP 89.1

    Même si l’Ancien Testament relate que Saul se retrouva exceptionnellement au milieu d’un groupe de prophètes (1 Samuel 10.5,6 ; 19.20-24) - certaines personnes pensant qu’il s’agirait d’une forme d’extase 207Ralph W. Klein, 1 Samuel, Word Biblical Commentary, vol. 10 (Waco, Tex. ; Word, 1983), pp. 199, 200., contrairement à d’autres 208Voir David Toshio Tsumura, The First Book of Samuel, The New International Commentary on the Old Testament (Grand Rapids : Eerdmans, 2007). P. 286, l’auteur explique ceci : «On affirme souvent que les personnes composant ce type de groupe avaient un comportement irrationnel et proche de l’extase, mais le texte dit uniquement qu’elles prophétisaient en étant accompagnées d’instruments de musique. Mais ici comme dans 1 Samuel 19.20, c’est l’action de l’Esprit du Seigneur qui est mise en avant et non des actions religieuses «païennes» comme l’auto-flagellation ou la mutilation.» Les personnes concernées étaient encore capables de marcher et certainement de faire de la musique. D’autre part, cette expérience ne fit pas de Saul un prophète. - on ne trouve pas d’expérience similaire dans le Nouveau Testament. Les prophètes de Corinthe étaient capables de se contrôler et d’arrêter de parler (1 Corinthiens 14.29-32). Il n’y a pas de signe d’extase 209Gordon D. Fee, The First Epistle to the Corinthians, New International Commentary on the New Testament (Grand Rapids : Eerdmans, 1991). P. 696, l’auteur déclare : «Avec ces paroles, Paul place les «paroles inspirées» des chrétiens en dehors de la catégorie de l’extase et montre qu’il s’agit de quelque chose de totalement différent des traditions des cultes païens. Il n’y a pas ici de crise ou de perte de contrôle. L’orateur n’est ni en transes ni extrêmement bavard.» Leon Morris, 1 Corinthians, Tyndale New Testament Commentaries, rev. ed. (Grand Rapids : Eerdmans, 1993). P. 196, l’auteur souligne : «L’auteur n’est pas soudain saisi d’un élan compulsif.» Voir aussi Roy E. Ciampa et Brian S. Rosner, The First Letter to the Corinthians, The Pillar New Testament Commentary (Grand Rapids : Eerdmans, 2010), p. 717. Et Mairon L. Soards, 1 Corinthians, New International Biblical Commentary (Peabody, Mass. : Hendrickson, 1999), p. 299.. Il en est de même pour les livres du Nouveau Testament. Si Jean est considéré comme un homme à part du fait de ses visions et de son invitation à venir au ciel (Apocalypse 4.1,2; voir aussi Apocalypse 17.3), Paul doit aussi être placé dans la catégorie des prophètes (2 Corinthiens 12.1-4), pour autant qu’il y en ait une. Cependant, c’est le même Paul qui affirme que les prophètes ne passent pas par une étape d’extase incontrôlable. Or, il le dit dans le contexte de Corinthe. Même si les prophètes peuvent vivre des phénomènes surnaturels exceptionnels, ils gardent toujours le contrôle d’eux-mêmes et ils ne sont pas en transes. Il est certainement plus sage de ne pas créer des catégories de prophètes qui ne peuvent correspondre aux récits du Nouveau Testament.DDP 89.2

    Heschel a peut-être raison lorsqu’il écrit :DDP 90.1

    «La théorie de l’extase, dans sa tentative de rendre l’acte prophétique plausible en l’y comparant, nous empêche de comprendre des expériences qui sont authentiques, et a tendance à nuire à l’essence de la prophétie. [...] Cela commence donc par l’affirmation que les expériences des prophètes sont similaires à celles des cultes orgiaques dans les sociétés primitives 210Heschel, vol. 2, p. 131.. »DDP 90.2

    Ainsi, le terme «extase» que nous utilisons dans le langage courant et dans le domaine des sciences humaines pour décrire des phénomènes que nous observons dans les sphères religieuses ou non, n’est peut-être pas adapté pour parler de l’expérience des prophètes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Cela peut être en effet une tentative rationnelle d’expliquer ce qui est surnaturel et qui est parfois nié.DDP 90.3

    La durée du don de prophétie dans l’Église

    Le don de prophétie a-t-il cessé d’exister à la fin du 1er siècle après J.-C. ? Plus tard? Ou bien est-il encore possible d’en faire l’expérience? Ces sujets sont discutés aujourd’hui.DDP 91.1

    Farnell soucrit à la thèse suivante : «L’Église ayant été solidement établie grâce aux apôtres du 1er siècle et aux prophètes du Nouveau Testament, le don de prophétie n’a plus lieu d’être 211Farnell, «When Will the Gift of Prophecy Cease?», p. 171..» Il s’appuie sur le texte d’Éphésiens 2.20, affirmant que les fondements de l’Église universelle ne peuvent être posés qu’une seule fois. Une fois que cela est fait, le don de prophétie n’est plus un élément nécessaire. Il affirme: «Une fois l’Église établie, ce don cesse d’exister 212Ibid, p. 189. Voir son développement pp. 185-191.DDP 91.2

    Un deuxième passage du Nouveau Testament est cité pour aller dans ce sens, à savoir 1 Corinthiens 13.813 qui évoque la fin des prophéties une fois que la perfection est atteinte. Farnell comprend cette perfection comme la maturité qui passe par différents stades, «jusqu’à ce que la maturité totale soit atteinte lors de la deuxième venue du Christ». Un certain niveau de maturité fut atteint avec la constitution du canon du Nouveau Testament. Ainsi, le don de prophétie cessa d’exister. «Le don de prophétie, ainsi que le don des langues et le don de la connaissance, étaient des dons temporaires qui ne sont plus d’actualité 213Ibid., p. 195. Voir aussi pp. 191-195.DDP 91.3

    Outre les textes bibliques, Farnell mentionne deux raisons théologiques pour lesquelles, selon lui, le don de prophétie a cessé d’exister. La première est le fait que le don de prophétie est miraculeux et doit être infaillible, à savoir absolument sans défaut quel qu’il soit. Si ce n’est pas le cas, il ne s’agit pas d’un véritable don de prophétie. «Il semblerait raisonnable de penser qu’aucun être humain affirmant avoir le don de prophétie ne pourrait revendiquer une telle perfection et une précision absolue dans le domaine surnaturel et miraculeux, ce qui est la caractéristique des véritables prophètes bibliques 214Ibid, p. 200..» Ainsi, le don de prophétie a disparu. Le deuxième argument provient de l’analogie qu’il fait entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Le don de prophétie a cessé d’exister lorsque le dernier livre de l’Ancien Testament a été écrit. À la fin de la constitution du canon du Nouveau Testament, les prophéties du Nouveau Testament ont pris fin. Cette position est soutenue par R. Thomas, qui est cité par Farnell.DDP 91.4

    «Le don de prophétie est devenu obsolète avec la rédaction du dernier livre du Nouveau Testament. Une condamnation sévère est annoncée pour tous ceux qui voudraient ajouter des prophéties à l’Apocalypse (Apocalypse 22.18). Les événements du livre de l’Apocalypse allant de l’époque où il fut rédigé par Jean jusqu’à l’éternité, toute prétendue prophétie faisant suite à l’Apocalypse est contrefaite 215Thomas, p. 95.. »DDP 91.5

    Cependant, en tant que dispensationaliste, Thomas revient sur sa position et parle aussi de prophéties dans le futur. «À l’avenir, les prophètes veilleront sur le peuple d’Israël et le monde en général pendant la période de la tribulation, après l’enlèvement de l’Église (Joël 2.28) 216Ibid..» Il s’agit d’un nouveau type de prophètes, ceux-ci n’étant plus liés à l’Église qui ne sera plus sur la terre.DDP 92.1

    Même si on peut comprendre le malaise de Farnell au sujet des prophètes charismatiques modernes, ses arguments bibliques semblent légers et infondés 217Dans le texte d’Éphésiens 2.20, il n’est pas question de la durée du don de prophétie, et le fait de conclure qu’il n’est important que pour la création de l’Église le limite de façon excessive. Ce n’était pas l’intention de Dieu à propos de ce don. L’argument de la maturité (1 Corinthiens 13.8-13) pose problème : Pourquoi la question de la maturité serait-elle associée à la constitution du canon biblique et non à d’autres périodes de l’histoire de l’Église ? Le texte ne semble pas évoquer de marqueur temporel. De plus, il convient de se demander ce que Paul voulait dire en parlant de teleion et s’il ne faut pas le comprendre dans un contexte plus large, celui d’1 Corinthiens 15, qui aborde la résurrection dans le contexte de la parousie du Christ. L’argument de la nature miraculeuse des prophéties, probablement basé sur le concept de l’inerrance, est une question de probabilité. On peut se demander si cela put se produire dans le passé. Le dernier argument basé sur une analogie est également discutable.. Par exemple, un grand nombre de personnes comprennent le texte d’1 Corinthiens 13.8-12 à la lumière de la future résurrection et de la transformation finale 218Voir Pheme Perkins, First Corinthians, Paideia Commentaries on the New Testament (Grand Rapids : Baker Academic, 2012), pp. 154, 155., de la seconde venue du Christ 219P. 656, Ciampa déclare : «Cependant, le contexte (notamment le verset 12) établit clairement que, selon Paul, les dons disparaîtront au moment où nous verrons le Seigneur face à face et où nous le connaîtrons comme nous sommes connus., de l’achèvement 220Voir Ciampa, pp. 653, 655. Garland écrit, pp. 622, 623 : «Le mot «parfait» renvoie à la situation faisant suite à la parousie. [...] Paul utilise le verbe ɛλ0ɛîv (elthein) dans Galates 4.4 pour faire référence au temps opportun. Ici, l’usage des temps futurs, la disparation de ce qui est partiel pour faire place à ce qui est accompli, et le fait que nous connaîtrons Dieu comme il nous connaît - tout ceci évoque la fin des temps. [.] Ce qui est parfait évoque la transformation de toutes choses. », du monde futur 221Hans Conzelmann, 1 Corinthians, Hermeneia - A Critical and Historical Commentary on the Bible (Minneapolis : Fortress, 1975), p. 226. ou de toute autre manière dont on peut décrire la fin des temps. A. Thiselton craint que, dans le cadre de la discussion sur la permanence et la disparition des dons spirituels, le point essentiel de Paul soit négligé. Il semble vouloir apaiser le débat en soulignant que le texte ne doit pas être surinterprété 222 Anthony C. Thiselton, The First Epistle to the Corinthians, The New International Greek Testament Commentary (Grand Rapids : Eerdmans, 2000) ; l’auteur déclare : «Ces versets ne doivent pas être utilisés de façon polémique par l’une ou l’autre des parties dans ce débat. Ce qui est clair, c’est que les dons cesseront à la fin des temps. Il est donc naturel de penser qu’ils existeront jusque-là. [...] Mais cette supposition n’est pas une déclaration explicite.» (1064).DDP 92.2

    Ceux qui se prononcent en faveur de la permanence du don de prophétie (et/ ou de tous les dons spirituels) peuvent adopter deux approches. L’une de ces approches est plus pragmatique, et l’autre plus biblique.DDP 92.3

    Se basant sur l’histoire de l’Église catholique et de personnes dont on estime qu’elles avaient le don de prophétie telles que Julienne de Norwich et Ignace de Loyola, Fisichella affirme ceci : «Les prophètes et le don de prophétie ne peuvent être cantonnés à la période de l’Église primitive ; ils sont toujours présents dans l’Église et ils ont un rôle permanent et significatif pour l’Église 223Fisichella, p. 795.. »DDP 93.1

    Hvidt adopte une approche théologique :DDP 93.2

    «Concernant les conditions préalables aux prophéties chrétiennes, on peut donc dire que les prophéties - dans leur aspect pratique - ne peuvent dévoiler quoi que ce soit de nouveau concernant la révélation en Christ, et qu’elles ne peuvent absolument pas aller à l’encontre des Écritures. D’un autre côté, sur un plan formel, les prophéties et les révélations prophétiques peuvent avoir une importance capitale pour la réalisation de la révélation dans l’histoire. Par conséquent, dans leur essence, les prophéties ainsi perçues sont une actualisation inspirée de la révélation et adaptée à chaque époque de l’histoire 224Hvidt, p. 154. Il évoque également «le caractère kairologique de la prophétie », ce qui signifie que «la prophétie est toujours une parole pour le kairos - pour l’époque spécifique du prophète. (p. 1°6)». »DDP 93.3

    Il poursuit en montrant que les théologiens catholiques «utilisèrent les révélations prophétiques pour justifier certaines explications des Écritures, alors que certains passages pouvaient être compris différemment». Des théologiens bien connus comme Bonaventure et Aquinas «utilisèrent les messages de mystiques prophétiques connus pour arbitrer des querelles théologiques concernant la procession de l’Esprit du Père et du Fils, la vénération d’images religieuses, et [.] la théologie des sacrements 225Hvidt, p. 155.».DDP 93.4

    Les évangéliques, et plus particulièrement les adventistes, se fondent directement sur les Écritures. Au sujet du texte d’1 Corinthiens 13.8-12, Garland souligne ceci : «Paul ne veut pas dire que les dons spirituels ne dureront pas jusqu’à la parousie. Ils sont une réalité dans le présent, mais ils ne perdureront pas après la fin 226Garland, p. 626.». Dans son livre intitulé A Pauline Theology of Charismata, Schatzmann consacre une partie entière à «La permanence ou le caractère temporaire des dons spirituels 227Schatzmann, pp. 77-82.». Il montre que les bases exégétiques justifiant l’affirmation selon laquelle les dons spirituels ont disparu à la fin de la période apostolique et la constitution du canon sont très faibles 228P. 78, il déclare : «Cet auteur considère que, étant donné la non-existence virtuelle d’éléments exégétiques prouvant le contraire, l’argument en faveur du caractère temporaire des dons spirituels devrait être écarté ad acta.» Après avoir étudié la question de l’existence des dons spirituels dans l’Église après la constitution du canon, Schatzmann aborde une deuxième question concernant les individus. Lorsqu’un individu reçoit un don spirituel spécifique, ce don lui est-il accordé de façon permanente? En prenant l’exemple de Paul, il arrive à la conclusion que sur le plan individuel, on peut parler à la fois de permanence et de caractère temporaire de ce don. Cela concerne aussi l’Église (p. 79). Pour conclure cette partie, il affirme : «La question du caractère permanent ou temporaire des dons spirituels dans l’Église reste nécessairement hypothétique, car Paul ne l’a pas réellement abordée. Nous ne disposons pas d’éléments textuels antérieurs pour justifier l’idée que les dons spirituels ont, en partie, permis de constituer le canon des Écritures.» (p. 80).DDP 93.5

    G. Rice se prononce en faveur de la permanence des dons spirituels, se basant sur deux textes, à savoir 1 Corinthiens 1.6,7 ; 13.9,10 et Éphésiens 4.13. L’unité de la foi, la connaissance de Jésus et la maturité ne deviendront réalité qu’au retour du Christ et lors de la première résurrection (1 Corinthiens 15.53) 229Rice, p. 617..DDP 93.6

    Se basant sur 1 Corinthiens 13.8,10, J. Mager conclut que le don de prophétie ne cessera pas d’exister avant l’accomplissement de la prophétie du retour du Christ 230Johannes Mager, Flamme und Wind: Gabe und Wirken desHeiligen Geistes (Hamburg : Saatkorn-Verlag, 1977).. W. Mueller se prononce également en faveur de la permanence du don de prophétie jusqu’aux temps de la fin. Il montre que, dans son conflit avec les Montanistes, l’Église primitive n’a pas été capable de citer un texte sur la fin du don de prophétie à la fin du 1er siècle. De plus, il mentionne 1 Corinthiens 14.1,39 et 1 Thessaloniciens 5.19-21 ainsi que le don de discernement pour contribuer à évaluer les déclarations prophétiques ; il commente le texte d’Apocalypse 22.18,19 et enfin, il cite Joël 2.28-32 pour montrer qu’il y aura une activité prophétique jusqu’à la fin des temps 231Wilhelm Mueller, Der Heilige Geist und die geistlichen Gaben (Hamburg : Advent-Verlag, 1970)..DDP 94.1

    Ainsi, combien de temps le don de prophétie demeurera-t-il dans l’Église? Comme cela a déjà été dit, cette question n’est pas abordée directement dans les Écritures. Nous ne disposons que d’éléments indirects. Voici quelques arguments en faveur de la permanence du don de prophétie jusqu’au retour du Christ.DDP 94.2

    1. Les dons spirituels sont essentiels pour que l’Église puisse former un corps. La fin des dons spirituels entraînerait une désintégration du corps du Christ sur la terre.DDP 94.3

    2. La fin de certains dons spirituels ne peut être démontrée par les Écritures, pas même avec le texte d’1 Corinthiens 13. Le contexte montre que la fin des dons spirituels surviendra lors de la parousie et de la résurrection. Cela ne signifie pas que tous les dons doivent être présents et mis en pratique de la même façon au cours de l’histoire de l’Église. Seul Dieu dans sa souveraineté peut non seulement déterminer quels dons les individus peuvent recevoir, mais aussi à quelle fréquence et dans quelle mesure des dons spécifiques sont accordés.DDP 94.4

    3. Les dons les plus importants, dont fait partie le don de prophétie, sont essentiels pour bâtir le corps du Christ (Ephésiens 4.11,12) et atteindre le but qui est de parvenir à l>unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l>état de l>homme adulte, à la mesure de la stature parfaite du Christ (verset 13). L’unité, la maturité et la mesure parfaite ont une dimension présente, mais c’est du retour du Christ qu’il est question dans ce texte. «La triple description du verset 13 est une allusion à l’objectif ultime du peuple de Dieu à la fin des temps 232O’Brien, p. 308. Voir aussi pp. 305-308.. »DDP 94.5

    4. La prophétie de Joël (2.28-31) sur l’effusion du Saint-Esprit et le renouvellement du don de prophétie a été partiellement accomplie à la Pentecôte, quand le Saint-Esprit fut accordé aux personnes présentes (Actes 2.14-21,32,33). Cependant, le jour du Seigneur grand et redoutable mentionné dans Joël est associé de façon particulière au retour du Christ. Ainsi, cette prophétie devrait s’accomplir de nouveau avant le retour du Christ 233John B. Polhill, Acts, The New American Commentary (Nashville : Broadman, 1992), p. 110. L’auteur écrit au sujet du textes d’Actes 2.19: «Quoi qu’il en soit, les signes évoqués au verset 19 relèvent d’un langage apocalyptique et font certainement référence aux événements cosmiques de la fin précédant la Parousie.».DDP 95.1

    5. Jésus a annoncé que des faux prophètes surviendraient après son ascension et avant son retour (Matthieu 24.11,24). Cependant, il n’a pas parlé des prophètes en général. Manifestement, le problème consiste à faire la distinction entre les faux prophètes et les véritables prophètes. Rien ne semble laisser penser que Dieu n’enverrait plus de véritables prophètes. Dans le chapitre précédent, il avait promis d’envoyer des prophètes (Matthieu 23.34). Ici, il met en garde contre les faux prophètes. Cela reflète quelle était la situation au 1er siècle 234Voir Leon Morris, The Gospel According to Matthew, The Pillar New Testament Commentary (Grand Rapids : Eerdmans, 1992), p. 600 ; Charles H. Talbert, Matthew, Paideia Commentary on the New Testament (Grand Rapids: Baker Academic, 2010), pp. 266, 267; Craig A. Evans, Matthew, The New Cambridge Bible Commentary (Cambridge : Cambridge University Press, 2011), p. 404. et ce qui devrait se produire à nouveau avant son retour. Étant donné qu’il y a une réelle confrontation entre Jésus-Christ et les faux christs qui s’efforcent de l’imiter, on peut penser que les croyants sont appelés à choisir entre les faux prophètes et les véritables prophètes. Le danger est que même les croyants peuvent être trompés, ce qui a du sens s’ils doivent choisir et ne peuvent rejeter tous les prophètes. R. T. France déclare ceci : «Après tout, la raison pour laquelle les faux prophètes peuvent passer pour des «moutons» est certainement que les prophéties véritables sont un phénomène familier et bienvenu dans l’Église 235R. T France, The Gospel of Matthew, The New International Commentary on the New Testament (Grand Rapids : Eerdmans, 2007), p. 290. P. 298, il souligne : «La revendication d’une autorité plus grande concernant les soi-disant prophéties (et donc reçues directement de Dieu) rendait les faux prophètes encore plus dangereux.» Voir aussi pp. 916, 917.. »DDP 95.2

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