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Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique - Contents
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    Implications herméneutiques et théologiques

    Comme nous l’avons souligné ci-dessus, cette brève étude a mis en évidence un certain nombre de parallèles entre la littérature prophétique biblique et les textes non bibliques du Proche-Orient ancien. Ces parallèles, qui peuvent être l’emploi d’expressions, de thèmes ou d’images similaires, nous encouragent à réfléchir sur leurs implications concernant l’inspiration et l’autorité des Ecritures. Une approche erronée du lien entre les prophètes et le contexte proche-oriental peut nous pousser à considérer le message prophétique comme un simple reflet de cette culture, ou comme un produit isolé déconnecté de son contexte historique. Pour éviter ces deux extrêmes, il est nécessaire de définir un mode d’interprétation permettant d’expliquer ces similarités et ces parallèles, et de prendre au sérieux l’inspiration, l’autorité et l’unité des Écritures. Les trois points suivants prennent en considération les parallèles mis en évidence précédemment et proposent un mode d’interprétation.DDP 160.4

    Une expérience commune

    Il semble évident que certains parallèles font partie d’un ensemble d’expressions et d’images que les prophètes utilisaient en raison de la culture proche-orientale dans laquelle ils baignaient. Ainsi, ces expressions et ces images faisaient peut-être partie de leur vocabulaire et ils n’avaient pas nécessairement l’intention de faire référence à des textes ou à des idées des nations avoisinantes. On peut notamment citer l’emploi de certains termes et de certaines expressions à la fois en hébreu et en langage ougaritique 444Voir Loren R. Fischer, Duane E. Smith et Stan Rummel, eds., Ras Shamra Parallels : The Texts From Ugarit and the Hebrew Bible, vol. 2, Analecta Orientalia, 50 (Rome : Pontificium Institutum Biblicum, 1975), pp. 401-422.. Ces expressions n’étaient pas propres à une seule langue, mais étaient utilisées dans plusieurs langues sémitiques.DDP 161.1

    Parfois, l’expérience humaine universelle peut expliquer certaines similarités. Partager un repas après une victoire, par exemple, était une expérience vécue dans toutes les cultures du Proche-Orient ancien. Les Israélites vivaient dans cet environnement, et il était naturel pour eux de considérer que la victoire eschatologique de Dieu pouvait être suivie d’un banquet de fête. Et comme Dieu se révélait grâce aux prophètes, il les laissait utiliser une langue, des métaphores et des images de leur temps afin de transmettre une vérité universelle. Cependant, dans certains cas, l’évocation de certaines images révèle une intention rhétorique.DDP 161.2

    Une intention rhétorique

    Dans d’autres cas, les prophètes utilisèrent peut-être le langage et les images de la propagande royale assyrienne dans le but de décrire les effets dévastateurs de l’invasion assyrienne dans Juda. Les personnes vivant à cette époque connaissant certainement ces éléments de langage, l’effet rhétorique devait contribuer à rendre le message plus fort. Dans d’autres cas, les prophètes employèrent peut-être ce langage dans un but polémique, à savoir pour appliquer au Seigneur ce que les rois païens s’appliquaient à eux-mêmes. Il était évident pour les prophètes que la puissance et la gloire que les rois païens s’attribuaient ne revenaient qu’au Seigneur. Ainsi, Ésaïe utilisa le langage et les images des annales assyriennes parlant de la gloire du roi pour souligner la gloire de Dieu. Puisque ces rois se décrivaient comme des lions ou des chasseurs de lions, certains prophètes employèrent cette image pour formuler leur message. Osée décrit le Seigneur comme un lion s’en prenant au peuple, ce qui est une référence ironique au roi assyrien qui allait être un instrument de Dieu pour juger son peuple. Bien que le roi assyrien se considérât comme un lion attaquant sa proie, le prophète utilisa son langage pour décrire le Seigneur comme le lion suprême.DDP 161.3

    Il est intéressant de noter de quelle façon Nahum utilisa l’image du lion dans son message au sujet de l’Assyrie. Manifestement, il savait que le roi assyrien se considérait comme un lion et un chasseur courageux, et il renversa le sens de ces paroles flatteuses contre le roi lui-même. En utilisant une image étrangère de cette façon rhétorique, le prophète lui donna une dimension théologique majeure. En effet, la gloire et la puissance que s’attribuaient les rois païens n’appartiennent qu’au Seigneur. De plus, comme le montre Nahum, «les rois d’Assyrie affirmaient être des «lions», alors Dieu allait les punir comme des «lions» - mais pas de la façon dont les Assyriens se voyaient. Ils seraient en effet comme des lions, à savoir la proie de chasseurs 445 Gordon H. Johnston, «Nahum’s rhetorical Allusions to the Neo-Assyrian Lion Motif», p. 307.». Ce retournement de situation est en fait une «justice poétique 446Ibid, p. 307.». Même quand les images sont utilisées pour exprimer le jugement de Dieu contre son peuple, le but est de mettre l’accent sur la souveraineté de Dieu. En dépit des apparences, c’est Dieu qui contrôle les événements et qui finira par détruire le mal et mettre fin à la souffrance et au péché.DDP 162.1

    Nous pouvons donc noter que les allusions ou les références à des documents non bibliques ou à certaines de leurs expressions et de leurs images ne vont pas dans le sens des positions théologiques de ces documents, mais communiquent la vérité de façon plus efficace.DDP 162.2

    La révélation générale

    Certaines similarités ne peuvent être expliquées uniquement grâce aux arguments de l’expérience commune ou de l’intention rhétorique. En effet, certains parallèles concernent des thèmes et des concepts théologiques comme l’alliance, le temple et la royauté qui sont des éléments importants de la littérature prophétique et de la Bible en général. Des concepts théologiques comme le grand conflit entre le bien et le mal ou la guerre au ciel apparaissent également dans certains textes du Proche-Orient ancien 447 Voir par exemple l’étude de Hugh Rowland Page Jr., The Myth of Cosmic Rebellion : A Study of Its Reflexes in Ugaritic and Biblical Literature (Leiden : E. Brill, 1996).. Plus précisément, comme cela a été souligné précédemment, certains textes expriment l’espoir d’un monde et d’un roi parfaits d’une façon qui évoque des passages messianiques. L’un des parallèles frappants est celui qui décrit la destruction du serpent et de la mort qui rappellent l’évocation prophétique de ces sujets.DDP 162.3

    Avant de proposer une explication pour ces similarités, il convient de mentionner les différences majeures qui existent entre la perception prophétique de la réalité et la perception du monde telle qu’elle est présentée dans les textes non bibliques. Tout d’abord, il faut souligner que la littérature prophétique aborde les thèmes théologiques que nous venons de mentionner comme un ensemble cohérent lié au conflit entre le bien et le mal, ce qui lui donne de la cohérence et du sens. En revanche, la littérature proche-orientale est fragmentaire, et les parallèles mentionnés précédemment proviennent de différentes cultures et de différents lieux. Il est difficile de dire si un seul peuple (en dehors d’Israël) ou un seul ensemble littéraire (en dehors de l’Ancien Testament) pourrait proposer tous ces thèmes pour exprimer des croyances religieuses. Deuxièmement, la différence entre la description de Dieu dans la littérature prophétique et celle des dieux dans les textes non bibliques ne doit pas être minimisée. Pour les prophètes de la Bible, Dieu était le Créateur et le Rédempteur parfait, aimant et juste. D’un autre côté, les divinités décrites dans la littérature non biblique étaient soumises aux forces impersonnelles du cosmos et sont souvent décrites comme étant capricieuses, instables émotionnellement, peu fiables et souvent en conflit les unes avec les autres 448Voir Oswalt, pp. 58, 59. Ainsi, même si apparemment certaines similarités apparaissent entre les thèmes et les images utilisés, la perception de Dieu dans les deux genres littéraires conditionnait la façon dont ces thèmes étaient abordés dans chaque culture ou au sein de chaque peuple.DDP 163.1

    Cela étant dit, il convient de proposer une explication justifiant ces similarités. Tout d’abord, nous devons exclure la possibilité que les textes non bibliques se soient inspirés des textes bibliques, parce qu’ils leur sont antérieurs. D’autre part, le fait de dire que les auteurs bibliques - ou les prophètes - aient simplement emprunté certaines idées aux textes ou aux traditions non bibliques n’est pas cohérent avec la valeur que nous attribuons à la Bible et contredit l’idée de l’inspiration de Dieu. Ainsi, nous suggérons deux idées complémentaires permettant d’expliquer les similarités théologiques et thématiques mentionnées ci-dessus.DDP 163.2

    Premièrement, certains de ces parallèles ont peut-être été voulus par Dieu. Un auteur a déclaré : «Dans sa souveraineté et la façon dont il [Dieu] veille sur le cours de l’histoire et le développement des cultures des hommes, il a permis qu’un certain nombre de parallèles soient faits entre les concepts théologiques et les pratiques de la culture proche-orientale et la culture biblique 449 Niehaus, Kindle, loc. 24 de 2488..» Ainsi, nous pouvons raisonnablement penser que Dieu a dirigé l’histoire d’une façon particulière afin que certaines vérités ne se perdent pas. De plus, Dieu est peut-être intervenu dans certaines situations telles qu’elles sont apparues dans l’histoire humaine afin qu’elles puissent être un moyen efficace de proclamer au monde le message du salut. Nous pouvons prendre l’exemple de l’alliance. Largement utilisée dans le monde antique pour établir un contrat, un pacte ou un compromis entre des rois, des peuples ou des individus, l’alliance est devenue une façon appropriée de définir la relation entre Dieu et son peuple. En fait, bien avant que les théologiens ne découvrent les documents montrant que l’alliance était une institution du Proche-Orient ancien, Ellen White avait fait ce commentaire significatif au sujet de l’alliance de Dieu avec Abraham : «L’Éternel [...] condescend à contracter une alliance avec son serviteur, en employant les formes usuelles de l’époque pour confirmer ce contrat solennel 450Ellen G. White, Patriarches et prophètes, p. 116..» On peut dire la même chose au sujet de la royauté. L’institution humaine de la royauté comportait de nombreux défauts et fut bien souvent un moyen d’oppression et d’aliénation. Ainsi, certains textes non bibliques anciens expriment l’espoir d’un roi idéal. Cependant, en dépit de son imperfection, Dieu utilisa cette métaphore pour évoquer sa façon parfaite et bienveillante de diriger son peuple et pour annoncer, par l’intermédiaire des prophètes, la venue d’un roi messianique idéal. Par conséquent, nous pouvons dire qu’en dépit des effets dévastateurs du péché sur les êtres humains et leurs institutions, Dieu a permis ou guidé la création de certaines de ces institutions afin de faire connaître certains aspects du plan du salut.DDP 163.3

    Deuxièmement, nous devons également considérer les similarités présentées dans cette étude selon une perspective différente. Certains parallèles peuvent être mieux expliqués en évoquant une origine commune, notamment concernant certaines correspondances thématiques et structurelles comme le conflit entre le bien et le mal, la fin du mal et la résurrection. Certaines vérités majeures que connaissaient Adam, Ève et les patriarches ont été transmises de génération en génération au sein du peuple de Dieu jusqu’à ce qu’elles soient finalement développées dans les Écritures. De plus, les Écritures elles-mêmes déclarent que certaines vérités étaient connues des patriarches. Par exemple, Hénoch prêcha le retour du Christ (Jude 14) et Abraham savait ce qu’était la cité céleste (Hébreux 11.10). De la même façon, Ellen White affirme : «À Adam furent révélés d’importants événements à venir, portant sur son expulsion du jardin d’Éden, sur le déluge et la première venue du Christ sur la terre. Dans son amour pour Adam et sa postérité, le Fils de Dieu consentirait à revêtir la nature humaine et, par son humiliation, il élèverait tous ceux qui croiraient en lui 451Ellen G. White, L’histoire de la rédemption, p. 45..» Il semble clair que certaines vérités essentielles étaient connues depuis le jardin d’Éden. Et même ceux qui rejetaient la souveraineté de Dieu se remémoraient certains éléments de la vérité, même si celle-ci était déformée par le polythéisme et l’idolâtrie. Par conséquent, certains des parallèles mentionnés précédemment peuvent être expliqués par le fait que la religion d’Israël et des nations environnantes ont une origine commune qui remonte au jardin d’Éden et aux patriarches.DDP 164.1

    Ainsi, en dépit de certaines similarités et ressemblances avec les textes non bibliques, la Bible, ou la littérature prophétique, reste unique dans la mesure où elle contient la révélation de Dieu qui n’a pas été déformée par les traditions humaines. L’une des implications herméneutiques importantes de cette affirmation est le fait que l’Écriture est le critère normatif permettant d’évaluer la dimension théologique des textes non bibliques (voir 2 Timothée 3.16). Et concernant l’interprétation de l’Écriture, même si l’étude de textes non bibliques peut éclairer certains aspects de la Bible, c’est la Bible elle-même qui est le meilleur outil pour sa propre interprétation 452Angel Manuel Rodriguez, «Ancient Near Eastern parallels to the Bible and the Question of Revelation and Inspiration»..DDP 165.1

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