Loading...
Larger font
Smaller font
Copy
Print
Contents
Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique - Contents
  • Results
  • Related
  • Featured
No results found for: "".
  • Weighted Relevancy
  • Content Sequence
  • Relevancy
  • Earliest First
  • Latest First
    Larger font
    Smaller font
    Copy
    Print
    Contents

    Le don de prophétie au cours de la Réforme : la perspective adventiste

    Avant de conclure ce chapitre, il convient de faire un bref commentaire sur la position adventiste historique concernant ce que nous avons vu jusqu’à présent. En 1936, l’ancien président de la Conférence générale, A. G. Daniells, publia un livre intitulé The Abiding Gift of Prophecy864Arthur G. Daniells, The Abiding Gift of Prophecy (Mountain View, Calif.: Pacific Press, 1936). dans lequel il étudiait la manifestation du don de prophétie dans l’Église, et ce, de façon continue jusqu’à Ellen White. Ses arguments et son interprétation ont été le fondement de l’approche adventiste à ce sujet pendant des années, mais ces arguments posent désormais des problèmes d’interprétation.DDP 274.2

    Le titre de cet ouvrage en dit long sur son contenu. Daniells traita la question de la continuité du don de prophétie et tenta de montrer ou de donner suffisamment d’éléments pour insister sur le fait que «ce don de prophétie [...] devait demeurer dans l’Église depuis Adam jusqu’au retour du Christ 865Ibid., p. 6.». Il déclara aussi : «Il n’a pas pris fin avec les apôtres, mais on constate qu’il s’est manifesté au fil des siècles et il en sera ainsi jusqu’aux derniers jours de l’histoire de l’humanité, juste avant le retour de notre Seigneur 866Ibid.DDP 275.1

    Dans l’introduction de ce livre, LeRoy Froom va dans ce sens et ajoute que «le don de prophétie s’est manifesté dans la véritable Église de Dieu de tout temps et sous toutes les dispensations 867LeRoy E. Froom, «Introduction», Daniells, The Abiding Gift of Prophecy, p. 9.». Ce don est la caractéristique de «l’Église du reste qui s’inscrit dans la lignée de la Réforme du XVIe siècle, et il [ce don] restaure la plénitude de la foi et des pratiques apostoliques 868ibid., p. 9..» Ainsi, pour Daniells, «nous sommes inévitablement amenés à conclure que le don de prophétie a été voulu par Dieu pour le bien de notre monde, et pour tous les temps. Il est présent dans l’Église aujourd’hui, tout autant que par le passé, et nous en avons un besoin crucial 869Ibid., p. 35.».DDP 275.2

    La pensée de Daniells sur la continuité du don de prophétie entre dans le cadre d’une interprétation adventiste importante de l’histoire. Comme Ellen White l’avait déjà déclaré dans son livre La Tragédie des Siècles, Daniells et d’autres croyaient que Dieu avait spécifiquement appelé l’Église adventiste du septième jour à la fin des temps pour accomplir une mission particulière en vue du retour de Jésus 870Quelques décennies après la publication du livre de Daniells, dans Movement of Destiny, LeRoy Froom déclara sans ambiguïté : «Nous devons nous voir comme Dieu nous voit - c’est-à-dire comme faisant partie intégrante de l’histoire, comme le dernier groupe de son Église dont l’histoire dure depuis des siècles et peut- être divisée en sept épisodes. [.] Nous devons comprendre que nous ne sommes pas simplement une autre dénomination ayant vu le jour au XIXe siècle - autrement dit trop tard pour faire partie des Églises de la Réforme. [.] Nous ne formons absolument pas un peuple à part, isolé et sans lien avec la véritable Église de Dieu du passé. Au contraire, nous sommes indissociablement liés à la noble lignée de ceux qu’il a choisis au fil des siècles.» (LeRoy Edwin Froom, Movement of Destiny [Washington D.C. : Review and Herald, 1971], p. 27). Cependant, quand Daniells met en avant la continuité du don de prophétie au fil des siècles entre les débuts de l’Église primitive et son époque, la définition qu’il utilise pour définir ce don pose problème. Manifestement, il n’utilise pas toujours la même définition du don de prophétie et, sans le vouloir, il brouille le sens de l’inspiration divine en raison de son approche de ce don spirituel. Parfois, ce don fait référence aux visions et aux rêves surnaturels ; parfois, c’est une lumière spirituelle permettant d’expliquer la Parole de Dieu ; et dans d’autres cas, c’est un vif désir d’être fidèle à la Parole de Dieu. Daniells affirme presque que tout mouvement s’opposant à la papauté aux débuts du Moyen Âge est un mouvement prophétique et possède donc le don de prophétie. Ou il entrevoit du moins la possibilité que le don de prophétie ait été présent dans ces mouvements 871Les exemples qu’il donne posent de sérieux problèmes concernant l’orthodoxie doctrinale chrétienne dans des mouvements qui étaient manifestement hérétiques. «Depuis les débuts des révoltes montaniste et novatienne, au IIe et au IIIe siècle, et jusqu’à la Réforme du XVIe siècle, beaucoup d’hommes et de femmes pieux se joignirent aux mouvements prônant une réforme ; ils formaient de grands groupes de chrétiens authentiques désireux de témoigner. Parmi ces courageux réformateurs se trouvaient Montanus, qui vécut vers 170 av. J.-C. ; Novatien, vers 250 ap. J.-C. ; Donatien, vers 305 ap. J.-C. ; Ambroise, vers 374 ap. J.-C. ; et Constantin qui fonda le paulicianisme, vers 700 ap. J.-C. Claude, l’évêque de Turin, prêcha dans les vallées du Piémont entre 817 et 839. Pierre Waldo, le courageux chef de l’Église évangélique vaudoise, travailla de 1160 à 1179. Joachim d’Italie vécut entre 1145 et 1201. Et Wycliffe, un théologien et réformateur anglais, vécut de 1320 à 1384. Militz de Bohème se fit connaître vers 1363-1374, et Matthias de Janova en Bohème, entre 1381 et 1394. Jean Huss de Bohème vécut de 1369 à 1415 ; Savonarole, en Italie, de 1452 à 1498; et Martin Luther, de 1483 à 1546. Au cours de cette longue et tragique période, il y eut un conflit ouvert entre la papauté et les réformateurs. La lumière divine entrait dans les cœurs car nombreux étaient ceux qui aspiraient au salut et qui marchaient à la lumière de ceux qui les avaient précédés. Le Seigneur connaît les noms de ceux qui n’ont pas souillé leurs vêtements. Ils marchèrent avec lui vêtus de robes blanches, car ils en étaient dignes. (Apocalypse 3.4)» (ibid, p. 214). Ces définitions ne correspondent pas à la définition que donne aujourd’hui l’Église adventiste du don de prophétie tel qu’il a été reçu et défini par Ellen White. Ainsi, nous pouvons nous interroger sur les preuves historiques de l’existence d’un don de prophétie similaire à celui d’Ellen White. Pourtant, étonnamment, Daniells reconnaît la faiblesse de son argumentation :DDP 275.3

    «Tout en ayant la conviction que le don de prophétie devait se manifester de façon continue jusqu’à la fin de la dispensation de l’Évangile, conformément à la volonté divine, nous pensons qu’il ne nous revient pas d’établir l’authenticité de l’appel de tel ou tel individu, ou de tel ministère dans ce bref traité. Nous avons des témoignages historiques datant du IVe siècle jusqu’au VIIIe siècle qui semblent assez convaincants dans un certain nombre de cas. Mais nous considérons qu’il ne serait pas sage de citer des noms posant un certain nombre de questions légitimes, ce qui nuirait à l’objectif que nous voulons atteindre.DDP 276.1

    Nous nous contenterons donc, en ce cas précis, de réaffirmer premièrement notre conviction selon laquelle le ciel a fait luire sa lumière tout au long de cette période de ténèbres, non seulement grâce aux Écritures ellesmêmes, mais également par le biais de porte-parole choisis par Dieu qui désiraient communiquer avec les hommes grâce au don de prophétie. Deuxièmement, nous voulons présenter des témoignages ayant un caractère général afin de justifier cette conviction 872Ibid, p. 215.»DDP 276.2

    Pour Daniells, le don de prophétie se manifestait dans la vie de gens fidèles à Dieu qui étudiaient la Bible et comprenaient son véritable message, qui dénonçaient les erreurs et suivaient la lumière qu’ils découvraient. Ces personnes fidèles rendaient témoignage de la lumière de la Parole de Dieu. Ainsi, il associa le concept de messager prophétique de Dieu (comme les prophètes de l’Ancien Testament ou Ellen White) et celui de témoignage de la vérité telle qu’elle était déjà révélée par un prophète cherchant à réformer l’Église. Selon lui, tous les précurseurs de la Réforme protestante telle que l’Église évangélique vaudoise, Wycliff, Hus et Jérôme, avaient le don de prophétie 873Daniells explique : «L’histoire de l’époque ayant suivi la Réforme montre clairement la même nécessité de trouver des responsables inspirés que lors de la période qui précéda la Réforme. La Réforme ne se fit pas en un jour, et elle ne prit pas fin en un jour. Les événements importants qui eurent lieu entre le jour où Luther afficha ses thèses sur la porte de l’église de Wittenberg en 1517 et le jour de la signature de la confession d’Augsbourg en 1530 furent l’apogée de siècle d’étude, de prédication, de persécution et de martyr d’hommes pieux. La préservation et le développement de ce qui avait été obtenu nécessitaient l’engagement du même genre d’hommes qui, sous l’influence de l’Esprit, avaient rendu la Réforme possible.» (ibid., p. 223). Il considérait aussi les responsables de ces mouvements de réforme comme des «responsables inspirés 874Il convient de dire une fois de plus que, au cours des années qui suivirent la Réforme, les réformateurs avaient autant besoin de la présence divine et de l’accompagnement et des recommandations du Saint- Esprit que les responsables ayant œuvré avant la Réforme. Les auteurs chrétiens et les historiens de l’époque déclarèrent de manière confidentielle que le don de prophétie était apparu en divers lieux et en divers temps.» (ibid., p. 224)».DDP 276.3

    La distinction que fait Daniells entre les responsables «inspirés» et les interprètes fidèles de l’Écriture vient de Luther. En fait, beaucoup de théologiens et de biographes de la vie de Luther lui attribuent cette expression. Luther et Calvin comprenaient le don de prophétie dont il est question dans 1 Corinthiens 14 comme l’interprétation fidèle de la Parole de Dieu au sein de l’Église, un ministère que Luther et Calvin accomplirent avec beaucoup de courage et de détermination 875Voir Johannes Hartlapp, «Martin Luther, un prophète », Christianisme et prophétisme : Actes du colloque de la Faculté adventiste de théologie, Collonges-sous-Salève, France, 1-3 mai 2003, pp. 69-79. Jean Calvin interprétait le texte d’1 Corinthiens 14 de la même façon. Voir Jean Calvin, Commentary on the Epistles of Paul the Apostle to the Corinthians, trans. John Pringle, 2 vols. (Grand Rapids : Eerdmans, 1948), vol. 1, pp. 415, 436..DDP 277.1

    Quelle position devons-nous adopter concernant le manque de preuves et d’arguments au sujet de la continuité du don de prophétie au cours des siècles qui s’écoulèrent entre l’Église primitive et Ellen White ? Le fait que Daniells ait adopté plusieurs définitions du don de prophétie et donné un sens large à ce don lui permit de trouver des signes de la présence, de l’action et de l’inspiration de témoins fidèles au cours des périodes de la Réforme ainsi que celles qui la précédèrent et la suivirent.DDP 277.2

    Au fil des années, les commentateurs - suivant l’interprétation des réformateurs magistériels - ont accepté une définition plus large du don de prophétie dans leur interprétation de 1 Corinthiens 12 et 14. Pour résumer, ils considèrent le don de prophétie comme un «éclairage» inspiré du sens de l’Écriture, comme c’est le cas dans le cadre du ministère des prédicateurs et des partisans d’un réveil, ou comme une exhortation pour certains croyants dans un contexte particulier. Cette définition correspond à la façon dont Daniells parle du don de prophétie dans son livre, mais il ne s’agit pas de la même sorte de don de prophétie que les adventistes voient chez Ellen White comme l’accomplissement du témoignage de Jésus à la fin des temps.DDP 277.3

    Les adventistes font généralement une distinction claire entre l’éclairage que reçoit un pasteur de la part du Saint-Esprit lors de la préparation d’une prédication, ce qui correspond à un discernement particulier concernant l’interprétation de l’Écriture, et l’inspiration divine d’un prophète ou d’Ellen White 876Denton E. Rebok, Believe His Prophets (Washington D.C. : Review and Herald, 1956).. Bien que le Saint-Esprit soit à l’œuvre dans les deux cas, l’éclairage divin et l’inspiration sont deux dons différents, accordés pour des buts différents.DDP 278.1

    Les exemples de la manifestation du don de prophétie que donne Daniells sont insuffisants. Ils justifient l’idée de la possibilité d’une manifestation du don de prophétie au fil des siècles, mais ce ne sont pas des preuves tangibles. Ainsi, une question demeure : Le don de prophétie se manifeste-t-il réellement de façon constante ? Les réformateurs ne le pensaient pas.DDP 278.2

    Larger font
    Smaller font
    Copy
    Print
    Contents