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Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique - Contents
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    Qui sont les prophètes de l’Ancien Testament 16Pour plus de détails sur la façon dont ces remarques peuvent s’appliquer à Ellen G. White, voir mon article «The Phenomenon of Prophecy and Role of Prophets in the Old Testament Compared With the Ministry of Ellen G. White», dans Ellen White Current Issues Symposium 7 (2011), vol. 6, p. 38. Il propose un aperçu général du rôle des prophètes et une comparaison avec le ministère d’Ellen G. White que nous, adventistes du septième jour, considérons comme un prophète. Voir aussi la croyance fondamentale n°18 des adventistes du septième jour, dans Seventh-day Adventists Believe : An Exposition of the Fundamental Beliefs of the Seventh-day Adventist Church, 2nd ed. (Noise, Idaho : Pacific Press, 2005), pp. 247-261. ?

    Le don de prophétie est identifiable sous ses différentes formes dans le ministère des prophètes de l’Ancien Testament, montrant qui sont les prophètes, quel est leur rôle, et permettant de définir la nature du phénomène prophétique.DDP 19.3

    1 - Un prophète est une personne appelée par Dieu

    Un prophète est une personne qui était appelée par Dieu lui-même à exercer un ministère prophétique. La fonction de prêtre et celle de roi étaient héréditaires, mais il fallait être appelé par Dieu pour devenir prophète. Les prophètes ont des caractéristiques spécifiques, différentes de celles des rois, des prêtres ou des sages. De nombreux récits relatent de quelle façon les prophètes étaient appelés (voir par exemple l’appel de Moïse [Exode 3], de Samuel [1 Samuel 3], d’Ésaïe [Ésaïe 6], de Jérémie [Jérémie 1] et d’Ézéchiel [Ézéchiel 1-3]). Le fait qu’ils étaient appelés confère une autorité aux prophètes, et c’est un signe distinctif permettant de devenir prophète.DDP 20.1

    2 - Un prophète est un porte-parole de Dieu

    Les prophètes sont les porte-parole de Dieu. Leur rôle essentiel consiste à parler de la part de Dieu. Il est clairement expliqué dans Exode 4 et 7 que Moïse allait agir comme Dieu (‘ēlōhîm) avec le Pharaon, et qu’Aaron serait le prophète de Moïse (nābî’), ce qui signifie que la tâche d’Aaron consisterait à dire au Pharaon ce que Moïse lui dirait. Aaron serait l’intermédiaire et le messager annonçant les paroles de Dieu. Ainsi, Dieu appelle ses prophètes à annoncer ses paroles : Le Seigneur dit à Moïse : Regarde, je te fais dieu pour le Pharaon ; Aaron, ton frère, sera ton prophète. Toi, tu diras tout ce que je t’ordonnerai ; Aaron, ton frère, le dira au Pharaon, pour qu’il laisse partir de son pays les Israélites. (Exode 7.1,2.) Tu lui parleras et tu mettras les paroles dans sa bouche ; moi, je serai avec ta bouche et avec sa bouche, et je vous enseignerai ce que vous devrez faire. Il parlera pour toi au peuple ; il sera ta bouche, et tu seras son dieu. (Exode 4.15,16.)DDP 20.2

    Un prophète est donc «la bouche» de Dieu, son orateur (Jérémie 15.19). Un prophète est un porte-parole accrédité et ayant de l’autorité, appelé par Dieu lui-même.DDP 20.3

    C’est un nābî’ (un mot que l’on trouve 309 fois dans la Bible hébraïque), autrement dit un prophète. Les biblistes ne sont pas tous d’accord sur le sens de ce terme. On peut l’interpréter de deux façons : 1) Ce terme dérive du mot akkadien nabu (il s’agit d’une langue qui était utilisée avant l’hébreu) qui signifie «être appelé », «celui qui est appelé », ou du mot nabitu qui signifie «l’appelé» (par les dieux); ainsi, nābî’ signifierait «celui qui est appelé à effectuer une certaine tâche» 17Petersen, p. 6 ; Lundbom, p. 9.. 2) Le mot nābî’ vient du verbe hébreu nāba’, dont la racine signifie «parler», «prophétiser». Westermann affirme que l’expression prophétique «Ainsi parle le Seigneur» est caractéristique des messagers des rois de Mari 18 Claus Westermann, Basic Forms of Prophetic Speech (Philadelplia: Westminster, 1967), pp. 98-128.. Ainsi, les prophètes parlent de la part de Dieu. Nous pouvons considérer que ces deux significations sont complémentaires et qu’un prophète est une personne appelée par Dieu et autorisée par lui à être un porte-parole dont la tâche consiste à communiquer la révélation de Dieu. Par conséquent, «Dieu parlait à Israël par l’intermédiaire des prophètes 19Petersen, p. 2.».DDP 20.4

    Abraham Heschel corrige à juste titre une mauvaise compréhension de l’opinion couramment répandue selon laquelle les prophètes sont «la bouche» de Dieu. «Les prophètes ne sont pas uniquement des porte-parole, mais des personnes ; pas des instruments, mais des partenaires, des associés de Dieu 20Abraham J. Heschel, The Prophets: An Introduction, vol. 1 (New York: Harper and Row, 1962), p. 25..» Les prophètes ne sont pas des spectateurs, mais des acteurs. Ils sont personnellement engagés, impliqués, investis dans leur mission, à savoir la mission de Dieu. Les prophètes transmettent leurs messages en tant qu’acteurs, comme Osée par exemple (Osée 1.2), Ésaïe (Ésaïe 20.2-4), Michée (Michée 1.8) ou Ézéchiel qui accomplit douze actions symboliques (Ézéchiel 3.26,27 ; 4.1- 17 ; 5.1-4 ; 12.1-6 ; 12.17-20 ; 21.6,7 ; 21.18-23 ; 24.15-26 ; 37.15-23).DDP 21.1

    Le texte de Nombres 12.6-8 explique clairement quelle est l’autorité des prophètes en faisant une comparaison avec le ministère de Moïse. Dieu lui- même parle : Il dit: Écoutez mes paroles, je vous prie ! S’il y a parmi vous un prophète du Seigneur, c’est dans une vision que je me ferai connaître à lui, c’est dans un rêve que je lui parlerai. Il n’en est pas ainsi de Moïse, mon serviteur. Il est l’homme de confiance pour toute ma maison. Je lui parle de vive voix, en vision, mais sans énigmes, et il contemple la forme même du Seigneur. Pourquoi donc n’avez-vous pas craint de parler contre Moïse, mon serviteur ? Moïse est un prophète par excellence et il est la norme pour tous les prophètes qui suivront. «Toutes les déclarations prophétiques devaient être évaluées en fonction des révélations faites par Dieu à Moïse 21VanGemeren, p. 38..» Il reçut le titre de prophète parce que 1) Dieu communiquait avec lui comme s’il était son ami (Exode 33.11 ; Deutéronome 34.10); 2) Il était son fidèle serviteur, on l’appelait le serviteur du Seigneur (Exode 14.31 ; Nombres 12.7,8; Deutéronome 34.5; Josué 1.1,2; comparez avec Hébreux 3.2,5); 3) Il accomplissait des actes extraordinaires, des signes et des miracles (Deutéronome 34.11,12); 4) Il fut le médiateur de l’alliance au mont Sinaï (Exode 19.3-8 ; 20.18-20 ; 24.3-8) ; 5) Il fut à l’origine du développement de l’Église de l’Ancien Testament après l’Exode, Israël devenant une nation ; 6) Il exerça plusieurs fonctions que Dieu lui confia - il joua son rôle de responsable grâce à ses paroles et à ses écrits. Ainsi, tous les prophètes qui le suivirent furent comparés à lui. Son ministère devint la norme, et les gens attendaient «des prophètes tels que Moïse». Le texte de Deutéronome 18.15 fait allusion à cette espérance messianique : Le Seigneur, ton Dieu, suscitera pour toi, de ton propre sein, d’entre tes frères, un prophète comme moi : vous l’écouterez !DDP 21.2

    Samuel et Élie étaient également considérés comme des prophètes ayant un statut particulier (Jérémie 15.1 ; 2 Chroniques 35.18; Malachie 4.5), même s’ils n’écrivirent pas de livre. Ils étaient des exemples et ils exercèrent leur fonction sans faire d’erreur, à une époque de crise hors du commun. Samuel défendit la théocratie et encouragea les deux premiers rois d’Israël à faire la volonté de Dieu. Élie fit preuve d’une fidélité extraordinaire au mont Carmel quand il s’opposa aux 850 faux prophètes de Baal et Ashéra et encouragea la nation entière à servir le Seigneur (voir 1 Rois 18.16-46) 22Willem VanGemeren insiste sur le rôle particulier de Moïse, Samuel et Élie dans le développement de la fonction de prophète en Israël. Il affirme que Moïse occupe une place toute particulière en tant que serviteur du Seigneur, médiateur et intercesseur de l’alliance, que Samuel est un exemple dans la mesure où il défendit la théocratie, et qu’Élie voulut protéger l’alliance et se battit pour le Seigneur sur le mont Carmel. Voir VanGemeren, pp. 27-39..DDP 22.1

    Un prophète est une voix (qol) dans le désert (Ésaïe 40.3 ; Marc 1.3), un messager (mal’ak) de Dieu (Malachie 3.1; Matthieu 3.1-4; voir aussi Malachie 2.7). Gary V. Smith le souligne parfaitement : «Les récits écrits des prophètes nous montrent qu’il s’agit de personnes normales, prêchant à des auditoires variés dans des contextes très différents. Tous ont répondu à l’appel de Dieu en proclamant un message pouvant transformer la vie des gens et les incitant à réévaluer la façon dont ils concevaient les événements se déroulant dans le monde. [...] Ils se considéraient comme des messagers communiquant les paroles de Dieu à un auditoire qui avait besoin de l’amour, de la sagesse, de la puissance et de la grâce de Dieu 23Gary V Wmith, An Introduction to the Hebrew Prophets : The Prophets as Preachers (Nashville : Broadman and Holman Publishers, 1994), p. 330..» Abraham Heschel explique ceci : «Les prophètes affirment être bien plus que des messagers. Ils se tiennent dans la présence de Dieu (Jérémie 15.19), ils assistent au conseil secret du Seigneur (Jérémie 23.18), ils participent à ce conseil ; ils ne sont pas uniquement les porteurs de messages dont la fonction consiste à se rendre ici ou là. Ils sont des conseillers en plus d’être des messagers 24Heschel, p. 21.» Grudem écrit à juste titre : «Le rôle principal des prophètes de l’Ancien Testament était d’être des messagers de Dieu, envoyés pour adresser aux hommes et aux femmes les paroles de Dieu 25Grudem, p. 21.DDP 22.2

    3 - Un prophète proclame la Parole divine

    Les prophètes utilisent souvent certaines expressions spécifiques : Ainsi parle le Seigneur (Ésaïe 45.1 ; 49.8; Jérémie 18.13 ; 29.10); Le Seigneur me dit (Ésaie 8.1; Osée 3.1); Ainsi m’a parlé le Seigneur (Ésaïe 8.11); Ainsi parle le Seigneur Dieu (Ézéchiel 6.11; 7.5; Abdias 1); La parole du Seigneur s’adressa à moi (Jérémie 1.4,13 ; 2.1 ; Ézéchiel 6.1) ; Oracle du Seigneur (Jérémie 3.20 ; 4.1; 8.1; Aggée 1.13); La parole du Seigneur fut adressée à [suit le nom d’un prophète] (1 Rois 16.1 ; Osée 1.1; Joël 1.1; Jonas 1.1; Michée 1.1; Sophonie 1.1 , Zacharie 1.1); Un homme de Dieu vint sur une parole du Seigneur (1 Rois 13.1) ; et ainsi de suite. Les prophètes proclament les paroles de Dieu parce que Dieu les leur a révélées (Amos 7.15,16). Ainsi, cela leur confère la plus haute autorité 26Les prophètes hébreux fidèles n’ont pas recours à la divination ou à la magie, ils y sont même totalement opposés (voir Exode 8.18,19 ; Nombres 23.23 ; Ézéchiel 13.1-23). Pour en savoir plus sur les pratiques et la manipulation des faux prophètes, voir VanGemeren, pp. 21-23.. Les secrets (sod) de Dieu leur sont révélés (Amos 3.7 ; Genèse 18.17) . Ils voyaient Dieu et ils le rencontraient personnellement (1 Rois 17.2 ; 18.15; Ésaïe 6.1-9; Jérémie 1.4-10; Ézéchiel 1.28 ; Daniel 7.9,10,13,14; Amos 9.1) . Ils étaient son porte-parole, ils parlaient au nom de Dieu à son peuple et parfois même aux autres nations (voir les oracles des prophètes contre les nations étrangères dans Ésaïe 13-23 ; Jérémie 46-51 ; Ézéchiel 25-32 ; Amos 1 et 2; ou la mission de Jonas auprès des Ninivites dans Jonas 4 ; voir aussi le voyage de Seraya à Babylone avec un message de Jérémie dans Jérémie 51.59-64). Ils étaient en charge des paroles de Dieu 27Les paroles d’un prophète peuvent être accompagnées d’actions marquantes (2 Rois 13.15-17 ; Ézéchiel 4.1-5.4), même si les paroles sont suffisantes (Ésaïe 55.10,11 ; Jérémie 23.29). Parfois, il y avait également de la musique (voir 1 Samuel 10.5,6,10 ; 2 Rois 3.15)..DDP 23.1

    Par l’intermédiaire des prophètes, le Dieu invisible devient audible. Les prophètes rendent la présence de Dieu plus réelle. Ils affirment avoir été en la présence de Dieu. Samuel Meier déclare que «seuls les prophètes affirment s’être tenus en la présence de Dieu 28Meier, p. 19.». Abraham Heschel souligne que la tâche des prophètes consistait à amener le peuple en la présence de Dieu. Ils «ne pouvaient pas utiliser le langage de l’essence ; ils devaient utiliser le langage de la présence. Ils n’essayaient pas de le décrire ; ils essayaient de le présenter, de le rendre présent. Pour cela, seuls des mots forts et intenses pouvaient être utiles, les termes abstraits ne l’étaient pas 29 Abraham J. Eschel, The Prophets, vol. 2 (New York: Harper and Row, 1962), p. 55.».DDP 23.2

    L’autorité d’un prophète vient de Dieu, de sa révélation et de ses paroles. La fonction prophétique ne peut s’acheter ni être reçue en héritage, elle est donnée par Dieu. Si un prophète est appelé par Dieu - comme le fut Moïse - ses paroles font autorité et doivent être respectées. Lorsqu’un prophète parle, c’est comme si Dieu parlait parce que le prophète proclame ses paroles et non les siennes (voir 2 Pierre 1.19-21). Le texte de Deutéronome 18.17-19 explique pourquoi un prophète a de l’autorité et doit être respecté : Alors le Seigneur me dit : Ils ont bien fait de dire cela. C’est un prophète comme toi que je leur susciterai du milieu de leurs frères ; je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai. Et si quelqu’un n’écoute pas mes paroles, celles que le prophète aura dites en mon nom, alors moi-même je lui en demanderai compte. Grudem affirme à juste titre que les paroles des prophètes sont empreintes d’une grande autorité : «Nous pouvons faire totalement confiance aux paroles de l’Ancien Testament et lorsque les instructions s’appliquent à nous aujourd’hui, nous devrions les mettre en pratique car ces instructions viennent de Dieu 30Grudem, p. 26.. »DDP 23.3

    La proclamation des paroles de Dieu est essentielle car cela permet d’exercer un contrôle sur le don de prophétie. L’orthodoxie et l’authenticité d’un prophète peuvent être établies et confirmées en étudiant ce qu’il dit (Ésaïe 8.19,20). Cela permet d’équilibrer la dimension spirituelle et visionnaire d’un prophète, car tout le monde peut affirmer avoir reçu une révélation et un message de la part de Dieu. Les paroles d’un prophète sont tangibles, elles peuvent être évaluées et jugées de façon à vérifier si elles sont en harmonie ou en contradiction avec les directives des révélations précédentes de Dieu.DDP 24.1

    Le texte de Deutéronome 13.2-5 évoque la nécessité de s’assurer de la crédibilité et de l’authenticité du message des prophètes : S’il surgit au milieu de toi un prophète ou un visionnaire - même s’il t’annonce un signe ou un prodige, et que le signe ou le prodige qu’il t’avait promis se réalise -, s’il dit: Suivons et servons d’autres dieux, des dieux que tu ne connais pas, tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète ou les visions de ce visionnaire ; car c’est le Seigneur votre Dieu qui vous éprouvera de cette manière pour savoir si vous êtes des gens qui aimez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de tout votre être. C’est le Seigneur votre Dieu que vous suivrez, c’est lui que vous craindrez, ce sont ses commandements que vous garderez, c’est sa voix que vous écouterez, c’est lui que vous servirez, c’est à lui que vous vous attacherez.DDP 24.2

    Il est important de comprendre que même les faux prophètes peuvent accomplir des miracles et que des prophètes faisant des choses extraordinaires peuvent égarer le peuple. Les actes étonnants et les miracles ne sont pas la preuve de la fiabilité et de l’authenticité d’une prophétie ou de l’enseignement d’un prophète. «Ainsi, il est impossible qu’un véritable prophète de la Bible proclame un message faisant l’éloge d’autres dieux et de leur culte 31Williams, p. 31..» «Les signes et les miracles qu’un prophète accomplit sont secondaires par rapport au message qu’il proclame 32Ibid., p. 17..» «Une personne qui est capable d’annoncer un signe ou un miracle n’est pas nécessairement un prophète. Si le message que cette personne proclame encourage son auditoire à faire preuve de fidélité et d’obéissance à Dieu et aux Écritures, alors seulement ce signe ou ce miracle peut être considéré comme étant légitime33Ibid, p. 18.. »DDP 24.3

    Le principe est donc clair : le message prophétique doit être en harmonie avec les révélations précédentes de Dieu et avec sa loi. Le nouveau message ne doit pas être en contradiction avec les principes essentiels enseignés par d’autres prophètes. Le don de l’Esprit n’est pas un signe authentique de la vérité, seul le fruit de l’Esprit l’est: Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : «Seigneur ! Seigneur !» qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Beaucoup me diront en ce jour-là : «Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas par ton nom que nous avons parlé en prophètes, par ton nom que nous avons chassé des démons, par ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ?» Alors je leur déclarerai : «Je ne vous ai jamais connus ; éloignez-vous de moi, vous qui faites le mal !» (Matthieu 7.21-23.)DDP 25.1

    Grudem souligne que, dans l’Ancien Testament, «chaque prophète est jugé ou évalué, mais pas les différentes parties de chaque prophétie34Grudem, p. 24.». Cela signifie que «lorsqu’un prophète parlait au nom du Seigneur, si une seule de ses prophéties ne se réalisait pas, il s’agissait d’un faux prophète (Deutéronome 18.22) 35Ibid., p. 24. Pour en savoir plus sur le sujet de la dimension inconditionnelle des prophéties, voir la partie intitulée «Conditionnalité de la voix prophétique».». Le personnage de Samuel fut évalué, ainsi que son message dans son intégralité (voir 1 Samuel 3.19; 9.6; Jérémie 28.8,9) et cela prévalut (1 Samuel 2.30). Les prophètes bibliques sont toujours associés de près à la loi de Dieu. La loi (en hébreu Torah, l’enseignement et les instructions de Dieu) est indissociable de leurs activités. Tout ce que les prophètes faisaient était fermement enraciné dans la Torah. Ils étaient appelés à transmettre les paroles de Dieu au peuple. Ils le guidaient vers la loi de Dieu. Ainsi, le Pentateuque est le fondement sur lequel s’appuyaient les prophètes et auquel ils se référaient36Pour approfondir le sujet de la relation entre les prophètes et la Torah, voir Seitz, pp. 55-73 ; Rolf Rendtorff, Canon and Theology (Minneapolis: Fortress Press, 1993), pp. 55-65; Gerhard von Rad, Old Testament Theology, vol. 2 (New York : SCM, 1968), pp. 2, 3..DDP 25.2

    Le principe de la transcendance de Dieu empêchait les prophètes de manipuler Dieu ou de modifier son message. L’un des exemples marquants est celui du prophète Balaam, qui ne parvenait qu’à faire des prophéties authentiques (Nombres 22.35,38; 23.11,12,25,26; 24.12,13) malgré ses efforts pour agir autrement (Nombres 24.1,2). Il prononça les plus belles bénédictions sur le peuple de Dieu (Nombres 23.18-24 ; 24.9) et fit des prophéties messianiques (Nombres 24.17-19). Cependant, il ne fut pas fidèle à l’appel qu’il avait reçu, il donna de mauvais conseils et sa vie se termina par une mort violente (Nombres 25.1,2 ; 31.8,16; Josué 13.22 ; voir 2 Pierre 2.15 ; Apocalypse 2.14).DDP 25.3

    Il est intéressant de noter que Dieu accorda des rêves prophétiques au Pharaon (Genèse 41.1-40) ou à Nabuchodonosor (voir Daniel 2 et 4), mais l’interprétation correcte de ces rêves fut donnée par des hommes de Dieu (par exemple Joseph ou Daniel) afin que le message divin ne soit pas altéré et confondu avec des paroles relevant de la magie ou de la divination. Les paroles et le contenu du message de Dieu sont plus importants que la façon de les transmettre. Ainsi, les symboles inhabituels des visions apocalyptiques des livres prophétiques d’Ézéchiel, Daniel et Zacharie nécessitent une démarche cognitive minutieuse afin de comprendre la signification du message de l’Ancien Testament.DDP 26.1

    4 - Un prophète présente une image juste de Dieu

    La tâche principale d’un prophète consistait à présenter une image juste de Dieu. Les prophètes proposent une image de Dieu dans le contexte du grand conflit entre le bien et le mal. Il ne s’agit pas pour les prophètes de donner une image sentimentale de Dieu, ni de le décrire comme un Dieu distant, cruel, tyrannique ou capricieux. Ils ne sont pas non plus appelés à présenter le Dieu des philosophes, à savoir un Dieu idéaliste, passif et non historique. Les prophètes montrent que Dieu est un Dieu vivant, désireux d’entretenir une relation avec ses créatures, qui souffre avec elles et qui intervient. Déjà dans le jardin d’Éden, Satan essaya de donner une image erronée du caractère de Dieu et de faire de lui un monstre (Genèse 3.1-5) 37Voir mon article intitulé «The Nature and Definition of Sin : A Practical Study of Genesis 3.1-6», publié dans The Word of God for the People of God : A Tribute to the Ministry of Jack J. Blanco, ed. Ron du Preez, Philip Samaan, Ron Clouzet (Collegedale, Tenn. : School of Religion, Southern Adventist University, 2004), pp. 289-306.. Le rôle principal des prophètes consistait à restaurer la véritable image de Dieu, car le peuple périt faute de connaissance (Osée 4.1,6 ; 5.1). Oswalt déclare avec pertinence que «la compréhension qu’ont les prophètes de Dieu, de l’humanité et du monde d’une part, du sens et du but de l’expérience chrétienne d’autre part, et enfin de la réalité, est unique38Oswalt, p. 84.».DDP 26.2

    Les prophètes corrigeaient l’image erronée de Dieu. Ils présentaient le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu des prophètes, le Dieu d’amour, de vérité, de justice et de liberté (Genèse 3.1-15; Exode 34.6,7). Seule une image correcte de Dieu peut susciter l’adhésion (Romains 2.4). Déjà dans la Genèse, Dieu est présenté comme Dieu le Créateur, le Juge, le Sauveur, le Souverain, le Consolateur, le Seigneur de l’histoire, le Dieu de l’alliance, le Dieu personnel. Les prophètes parlaient d’espérance et de restauration39Pour un résumé du message prophétique de l’Ancien Testament ainsi que des dix caractéristiques de la révélation de Dieu à son peuple, voir mon article intitulé «The Message of God’s people in the Old Testament», Journal of the Adventist Theological Society 19 (2008), pp. 18-39..DDP 26.3

    Certains prophètes accomplirent de grands miracles - notamment Moïse, Élie et Élisée 40Le ministère d’Élie et d’Élisée est au cœur des livres de 1 et 2 Rois, de 1 Rois 17 à 2 Rois 8. Ils accomplirent des œuvres puissantes par la grâce de Dieu et selon ses recommandations. Il ne s’agissait pas d’inventions de leur part, et ce n’était pas le signe de leur orgueil ou de leur arrogance. Le prophète Élie déclare qu’il agit au mont Carmel conformément à la volonté de Dieu et à ses instructions : Que l’on sache aujourd ‘hui que c’est toi qui es Dieu en Israël, que je suis ton serviteur et que c’est par ta parole que j’ai fait tout cela ! (1 Rois 18.36), mais d’autres non. Cependant, la tâche principale de tous les prophètes était de proclamer le message divin de façon fidèle. Le message prophétique était double. Il s’agissait de proclamer le jugement et la condamnation, mais aussi l’espérance, la restauration et le salut 41Les prophètes sont des poètes, et beaucoup de leurs écrits sont des poèmes. Ils communiquent leurs messages dans un langage riche et beau qui peut parfois sembler difficile à comprendre. Ce langage poétique incite le lecteur à utiliser toutes ses compétences pour comprendre le message exprimé en quelques mots et pour interpréter les énigmes qu’il contient. D’un autre côté, le langage poétique aidait les gens à mémoriser le message exprimé plus facilement et décrivait un Dieu merveilleux. Dieu attache de l’importance au langage et nous enseigne, par l’intermédiaire des prophètes, à l’utiliser de façon précise et belle.. Le message prophétique est clairement monothéiste et va à l’encontre de toute forme d’idolâtrie. C’est un message éthique et empreint d’une grande moralité, qui respecte Dieu et les êtres humains. Il encourage un comportement moral et responsable. La justice est une autre dimension importante du message des prophètes. Cependant, leur message principal était toujours un message de repentance et de retour vers le Seigneur (Ézéchiel 14.6; 18.30-32; 33.11 ; Osée 6.1 ; 14.1,2; Joël 2.12-14; Amos 5.4-6,14,15). Ils étaient les «gardiens de la théocratie 42Edward J. Young, My Servants the Prophets (Grand Rapids : Eerdmans, 1952), p. 82.» et voulaient que Dieu dirige la vie de tous les êtres humains et devienne leur Dieu et Seigneur.DDP 27.1

    Les prophètes parlaient du Jour du Seigneur (voir par exemple Joël 1.15; 2.1,11,31 ; 3.14; Amos 5.18; Sophonie 1.14-3.1) qui était le symbole de la seconde venue du Christ. Zimmerli souligne à juste titre qu’en de nombreuses occasions, les paroles prophétiques concernant «le jour de Yahvé [...] est interprété comme étant un événement pertinent pour le monde entier 43Walter Zimmerli, The Fiery Throne : The Prophets and Old Testament Theology (Minneapolis : Fortress Press, 2003), p. 42.».DDP 27.2

    Les véritables prophètes devaient dénoncer les croyances erronées concernant Dieu, comme le firent Élie et Daniel (1 Rois 18.18-39 ; Daniel 3.1-30 ; 7.8,24-27 ; 8. 9-26), et combattre les faux prophètes et leurs pratiques (Ézéchiel 13). Il est intéressant de noter qu’il n’y a pas de mot dans la Bible hébraïque pour décrire les faux prophètes. La Septante utilise le terme pseudoprophētēs (voir Jérémie 28.1 [= LWW 35.1]; Jérémie 29.1,8 [= LXX 36.1,8]; Zacharie 13.2), mais cette terminologie n’existe pas en hébreu. Le mot nābî est utilisé pour désigner un véritable ou un faux prophète. Leur système de croyances et leurs pratiques permettaient de les identifier comme des vrais ou des faux prophètes. C’est la raison pour laquelle en Israël, il était assez difficile de faire la distinction entre les vrais et les faux prophètes. Abraham Heschel explique ceci : «Le Dieu des philosophes est un concept dérivé d’idées abstraites ; le Dieu des prophètes est dérivé des faits et des événements 44Abraham J. Heschel, God in Search of Man : A Philosophy of Judaism (New York : Farrar, Staraus and Giroux, 1955), p. 213..» Quand les prophètes pratiquaient la magie ou la divination (Ésaïe 9.19 ; Jérémie 14.14), se tournaient vers de faux dieux et tombaient dans l’idolâtrie (Ézéchiel 8.6-18 ; 14.3-8 ; 20.30-44), leur moralité était douteuse (Jérémie 23.14), ils prédisaient des choses qui ne se produisaient pas (Jérémie 28.2-4,10,11,15-17) ou égaraient le peuple (Deutéronome 13.2; 18.20; Jérémie 2.8). Ainsi, ils étaient identifiés comme des serviteurs infidèles.DDP 27.3

    5 - Un prophète interprète l’histoire

    Quand je pose la question: «Selon vous, qu’est-ce qu’un prophète?», beaucoup de gens répondent qu’un prophète est une personne qui prédit les événements à venir. Cette réponse est partiellement vraie, car les prophètes peuvent prédire l’avenir, mais contrairement aux idées reçues, prédire le futur était généralement une tâche mineure (à l’exception du prophète apocalyptique Daniel). Le mot «prophète» est dérivé du terme grec prophetētēs, qui signifie littéralement «prédire». Cependant, cette approche est réductrice et partiellement fausse, car les prophètes prédisaient rarement l’avenir. C’était une partie minime de leur fonction.DDP 28.1

    Il est intéressant de noter que le canon hébraïque place dans la partie prophétique de l’Ancien Testament des livres qui, dans le canon chrétien, font partie des livres historiques. Le canon hébraïque est composé de trois sections : 1) le Pentateuque ; 2) les prophètes - a) les premiers prophètes : Josué, Juges, 1 et 2 Samuel, 1 et 2 Rois (qui, dans notre canon, font partie des «livres historiques») ; et b) les prophètes suivants : Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel et les prophètes mineurs ; et 3) les écrits qui comportent les livres de sagesse et le reste des livres historiques.DDP 28.2

    Ainsi, d’après le canon hébraïque, les prophètes interprètent l’histoire. Ils le font selon la perspective de Dieu. Il n’y a pas de prophétie - ni de vie, d’ailleurs - sans mémoire ! Le rôle premier des prophètes bibliques ne consiste pas à satisfaire notre curiosité concernant l’avenir. Petersen mentionne que «les prophètes sont présentés comme des historiens 45Petersen, p. 2.». Redditt affirme que «la grande majorité des prophètes proposent des explications au sujet d’événements passés et présents, exhortent le peuple à suivre la bonne voie, encouragent les prêtres à proposer un enseignement juste et les dirigeants et les juges à rendre la justice avec droiture 46Redditt, xiii ; Seitz, p. 248.». Ils motivent plus qu’ils n’annoncent. Les prophètes interprétaient l’histoire passée afin d’aider le peuple à la comprendre et donc à faire ce qui était juste et à prendre des décisions responsables. Les prophètes encouragent l’action. Ainsi, les prophètes s’intéressent au temps dans toutes ses dimensions : ils interprètent ce qu’il s’est passé dans l’histoire, ils prédisent le futur, mais ils encouragent aussi le peuple à agir de façon éthique dans le présent.DDP 28.3

    6 - Un prophète est une personne particulièrement perspicace

    Un prophète fait preuve d’une grande lucidité dans les situations complexes. C’est la raison pour laquelle on l’appelle rō’ēh, ce qui signifie «celui qui voit» (utilisé onze fois dans la Bible). La racine hébraïque de ce nom est rā’āh, ce qui signifie «voir» ou «percevoir». Les prophètes perçoivent ce que d’autres ne voient pas (1 Samuel 9.19 ; 15.28 ; Ézéchiel 1.1 ; Amos 8.1,2 ; Jérémie 1.11-14 ; 24.3-5,8 ; Zacharie 4.2-6). Ils connaissent la volonté de Dieu dans la mesure où celui-ci la leur révèle. Ils sont des hōzēh, des visionnaires (employé seize fois dans la Bible). La racine hébraïque chāzāh signifie «voir», «admirer», «regarder intentionnellement», «avoir une vision» (Nombres 24.4; Ésaïe 1.1 ; 13.16; Amos 1.1 ; Abdias 1 ; Michée 1.1 ; Habacuc 1.1). C’est la raison pour laquelle un prophète est une personne ayant une vision, voyant la vie du point de vue de Dieu et selon sa perspective.DDP 29.1

    Cela ne signifie pas que les prophètes comprennent tout. Ils posent aussi des questions, ils doivent sonder les Écritures pour obtenir des réponses, et parfois, ils doivent apprendre à vivre avec leurs questions (Daniel 7.28 ; 8.27 ; 9.2,22,23 ; 12.8,9; Habacuc 1.2,12,13 ; 2.1-3 ; 3.2,3,16-19); «Aucun prophète ne pose autant de questions que Zacharie 47Meier, p. 40.» ; 1 Pierre 1.10-12). Les prophètes peuvent parler de certaines choses uniquement si Dieu les leur révèle. Par exemple, Élisée ne connaissait pas la cause du chagrin d’une femme (2 Rois 4.27). C’est Dieu qui révèle l’avenir aux prophètes (2 Rois 8.10,13) et les choses secrètes (2 Rois 4.27). L’expérience de Balaam est intéressante. Il ne devait révéler la parole de Dieu qu’au roi moabite Balaq (Nombres 22.35-38; 23.11,12,26; 24.12,13). Quant à Daniel, il ne comprenait pas ce que Dieu lui avait révélé (Daniel 8.27 ; 12.8). Il est intéressant de noter que les trois termes utilisés pour désigner un prophète sont utilisés dans 1 Chroniques 29.29, livre dans lequel Samuel est appelé le voyant, Nathan le prophète et Gad le visionnaire.DDP 29.2

    Du fait que les prophètes reçoivent une révélation particulière de la part de Dieu concernant le futur (le grand conflit et les détails du plan du salut), ils peuvent prédire l’avenir, généralement l’avenir proche (Jérémie 28.15-17; Ézéchiel 24.15-18; Habacuc 1.6). Parfois, les prophètes peuvent même prédire l’avenir lointain (Ésaïe 24-27 ; Ézéchiel 38; 39; Daniel 2; 7; 8; 9.24-27), alors que les faux prophètes ne sont pas capables de voir au-delà du temps présent.DDP 29.3

    En fait, les prophètes voient la signification et la portée de ce que Dieu leur révèle. Ils sont capables de comprendre la pertinence du sujet qui leur est présenté (Amos 7.7,8; 8.1,2). Cette capacité des prophètes à percevoir les implications d’un sujet montre qu’ils sont remplis de l’Esprit. Ils peuvent comprendre ce que Dieu a l’intention de faire 48Meier, p. 39, 40 ; Gowan, p. 27. Le but ultime de Dieu est le salut de l’humanité. Ainsi, un véritable prophète conduit les hommes à Christ. Ésaïe parle d’Emmanuel (Ésaïe 7.14), du Fils divin qui devait naître (Ésaïe 9.5), du Roi davidique (Ésaïe 11.1-16) et du Serviteur du Seigneur (Ésaïe 42.1-9 ; 49.1-7 ; 50.4-9 ; 52.13-53.12 ; 61.1-3). Ézéchiel fait cinq prédictions messianiques (Ézéchiel 17.22 ; 21.27 ; 29.21 ; 34.23 ; 37.24,25) 49 Walter C. Kaiser Jr., The Messiah in the Old Testament (Grand Rapids : Zondervan, 1995). Il considère qu’il y a 65 prophéties messianiques directes dans l’Ancien Testament. Voir aussi Michael Rydelnik, The Messianic Hope : Is the Hebrew Bible Really Messianic? (Nashville : B&H Publishing Group, 2010).. Williams souligne : «Tout l’Ancien Testament conduit à lui [Jésus-Christ], et tout le Nouveau Testament médite sur le sens des événements liés au Christ 50Williams, p. 8..» De plus, les prophètes parlent de royaume de Dieu à venir (Ésaïe 24-27 ; Daniel 2 et 7).DDP 30.1

    L’annonce du jugement sur les nations comme Babylone et l’Égypte faisait partie intégrante de leur tâche. Daniel évoque même les activités de la petite corne. Les prophètes prêchaient également au sujet du jugement de Dieu sur son peuple (Joël 3.14-16; Amos 5.18-24). Un prophète est une personne concernée par le passé, le présent et le futur, ce qui lui permet d’aider les gens à choisir une bonne orientation, à adopter une bonne perspective et à prendre des décisions justes. Les prophètes vont dans le sens de l’action et encouragent le peuple de Dieu à agir maintenant 51Il y a une continuité manifeste entre l’ancienne alliance et la nouvelle alliance. La Bible entière est fondée sur la grâce, l’amour et la justice de Dieu. Par exemple, Paul est-il à l’origine de l’enseignement sur la justification par la foi ? Non, car il mentionne des passages importants de l’Ancien Testament. Pour justifier sa position, il a remis à jour ce qui avait été oublié et enterré sous le poids de la tradition orale. Paul avait besoin de deux ou trois témoins des Écritures hébraïques et il justifia sa position avec des preuves bibliques : la Torah (Genèse 15.6); les prophètes (Habacuc 2.4); et les écrits (Psaumes 23.1,2). Il y a une unité théologique entre les enseignements de l’Ancien et du Nouveau Testament sur ce sujet. Le salut a toujours été un don de Dieu. Depuis Adam, les êtres humains sont justifiés par la grâce de Dieu, au moyen de la foi..DDP 30.2

    7 - Un prophète est un homme de Dieu

    Un prophète est aussi appelé ‘îs ‘ëlohîm, ce qui signifie «homme de Dieu». Cette expression est utilisée 76 fois dans l’Ancien Testament (1 Samuel 2.27 ; 9.6-10 ; 1 Rois 12.22 ; 17.24 ; 2 Rois 4.7,9 ; 1 Chroniques 23.14 ; 2 Chroniques 8.14) 52Cette expression est utilisée au sujet de Moïse, Samuel, David, Shemaia, Élie, Élisée et des prophètes inconnus.. Pourquoi cette appellation? Cette expression évoque une relation particulière entre Dieu et le prophète. Il appartient à Dieu, mais en même temps, cette formulation parle de la vie qu’il est appelé à mener. Ainsi, le prophète est un «homme saint 53Eaton, p. 2.», un homme de Dieu qui proclame les paroles de Dieu. Il est intéressant de noter que cette expression «n’est utilisée pour aucun des prophètes littéraires 54Hays, p. 26. L’expression «homme de Dieu» est aussi utilisée pour Moïse (1 Chroniques 23.14 ; Esdras 3.2) et David (Néhémie 12.24,36).».DDP 30.3

    8 - Un prophète est un homme de l’Esprit

    Un prophète est également ‘îš hāruach, c’est-à-dire «homme de l’Esprit» (Osée 9.7). Même si dans le livre d’Osée, cette appellation est utilisée de façon péjorative, il n’en demeure pas moins qu’un prophète est dirigé par l’Esprit, rempli de l’Esprit et accompagné par le Saint-Esprit. Sans lui, un prophète est impuissant. «L’esprit de Dieu vint sur lui [Balaam]» afin qu’il puisse prophétiser (Nombres 24.2). C’est l’Esprit de Dieu qui donne un message aux prophètes (Ézéchiel 2.1 ; 3.12,24 ; 2 Pierre 1.21). Il y a un jeu de mots avec le terme ruach dans Jérémie 5.13, car Ruach peut signifier «Esprit» (de Dieu), mais aussi «vent» : «Les [faux] prophètes seront réduits à un souffle, ce n’est pas Dieu qui parle en eux. Que leurs menaces soient pour eux !» La fonction prophétique est un ministère rendu possible par l’Esprit (Juges 3.10; 6.34; 11. 29; 13.25; 14.6,19; 15.14,15; 2 Samuel 23.2; Néhémie 9.20,30; Ésaïe 61.1 ; 63.14) 55Pour une étude détaillée sur le Saint-Esprit dans l’Ancien Testament et ses sept fonctions, voir mon article intitulé «The Holy Spirit in the Hebrew Scriptures»,Journal of Adventist Theological Society 24, n° 2 (2013), pp. 18-58..DDP 31.1

    On raconte l’histoire d’un homme qui rendit visite à son rabbin qui était mourant. Il lui dit : «Maître, Dieu m’a parlé dans un rêve et m’a dit que j’étais votre successeur. Vous devez me nommer à votre poste avant de mourir.» Le rabbin lui répondit avec sagesse : «Rentre chez toi, et si tu fais le même rêve cette nuit, reviens me voir.» Le lendemain, l’homme retourna voir le rabbin et lui dit qu’il avait fait le même rêve. Le rabbin insista sur l’importance d’avoir des certitudes à ce sujet, et il demanda à l’homme de rentrer chez lui et de prier. S’il faisait le même rêve une troisième fois, alors il faudrait aller dans ce sens. Quand l’homme revint le troisième jour et affirma qu’il avait fait le même rêve, le rabbin lui dit ceci : «Désormais, tu dois prier pour que tous les membres de notre communauté de foi fassent ce même rêve ! Alors seulement tu seras mon successeur. »DDP 31.2

    Tout le monde peut affirmer avoir fait un rêve ou eu une vision et entendu l’Esprit de Dieu. Comment pouvons-nous juger de l’authenticité d’une telle affirmation ? Non grâce à des signes extérieurs garantissant ces rêves ou ces visions ni grâce à l’expérience, mais grâce à la révélation de Dieu. Sa Parole est la preuve ultime de l’authenticité d’un prophète (voir le point 3 ci-dessus), le seul signe de la vérité. «Les véritables prophètes d’Israël, qu’ils soient pré-canoniques ou canoniques, possèdent à la fois les paroles et l’Esprit du Seigneur 56Hobert E. Freeman, An Introduction to the Old Testament Prophets (Chicago : Moody, 1968), p. 58..» À cet élément essentiel, on peut ajouter certains phénomènes physiques extérieurs pouvant accompagner les visions (par exemple, le prophète a les yeux ouverts en recevant la vision [Nombres 24.4,16], ou bien il ne respire pas [Daniel 10.17] 57D’après le texte hébreu, Daniel dit littéralement : «Il ne subsiste en moi aucune force et il ne me reste pas de souffle. », ou il perd ses forces [Ézéchiel 2.1 ; Daniel 7.28 ; 8.27 ; 10.16,17]).DDP 32.1

    9 - Un prophète est au service de l’alliance

    Un prophète est au service de l’alliance. Les alliances de la Bible sont le reflet des traités hittites entre les suzerains et leurs vassaux. En effet, les biblistes soulignent que les alliances bibliques comportent plusieurs parties : 1) Un préambule dans lequel le Seigneur et Souverain se présente et dit qui il est ; 2) un prologue historique définissant le lien passé entre le Seigneur et son peuple ; 3) des stipulations, autrement dit des lois à observer ; 4) des bénédictions et des malédictions - dans cette partie, les conséquences de l’obéissance et de la rébellion sont clairement exprimées (par exemple dans Lévitique 26 et Deutéronome 27-30) ; 5) des témoins ; et 6) des provisions particulières ou des signes de l’alliance 58Pour plus de détails, voir le livre de D. J. McCarthy, Old Testament Covenant : A Survey of Current Opinions (Atlanta : John Knox Press, 1972), pp. 10-22 ; Paul Lawrence, The Book of Moses Revisited (Eugene, Oreg. : Wipf & Stock, 2011), pp. 47-64.. Le Décalogue (Exode 20.1-17) est un bon exemple de ce type de présentation. On peut citer également tout le livre du Deutéronome, qui est structuré selon les différentes parties de l’alliance 59Voir Edward J. Woods, Deuteronomy, Tyndale Old Testament Commentaries (Downers Grove, Ill. : IVP Academics, 2011), pp. 4147., ou encore le chapitre 24 du livre de Josué dans lequel on découvre que l’alliance est renouvelée sous la direction de Josué (le chapitre est divisé en six parties : 24.2a ; 2b-13 ; 14-18 ; 19-21; 2224; 25-27).DDP 32.2

    Oswalt souligne à juste titre que «le rôle essentiel d’un prophète israélite est de rappeler au peuple l’alliance dans laquelle s’inscrit sa relation avec Yahweh et le comportement qu’il doit par conséquent adopter 60Oswalt, p. 75.». Dans le cadre de notreDDP 32.3

    étude, il convient de mettre l’accent sur les bénédictions et les malédictions liées à l’alliance. Les prophètes sont invités à rappeler au peuple les implications de leur relation avec Dieu. Sa désobéissance entraîne des malédictions et des catastrophes 61Dieu ne peut tolérer le péché, l’entêtement ou l’indifférence. En tant que Chirurgien et Juge divin, il doit détruire ceux qui persistent à détruire les valeurs de la vie et à ôter le cancer du péché et de la décadence (Genèse 6.11-13 ; Apocalypse 11.18)..DDP 33.1

    «Cet appel à l’obéissance telle qu’elle est définie dans l’alliance rappelle au prophète quelle est la seule voie possible dans l’histoire : l’avenir n’est pas déterminé, mais il dépend des choix du peuple et de son respect de l’alliance 62Oswalt, p. 75..» Grudem explique avec justesse qu’un prophète est «un messager de l’alliance, envoyé auprès du peuple d’Israël pour lui rappeler les termes de son alliance avec le Seigneur, appelant ceux qui lui désobéissent à se repentir et les avertissant que les conséquences de la désobéissance ne tarderont pas 63Grudem, p. 22.». Les prophètes employaient le langage fort des malédictions de l’alliance afin d’inciter le peuple à répondre à l’appel de Dieu. Ils insistaient sur la fidélité de Dieu, sur la désobéissance du peuple et la punition imminente - «l’action en justice de l’alliance 64Pour une étude détaillée, voir l’article de Geofrey W. Ramsey, «Speech Forms in Hebrew and Prophetic Oracles», Journal ofBiblical Literature 96 (1977), pp. 45-58 ; Smith, Interpreting the Prophetic Books, pp. 31-33». Ils appelaient le peuple à être participant de la nouvelle alliance avec Dieu. Ainsi, les Israélites étaient des porte-parole de l’alliance.DDP 33.2

    10 - Un prophète est un médiateur et un intercesseur

    La première occurrence explicite du mot nābî dans la Bible est associée à un ministère d’intercession. Dieu assure Abimélek qu’il vivra si Abraham, le prophète, prie pour lui (Genèse 20.7,17). Les prophètes se tiennent entre Dieu et son peuple et sont des intermédiaires. Moïse pria pour Pharaon (Exode 8.8,12,28-30 ; 9.2833 ; 10.16-18). Un prophète est un homme de prière (Ésaïe 37.1- 4 ; Jérémie 10.23-25). Samuel joua un rôle majeur dans la protection du peuple de Dieu (Jérémie 15.1 ; Osée 12.13). Samuel suivit l’exemple de Moïse et intercéda comme lui (Exode 32.30,31). Les prophètes priaient pour le peuple et avec lui. Daniel pria avec ses trois amis (Daniel 2.20-23) pour la nation entière (Daniel 9.4-19), Abraham pria pour Abimélek (Genèse 20.17,18) et Moïse pria pour les pécheurs (Exode 32.31,32). Élie encouragea la nation entière à servir le Seigneur plutôt que Baal. Puis il pria Dieu, et celui-ci répondit de façon spectaculaire et tangible (1 Rois 18). Non seulement les prophètes priaient pour les pécheurs, mais ils portaient symboliquement leurs péchés (Ézéchiel 4.4-6). Ils exerçaient donc la fonction de prêtres. Il est également intéressant de noter qu’au moins trois prophètes faisaient partie de la famille des prêtres : Jérémie, Ézéchiel et Zacharie. Ils approchaient de Dieu au nom du peuple.DDP 33.3

    11 - Un prophète encourage le réveil et la réforme

    Les prophètes prônent une relation authentique, riche de sens et dénuée de formalisme avec Dieu. Ils appellent à la repentance (Ézéchiel 18.31 ; 33.11 ; Amos utilise à trois reprises l’expression «Recherchez le Seigneur et vivez ») et ils dénoncent tous les péchés, comme l’idolâtrie, l’orgueil, l’égoïsme, le meurtre, l’exploitation, la violence, l’injustice et l’infidélité (Ézéchiel 20 ; 22). Les prophètes soulignent l’importance d’une relation avec Dieu fondée sur l’amour et la reconnaissance (Ésaïe 58.13,14; Ézéchiel 36.2428 ; Michée 7.15-20 ; Sophonie 3.14-20). Ils bousculent le peuple et luttent contre l’immobilisme, la léthargie spirituelle, le confort de la vie, la paresse et le statu quo. Les prophètes aident le peuple à entretenir une relation sincère avec Dieu : Il t’a fait connaître, ô humain, ce qui est bon ; et qu’est-ce que le Seigneur réclame de toi, si ce n’est que tu agisses selon l’équité, que tu aimes la fidélité, et que tu marches modestement avec ton Dieu ? (Michée 6.8.)DDP 34.1

    La mission sociale des prophètes est importante 65Voir Victor H. Matthews, Social World of the Hebrew Prophets (Peabody, Mass. : Hendrickson, 2001). 34. Ils appellent chaque être humain à se repentir, à faire preuve de fidélité vis-à-vis de Dieu et de son alliance - les rois, les prêtres, les juges, les faux prophètes, les riches, les officiels, les chefs militaires, les gens du peuple, les femmes, les enfants (voir par exemple Joël 2.12-19 ; Ézéchiel 14.6 ; 33.11,12). Ce sont des réformateurs et ils encouragent le peuple à se préoccuper des pauvres, des orphelins, des veuves et des étrangers (Deutéronome 14.29 ; Ésaïe 9.17 ; 10.2). Ils sont opposés à toute forme d’orgueil, de corruption, d’injustice, de violence, d’abus, d’immoralité et de tromperie. Jésus résume cette importance des questions sociales dans sa parabole sur le jugement dernier. Jésus, le prophète par excellence, mentionne six actions sociales à quatre reprises et toujours dans le même ordre :DDP 34.2

    Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : «Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; héritez le royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez recueilli ; j’étais nu et vous m’avez vêtu ; j’étais malade et vous m’avez visité ; j’étais en prison et vous êtes venus me voir.» Alors les justes lui répondront : «Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donné à manger ? — ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire ? Quand t’avons-nous vu étranger, et t’avons- nous recueilli ? — ou nu, et t’avons-nous vêtu ? Quand t’avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous venus te voir ?» Et le roi leur répondra : «Amen, je vous le dis, dans la mesure où vous avez fait cela pour l’un de ces plus petits, l’un de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.» (Matthieu 25.34-40.)DDP 34.3

    Reinhold Niebuhr déclare que les messages d’un véritable prophète transmis à une époque de grande méchanceté peuvent susciter un sentiment d’insécurité 66Voir Reinhold Niebuhr, «The Test of True Prophecy », dans Beyond Tragedy : Essays on the Christian Interpretation of History (New York: Charles Scribner’s Sons, 1937), pp. 93-110.. La nécessité de procéder à ces changements fait naître un sentiment de malaise et devrait conduire à des actions de réforme. Dieu ne détruira pas son peuple, même si le message du jugement et de la condamnation est fort. Le Jour du Seigneur viendra (Sophonie 1.14), mais Dieu ne se réjouit pas de la mort des méchants. Au contraire, il désire que ceux-ci se repentent (Ézéchiel 18.31). Pour Dieu, la mort est une contradiction, car il est la source et l’auteur de toute vie, il est le Créateur. La punition et la destruction ne sont pas dans sa nature, mais c’est une œuvre extérieure qui doit être accomplie pour pouvoir écarter le mal et protéger la vie (Ésaïe 28.21).DDP 35.1

    Les prophètes mettaient l’accent sur le danger du péché et sa dimension trompeuse en révélant la sainteté, la justice et la pureté de Dieu. Ils appelaient inlassablement le peuple à la repentance.DDP 35.2

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